Allez, continuons d'alimenter ce sujet avec un très bon article paru aujourd'hui sur Rue89 :
www.rue89.comRoland-Garros à Paris, le forcing gagnant de Bertrand DelanoëLa Fédération française de tennis doit décider mi-février si le tournoi continuera d'être disputé -à l'étroit- porte d'Auteuil en 2016.
Encore sous le coup de la récente défaite des Tricolores en finale de la Coupe Davis, la Fédération française de tennis (FFT) doit désormais traiter une question hautement sensible : où se disputera l'édition 2016 du tournoi de Roland-Garros ? Une réflexion qui pourrait bouleverser l'identité même de la célèbre quinzaine.
Les 12 et 13 février, l'assemblée générale de la FFT décidera si la télégénique étape sur terre ocre demeure en son îlot boisé de la porte d'Auteuil, dans le XVIe arrondissement de Paris.
Implantés depuis 1928 sur le sol parisien, les Internationaux de France étouffent avec une vingtaine de courts nichés sur 8,5 hectares. Entre cohue dans les allées et affres de la météo, l'édition 2010 de Roland-Garros a souligné d'évidentes carences.
D'où un relatif complexe face à ses pairs du grand chelem –l'US Open de New York, l'Open d'Australie à Melbourne et Wimbledon à Londres– qui bénéficient d'enceintes couvertes et de surfaces allant de 14 à 20 hectares.
Si son statut d'étape du grand chelem n'est pas directement menacé, Roland-Garros doit effectuer sa mue. Le directeur général de la FFT et patron du tournoi, Gilbert Ysern, exige ainsi « une extension du site de 5 hectares et l'installation d'un toit rétractable sur le court central Philippe-Chatrier ».
Et si Roland-Garros déménageait ?
Face à cette délicate quête d'espace, la délocalisation du tournoi apparaît désormais possible. « Comment Paris accepterait-il de léguer la tour Eiffel à sa banlieue ? » s'insurge Jean Vuillermoz, adjoint de Bertrand Delanoë chargé des Sports.
Le déménagement potentiel des Internationaux de France est aujourd'hui incarné par trois challengers. « Des candidatures crédibles », confie Gilbert Ysern :
•longtemps favori, le site de Versailles bénéficiait à l'origine du prestige de son château. Mais aucune information ne filtre sur ce projet ;
•s'étendant sur 22 hectares, le site de Gonesse (Val-d'Oise) se targue lui de sa proximité avec les aéroports de Roissy et du Bourget. En prime, La FFT pourrait devenir propriétaire des lieux, même si ce « volet foncier n'est pas un critère décisif », selon Gilbert Ysern ;
•enfin, Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) : à quelques encablures de Disneyland Paris, Roland-Garros s'implanterait sur un site de 35 hectares. Vincent Eblé, président du conseil général de Seine-et-Marne, clame :
« De multiples investisseurs pourraient payer une redevance à la Fédération. Ce modèle a fait ses preuves pour Disneyland. En choisissant un espace optimal, la FFT agirait dans l'intérêt général du tennis. »
Opération « sauvegarde » à l'hôtel de ville de Paris
En coulisse, Bertrand Delanoë refuse d'être le maire qui perdrait le précieux tournoi du grand chelem, quitte à surmonter les cacophonies politiques qui entourent ce dossier.
Depuis la présentation en novembre du projet parisien, le maire insuffle un vent « d'union sacrée » autour de la sauvegarde du « Roland-Garros intra-muros ». Après l'échec de l'obtention des Jeux olympiques de 2012 et les litiges judiciaires autour du nouveau stade Jean-Bouin, Bertrand Delanoë s'est ingénié à donner des gages à la FFT.
Evalué à 235 millions d'euros, le Roland-Garros élargi (13,5 hectares) prévoit notamment la construction d'un stade semi-enterré de 5 000 places sur les serres voisines d'Auteuil. La révision du plan local d'urbanisme (PLU) ouvre aussi la voie à une couverture du court central Philippe-Chatrier.
Bertrand Delanoë s'est ainsi livré à un marathon politique. Mercredi 24 novembre, le projet d'extension du tournoi a reçu l'aval de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites parisiens.
Samedi 11 décembre, l'édile a été auditionné par les cadres de la FFT. Durant son exposé, il a indiqué une augmentation modérée -de 1,6 actuellement à 3 millions d'euros pour la période 2012-2015- de la redevance versée par la Fédération à la municipalité, loyer qui sera annexé dès 2016 sur le chiffre d'affaires du tournoi.
« La présentation de Delanoë a permis à Paris de marquer des points », glisse Gilbert Ysern. Une concession de 99 ans a ainsi été proposée à la FFT. Telle une marque de fidélité. Puis, le vœu du maire de Paris de « conserver Roland-Garros dans la capitale » a été nettement voté mardi 14 décembre par le conseil de Paris.
L'attachement des joueurs au site de la porte d'Auteuil est aussi un argument pour le maire de Paris. « L'histoire du tournoi est ici et pas ailleurs », déclarait il y a quelques mois Rafael Nadal, qui en fut cinq fois le vainqueur. Yannick Noah, Roger Federer et Justine Henin ont aussi contribué à ce lobbying. « De manière générale, les joueurs sont assez conservateurs », sourit Gilbert Ysern.
Le dossier des serres d'Auteuil
Parmi les tensions qui existent au sein de la majorité municipale de Bertrand Delanoë, l'affaire des « serres d'Auteuil » mobilise les élus écologistes. Jacques Boutault, maire Vert du IIe arrondissement, s'exclame :
« Ce projet empiète sur des serres renfermant des collections de botanique rares. On veut supprimer une tradition scientifique au nom du tennis-business. »
Jean Vuillermoz rétorque :
« Nous planifions de transférer ces collections au parc floral de Paris. Aussi, 1 700 m2 de serres vont entourer le nouveau stade. Les “serres chaudes” qui seront détruites n'ont aucun intérêt architectural. »
Classées « monuments historiques », les serres dites « de Formigé » seront, elles, préservées par la mairie de Paris. A l'instar de la chanteuse Françoise Hardy ou de l'acteur Jean-Pierre Marielle, de nombreux artistes ont néanmoins paraphé une pétition pour défendre cet espace.
Habituel porte-voix des réticences des riverains de « Roland », le député UMP Claude Goasguen a lui fini par soutenir le projet Delanoë. Spectateur assidu de la célèbre quinzaine, Nicolas Sarkozy avait exprimé en juin sa volonté de revenir porte d'Auteuil en 2016. Nul doute que la passion sportive du chef de l'Etat a pesé sur cette conversion du député-maire du XVIe.
Photo : Bertrand Delanoë, aux côtés de l'ex-champion de tennis américain John McEnroe (à gauche), tient une raquette géante, devant l'hôtel de ville de Paris le 4 juin 2008 (Gonzalo Fuentes/Reuters).
Sujet: 
Ven 1 Oct 2010 - 23:41
)
