Ma critique de Michael Jackson : The Immortal World Tour Comme prévu, j’ai donc assisté mardi dernier à une représentation de
Michael Jackson The Immortal World Tour au Centre Bell de Montréal. Autant le dire tout de suite, ce spectacle n’est ni une parodie de concert, ni un spectacle traditionnel du Cirque du Soleil. Il s’agit plutôt d’une expérience hybride à la frontière de ces deux univers créatifs que sont MJ et le CDS, un délire musical, visuel et chorégraphique qui s’apparente plus à une expérience « live » à la
Delirium, sauf qu’il s’agit ici de rendre un hommage appuyé et sincère à l’héritage artistique du Roi de la Pop en
illustrant sa musique. Et j'ai pris mon pied (au sens figuré hein
).
Si quelques numéros acrobatiques qui ont fait la réputation du Cirque sont ainsi présents, ils ne constituent absolument pas l’essence même du spectacle. Citons juste un numéro de contorsion sur
Is It Scary / Monster / Threatened, un numéro de sangles-duo à l’exécution parfaite sur
I Just Can't Stop Loving You (splendide de poésie et justesse
), un resplendissant numéro de cerceaux aériens sur
Human Nature (avec des artistes aux costumes illuminés, mais je n’en dit pas plus
) et un époustouflant et sensuel numéro de pole dance (à 8 mètres au-dessus du sol) sur
Dangerous. Le reste du temps, les numéros acrobatiques sont plus subtils et se fondent dans les tableaux dans une harmonie parfaite avec les danseurs et musiciens, si bien que l’on peut parfois ne pas se rendre compte de la complexité de quelques figures gymnastiques qui sont réalisées devant nous, car fondues dans la masse chorégraphique. Genre c'est simple à faire quand on regarde (mais en fait, pas vraiment) !
Il s’en dégage cependant un spectacle aux qualités indéniables, tant l’hommage est fidèle et sincère. La troupe de danseurs qui anime la majeure partie du show (la danse étant bien l'élément central du spectacle) dans des styles très variés fait honneur à la précision et à l’exigence que l’on s’attendrait d'avoir dans un vrai concert de MJ. Les musiciens, dont une partie a collaboré avec MJ au cours de tournées, prennent un plaisir évident à rejouer sa musique en live (et les témoignages qu’ils livrent dans le programme sont une illustration supplémentaire de leur admiration pour le chanteur), tout comme les solistes. Finalement, il ne manque que MJ pour que le tableau soit complet (sa voix étant additionnée sur la musique rejouée).
Le principal point faible du show (il en faut bien un) est lié à l’équilibre même du spectacle. Par exemple, après un prélude humoristique, vidéo ludique et bluffant sur
Workin' Day and Night, la pression monte lorsque se fait entendre l’
Immortal Mashup et qu’une trentaine d’écrans vidéos dissimulés sur la scène (avec une ambiance de folie dans la salle, les gens qui crient Michael et tout), avec quelques effets sonores et pyrotechniques, rediffusent des images du Roi de la Pop en action de façon rapide et saccadée… Et là, alors que l’on s’attend à une ouverture explosive, la pression retomber comme un soufflet ! On assiste en effet à un tableau consacré à l’enfance à travers
Childhood : le portail de Neverland est reconstitué sur scène avec un numéro d’accro-gym où les artistes sont déguisés en statues dorées (faisant écho à celles du parc de Neverland). Charmant, mais mal placé. Il aurait fallu enchaîner tout de suite sur le second tableau, un
Wanna Be Startin' Somethin' tonique et entrainant avec ses danseurs tribales et acrobates de Parkour qui évoluent sur le Giving Tree, tandis que sur la scène centrale un joueur de percussions africaines enflamme la salle !
Il faut donc bien attendre une bonne vingtaine de minute pour que le show démarre vraiment (la séance Jackson Five tombant vraiment à plat, dommage de ne pas avoir intégré un numéro de patins ou rollers rétros comme dans
Love). Le tableau
Smooth Criminal est ainsi parfait : des images de
Moonwalker sont projetées sur les écrans vidéos tandis que les danseurs, habillés comme dans le clip, reprennent la chorégraphie avec quelques ajouts acrobatiques dans une harmonie totale. L’acmé est atteint lorsque la dizaine de danseurs se penche tandis que des flammes d’étincelles jaillissent de leurs chaussures !
Les tableaux qui suivent s’enchaînent à un rythme plus soutenu et plus équilibré : un final de l’acte 1 sur
Triller où les momies et monstres vous donnent envie de vous lever de votre siège pour danser avec eux ; un
Jam tonique où les ballons virevoltent et un
They don’t care about us qui reprend tout simplement les costumes, la chorégraphie et le clip prévus pour les concerts
This is It. De quoi vous donner quelques frissons. Chaque séquence est accompagnée d’effets lumineux et pyrotechniques, mais aussi d’une multitude de projections vidéos, extraits de clip et images d’archives riche en souvenirs et émotions.
Les références à l’univers de MJ sont d’ailleurs omniprésentes : un court interlude (pas assez exploité) sur
Ben avec des dralions qui évoquent sa passion pour les animaux ; un personnage Bubbles le chimpanzé (!) plus vrai que nature ; un numéro où un Gant blanc géant et deux chaussures noires géantes s’animent par magie et en cadence au son de
Beat It ; tandis que les danseurs exécutent les pas les plus fameux de l’artiste. Ajoutons à cela deux personnages centraux épatants, un mime-danseur qui n’a rien à envier à Marceau et un danseur-acrobate unijambiste dont l’énergie et l’équilibre vous soufflent littéralement !
On regrettera par contre que certaines séquences ne soient vraiment pas assez exploitées. C’est le cas par exemple de
Earth Song avec la diffusion du poème
Planet Earth, un tableau limité où le personnage principal joue avec un globe géant (tandis que des mots et citations de MJ apparaissent à l’écran). Même chose pour certains choix musicaux, on entend finalement peu ou pas
Bad,
In the Closet et
Remember the Time alors que
This Place Hotel et
Scary disposent d’un traitement égal à
Thriller. Choix très étonnant.
Le final du spectacle s’articule autour de l’
Immortal Megamix sur
Can You Feel It/Don't Stop 'til You Get Enough/Billie Jean/Black or White. Pendant 10 minutes, toute la troupe de danseurs, d’acrobates, de musiciens et de chanteurs est réunie sur scène pour enflammer le public. Une orgie chorégraphique jubilatoire et à l’énergie communicative (pour faire simple, le public était debout, tapait dans les mains et parfois dansait) tandis que
Billie Jean s’achève dans le noir avec des danseurs aux costumes lumineux et scintillants (genre Fantillusion). Puis on achève le tout avec un feux d’artifice ! (sic) Les saluts, eux, se font sur
Man In the Mirror, tandis que l'on continue de diffuser des images de MJ (l’émotion est palpable dans un public surchauffé). Dernière scène, une allusion à la séquence du Moonwalk en guise de fermeture : le mime arborant la silhouette de Michael met le chapeau emblématique et le gant dans un dernier rayon de lumière tandis que le rideau tombe laissant peu à peu se dessiner une silhouette de MJ. On quitte la salle avec les musiques en tête, ceci étant aidé par le medley diffusé.
Pour conclure un spectacle aux qualités scénographiques et artistiques indéniables, peut-être déroutant de par le côté hybride du show vis-à-vis des productions plus classiques, bien que l’équilibre général du spectacle souffre par moment d'une inégalité et d'un traitement musical parfois étonnant dans les choix. On en ressort néanmoins ravi et enthousiaste, avec une envie de danser et de chanter ! Un hommage respectueux, qui ne vire pas au pastiche, et original, le Cirque imprimant tout de même sa marque.
A noter cependant, évitez d’être mal placé, ou trop en hauteur. Le show perd grandement en qualité si vous êtes vraiment trop loin de la scène (genre très haut dans l’aréna). Vous ne pourrez pas voir les visages, les expressions, les mouvements et les maquillages avec la précision et le sens du détail qui sont pourtant la marque du CDS. L’immersion s’en trouve réduite, surtout que les effets visuels, sonores et pyrotechniques qui accompagnent tout le show, ainsi que les chorégraphies, sont conçues pour être vu depuis les gradins à hauteur de scène et places d’orchestre (la proximité avec les artistes aidant à se saisir de l’énergie). Mais ça, c’est un problème plus générique à tous les spectacles en aréna, rien ne vaut un chapiteau pour la chaleur et la convivialité qui s’en dégage ! Une aréna, ça reste un bâtiment assez froid et impersonnel, donc si c’est la seule fois où vous allez voir le show, autant être bien placé pour bien se saisir de l’expérience.
Prochain rendez-vous pour moi avec le Cirque du Soleil le jeudi 19 avril : j’ai un billet pour la première mondiale d’
Amaluna dans le Vieux-port de Montréal !