Silent Hill - La Révélation - On m'a emmené de force pour voir ce film et franchement je ne m'étais pas trompé. Rien d'intéressant, l'histoire est archi prévisible, le scénrio est plat, la 3D est inutile. Bref contentez-vous de la bande annonce, ça suffit largement.
Et par rapport au jeu vidéo(j'ai l'impression que c'est adapté du n°3 si tu connais) ça restitue l'ambiance? Je suis étonné, les critiques Allociné ont l'air bonnes...! Bon enfin je crois que je vais me faire mon propre avis, au pire je vais râler comme à la sortie de Beowulf (celui avec Christophe Lambert)!
The Impossible : courez voir ce film ! C'est un énorme coup de coeur. Ce film vous retourne complètement tel un tsunami d'émotions (j'entendais plusieurs personnes souffler non pas d'ennui mais à la dureté de certaines séquences). C'est dur, c'est beau, c'est triste, c'est vrai. En VO c'était authentique (l'accent des acteurs qui étaient géniaux y compris les enfants).
Un calme lourd de sous-entendus à la fin du film dans la salle et des yeux qui brillent.
C'est toujours les meilleurs qui partent en premier... C'est particulièrement vrai pour les gâteaux.
Toto-testeur.com : tests et avis sur les innovations alimentaires.
Et par rapport au jeu vidéo(j'ai l'impression que c'est adapté du n°3 si tu connais) ça restitue l'ambiance? Je suis étonné, les critiques Allociné ont l'air bonnes...! Bon enfin je crois que je vais me faire mon propre avis, au pire je vais râler comme à la sortie de Beowulf (celui avec Christophe Lambert)!
Franchement c'est un navet, même une insulte à l'œuvre de Gans. Rien de fidèle au jeu, tu retrouvera seulement les personnages du 3ème épisode (et encore juste de nom), mais surtout pas l'ambiance.
[center]Décembre 2011 : Walt Disney World - Orlando Mai 2012 : DisneyLand Paris 9 Aout 2012 : DisneyLand Paris Octobre 2012 : DisneyLand Resort - Californie ANNULÉ 11-12 Octobre 2012 : DisneyLand Paris 15 Novembre 2012 : DisneyLand Paris
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J'ai vu Populaire, c'est mignon mais très cucul avec tous les clichés des films d'amour... et une histoire qu'on devine tous de suite, pas du tout original (ça rappel beaucoup d'autre film notamment My fair lady ) , par contre le casting est très très bon, avec un petit guest star comme je les aime (Marius Colucci). Je ne le recommande pas .
indiana jones
Âge : 32 Messages : 5864 Localisation : En promenade dans l'espace temps Inscription : 07/08/2009
Vu au cinéma L’Homme qui Rit, film français, adaptation du roman éponyme de Victor Hugo par le réalisateur Jean-Pierre Améris (Les émotifs anonymes).
Le film sortira le 26 Décembre mais j’ai pu saisir la chance de le voir en avant-première le 23 Novembre en présence du réalisateur, au Gaumont de Nantes. D’ailleurs, le réalisateur semble très motivé à l’idée de présenter son film au public et d’aller à la rencontre des spectateurs, car ce type d’avant-premières a lieu dans toute la France actuellement. C’est un phénomène assez rare pour être souligné ; en « Province », et même dans des villes importantes comme Nantes, la plupart des soi-disant « avant-premières » ne sont que des séances anticipées la veille de la sortie officielle ; autant dire que le terme « avant-première » est un peu exagéré pour les qualifier, et en plus, jamais l’équipe des films ne se déplace. Bref, je ne vais pas commencer une tirade sur ma haine pour la centralisation parisienne, ce n’est pas l’objet de ce post !
Pour les allergiques aux développements, aux arguments et aux posts trop longs, je vends déjà la mèche : j’ai adoré le film. Cela a l’air anodin dit comme ça, mais de ma part, dire que j’ai aimé un film français qui ne soit pas un film comique, ça tient du miracle. Alors si la recette du miracle vous intéresse, vous pouvez lire ma critique plus détaillée !
--------------------------------------- RESUME DU ROMAN (ne contient pas de spoilers, seulement les bases de l’histoire)
Le roman (très dense par son contenu) se situe dans l’Angleterre de la fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle et raconte principalement le destin de Gwynplaine.
Gwynplaine est un petit garçon enlevé par des bandits faisant du commerce d’enfants ; leur particularité : mutiler les enfants qu’ils revendent. Abandonné par ses ravisseurs en fuite, livré à lui-même dans la nuit, la neige et la solitude, Gwynplaine trouve en chemin un bébé grelotant dans les bras de sa mère, morte. Gwynplaine emmène la petite fille orpheline avec lui et continue sa route. La petite orpheline et lui sont finalement recueillis par Ursus, une sorte de saltimbanque qui se déplace autour du royaume avec sa roulotte.
Les années passent, les deux enfants grandissent. La petite fille, nommée Dea, aveugle, est devenue une jolie jeune femme, douce, innocente (allergiques aux figures romantiques, passez votre chemin). Quant à Gwynplaine, l’horrible cicatrice qui défigure son visage en prolongeant ses lèvres en un large sourire permanent est devenue l’attraction principale du spectacle ambulant d’Ursus ; ce sourire figé fait rire les foules, répugne et amuse en même temps.
Grâce à sa cécité, Dea ne voit pas la laideur de Gwynplaine mais seulement la beauté de son âme. Les deux jeunes gens s’aiment d’un amour tendre et platonique. Alors que la petite troupe constituée par Ursus et ses deux enfants adoptifs vit une vie simple, nomade mais heureuse dans leur roulotte, ils décident de tenter la gloire dans une foire à Londres. Mais très vite, ils sont dépassés par le succès que rencontre Gwynplaine, en particulier auprès d’une belle aristocrate…
LE ROMAN DE VICTOR HUGO Paru en 1869, L’Homme qui Rit est un de ces romans de Victor Hugo qui a très péniblement trouvé son chemin dans la postérité littéraire… en France. Il demeure dans l’ombre de Notre-Dame de Paris et Les Misérables. Dès sa parution, le roman n’a pas remporté le succès escompté par son illustre auteur et suscite même quelques critiques assez agressives.
Ce qui a été en partie critiqué à l’époque est un défaut de l’œuvre qui frappe et repousse plus encore de nos jours où les goûts ont évolué ; le réalisateur Jean-Pierre Améris, bercé par sa lecture de l’œuvre durant son adolescence, est le premier à mettre en garde d’éventuels lecteurs contre le côté extrêmement « digressif » du roman. Plus encore que dans Notre-Dame de Paris où, déjà, plusieurs passages s’éloignaient de l’intrigue pour disserter, philosopher ou faire du « Wikipédia » avant l’heure, cet aspect dissertatif est encore plus présent et pesant dans L’homme qui rit et fait « trainer » sur 700 pages environ ce qui pourrait tenir en 300 maximum. (Ceux qui rient, là, au fond de la salle, en disant que ce serait bien mon genre, je vous ai vus !)
Ce roman s’inscrit dans ce qu’Hugo avait défini comme la « tension » sous-tendant le genre romantique dans la célèbre préface de sa pièce, Cromwell (1827) : l’opposition entre le « Sublime » et le « Grotesque ». Deux notions a priori incompatibles, puisque le grotesque suscite plutôt le rire, la moquerie, la laideur comique ; tandis que le sublime suscite plutôt la contemplation, la béatitude artistique, la beauté, l’élévation de l’âme, l’émotion. Et pourtant ! Tout le côté « sulfureux », provocateur du théâtre romantique à l’époque repose en partie là-dessus, sur l’union heureuse de ces deux forces opposées (car avant de devenir classique, vieilli et « ennuyeux », un genre a d’abord été à la pointe de l’avant-garde, en avance sur son temps, provocateur, audacieux et contesté par les « anciens »).
L’homme qui rit, en tant que personnage, marque bien une des plus flagrantes rencontre du Sublime et du Grotesque dans l’œuvre d’Hugo ; en ce héros se rencontrent à la fois la laideur et la beauté, le ridicule d’une apparence et la grandeur d’une âme, une enveloppe de monstre et une sensibilité humaine, le choc entre le rire qu’est censée déclencher la laideur du personnage et l’émotion, l’admiration que sont censées éveillées les qualités de son être intérieur.
N’allez pas imaginer que je vais pouvoir, dans cette critique, prendre la pose du gars qui a lu l’œuvre une ou plusieurs fois et qui va donc pouvoir décortiquer, analyser, féliciter ou contester chaque choix d’adaptation du réalisateur. Je vous le dis de but en blanc : je n’ai jamais lu le roman. Je vais plus loin : pas sûr que je lise un jour.
Je ne suis pas du tout calé en Victor Hugo, en bonne partie parce que je ne suis vraiment pas fan de ce que j’ai pu lire de lui et surtout, pas fan du « bonhomme ». Sur ses trois plumes : poète – dramaturge – romancier, celle à la rigueur que je préfère, qui m’intéresse le plus, que j’ai des chances de fréquenter, c’est sans nul doute le romancier. Je n’aime pas vraiment ses poèmes, et quant à ses pièces, là, c’est surtout que je n’aime pas vraiment le théâtre.
Bref, ce n’est pas une critique de spécialiste de Hugo ou du roman que je vais rédiger, c’est celle d’un spectateur qui a été attiré par un film à l’aura littéraire, romantique et gothique.
LE PHENOMENE (Adaptations, mythe & références) En fait, L’Homme qui rit, malgré son échec auprès du public français, a connu une gloire d’un autre genre ; à défaut de devenir une œuvre unanimement appréciée pour elle-même, en tant que roman, cette œuvre méconnue a rencontré une gloire paradoxale qui l’a profondément enraciné dans notre imaginaire collectif.
Peut-être à cause du fait que l’intrigue se déroule en Angleterre mais (à mon modeste avis) aussi sans doute parce que le public français, depuis toujours, est énormément plus réticent devant le fantastique, le grotesque et la fantasy que le lectorat anglo-saxon, le roman a connu un bien plus grand succès aux USA et en Angleterre.
De fait, l’homme qui rit est déjà depuis très longtemps un personnage marquant de la littérature pour les américains et les anglais et, de fait, la toute première adaptation du roman au cinéma est arrivée très tôt, en 1928, par le réalisateur Paul Léni. En pleine période de « l’expressionnisme allemand » incarné par des films comme Nosferatu ou Le Cabinet du Dr Caligari, le film s’insert nettement dans cette esthétique contrastée.
Déjà, à l’époque, le cinéma joue bien son rôle d’art des « masses », permettant de diffuser des histoires de façon extrêmement forte et vaste, grâce à la puissance de l’image et à l’accessibilité des films. Ainsi, plus qu’un simple classique ou alors un « archétype » vaguement présent dans les esprits, l’homme qui rit devient, grâce à l’interprétation de Conrad Veidt et surtout à son maquillage effrayant, un véritable phénomène, un mythe moderne.
C’est ainsi que ce personnage de Gwynplaine et son inoubliable sourire figé inspirent un certain Bob Kane, créateur de Batman, qui choisit de s’inspirer directement de l’homme qui rit pour le méchant de la toute première aventure de son héros : le Joker, un homme au visage défiguré par un large sourire, maquillé et habillé comme un clown.
C’est une de ces fois où un personnage créé en hommage à un autre devient mille fois plus célèbre que le personnage d’origine et lui vole complètement la star. Le Joker est devenu un personnage de fiction emblématique, l’ennemi juré de Batman, un des méchants les plus charismatiques du monde dont le mythe se renouvelle sans cesse grâce aux réécritures des comics et aux reboots des adaptations. Dans tout cela, on a donc un peu oublié l’homme qui rit. Il ne nous en reste que l’idée de ce sourire figé, de ce visage grotesque. C’est la parfaite définition du mythe dont l’histoire primordiale s’est un peu perdue et dont au final seul importe la réinvention perpétuelle et l’image forte qui l’incarne, une sorte de symbole universel qui s’incruste profondément dans l’imaginaire collectif.
A PROPOS DU FILM La bande annonce La bande-annonce du film qui, avec l’affiche, donne déjà une bonne idée de l’ambiance et du parti-pris esthétique.
Un royaume de conte de fées Je disais qu’il n’était pas banal que je daigne aller voir un film français. Je ne vais pas m’étendre ici sur les raisons de mon insensibilité totale au cinéma français dès qu’il sort de ce que, selon moi, il sait faire de mieux (les comédies). Néanmoins, il me suffit de citer les réalisateurs français que j’adore pour que vous compreniez où je veux en venir : - Jean-Pierre Jeunet - Michel Hazanavicius - Michel Gondry
Ce sont des réalisateurs qui soignent leurs films. Ils ont un univers, ils n’ont pas peur d’être fantaisistes, de s’écarter de la prosaïque réalité, ils ont le souci de la photographie, de donner une esthétique et une atmosphère à leurs films, ils ont une vraie personnalité, des obsessions qui transparaissent du scénario ou de l’écran, ils savent concevoir des films aboutis techniquement, à la fois intelligents, sensibles, créatifs et divertissants, avec un vrai travail sur le visuel, la musique, le montage, etc. Bref, du cinéma ; pas du documentaire amélioré. De même que pour moi, la vraie littérature s’illustre dans la pleine maîtrise de la langue et dans l’éclat d’un style beau et sophistiqué, de même, le cinéma s’illustre dans un travail soigneux non seulement sur l’écriture et la réalisation, mais aussi sur l’image et la musique. On ne lit pas un roman pour avoir eu l’impression de lire un article de journal. On ne voit pas un film pour avoir l’impression d’avoir vu un documentaire. Mais ce n’est que mon avis, bien sûr.
Ici, Jean-Pierre Améris s’inscrit dans la droite lignée de ces grands réalisateurs français, ces artistes à la personnalité imprégnée qui savent élever l’âme et nous éloigner de la réalité, nous emporter dans un autre monde ou simplement une certaine vision du monde qu’ils concrétisent grâce à une maîtrise parfaite des aspects techniques.
Améris pousse le zèle loin puisque nous emporter dans un autre monde est sa priorité au point d’en faire sa première infidélité au roman. L’histoire d’Hugo se passe normalement à Londres au XVIIIe siècle. Mais là, Améris a fait le choix délibéré de supprimer toute indication sur le lieu de l’intrigue. On ne sait pas où on est, ni quand on est. On pense au XVIIIe siècle mais les repères spatiaux sont tellement flous qu’on se croirait dans un XVIIIe siècle figé, un XVIIIe siècle de conte de fées. Et conte de fée, justement, c’est exactement, de son propre aveu, ce qu’Améris a voulu faire. Il voulait donner une tonalité plus universelle et magique à l’histoire et éviter de la situer, de la bloquer dans un lieu, une époque. Je trouve cette idée grandiose, et c’est pour le coup, le type d’infidélité que je trouve complètement génial.
On est complètement perdu, et c’est délicieux, car pour peu qu’on soit complètement favorable à ce parti pris, on savoure le fait de ne pas savoir où on est ; mieux, on ne se le demande même plus. La ville où l’essentiel de l’intrigue se passe n’est plus « Londres », mais « la capital du royaume ». Aucun monument, aucune architecture ne peut nous mettre sur une voie, nous faire reconnaître une ville ou un pays précis. Nous sommes dans un royaume de conte de fées. Cette magie se manifeste même dans l’apparition d’un immense château, juché sur une vertigineuse falaise. Dans ce plan d’exposition absolument MAGNIFIQUE, on croit voir Poudlard ou alors un château de Transylvanie sorti des contes gothiques les plus fantaisistes, avec une architecture complètement excessive et fantasmée.
Une merveille technique au service du Sublime En fait, c’est tout l’aspect technique du film qui se met au service de cette esthétique du conte de fées, de ce parti pris dans la façon de raconter cette histoire qu’un autre réalisateur d’une sensibilité différente aurait très bien pu traiter avec un réalisme cru.
Il y a donc d’abord la « photographie », tout le travail sur la lumière, le choix de la teinte dominante qu’aura l’image du film, le philtre qui se superposera à notre regard et l’influencera, le plongera dans une ambiance spécifique. Le cinéma américain doit une bonne partie de sa gloire à ce grand travail sur la photographie. L’image est nette, travaillée, les teintes sont belles et pertinentes et certains films se sont même appropriés une « esthétique » qui leur est propre, devenue partie intégrante de leur identité visuelle ; on peut penser à Matrix et sa photographie basée sur un philtre verdâtre évoquant bien entendu la Matrice. On pense aussi au The Ring de Gore Verbinsky, absolument sublime en termes de photographie avec ce philtre bleuté qui donne une teinte si mélancolique et froide au film.
Ici, pas de signature visuelle précise avec une couleur particulière, mais une ambiance nocturne et gothique dans ce qui est certainement (et je pèse mes mots), le film français le plus abouti techniquement et visuellement qu’il m’ait été donné de voir dans ma vie avec La Cité des Enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet.
En plus de cette photographie remarquable qui saisit directement nos yeux, s’ajoute un autre élément qui, lui, charme nos oreilles, que dis-je, les exalte ! La musique !
Après les sonorités à la fois belles et inquiétantes d’Eric Serra dans une tentative troublante et réussie de restituer l’ambiance des fonds marins, après les airs franchouillards étrangement beaux et symphoniques de Yann Tiersen pour Amélie Poulain, après les consécrations américaines des frenchies Bruno Coulais (Les Choristes, Coraline…) et Alexandre Desplat (et dedans, y’a « plat », ce qui veut bien dire ce que ça veut dire… Oui, bon, ok, je n’aime pas et je me cherche des arguments objectifs débiles), après les excellents thèmes rétros et entrainants de Ludovic Bource pour les nostalgiques OSS 117 et The Artist qui lui ont valu un Oscar, on a soudain l’impression, avec l’illustre inconnu qui signe le score de L’Homme qui rit (Stéphane Moucha), d’avoir passé un nouveau cap dans ce dont est capable la musique de film à la française. Evidemment, c’est aussi une question de contenu du film ; la production française, telle qu’elle est majoritairement, ne se prête pas à de telles partitions, mais en tout cas, cela montre tout le potentiel.
Car la musique est tout simplement sublime et d’un lyrisme complètement décomplexé. Pour les connaisseurs ou ceux qui s’y intéressent un minimum, inutile de tourner autour du pot : c’est du Danny Elfman tout craché, le compositeur de la plupart des films de Tim Burton. Des chœurs féminins ou d’enfants, des instruments à cordes très sollicités avec dynamisme et grandiloquence, des envolées lyriques, une certaine mélancolie, des sonorités un brin horrifiques ou inquiétantes… La musique parfaite pour coller à une esthétique qui, déjà, fait tout de suite penser aux films de Tim Burton himself.
Je me répète mais je n’ai jamais vu (ou presque jamais vu) un film français aussi beau (tout simplement), abouti et maîtrisé techniquement dans son ambition et sa fantaisie, on est en plein rêve éveillé, on est transporté dans un autre monde, on évolue dans un conte gothiquo-romantique que chaque aspect technique du film (réalisation, décors, maquillage, photographie, lumière, musique…) fait transparaître et sublime sous nos yeux. Si le film avait été américain, j’aurais été moins surpris par sa « patte », mais je l’aurais trouvé tout aussi sublime. Mais là, évidemment, au ravissement et à l’admiration s’ajoutent vraiment le « choc », la surprise de voir le cinéma français repousser ses limites, enfin s’attaquer à des sujets de façon sérieuse tout en partant dans une direction opposée au réalisme « plat » ou « cru » qui a fait sa « signature », sa gloire comme sa perte, selon le goût des spectateurs.
Tim Burton est une inspiration assumée et même revendiquée, puisqu’Améris a confié lors de l’entretien avec les spectateurs (et déjà dans une interview) que l’un de ses films préférés était Edward aux mains d’argent, qu’il admirait beaucoup le travail de Tim Burton (et de Danny Elfman, et il a bien demandé à son compositeur de s’inspirer, en autres, de son œuvre). L’influence va loin, puisqu’il a aussi confié que, dans l’idéal, il aurait aimé confier le rôle de Gwynplaine à Johnny Depp, mais pour des raisons de budget, cela n’était pas envisageable. De toute manière, même si je n’ai aucun mal à imaginer Depp à la place de Marc-André Grondin dans le rôle de l’homme qui rit, je pense que cela aurait poussé un peu trop loin le parallèle avec un film de Burton (déjà bien flagrant) et que cela aurait pu faire du tort à Améris, et trop américaniser le film. Et justement, les acteurs, parlons-en !
Les acteurs & les personnages Au niveau des acteurs, une chose m’apparaît clairement : il y a Gérard Depardieu, et il y a les autres.
Gérard Depardieu joue Ursus. Du peu que je savais de ce personnage avant de voir le film, de ce que j’avais lu ou entendu du livre, cela me semblait évident. Ursus signifie « ours » en latin… déjà, pas besoin de faire un dessin. Mais je rejoins aussi complètement ce qu’a expliqué le réalisateur en justifiant son choix, selon quoi Gérard Depardieu était parfait pour incarner ce personnage plein de verve et protecteur. Quand on voit à l’écran cet homme massif prononcer les longues tirades écrites par Hugo, des tirades pleines d’une sagesse « rudimentaire », de leçons de vie, c’est évident. Non seulement Gérard Depardieu est un immense acteur (un être humain dégoûtant, exécrable, une épave, mais quel acteur !) mais en plus, le rôle lui va à merveille.
Le charisme de Depardieu renforce ce qui, de toute façon, n’aurait que trop crevé les yeux pour moi : les autres acteurs sont moyens. En fait, peut-être qu’ils sont bons ; mais « à la française ». Car le cinéma français, c’est aussi une façon de jouer, de suggérer les émotions, de parler, une attitude… que je ne supporte pas ! Encore une fois, j’adore les acteurs français dans les comédies, mais dans les « films sérieux », je déteste leur façon de parler ou de jouer, peut-être trop proche du théâtre ou alors, au contraire, dans un excès d’intériorisation, trop affectée. Le réalisateur a abordé ce sujet et a expliqué comment, justement, Gérard Depardieu a aidé les jeunes acteurs qui jouent le couple Gwynplaine/Dea à « changer leur registre habituel » ; habitués des films intimistes, réalistes ou d’auteur « à la française », leur jeu tout en retenu ne convenait pas à un film aussi excessif et lyrique que L’homme qui rit et donc le réalisateur confie avoir dû les faire lutter contre leur peur du ridicule et à forcer le trait, à parler franchement, à ne pas retenir les émotions.
Au final, le réalisateur a l’air satisfait. Mais pour ma part, je trouve que les répliques, dès qu’elles sont prononcées par les acteurs principaux (Depardieu, à part) sonnent faux, n’ont pas l’air spontanée, ressemblent juste à du par cœur récité mais pas joué (ou mal joué). Je suis dur, mais c’est mon ressenti. Ce qui est clair, c’est que je ressens une gêne que je ne ressens jamais quand je regarde un film anglophone, qu’il soit doublé en VF (par d’excellents acteurs spécialistes de doublage comme Darbois, Curtil, Puymartin, Montsarra, etc…) ou alors, tout simplement, les acteurs anglais/américain en VO. C’est qu’il doit bien y avoir une différence.
Je trouve qu’au niveau des scènes « muettes », où tout repose sur les gestes ou le regard, ça passe plutôt bien. Améris a raison quand il dit que Marc-André Brondin a un regard intense ; c’est vrai qu’ajouté à un maquillage très réussi, cela donne quelque chose de très convaincant. Mais dès qu’il parle, c’est autre chose.
L’actrice qui joue Dea (Christa Théret) a une voix plutôt grave (fumerait-elle ?) et des intonations très françaises ; pas aussi agressives ou insolentes qu’une Mélanie Laurent, mais en tout cas, pas assez douces pour habiter de façon pleinement convaincante ce personnage de jeune fille frêle et innocente. Pourtant, niveau regard et attitude, ça peut aller ; et là encore, le maquillage et les costumes aident ; mais dans l’élocution, pour moi, ça coince.
Dans le rôle de la duchesse tentatrice, on retrouve Emmanuelle Saigner. Typiquement une des actrices que je déteste le plus avec sa sœur, Mathilde. Je trouve ces actrices vulgaires. Mais bon, « heureusement », elle joue une salope dans le film, alors on va dire que ça tombe plutôt bien que je n’aime pas l’actrice et qu’elle ne m’inspire que de la vulgarité.
Bref, je ne suis pas du tout sensible à ce genre de choses d’habitude, je n’y fais pas gaffe, je n’en parle même pas, à moins que j’aie vraiment un excès de mépris pour l’acteur ou l’actrice. Mais là, le gouffre qui sépare Gérard Depardieu des autres acteurs est manifeste ! On sent qui est le patron. En tout cas, c’est mon ressenti.
Le personnage de Gwynplaine : plus sublime que grotesque Comme je l’ai dit, le film baigne dans une ambiance nocturne et gothique et Améris a privilégié une vision nettement lyrique et romantique, avec une sacrée touche de baroque (à l’image du roman). A cela s’ajoute l’atmosphère de conte de fées que j’ai aussi abordée. Tous ces partis pris esthétiques, je les apprécie énormément et ils m’ont fait adorer le film ; et selon moi, même s’ils ont fait du zèle au risque de s’éloigner un peu du roman, ils ont transcendé l’histoire.
Mais Améris est allé encore plus loin dans le romantisme. Ce même romantisme qui m’a fait aimer le film est aussi ce qui m’a inspiré ce qui reste ma principale réserve à son sujet, le seul gros défaut. De par ses choix sur l’apparence de Gwynplaine, Améris a fait peut-être le pas de trop vers le « Sublime » et a trop négligé le « Grotesque ». C’est là la plus grosse infidélité du film à mon avis pour ceux qui auraient lu le livre ; à trop faire dans le « Sublime », on minimise ou élimine le « Grotesque » qui, pourtant, fait part à 50% de l’œuvre originale, si j’ai bien compris, constitue 50% de son ADN littéraire.
Le « Grotesque » apparaît (j’évite des exemples pour ne pas spoiler), mais pas assez pour ébranler le Sublime. Je ne sais pas si je dois m’en plaindre ; n’ayant pas lu le livre, je n’y tiens pas spécialement et en plus, je ne pense pas que le film m’aurait autant plu.
Néanmoins, je pense qu’Améris a « merdé » sur l’apparence de Gwynplaine. Normalement, l’homme qui rit est vraiment très laid. Mais cette laideur doit faire rire, provoquer le rire, pas spécialement effrayer ; juste sembler grotesque. Mais il n’y a pas d’équivoque sur la laideur en tout cas, ni sur l’effet qu’elle doit avoir sur ceux qui la regardent. Vous pouvez le constater à la source, avec le chapitre décrivant le visage de Gwynplaine : (En gras, les passages les plus frappants)
Où l’on voit le visage de celui dont on n’a encore vu que les actions:
La nature avait été prodigue de ses bienfaits envers Gwynplaine. Elle lui avait donné une bouche s’ouvrant jusqu’aux oreilles, des oreilles se repliant jusque sur les yeux, un nez informe fait pour l’oscillation des lunettes de grimacier, et un visage qu’on ne pouvait regarder sans rire. Nous venons de le dire, la nature avait comblé Gwynplaine de ses dons. Mais était-ce la nature ? Ne l’avait-on pas aidée ? Deux yeux pareils à des jours de souffrance, un hiatus pour bouche, une protubérance camuse avec deux trous qui étaient les narines, pour face un écrasement, et tout cela ayant pour résultante le rire, il est certain que la nature ne produit pas toute seule de tels chefs-d’œuvre. Seulement, le rire est-il synonyme de la joie ? Si, en présence de ce bateleur,--car c’était un bateleur,--on laissait se dissiper la première impression de gaîté, et si l’on observait cet homme avec attention, on y reconnaissait la trace de l’art. Un pareil visage n’est pas fortuit, mais voulu. Être à ce point complet n’est pas dans la nature. L’homme ne peut rien sur sa beauté, mais peut tout sur sa laideur. D’un profil hottentot vous ne ferez pas un profil romain, mais d’un nez grec vous pouvez faire un nez kalmouck. Il suffit d’oblitérer la racine du nez et d’épater les narines. Le bas latin du moyen âge n’a pas créé pour rien le verbe denasare. Gwynplaine enfant avait-il été assez digne d’attention pour qu’on s’occupât de lui au point de modifier son visage ? Pourquoi pas ? ne fût-ce que dans un but d’exhibition et de spéculation. Selon toute apparence, d’industrieux manieurs d’enfants avaient travaillé cette figure. Il semblait évident qu’une science mystérieuse, probablement occulte, qui était à la chirurgie ce que l’alchimie est à la chimie, avait ciselé cette chair, à coup sûr dans le très bas âge, et créé, avec préméditation, ce visage. Cette science, habile aux sections, aux obtusions et aux ligatures, avait fendu la bouche, débridé les lèvres, dénudé les gencives, distendu les oreilles, décloisonné les cartilages, désordonné les sourcils et les joues, élargi le muscle zygomatique, estompé les coutures et les cicatrices, ramené la peau sur les lésions, tout en maintenant la face à l’état béant, et de cette sculpture puissante et profonde était sorti ce masque, Gwynplaine. On ne naît pas ainsi. Quoi qu’il en fût, Gwynplaine était admirablement réussi. Gwynplaine était un don fait par la providence à la tristesse des hommes. Par quelle providence ? Y a-t-il une providence Démon comme il y a une providence Dieu ? Nous posons la question sans la résoudre. Gwynplaine était saltimbanque. Il se faisait voir en public. Pas d’effet comparable au sien. Il guérissait les hypocondries rien qu’en se montrant. Il était à éviter pour des gens en deuil, confus et forcés, s’ils l’apercevaient, de rire indécemment. Un jour le bourreau vint, et Gwynplaine le fit rire. On voyait Gwynplaine, on se tenait les côtes ; il parlait, on se roulait à terre. Il était le pôle opposé du chagrin. Spleen était à un bout, et Gwynplaine à l’autre. Aussi était-il parvenu rapidement, dans les champs de foire et dans les carrefours, à une fort satisfaisante renommée d’homme horrible. C’est en riant que Guynplaine faisait rire. Et pourtant il ne riait pas. Sa face riait, sa pensée non. L’espèce de visage inouï que le hasard ou une industrie bizarrement spéciale lui avait façonné, riait tout seul. Gwynplaine ne s’en mêlait pas. Le dehors ne dépendait pas du dedans. Ce rire qu’il n’avait point mis sur son front, sur ses joues, sur ses sourcils, sur sa bouche, il ne pouvait l’en ôter. On lui avait à jamais appliqué le rire sur le visage. C’était un rire automatique, et d’autant plus irrésistible qu’il était pétrifié. Personne ne se dérobait à ce rictus. Deux convulsions de la bouche sont communicatives, le rire et le bâillement. Par la vertu de la mystérieuse opération probablement subie par Gwynplaine enfant, toutes les parties de son visage contribuaient à ce rictus, toute sa physionomie y aboutissait, comme une roue se concentre sur le moyeu ; toutes ses émotions, quelles qu’elles fussent, augmentaient cette étrange figure de joie, disons mieux, l’aggravaient. Un étonnement qu’il aurait eu, une souffrance qu’il aurait ressentie, une colère qui lui serait survenue, une pitié qu’il aurait éprouvée, n’eussent fait qu’accroître cette hilarité des muscles ; s’il eût pleuré, il eût ri ; et, quoi que fit Gwynplaine, quoi qu’il voulût, quoi qu’il pensât, dès qu’il levait la tête, la foule, si la foule était là, avait devant les yeux cette apparition, l’éclat de rire foudroyant. Qu’on se figure une tête de Méduse gaie. Tout ce qu’on avait dans l’esprit était mis en déroute par cet inattendu, et il fallait rire. L’art antique appliquait jadis au fronton des théâtres de la Grèce une face d’airain joyeuse. Cette face s’appelait la Comédie. Ce bronze semblait rire et faisait rire, et était pensif. Toute la parodie, qui aboutit à la démence, toute l’ironie, qui aboutit à la sagesse, se condensaient et s’amalgamaient sur cette figure ; la somme des soucis, des désillusions, des dégoûts et des chagrins se faisait sur ce front impassible, et donnait ce total lugubre, la gaîté ; un coin de la bouche était relevé, du côté du genre humain, par la moquerie, et l’autre coin, du côté des dieux, par le blasphème ; les hommes venaient confronter à ce modèle du sarcasme idéal l’exemplaire d’ironie que chacun a en soi ; et la foule, sans cesse renouvelée autour de ce rire fixe, se pâmait d’aise devant l’immobilité sépulcrale du ricanement. Ce sombre masque mort de la comédie antique ajusté à un homme vivant, on pourrait presque dire que c’était là Gwynplaine. Cette tête infernale de l’hilarité implacable, il l’avait sur le cou. Quel fardeau pour les épaules d’un homme, le rire éternel ! Rire éternel. Entendons-nous, et expliquons-nous. A en croire les manichéens, l’absolu plie par moments, et Dieu lui-même a des intermittences. Entendons-nous aussi sur la volonté. Qu’elle puisse jamais être tout à fait impuissante, nous ne l’admettons pas. Toute existence ressemble à une lettre, que modifie le post-scriptum. Pour Gwynplaine, le post-scriptum était ceci : force de volonté, en y concentrant toute son attention, et à la condition qu’aucune émotion ne vînt le distraire et détendre la fixité de son effort, il pouvait parvenir à suspendre l’éternel rictus de sa face et à y jeter une sorte de voile tragique, et alors on ne riait plus devant lui, on frissonnait. Cet effort, Gwyynplaine, disons-le, ne le faisait presque jamais, car c’était une fatigue douloureuse et une tension insupportable. Il suffisait d’ailleurs de la moindre distraction et de la moindre émotion pour que, chassé un moment, ce rire, irrésistible comme un reflux, reparût sur sa face, et il était d’autant plus intense que l’émotion, quelle qu’elle fût, était plus forte. A cette restriction près, le rire de Gwynplaine était éternel. On voyait Gwynplaine, on riait. Quand on avait ri, on détournait la tête. Les femmes surtout avaient horreur. Cet homme était effroyable. La convulsion bouffonne était comme un tribut payé ; on la subissait joyeusement, mais presque mécaniquement. Après quoi, une fois le rire refroidi, Gwynplaine, pour une femme, était insupportable à voir et impossible à regarder. Il était du reste grand, bien fait, agile, nullement difforme, si ce n’est de visage. Ceci était une indication de plus parmi les présomptions qui laissaient entrevoir dans Gwynplaine plutôt une création de l’art qu’une œuvre de la nature. Gwynplaine, beau de corps, avait probablement été beau de figure. En naissant, il avait dû être un enfant comme un autre. On avait conservé le corps intact et seulement retouché la face. Gwynplaine avait été fait exprès. C’était là du moins la vraisemblance. On lui avait laissé les dents. Les dents sont nécessaires au rire. La tête de mort les garde. L’opération faite sur lui avait dû être affreuse. Il ne s’en souvenait pas, ce qui ne prouvait point qu’il ne l’eût pas subie. Cette sculpture chirurgicale n’avait pu réussir que sur un enfant tout petit, et par conséquent ayant peu conscience de ce qui lui arrivait, et pouvant aisément prendre une plaie pour une maladie. En outre, dès ce temps-là, on se le rappelle, les moyens d’endormir le patient et de supprimer la souffrance étaient connus. Seulement, à cette époque, on les appelait magie. Aujourd’hui on les appelle anesthésie. Outre ce visage, ceux qui l’avaient élevé lui avaient donné des ressources de gymnaste et d’athlète ; ses articulations, utilement disloquées, et propres à des flexions en sens inverse, avaient reçu une éducation de clown et pouvaient, comme des gonds de porte, se mouvoir dans tous les sens. Dans son appropriation au métier de saltimbanque rien n’avait été négligé. Ses cheveux avaient été teints couleur d’ocre une fois pour toutes ; secret qu’on a retrouvé de nos jours. Les jolies femmes en usent ; ce qui enlaidissait autrefois est aujourd’hui jugé bon pour embellir. Gwynplaine avait les cheveux jaunes. Cette peinture des cheveux, apparemment corrosive, les avait laissés laineux et bourrus au toucher. Ce hérissement fauve, plutôt crinière que chevelure, couvrait et cachait un profond crâne fait pour contenir de la pensée, L’opération quelconque, qui avait ôté l’harmonie au visage et mis toute cette chair en désordre, n’avait pas eu prise sur la boîte osseuse. L’angle facial de Gwynplaine était puissant et surprenant. Derrière ce rire il y avait une âme, faisant, comme nous tous, un songe. Du reste, ce rire était pour Gwynplaine tout un talent. Il n’y pouvait rien, et il en tirait parti. Au moyen de ce rire, il gagnait sa vie. Gwynplaine--on l’a sans doute déjà reconnu--était cet enfant abandonné un soir d’hiver sur la côte de Portland, et recueilli dans une pauvre cahute roulante à Weymouth
Contrairement à l’infidélité de la localisation de l’intrigue ou celle de l’apparence d’Ursus (censé normalement être « famélique », donc tout le contraire de Depardieu) que j’ai trouvé pertinentes, utiles, intéressantes, l’infidélité consistant à ne pas vraiment respecter la laideur extrême de Gwynplaine me semble une erreur qui nuit gravement au sens profond de l’histoire et à l’aura du personnage.
Vous aurez pu le constater avec les quelques images que j’ai déjà postées, le Gwynplaine d’Améris n’a rien d’un monstre hideux. En dehors de sa mutilation à la bouche qui, avec le rouge à lèvre, ressemble au sourire du Joker de Nolan. Bref, franchement, ce n’est pas ce qu’on peut appeler de la « laideur ». En dehors de ce sourire, le personnage est « beau comme un dieu » ; conformément à son « rêve » initial et à défaut de pouvoir le réaliser en embauchant l’acteur fétiche de Tim Burton, Jean-Pierre Améris a manifestement Johnny-Deppisé son héros au point de carrément trahir l’essence du personnage de Gwynplaine et d’en faire un croisement entre Edward aux Mains d’Argent et The Crow :
Eric Draven, le héros du film culte de l’esthétique gothique : The Crow
En voyant ce visage sur l’écran, j’ai eu deux réactions en même temps, que je n’arrivais à départager :
1) Superbe ! Je sais que c’est infidèle, mais ce visage à la Edward/The Crow consacre le romantisme esthétique du film, on se promène en plein fantasme Burtonien ! Et quelle classe ! Ces cheveux longs, ce teint pâle, ce regard intense, ce sourire bien dessiné ! C’est beau !
2) Trop, c’est trop ! On entend à longueur de film qu’il est censé être laid ! Ca sonne faux ! Ce n’est pas avec un large sourire au rouge à lèvres qu’on rend laid un beau gosse aux longs cheveux noirs et au teint pâle ! Il y a trahison du personnage dans son essence même, contradiction irréparable avec l’histoire et le sens de cette dernière. Ce mec n’est pas laid et ne raconte rien de ce qu’est la tragédie de la laideur, ce n’est qu’un beau gosse négligemment défiguré par un sourire figé. Mais pire que ça ! C’est sa cicatrice elle-même qui, au lieu de l’enlaidir, l’embellit, qui consacre sa beauté et son charisme ! On le sait ; les cicatrices, pour un grand nombre de gens, c’est « sexy » ; on sait aussi le succès énorme qu’a eu le Joker de Nolan et comme il a réussi à être objet de fantasme pour la gente féminine malgré sa cicatrice ou plutôt en partie grâce à elle. Que dire de personnages techniquement défigurés mais hyper beaux en même temps tels qu’Edward aux mains d’argent ou Eric Draven dans The Crow ? C’est de la triche ! C’est de la fausse laideur ! Une laideur de convention, une licence poétique pour contourner ce problème toujours lâchement fui au cinéma qu’est la laideur ; le cinéma, l’art visuel par excellence, l’art de la photogénie indispensable qui n’ose que très rarement intégrer la laideur sans l’esthétiser, l’amoindrir, la rendre cinégénique.
Je me suis dit que toutes les nanas dans la salle devaient avoir une main dans la culotte en voyant ce Johnny Depp « discount » à la française à l’écran, avec sa cicatrice sexy et son regard mélancolique et intense. Les interventions des spectatrices dans la salle ne m’ont pas donné tort, puisqu’on a eu le droit à « Votre acteur est vraiment beau », « L’acteur est très sexy », et le réalisateur s’est amusé d’un commentaire qu’on lui a fait et qu’il n’a pas compris : « Votre personnage est BG ». Il n’avait pas compris « BG » pour « beau gosse ».
Voilà, le problème.
Non seulement Gwynplain ne fait pas rire (pour les persos à l’écran, si ; mais en tant que spectateurs on ne voit pas en quoi son visage est drôle, alors qu’il devrait l’être), mais en plus, il ne fait même pas peur ou ne repousse pas. Il irradie de beauté et de charisme ; et c’est au contraire quand il est censé être « relooké » et devenir « beau » qu’il devient (enfin) grotesque (mais toujours pas moche !).
Dans l'adaptation de 1971, Gwynplaine est vraiment moche... mais toujours pas drôle à regarder!
Cela reste ma principale réserve sur le film. J’ai été gêné par ce manque d’audace. Mais en fait, je crois que le courage n’est pas en cause ; ce n’est pas par lâcheté qu’Améris n’a pas rendu le personnage vraiment laid ou drôle. Non, il l’a rendu beau pour la même raison qu’il a choisi de ne pas situer géographiquement son histoire, de créer une photographie onirique, de faire composer une musique à la Elfman : concrétiser sa vision de l’histoire, et cette vision est romantique, avant tout, elle penche largement sur le Sublime au détriment du Grotesque.
Améris l’a bien confirmé durant la conférence : il a rendu une « interprétation » de l’histoire, la sienne, et il se revendique très sentimental. Ce côté sentimental explose d’ailleurs dans le dénouement qui, dans les faits, est complètement fidèle à celui écrit par Hugo, mais qui, dans sa mise en scène, est en revanche traité d’une manière personnelle et extrêmement romantique… jusqu’au kitch. Question de sensibilité, de goût, de tolérance au « sentimental », mais même moi qui pense être pourtant un p*tain de « romantique », j’ai ressenti une gêne sur le dénouement, dans le procédé de mise en scène. J’ai réussi à passer au-dessus en attribuant la responsabilité à Hugo (des choses jugées vieillies aujourd’hui étaient encore fraiches, belles et classes il y a 200 ans). Mais, après lecture du passage dans le livre, j’ai pu constater que c’était bien Améris qui avait ajouté sa petite touche… peut-être un peu « mièvre » (j’en reviens pas que je dis ça, mais bon…).
Petite conclusion Si on arrive à admettre, accepter, comprendre, intégrer l’idée qu’Améris a livré une lecture 100% romantique et « Sublime » de l’œuvre en évacuant le reste, on peut complètement apprécier ce qu’il a fait, et d’ailleurs, cela l’a poussé à des choix très judicieux. On a déjà abordé plusieurs fois le côté « conte de fées » et la photographie, mais il y a aussi le fait qu’il ait tenu, dans un roman aussi dense et digressif (700 pages !) à ne garder QUE les passages concernant directement l’histoire de Gwynplaine, car seul le parcours de Gwynplaine intéressait Améris. C’est grâce à ce choix d’adaptation qu’un roman de 700 pages arrive à tenir sur l’écran en un long-métrage de seulement 1h35 ! L’histoire de Gwynplaine, concentrée, tient dans le film et effectivement, on ne le lâche pas, il est dans chaque scène.
Face à une œuvre extrêmement riche et complexe, Améris a choisi de donner un coup de projecteurs sur un aspect et de traiter cet aspect à fond ; cela implique d'avoir moins insisté sur un aspect crucial et très amplement traité dans le livre : la réflexion politique autour de l'aristocratie, même si elle apparaît bien dans le film. L’influence Burtonienne crève l’écran et les oreilles. Certains pourront la trouver abusive et proche du plagiat ; d’autres comme moi n’y verront qu’un « cousinage » presque inévitable compte tenu du sujet du roman, du type de héros (marginal, mi-monstre mi-humain, l’héroïne pure et innocente, le monde du cirque, les châteaux, etc.). Améris a d’ailleurs expliqué qu’adapter L’homme qui rit avait été dans les projets de Tim Burton, et il n’était pas peu fier d’avoir pu passer à l’acte avant lui, car ce projet lui tient à cœur depuis l’adolescence où il est tombé fou de ce roman ! L’avantage du coup, c’est qu’on a tous les avantages du cinéma américain (prouesse technique du film) avec tous les avantages d’une production européenne (plus de liberté au niveau du contenu, une aura européenne bien légitime compte tenu de l’origine de l’œuvre adaptée…).
Grâce à ce film, le mythe de « l’homme qui rit », effacé par son plus célèbre hommage (le Joker) est remis au-devant de la scène, on rend à César ce qui appartient à César/Hugo, inventeur de cette figure sublime et grotesque ; Hugo inspire un film, qui inspire le Joker, qui inspire Burton (sans que le projet n’aboutisse), qui inspire Améris qui fait un film sur l’œuvre d’Hugo. La boucle est bouclée. Et c’est une des figures les plus emblématiques de l’imaginaire humain qui se retrouve rappelé à notre bon souvenir à tous, là pour nous rappeler qu’un personnage comme le Joker est né au cœur d’un long ricochets d’influences artistiques. Et c’est sous une parure particulièrement romantique que ce mythe nous est conté, à travers la sensibilité exacerbé d’un réalisateur français qui donne ici la preuve de sa persévérance et de son talent ! Cocorico !
Quant à la beauté ou la fausse laideur de Gwynplaine, même si elle peut gêner, a au moins l’immense mérite d’être en cohérence totale avec la vision qu’Améris a voulu donner et face à la critique d’une spectatrice sur le personnage d’Ursus, il a bien tenu à dire que sa vision n’était que sa vision. Il est parti dans une direction, et il s’y est tenu ; et cette vision – en l’occurrence, romantique – il l’a réussie à la perfection.
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The Impossible: Poignant, surtout quand on sait que c'est inspiré de l'histoire vraie d'une famille qui a survécu au tsunami de 2004. On évite de totalement tomber dans le pathos (même si forcément vu les évènements tragiques on verse sa larme et plutôt deux fois qu'une!). Les acteurs jouent bien et juste (les enfants notamment sont étonnants). Le film est dur et très réaliste, il retourne un peu et fait réfléchir. Bref il vaut le coup!
Rinne91
Âge : 36 Messages : 2037 Localisation : île de france Inscription : 26/09/2011
Beaucoup mieux ? Pourtant il était pas beaucoup meilleur ^^
Je veux dire que j'ai trouvé beaucoup de choses plaisantes que je n'avais pas remarqué la dernière fois mais bon, ce n'est toujours pas mon préféré de la saga
Je pense que je vais avoir de la lecture demain, j'ai regardé les images et quelques phrase ça et là... ça donne envie !
Chouette! Tant mieux! J'ai très peur que le film se craque (manque de promo, désintérêt idiot des gens dès qu'ils vont lire "Victor Hugo" sur l'affiche, préjugés [souvent fondés, mais pas ici] sur le cinéma français, etc.). Et ce serait vraiment génial que ce film trouve son public, car ça encouragerait peut-être les producteurs à davantage faire confiance aux réalisateurs pour ce type de projets. En plus, là je m'égare dans des fantasmes personnels et sans doute irréalisables, mais j'adorerais qu'on arrête de vivre dans le pays où le film le plus vu au ciné est Bienvenue chez les Ch'tis et que ce soit un film Romantique, littéraire et poétique qui prenne sa place. Mais là, malheureusement, c'est pousser l'ambition trop loin.
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populaire : aucune originalité, la fin est connue d'avance, bref dispensable. les 5 légendes: quel ennui ! scénario médiocre, graphismes laids, j'ai détesté.
Skyfall (le dernier 007) : à priori, j'aime moins l'acteur mais j'ai trouvé le film très réussi, je le conseille à ceux qui aiment les histoires d'espionnages évidemment, mais aussi à ceux qui connaissent bien les 007 :-)
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Soirée Le Seigneur des Anneaux au grand rex (21h-8h du mat) c'était juste énorme! Ça faisait longtemps que je les avaient pas revu (j'avais déjà de très bons souvenirs au cinéma), une trilogie toujours aussi magnifique et culte. A revoir sur grand écran, c'est tellement jouissif
Ce soir j'ai vu "Sillent Hill revelations": Mouais bof. Visuellement il est plutôt bien fait, mais au niveau de l'histoire moins bien que le premier... La musique reste top, mais les acteurs très moyens et il y a pleins d'incohérences. Sympa mais sans plus.