Quelle claque mes amis, quelle claque!
Déjà je vous situe le contexte: Annecy, le festival d'animation. Donc un public de professionnels, d'étudiants, et d'habitués du festival, tous passionnés. Par exemple, il y a des traditions à Annecy qui font que le public est très réactifs: si on voit un lapin dans une bande annonce, tout le monde hurle "LAPIIIIIIN" (c'est la tradition de cacher - ou pas! - des lapins dans les bande-annonces du festival qui passent avant chaque projection ^^ ) On lance des avions en papiers (celui qui atteint l'écran reçoit une ovation), et quand il fait noir, on fait des bruits de poissons. Bref, un public assez fou, déjà, et fou d'animation, de surcroît. Là concrètement, ce soir là, je me serais presque cru au théâtre et si je regrette le manque de confort de la salle, son écran trop petit (enfin moi j'étais trop loin alors que j'adore être dedans, enveloppée dans le film), et surtout un son pourri écrasé qui venait de devant ( en gros je n'ai quasi pas entendu la musique!), je garderai longtemps en tête cette séance pour la réaction du public !! Le délire du début à la fin! Au début je pensais que ça allait faire comme les avant-premières
Star Wars : des applaudissement et des cris de joie au début, puis un public calme après. Que nenni!! Là, on riait, on applaudissait et on encourageait les héros toutes les 5 minutes. Et on pleurait, aussi. ^^
L'équipe du film a semblé plutôt émue à la fin, d'ailleurs, standing ovation et compagnie, je crois que la réaction de la salle a été assez déroutante pour eux ^^ Un ami a interviewé Dean DeBlois quelques heures avant, qui lui a confié que jusqu'aux première projections il y a quelques semaines, ils n'avaient pas pleinement conscience de l'attente que suscitait le film !!
Bref, le film ^^
Il démarre sur les chapeaux de roue, et ne s'arrêtera pas jusqu'à la fin. C'est très rapide: nous sommes censés connaître les personnages, leurs relations, ce qu'ils sont, ce qu'est Beurk. Si on a droit au fameux "This is Berk" d'Harold, on est clairement plus dans la découverte progressive du premier film.
En cela, je ferais une comparaison avec les deux premiers Narnia. Dans
Le Lion, La Sorcière et l'Armoire Magique, on était dans l'émerveillement, la découverte, les moments de grâce. Dans
Prince Caspian , on était dans un conte initiatique de la sortie de l'adolescence, de prise de pouvoir et de cruauté avec des combats plus sombres et violents. Hé ben, c'est pareil dans la saga
Dragons, en fait. Le ton du second opus est très différent au premier, et c'est un peu déroutant, d'ailleurs, mais du coup impossible pour moi de les comparer. Ils gardent le même cœur, la même âme!
La scène de vol de Krokmou et Harold est superbe, et on s'envole à nouveau avec eux!! La chanson de Jonsi qui l'accompagne... Là, je ne sais pas. Je veux dire, j'adore la chanson et ça fonctionne très bien, et en même temps j'aurais peut-être préféré une musique,
Test Drive avait eu une si forte impression, c'est un peu déroutant d'avoir une chanson en ambiance musicale en fait ^^ Du coup je m'interroge pour la version française, vu qu'il y a un artiste européen qui fait une chanson pour le film, remplacera-t-elle celle de Jonsi dans le film ou sera-t-elle dans le générique? Si vous avez vu le film en VF, vous avez peut-être une réponse?
Le film est dense, très très dense. Le rythme est complètement effréné, tout va si vite! Trop vite? Je ne sais pas. Je l'avais reproché à
La Reine des Neiges, mais là où je trouve que ce dernier va trop vite et au final ne nous raconte pas grand chose et ne développe pas ses personnages, c'est tout le contraire avec
Dragons 2 qui est extrêmement riche dans son développement, son écriture et ses personnages. J'ai plus l'impression qu'à la limite, le film d'origine était plus long et qu'on les a obligé à couper dans le vif pour se réduire à une durée « acceptable » pour le public enfants (sont ch*ants ces gosses =P ) Je sais que Dean DeBlois voulait finir sur un cliffangher (quand Drago se barre avec tous les dragons, dont Krokmou), mais le studio n'a pas laissé faire (encore les gosses, je parie =P ) du coup il a du rajouter la dernière partie tout en gardant une durée imposée, enfin, je pense. Je me prends à rêver d'une version longue, surtout pour le gang, les pauvres Rustik et compagnie ont leurs moments de bravoure et tout mais je pense qu'ils auraient pu bénéficier de quelques minutes de plus à l'écran, ils ne parlent presque pas ! C'est là le seul petit défaut que j'aurais à faire au film, mais qui est plus que largement compensé par une écriture extrêmement riche et bien menée. Mais pour tout vous dire, quand le film s'est fini, je me suis dit « mais... déjà?? On a à peine passé le premier tiers du film !! » Le temps m'a joué un drôle de tour...
J'essaie de mettre de l'ordre à mes pensées mais c'est complètement disparate, pardon!
J'ai beaucoup aimé le personnage d'Eret et j'espère en voir plus sur lui. Dans le Art Of, il est comparé à Han Solo, et c'est clairement ça! Ce braconnier sûr de lui et arrogant, un peu beau gosse qui en joue, mais qui vit avec une épée de Damoclès au dessus de la tête car à la solde de plus gros trafiquants que lui et finit par rejoindre les alliés, c'est tout à faire ça!!
D'ailleurs, parlant de
Star Wars, en tant que grande fan, j'ai eu peur quand j'ai entendu parler du fait que leur plus grand influence est
« L'Empire Contre-Attaque ». Parce que vu sa place dans le schéma narratif de la trilogie, je me doutais que ça allait faire mal et j'avais peur d'une fin assez amère – qui était donc prévue avec ce fameux cliffhanger, mais qui sera finalement allée plus loin.
Mais oui, entre Eret-Han Solo, l'épée de Harold qui est clairement un sabre laser, et Valka qui joue le rôle de Yoda dans cet endroit où la nature règne, devenant le mentor d'Harold et lui apprenant tous les secrets des Dragons... Je vois clairement l'influence ^^ Elle va même sans doute plus loin et dans d'autres détails, mais j'ai besoin de plusieurs visionnages, car le film, encore une fois, est super dense et il se passe TELLEMENT de trucs, que ça soit en premier ou en arrière plan, c'est riche dans l'écriture et visuellement, il faut le voir plusieurs fois !!
Niveau influence, on a évoqué Myazaki, aussi. Cette scène où Harold et Krokmou glissent au dessus de ces nuages qui semblent presque liquides, plats, que c'est beau, et Valka qui en sort avec des nuées de nuages qui trainent derrière elle, ouais, on pense à Myazaki, au
Château dans le Ciel notamment! (peut-être
Nausicaa et
Porco Rosso aussi? Je n'ai pas vu le premier et pas apprécié le second donc j'ai peu de souvenir. Mais bon, je connais chaque plan du
Château dans le Ciel par cœur et je connais ces nuages ^^) La scène est visuellement à tomber par terre, entre la lumière (j'ai appris en lisant le art of qu'on était dans cette partie du cercle polaire où le soleil ne se couche pas pendant plusieurs jours, je trouve cette idée géniale, il me semble en effet qu'il ne fait jamais nuit dans le film, non? Ca donne des ambiances lumineuses magnifiques)
Le sanctuaire de Valka avec le Wilderbeast aussi, a un côté Myazaki, je crois, peut-être
Mononoke?
Visuellement, d'ailleurs, le film est sans conteste le plus beau film d'animation CGI que j'ai pu voir, et je pèse amplement mes mots!! Le nouveau logiciel fait des merveilles. Le saut fait entre le premier et le second film est juste hallucinant, en 4 ans on assiste à la même évolution qu'il y a pu avoir en 10 ans chez Disney ou Pixar, c'est à pleurer tellement c'est beau. Les textures, les lumières, l'acting des personnages !!! (la scène entre Astrid et Harold au début est juste une merveille que ce soit animation des corps ou des expressions du visage), les plans, les survols de caméra, les compositions, LA LUMIERE, p*tain passez moi l'expression mais je m'en remets pas tellement c'était beau quoi.
Qu'on soit dans l'animation personnages, les décors ou les ambiances lumineuses, chaque plan est un chef d'œuvre, CHAQUE. PLAN. Niveau masterpiece, je le classe sans souci à côté du
Bossu de Notre Dame, c'est dire, quand on connait l'estime artistique que je porte à ce film.
Donc oui, limite le premier film nous paraît grossier après ça!
Parlons des personnages !! Quel plaisir de les retrouver et de découvrir les nouveaux...
Harold porte le film. Encore plus que dans le premier opus, on suit vraiment son chemin, son questionnement, son apprentissage. Il se cherche tout en sachant déjà une bonne partie de ses points forts, mais il n'a pas fini d'apprendre. Il va le payer très cher. Le peu d'innocence et de naïveté qu'il restait en lui (croire qu'il pouvait convaincre Drago) va être définitivement détruit pour ce dur passage vers l'âge adulte et sa place de chef. Il est toujours très « lui » tout en dégageant une nouvelle assurance que lui a conféré ses exploits dans le premier film. Non pas qu'il soit devenu arrogant, hein, loin de là, mais comme je l'ai dit plus haut il sait ce qu'il aime, ce pour quoi il est doué; il ne sait juste pas comment concilier ça avec sa future place de chef dont il n'est pas sûr de vouloir. C'est un explorateur, un chercheur, qui ne tient pas en place, et c'est amusant de voir comme Astrid elle serait parfaite en tant que chef de village (à mon sens, ces deux là formeront un parfait couple complémentaire pour guider le village de Berk ensemble). J'aime beaucoup sa relation avec Astrid, d'ailleurs. Elle le soutient et l'aide sans chercher à le brider, tout en lui apportant des points de vue différents sur ses questionnement, et il ne cherche pas à la laisser derrière et se repose sur elle, connaissant ses qualités de guerrière et leader. D'ailleurs, entre elle est Valka, on peut dire qu'on a des femmes très fortes (bon, Kognedur mise à part, et encore! Mais les jumeaux sont l'élément comique par excellence, même si Kranedur était sacrément en retrait. Mais Kognedur était à mourir de rire tout au long du film.)
La relation entre Harold est Krokmou est juste magnifique et encore plus forte que dans le premier. Ces deux là sont encore plus proches et tout est très naturel entre eux. Ceux qui ont un lien fort avec leur animal ne pourront qu'être touchés ! (ça fait 3 semaines que j'embête mon bébéchat, et maintenant, elle tourne la tête quand je l'appelle « Ohé, Krokmouuu »...!)
C'est d'ailleurs ce qui rend encore plus cruel le moment fatidique du film... Leur lien est mis à rude épreuve!!
Mais qu'est-ce que Krokmou est chou... Un vrai chat. Il faut l'observer tout le temps tellement ses mimiques et son acting sont parfaits !! J'adore quand il joue avec les cendres sur le bateau d'Eret comme un chat, ou qu'il sursaute, on se dit que si il avait eu des poils, il serait tout ébouriffé, limite j'entendais le « meow !! » !! Même quand il protège Harold, et surtout à la fin, devant l'alpha, sautant de pics en pic, un vrai chat!!
Stormfly/Tempête, la dragonne d'Astrid, est au contraire un vrai chien! Leur relation à elles deux aussi est adorable !! « Stormfly, fetch !! » J'adore le fait qu'elle soit « dressée » pour aller chercher les armes, la salle était morte de rire quand Eret lance et relance l'épée d'Harold et que Stormfly va la chercher sans cesse (et Harold ne s'en inquiète même pas, ça doit arriver souvent. J'imagine sans peine Astrid dresser sa dragonne à récupérer ses haches!)
J'en viens à Valka... Mon dieu je ne m'attendais pas à aimer ce personnage à ce point. Je l'adore. Un des meilleurs personnages féminins qu'on a vu depuis longtemps au cinéma. J'aime le fait qu'elle soit pleine de défauts, j'aime ce qu'elle représente, aussi. Elle sait qu'au fond, elle a fait une erreur en abandonnant son mari et surtout son fils. Et elle est pleine de culpabilité, et perd ses moyens en revoyant Stoik, toute cette culpabilité ressort.
Mais j'aime aussi ce que cela représente. En tant que femme, je m'entend souvent dire que « Tu verras quand tu seras en couple/tu auras un enfant, tu changeras de priorités ». Et non. Je me refuse à croire à cette généralité. Sans remettre en cause l'amour qu'elle porte à sa famille, Valka est bien la preuve que l'amour d'une passion et de l'indépendance, de la liberté, peut être aussi plus fort. Il n'y a pas de règle. Une femme ne se définit pas automatiquement à travers la notion de mère et d'épouse, certainement pas. Valka est tombée amoureuse des dragons, de la liberté que le ciel lui apporte, et cet amour là était plus fort que le reste. Ça n'empêche pas les regrets et les remords. Mais comme le dit un vieux cyborg « Il faut parfois renoncer à certaines choses, quand on poursuit un rêve. »
Des erreurs sont faites, des sacrifices, aussi. Elle en aurait fait aussi en restant auprès de sa famille. Elle n'aurait pas été complètement elle, complètement heureuse.
J'aime aussi la façon dont elle est devenue assez maladroite, au niveau social. Comme elle est mal à l'aise quand quelqu'un la touche, ses mimiques, ses gestes, la façon de se tenir et de bouger, qui démontrent toutes ces années en pleine immersion avec les dragons. Les créateurs du film évoquent Dian Fossey dans l'Art Of, et ça m'a frappé, car j'y ai pensé pendant le film. L'histoire de cette femme m'avait fortement marqué quand j'étais petite (j'ai eu une trèèèès grand période docus animaliers, cette passion ne m'a jamais vraiment quitté d'ailleurs. Sans doute aussi pour ça que j'apprécie ce film, l'observation du règne animal, que cela soit les comportements des dragons, leurs hiérarchies, le concept d'alpha, tout ça m'est très familier de par ma passion pour la biologie animale). Voilà. Valka est la révélation de ce film. Sa relation avec Harold est magnifique. Elle retrouve ce fils qu'elle n'a pas vu grandir et s'aperçoit que malgré tout il lui ressemble plus qu'elle n'aurait plus l'espérer.
La façon dont Harold se prend la révélation en plein cœur, avec ce mouvement de recul, en ayant du mal à trouver l'air, on sent que l'émotion lui transperce le coeur à ce moment là, woh. Et un peu plus tard quand ils osent enfin se prendre dans les bras, Valka le serre fort avec un sourire absolument... pur, on sent la joie pure et simple de tenir son fils dans ses bras!
(Petite parenthèse: ON SAIT ENFIN D'OU VIENT LA CICATRICE D'HAROLD. Je crois que j'ai fait un « gasp » ou un « yes » quand on a eu la scène!! Traitez moi de fille bizarre – je suis plus à ça près – mais j'ai toujours accordé beaucoup d'importances aux cicatrices. Pour moi, elles sont révélatrices d'une personne, de son histoire, que l'anecdote soit légère ou plus lourde, elles racontent une petite histoire de la vie de la personne et en ce sens, je trouve toutes les cicatrices belles. Car elles sont une part de la personne. On apprend un peu, ou beaucoup, mais on apprend toujours sur quelqu'un, grâce à ces petites marques. Donc voilà. D'ailleurs, dans le 1er, je me disais que je devais être la seule à avoir remarqué cette cicatrice – mais ça c'était avant Tumblr =P )
Valka agit aussi comme un mentor sur Harold, comme je l'ai dit plus haut. La scène où ils volent ensemble est tellement belle. Valka danse littéralement sur les ailes des dragons, la façon dont Cloudjumper s'adapte à ses mouvements et vive versa... Autant Harold a une façon de chevaucher les dragons assez « mécanique », un peu obligé vu le handicap de Krokmou et sa nature d'inventeur, autant Valka a une façon très « organique » de le faire, sans équipement, rien, elle devient dragon, air, évoluer dans le ciel est devenu très naturel pour elle.
Parlant de Cloudjumper, ce dragon est superbe, inspiré par une chouette/hibou. J'ai d'ailleurs trouvé les nouveaux dragons plus agréables à regarder en général que ceux du 1er opus, même si j'adore Stormfly.
Les retrouvailles de Valka et Stoik sont superbes, et après coup je regrette d'avoir vu la 2nde bande annonce qui spoilait vraiment trop ce passage, mais bon, j'en pleurais déjà dans la bande annonce alors... Cette phrase déchirante de Stoik qui à ce moment fait complètement fi de toutes ses interrogations et de ces 20 ans d'absence quand Valka se confond en justifications et panique complètement...
La façon dont Valka sursaute quand on la touche, et le fait que Stoik soit complètement compréhensif de ça, comprenant qu'après 20 ans d'isolation, ses codes sociaux ont été mis à mal, et la « réapprivoisant » tout doucement avec cette chanson... Là je crois qu'on était tous en pleurs dans le théâtre, avec le même sourire béat que Harold...
Ca m'a fait à la fois tellement de bien et de mal de le voir aussi heureux d'assister aux retrouvailles de ses parents. Je pense que cette scène sera aussi belle que douloureuse pour tous ceux d'entre nous qui n'avons jamais vu nos parents danser ensemble, d'une façon ou d'une autre... Le rêve d'Harold qui se concrétise, c'est un peu notre rêve à nous qui n'arrivera plus, et c'est assez douloureux, sans rien enlever de la beauté de la scène. Mais ça fait d'autant plus mal d'y penser maintenant en connaissant la finalité...
Drago Bludvist. Je sais que beaucoup l'ont trouvé un peu faiblard, comme méchant. Pas moi. C'est surtout que je pense qu'on en a vu qu'une petite partie. On a là affaire à un psychopathe dans toute sa splendeur. Une soif de vengeance qui l'a rendu fou, mais aussi un conquérant, il m'a un peu rappelé Shan-Yu dans
Mulan. D'après le Art Of, c'est un homme de l'hémisphère sud qui remonte vers le nord en conquérant les territoires qu'il peut.
La façon dont il contrôle les dragons et les capture est atroce et bien trouvée. Avec l'alpha. On faisait le parallèle avec les reines et les ruches dans le premier film, ici on est monté en grade avec la notion d'alpha, que l'on retrouve notamment chez les chiens, les loups ou les gorilles (et zou, un lien de plus avec Dian Fossey). Drago domine l'alpha, et ce dragon géant porte les stigmates de sa brutalité: les chaînes, les cicatrices, la saleté. Ce que Drago fait avec les dragons peut s'apparenter à ceux que font certains individus en dressant des chiens par la violence pour les envoyer au combat. L'alpha de Drago est un animal qui ne connait que la violence, comme un animal sauvage qu'on maltraite dans certains cirques ou structures pour exacerber leur agressivité. Rien à voir avec la façon dont Harold a dressé les dragons de Berk, par la compréhension, la patience et le respect. Prenez un pitt-bull: il sera inoffensif dans les mains d'un bon maître, et deviendra une machine de guerre sous l'emprise d'un mauvais. C'est exactement la même chose. On parle ici de soumission par la douleur et la peur. Certains diront que ce sont des dragons, qu'ils peuvent éclater Drago comme ils le veulent, mais bon, c'est comme toute oppression: concrètement, la masse et la foule peuvent venir à bout de tout, encore faut-il qu'elle dépasse sa peur; et en général, il y a besoin d'un leader pour ça. Rôle que Krokmou prend tout à fait naturellement à la fin du film.
On a pas fini d'entendre parler de Drago et à mon avis le troisième film sera pire, à son niveau.
Puis arrive le moment tragique... C'est drôle d'ailleurs tout le monde sur le net est assez respectueux (ou choqué. Ou les deux) et se réfère à « The moment » ou « The part », sans dire de quoi il retourne...
Pour ma part j'étais tombé sur quelques trucs genre les critiques qui te sortent « le prix du sang à payer » ou « le sacrifice », blablabla, une copine m'avait même sorti « paraît qu'il y a une scène qui détrône la mort de Mufasa ou la maman de Bambi », bref, mon cerveau a très vite fait 2 + 2 et je m'y attendais. Soit Stoik, soit Valka, mais j'avais le sentiment qu'Harold ne pouvait pas garder ses deux parents réunis. Je le pressentais, par l'influence de
l'Empire Contre-Attaque, parce qu'on est dans une histoire de quête initiatique et que c'est malheureusement un peu le schéma habituel, se débarrasser des « mentors » ou des figures d'autorité pour affranchir le héros qui doit suivre son propre chemin avec moins de guide(s). Là on a Harold qui se cherche par rapport à sa place de chef quand son père peut encore assumer, mais le pousse à prendre la relève, la résolution vient du fait qu'il n'a plus le choix, désormais. Et contrairement à Krokmou pour qui cela semble naturel, ça ne l'est pas pour Harold et il a encore du chemin à faire, beaucoup, il va apprendre de la plus dure des façons et à mon avis c'est pas fini. Il se retrouve projeté dans un rôle dont il ne voulait pas à la base, qu'il n'avait pas encore défini. Nul doute qu'il sera un chef peu orthodoxe, mais il va lui falloir trouver l'équilibre entre son envie de liberté et son rôle imposé de chef. Mais c'est la guerre, désormais, il n'a plus beaucoup le choix et l'ordre de ses priorités est changé. Je suis très curieuse de voir dans le troisième film comment cette thématique sera abordée. Harold est encore quelqu'un plein de doutes et je pense qu'il se cherche encore, même à la fin du film.
Je crois malgré tout que quand Stoik se précipite vers Harold, menacé par Krokmou, j'étais là « non, non non non non » on sent le truc arriver mais on veut pas croire que ça soit de façon aussi cruelle !! Y-avait-il pire moyen de faire? Bravo Dreamworks, vous avez eu, passez moi l'expression, de sacrés couilles, mais merci nous laisser dans un sale état après ça. Voir son père se faire tuer sous ses yeux par la « main » de son meilleur ami, dans un élan pour vous sauver, je crois qu'on peut difficilement faire pire. Et quand enfin l'emprise de l'alpha se retire de Krokmou et qu'il s'approche de Stoik sans trop comprendre ce qu'il se passe, et qu'Harold le repousse... Là ça y est c'est foutu, je pleure encore en y repensant. Repousser sous le coup de la douleur quelqu'un qu'on aime plus que tout, c'est juste atroce.
La scène du bateau de Stoik est magnifique. Pudique, sobre, et absolument poignante. Ce grand chef qu'on est obligé d'incinérer loin de son île, de son village et de son peuple, car la guerre leur a même pris ce droit élémentaire... Le bucher de Stoik n'est pas sans rappeler Luke incinérant Anakin. Plus j'y pense, plus le parallèle se fait: chercher sa propre image à travers celle du père, les conflits, les doutes, et au final, la compréhension, ou quelque chose comme ça...
Les mots de Gueulfor aussi sont assez poignants, j'aimais beaucoup la dynamique des deux amis. Et l'hommage avec les flèches...
Je n'avais pas fait le parallèle jusqu'à quelques minutes en arrière, mais la mort de Stoik fait quelque part écho au premier film. Quand Harold est dans l'arène et que le Cauchemar Monstrueux pète un câble, Stoik se jette dans l'arène, etc, et Krokmou puise dans toutes ses forces pour sortir de la gorge sans voler (déjà ça c'est puissant ça me fait chialer de voir à quel point l'amour que Krokmou porte à Harold lui fait surmonter son handicap, ses limites physiques!), il se retrouve à affronter Stoik et est prêt à le tuer, avant qu'Harold n'intervienne, et Krokmou a du mal à comprendre d'ailleurs pourquoi il ne peut pas protéger son ami. Bref, et au final, Krokmou finira bien par tuer Stoik, même si de manière involontaire, et parce que Stoik chercher à protéger Harold...
Dans les deux cas, ils cherchaient à protéger Harold et je sais pas, je fais juste le parallèle là et je chiale à nouveau...
Le pire dans tout ça c'est qu'il n'y a même pas le temps de souffler pour nos héros, ni pour le public, car le temps presse, et le village et les dragons ont besoin d'être sauvés. Il aurait fallu une ou deux minutes de plus pour avoir le temps d'assimiler car là on se prend une massue sur la tête et on est un peu hagard quand il faut reprendre la route...
Le final est une apothéose. De par le lien entre Harold et Krokmou qui est au cœur du dénouement: cet amour entre les deux qui va réussir à transcender l'emprise toute puissante de l'alpha. Le discours d'Harold pour atteindre le cœur de son dragon est à fendre le cœur: en pardonnant Krokmou, et lui répétant « Ca n'est pas ta faute », Harold ne parle pas seulement au dragon, mais à lui-même. Il lui faut beaucoup de force et de recul pour faire abstraction du fait que son père est mort quelques heures avant sous le feu de son ami, de son compagnon d'âme. Tout cela avec la pression de la bataille...
Et puis Krokmou se réveille, la bataille reprend, et les deux amis se retrouvent emprisonnés dans la glace de l'Alpha. Là, toute la salle a retenu son souffle, s'attendant à de nouvelles mutilations, voir une mort supplémentaire: mais non, la glace explose, les nouveaux pouvoirs de Krokmou avec: j'ai cru que le public allait faire une standing ovation en plein film tellement on a tous hurlé de joie!!
La dernière scène de Krokmou défiant l'alpha est superbe: la cinématographique est si belle, ce petit dragon-chat sautant de pic en pic face à la montagne menaçante qu'est l'alpha, quelle démonstration de courage et de volonté, de la loyauté indéfectible unissant un animal à son « maître » ! (vous avez vu la video qui a fait le buzz il y a quelques temps sur le net, avec le chat qui se jette sur un chien pour sauver un enfant? Qu'on ne me dise pas que les chats ne sont pas fidèles, après ça!! Si vous saviez tout ce qu'une maman chat peut affronter pour ses petits, les félins ont un des instinct maternels les plus forts du règne animal! Oui Krokmou n'est pas une fille, mais quand même. C'est un dragon-chat =P )
Et puis, il faut le voir faire le fier à la fin quand tous les dragons le reconnaissent en alpha!
Je vais m'arrêter là, j'en suis déjà à 6 pages sous OpenOffice. =P Mais voilà, c'est un petit chef d'oeuvre, qui rejoint sans mal mon top de mes films préférés, toute catégories confondues, et se classe dans mon top 5 de mes films d'animation sans en détrôner un autre, parce que j'ai décidé de compter la saga
Dragons comme un tout, na.
La cinématographie, l'écriture, l'animation des personnages, des expressions, les décors, la lumières, le roller coaster d'émotions que l'on subit, tout cela et bien plus encore contribue définitivement à faire de
Dragons 2 un chef d'œuvre. Respect, Mister DeBlois. Et merci.