[Fan-fiction] La Reine des Neiges 3 - Dis-moi la vérité

Salut à tous, amis lecteurs ,

Après avoir réfléchi quelques temps, je me suis dit qu'il y avait du potentiel pour élargir encore l'univers Frozen après ma première fan-fiction, que je vous invite à lire sur ce lien : https://www.disneycentralplaza.com/t58439-fan-fiction-la-reine-des-neiges-2-danger-sur-arendelle. En effet, j'ai décidé de donner une suite à celle-ci, et je vous conseille de lire la "2" avant, car sinon, vous pourriez ne rien comprendre. Cependant, La Reine des Neiges 3 - Dis-moi la vérité sera plus courte que la précédente (9 chapitres), peut-être par manque d'idées. Voici un premier chapitre, les autres suivront selon mon temps libre. Bref, bonne lecture !



         La nuit commençait à tomber sur Arendelle en cette belle journée de fin d’été. Le soleil se couchait avec sa lueur couleur feu, telle celle des premières feuilles mortes qui choyaient au sol. Les villageois désertaient la grande place et rentraient chez eux. Plus loin, on pouvait entendre les tailleurs de glace qui descendaient des hautes montagnes, leurs traîneaux bien chargés de blocs translucides. Après leur passage, le royaume se rendormait, paisible. La brise légère sifflait en traversant les ruelles du royaume et s’échouait contre les façades boisées des maisons. Seule la lueur de la lune donnait un peu de lumière. Pas un bruit, pas un murmure, hormis le clapotis des eaux qui bordaient le royaume. Arendelle était eu repos.

         En plein cœur de la nuit, pourtant, une de ses âmes s’éveilla. La lueur de la lune réveilla la petite princesse Sunniva. Pour la fille du couple princier Anna et Kristoff, c’était l’heure de s’amuser avec ses pouvoirs, les mêmes qui, auparavant, faisaient se répandre la neige et la glace des mains de la reine Elsa. Elle faisait la fierté de ses parents, et elle était fière de posséder ces pouvoirs. Hélas, par prudence, elle ne pouvait les utiliser que la nuit, à l’abri des regards. Ainsi, cette nuit-là, comme les autres, elle se précipita vers la chambre de ses parents, monta sur leur lit et dit à sa mère :

SUNNIVA (à voix basse) : Maman, allez, debout, debout !
ANNA : Sunniva, va te recoucher…
SUNNIVA : Mais c’est l’heure de jouer ! Allez, viens, maman !
KRISTOFF (à moitié endormi) : Ecoute ce que dit ta mère, Sunniva…
SUNNIVA : Mais regarde, maman, le ciel se réveille !

         Devant l’insistance de sa fille, Anna ne put que s’incliner et se forcer à quitter le lit, tout en espérant secrètement que cela ne durera pas éternellement. Depuis les trois ans de sa fille, c’était devenu un rituel presque quotidien pour Anna de se lever à trois heures du matin pour emmener sa fille dans les montagnes. En fait, depuis la naissance de sa fille, Anna était devenue une mère aimante, et surtout prudente. Elle préférait que personne ne sache que Sunniva avait des pouvoirs.

         Ensemble, Anna et Sunniva partirent dans les environs du royaume, à plus d’une demi-heure de marche du château, sur une terre qui n’avait pas encore été gagnée par les habitations. Comme toutes les nuits avant le lever du soleil, elles jouèrent à faire des glissades sur la glace projetée par Sunniva, à faire des bonhommes de neige ou encore à se lancer dans des batailles de boules de neige interminables. Et elles ne s’en lassaient jamais. Après une énième glissade en luge, Sunniva était bien essoufflée. Anna lui proposa alors de faire une pause.

ANNA : On s’est bien amusé, n’est-ce pas ?
SUNNIVA : Oh, oui, maman !
ANNA : Mais la prochaine fois, fais attention aux pierres. Fais voir ton genou…
SUNNIVA : Dis-moi, maman, d’où ils viennent ?
(Moment de blanc. Anna ne sait pas quoi répondre et baisse la tête.)
SUNNIVA : Hein, maman, d’où viennent mes pouvoirs ?
ANNA : Allez, viens, ma fille, il faut rentrer maintenant.
SUNNIVA : Mais pourquoi ? Il fait encore nuit !
ANNA : Oui mais le jour ne saurait tarder à se lever. Allez, viens.

         La question de sa fille avait bien embêté Anna. Comment pouvait-elle expliquer tout ce qui s’est passé auparavant le plus simplement possible ? Surtout, cette question raviva inévitablement la mémoire d’Elsa, dont la perte l’affectait encore. Contrairement à l’habitude, le retour vers le château s’était fait dans le silence. Sunniva voyait que sa mère était triste et n’osait pas lui demander pourquoi. Durant le trajet, les bons et les mauvais moments passés avec sa grande sœur traversaient l’esprit d’Anna. Et elle voulait absolument que l’histoire ne se répète pas avec sa fille. Alors qu’elle avait ramené Sunniva dans sa chambre, celle-ci brisa le silence.

SUNNIVA : Maman, pourquoi tu ne veux pas me dire…
ANNA : Ma fille, c’est une longue histoire. Ce serait bien trop long à tout t’expliquer… Sache simplement que tes pouvoirs sont une chance. Quand tu seras grande, tu comprendras.

         Alors qu’Anna referma la porte de la chambre de sa fille, Kristoff l’attendait dans le couloir. Alors qu’il se préparait à partir tailler la glace, il les entendit et les vit rentrer et sut tout de suite qu’il s’était passé quelque chose.

KRISTOFF : Que s’est-il passé ?
ANNA : Je ne peux pas lui dire, elle est encore bien trop jeune.
KRISTOFF : Il vaut mieux qu’elle sache tout de suite. Tu sauras trouver les mots pour qu’elle comprenne.
ANNA : Je n’ai pas pu m’empêcher…de repenser à…
(Rien que parler de sa sœur fait fondre en larmes Anna, qui se blottit contre Kristoff.)
KRISTOFF : Je comprends parfaitement. Mais, tu sais, elle le saura un jour ou l’autre, et le plus tôt sera le mieux.

         Anna ne pouvait s’empêcher de regarder la porte de la chambre de sa sœur, les yeux encore embués par ses larmes. Elle n’était pas d’accord avec Kristoff, elle qui voulait protéger sa fille le plus longtemps possible en lui cachant la vérité. Mais cette question de l’origine de ses pouvoirs, Sunniva la posa continuellement, pendant plusieurs années, avant de se lasser devant le silence de sa mère.

         Quelques années plus tard, Sunniva avait bien grandi. Elle était devenue une belle et sage adolescente aimée de ses parents. Mais même si elle ne le demandait plus, sa soif de vérité n’était pas assouvie. Elle a toujours eu l’envie de connaître l’origine de ses pouvoirs, mais jamais personne ne la lui avait révélée.  Le pire moment restait celui où Sunniva regardait un des nombreux tableaux de la salle des arts du château et demanda à sa mère qui était la femme avec la robe bleue, montrant bien sûr Elsa. Anna, au lieu de lui répondre, quitta la salle. A l’époque, cela avait glacé les relations au sein de la famille, Anna et Kristoff ne s’étaient plus parlés pendant plusieurs jours.

         Ce jour-là, Arendelle était pris d’une ferveur que seuls les grands jours connaissent. Tous les villageois s’étaient levés dès l’aube et s’étaient retrouvés sur la grande place, et tous discutaient de l’évènement de la journée : Sunniva allait être faite officiellement princesse d’Arendelle et héritière au trône. Dans le port, les navires se suivaient à la chaîne et les dignitaires débarquaient les uns après les autres. Des bannières avaient été accrochées aux murs des maisons et sur les réverbères. Le soleil resplendissait et une légère brise sifflait. Parmi les nouveaux arrivants, s’étaient glissés un vieil homme à l’aspect négligé accompagné d’un imposant jeune homme vêtu d’une tenue de chasseur. Ils observaient le royaume comme s’ils venaient en repérage. D’ailleurs, plusieurs villageois les regardaient avec un air intrigué.

         Dans le château, Sunniva se préparait à affronter l’un des plus importants jours de sa vie. Elle appréhendait beaucoup de faire face à des personnes qu’elle ne connaissait que peu ou prou. En effet, ses parents l’avaient rarement montrée au grand jour depuis sa naissance ; Anna craignait qu’un mauvais geste de Sunniva révèle ses pouvoirs et ravive, dans l’esprit collectif d’Arendelle, le souvenir de la reine disparue il y a maintenant quinze ans. Sunniva enfilait la robe prévue pour l’évènement, se regarda longuement dans la glace, admirative devant elle-même, puis, soudainement, son visage se changea, et elle s’assit sur son lit, la tête basse. Anna arrive devant sa chambre pour lui rappeler que la cérémonie va commencer.

ANNA : C’est bon, tout est en place. Tu es prête ?
SUNNIVA : Oui, j’arrive.
(Anna, sentant que quelque chose ne va pas, entre dans la chambre.)
ANNA : Ça ne va pas ? Tu as une toute petite voix.
SUNNIVA : J’ai trop peur, maman. Je n’ai jamais vu ces gens-là. J’ai peur de ne pas tenir…
ANNA : Calme-toi, et tout se passera bien. Je comprends que tu aies peur mais crois-moi, si tu stresses, ça se passera encore moins bien.
SUNNIVA : Mais si jamais je n’arrivais pas à me contenir ?
ANNA : Tu y arriveras. Viens, calme-toi…
(Anna prend sa fille dans ses bras.)
KAI (derrière la porte) : Princesse Sunniva ? Il est temps de descendre à la chapelle.
ANNA : Allez, courage.

         Anna accompagne sa fille, encore tremblante, jusqu’à la porte ouvrant sur la chapelle. Quelques minutes plus tôt, les gardes royaux avaient donné la permission aux invités d’entrer dans la chapelle. Tous attendaient impatiemment de voir cette jeune fille qu’ils ne connaissaient presque pas. A l’entrée d’Anna et Sunniva, tous se levèrent, les yeux rivés sur cette belle adolescente aux cheveux dorés et aux grands yeux bleu turquoise, dans une robe bleu nuit ornée de motifs brillants. Kristoff se tenait droit aux côtés du prêtre, admiratifs devant les deux femmes de sa vie.

         Puis, tout le monde se rassit et les chœurs entamèrent un chant grégorien pendant que le prêtre dépose la couronne sur la tête de Sunniva, qui stresse encore malgré la bienveillance de sa mère. Anna s’inquiétait de plus en plus de l’attitude de sa fille, Kristoff, lui, tout simplement, sentait le pire arriver. Sunniva ne parvient pas à se calmer et, alors qu’elle devait simplement prêter serment en tenant le sceptre, elle perd le contrôle, et ses pouvoirs sont révélés aux yeux de tous, créant un instant de panique dans la chapelle. Devant les regards médusés des invités, Sunniva est prise de panique et fuit la salle, le cœur battant très fort. Kristoff doit calmer les invités qui deviennent bruyants, pendant qu’Anna veut rejoindre Sunniva.

ANNA : Allons, Sunniva, laisse-moi entrer…
SUNNIVA : Vas-t-en !
ANNA (entre quand même) : Explique-moi au moins ce qui t’a pris de réagir ainsi !
SUNNIVA : Y a rien à expliquer… J’ai eu peur, voilà ! Tu es satisfaite ?
ANNA : Non, simplement déçue.
SUNNIVA : Mais tu ne comprends pas ? Comment voulais-tu que je reste calme ?
(Kristoff entre à son tour.)
KRISTOFF : Anna, je crois qu’il faut la laisser seule un moment.
(Anna finit par céder et tous deux ressortent.)
KRISTOFF : Crois-moi, si nous lui avions tout dit quand elle était encore enfant, ça se serait bien mieux passé.
ANNA : Attends, tu ne vas quand même pas dire que c’est de ma faute ?
KRISTOFF : C’est important qu’elle sache d’où elle vient, pourquoi elle a ce don…
ANNA : Oui mais c’était encore trop tôt pour lui dire ! Elle n’était encore qu’un enfant, elle n’aurait pas compris.
Oh, et puis… Tout est de ma faute. Si j’avais un peu pensé aux autres…
KRISTOFF : Tu n’as pas à t’en vouloir. Tout cela est dû à plusieurs choses, et puis on ne peut pas revenir en arrière.

         Jamais personne n’avait cru possible qu’un jour, les pouvoirs d’Elsa pourraient se transmettre. Inéluctablement, après la mésaventure de la princesse Sunniva, le souvenir de la regrettée reine Elsa ressurgit dans l’esprit des villageois. Les plus anciens se rappelèrent du jour de son couronnement, où tout ne se passa pas comme prévu, le moment où elle prit la fuite en laissant ses pouvoirs s’emparer du royaume. Ils craignaient que l’histoire ne se répète. D’autres se demandaient pourquoi le couple princier avait gardé le secret. Anna les entendit en redescendant dans la chapelle, et tint à s’expliquer :

« Mes chers amis, je sais ce que vous vous dites. Laissez-moi m’expliquer. Nous tenions à vous en parler après la cérémonie, mais maintenant, il le faut. Sachez que je ne suis pas complètement guérie, j’ai gardé des séquelles au cœur après que ma sœur m’ait touchée sans le vouloir. C’est de là que les pouvoirs se sont transmis à Sunniva, durant ma grossesse. Si nous avions choisi de garder ses pouvoirs secrets, c’est d’abord pour vous. Nous ne savons pas encore comment vous l’annoncer, et nous ne voulions pas vous effrayer. Après coup, peut-être que nous n’aurions pas dû. Et puis, c’est aussi pour elle, nous voulions qu’elle vive pleinement son enfance, qu’elle soit épanouie, et nous ne savions pas comment tout lui expliquer sans l’inquiéter. Maintenant, j’espère que vous comprendrez, et je vous demanderais de quitter le château. »

         Puis Anna se retira dans les longs couloirs du château. Elle y retrouva Kristoff, qui avait entendu son allocution. Il avait apprécié son choix de prendre les choses en main, mais Anna espérait quand même que les villageois ne leur en voudront pas. Et heureusement pour elle, les villageois semblaient convaincus par ses explications. Ils quittaient le château tous ensemble, sereinement. Cependant, l’intriguant vieil homme, qui avait assisté à la cérémonie, était resté, et se rendait même là où il est interdit d’entrer, pour y trouver Anna et Kristoff.

KRISTOFF : Que faites-vous ici ? Veillez quitter le château.
ANNA : On ne vous a jamais vu dans le royaume. Vous venez d’arriver ?
MARCUS : Oui, je viens de loin et je n’ai pas un sou ni même de quoi dormir.
KRISTOFF : Eh bien, demandez aux villageois, vous trouverez bien quelqu’un qui voudra vous héberger.
ANNA : Nous avons des pièces libres. Vous pouvez en prendre une.
(Kristoff regarde Anna avec incompréhension.)
MARCUS : Merci beaucoup pour votre bonté, majesté.
ANNA : Il n’y a pas de quoi. En revanche, je suis juste princesse.
MARCUS : Oh, mais dans ce cas-là, où se trouve la reine ?
ANNA : Eh bien…elle est…partie pour un voyage. Voilà. Elle reviendra sous peu.
(Marcus commence à traverser les couloirs en y observant chaque coin, sous l’œil méfiant de Kristoff.)
ANNA : Attendez, suivez-moi, je vais vous conduire à une chambre.

         Kristoff n’avait clairement pas apprécié qu’Anna montre tant de générosité envers un parfait inconnu. Il pensait que Marcus avait réussi son coup en présentant sa situation à Anna pour endormir sa méfiance. De son côté, Sunniva s’était remis de ses émotions. Mais quand elle repensa à la réaction des invités devant ses pouvoirs, et ayant entendu sa mère, elle se dit que quelque chose clochait, comme s’ils avaient déjà vu cela. D’un sursaut, elle attrapa la boîte où s’y trouvaient secrètement des objets de son enfance, et elle y trouva le pendentif qu’Anna lui attaché autour du coup quand elle fut présentée. En y regardant de plus près, elle y vit son nom ainsi qu’un flocon de neige gravés. Elle l’observa un instant, puis rejoint Anna dans les couloirs d’un pas déterminé.

SUNNIVA : Maman, il faut que tu m’expliques.
ANNA : Ma chérie, que se passe-t-il ?
SUNNIVA : Ce collier, regarde bien, il y a mon nom gravé dessus.
ANNA : Oui, puisqu’il t’appartient…
SUNNIVA : De plus, il est bien trop petit pour que je puisse le mette à nouveau. Donc il existait déjà quand j’étais bébé, non ?
ANNA : Oui, mais laisse-moi…
SUNNIVA : Et il est fait de glace, et pourtant ce n’est pas moi qui l’ai créé !
ANNA : Arrête de tourner autour du pot, Sunniva ! Viens-en au fait !
SUNNIVA : Je le pensais déjà avant mais, maintenant, j’en suis sûre : je ne suis pas la seule à avoir des pouvoirs, n’est-ce pas ?
(Anna, plutôt que de répondre directement, emmène Sunniva dans la salle des arts et lui montre le portrait d’Elsa.)
ANNA : Voilà, c’est elle qui t’a transmis ses pouvoirs.
SUNNIVA : Maman…pourquoi tu ne me l’as jamais dit ? Et pourquoi on ne l’a jamais vue ?
ANNA : C’est une histoire trop longue et compliquée à expliquer. Tu pourrais ne pas tout comprendre.
SUNNIVA : Ah, arrête avec cette excuse ! Même si ça doit prendre des jours ou des semaines, je veux savoir…je veux comprendre. S’il te plait.

         Après un instant de réflexion, Anna propose à Sunniva de partir pour une sorte d’expédition jusqu’au palais de glace. Elle se dit qu’un devoir de mémoire permettrait à sa fille de mieux comprendre. Kristoff leur confia son fidèle renne et diverses fournitures. Sunniva avait précieusement conservé le pendentif dans une poche. Kristoff rassura Anna en disant qu’il réussira à tout gérer seul, et mère et fille partirent vers les Montagnes du Nord. En rentrant dans le château, Kristoff était toujours contrarié par la présence de Marcus, et il avait bien envie de l’en expulser, mais il se ravisa finalement, craignant d’être mal vu.

         Le départ d’Anna et de Sunniva intriguait les passants. A aucun moment, la princesse n’avait prévenu qu’elle s’absenterait, mais Kristoff les rassura en expliquant qu’elles ne seront pas longues. Une fois hors du royaume, Anna commença à raconter à sa fille son histoire et celle de sa chère grande sœur. Sunniva fut particulièrement touchée en apprenant leur séparation, mais cela ne répondait toujours pas à sa grande interrogation. Alors qu’elles avaient parcouru plus de trois kilomètres, mère et fille s’arrêtèrent dans une clairière, où la vue sur le royaume était assez dégagée.

ANNA : Tu vois la mer ? Imagine toute cette étendue d’eau gelée, figée.
SUNNIVA : Je n’aurais pas aimé voir ça. Et encore moins l’avoir fait.
ANNA :  Ce fut le chaos pendant de longues heures. Il faisait un froid polaire en plein été, tu t’imagines ?
SUNNIVA : Oh oui, vous deviez être coupé du monde.
ANNA : …Oui, voilà, c’est ça. Il n’y avait même plus d’horizon, et tout était blanc autour de nous.
(Elles remontent sur Sven et poursuivent leur route.)
SUNNIVA : Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Comment Elsa a pu provoquer tout cela si elle savait qu’elle avait des pouvoirs ?
ANNA : Certes, mais jusqu’alors, elle n’avait jamais su les contrôler.
SUNNIVA : Ah, je comprends mieux, alors, pourquoi vous avez été séparées. Grand-père avait peur qu’elle ne te blesse encore.
ANNA : Voilà, mais laisse-moi continuer. Je suis loin de t’avoir tout dit.

         Alors qu’elles arrivaient sur un passage large et dégagé, Anna fit stopper Sven, mit pied à terre, demanda à Sunniva de l’attendre et observa les alentours. Alors que l’endroit paraissait sûr, la princesse sentait comme un danger. Cela lui paraissait trop calme. Elle fit quelques pas en avant, avec précaution, et soudain, elle disparut. Anna avait vu juste, il y avait un précipice caché par les feuillages et elle tomba dedans. Sans la moindre hésitation, Sunniva se précipita vers elle et attrapa sa main. Mais comme elle n’avait pas assez de forces, elle manqua de basculer elle aussi mais parvint à s’accrocher à une pierre qui dépassait.

         Sentant que la mort les guettait, elle ferma fort les yeux mais un coup de pouce inattendu vint les sauver. Quand elles levèrent la tête, les deux femmes furent sous le choc, surtout Anna qui n’en croyait pas ses yeux et eut le souffle coupé un instant. Elle avait fini par perdre espoir au fil des ans, mais aujourd’hui, elle revoyait enfin Elsa en vie. Cependant, celle-ci gardait de profondes séquelles de son accident qui faillit lui coûter la vie. Son cœur lui faisait mal chaque fois qu’elle respirait, elle arborait une profonde cicatrice sur le front, mais surtout, elle eut bien du mal à reconnaître sa petite sœur. Anna la serra fort dans ses bras, au bord des larmes, une vision qui réjouit Sunniva, elle qui voyait enfin celle qui détenait la clé de ses interrogations.

ANNA :  J’ai toujours su que tu reviendrais un jour.
SUNNIVA : Elsa, je suis tellement heureuse de pouvoir enfin te voir.
ELSA : Mais…Anna, qu’est-ce qui m’arrive ? Et…comment cette fille me connaît ?
ANNA : Elsa, je te présente Sunniva. Elle est…ma fille, Elsa.
ELSA : Comment, ta fille ? Enfin, hier encore, tu m’avais à peine avouée ta grossesse, comment elle pourrait déjà…
(Sunniva est gênée par les mots d’Elsa.)
ANNA : Elsa, hier, c’était il y a bien longtemps. (A Sunniva) Tu nous excuses un instant ?

         Sunniva laisse les sœurs s’éloigner au milieu des arbres, à l’abri des regards, mais elle se demandait ce que sa mère avait de si important à dire à sa tante, qu’elle découvrait seulement pourtant. Sunniva était si enthousiaste à l’idée de lui révéler ses pouvoirs, mais Anna savait que ce n’était pas le moment. D’autant plus qu’après avoir passé quinze ans dans le coma, Elsa avait perdu des facultés mentales. Beaucoup de ses souvenirs avaient disparu de sa mémoire, elle ne reconnaissait plus vraiment où elle se trouvait, mais surtout elle n’avait plus aucune connaissance de ses propres pouvoirs, ce qui la rendait potentiellement dangereuse. Quand Anna tenta de lui expliquer la situation, le coma, sa fille, Elsa eut bien du mal à le croire, et quand elle comprit, elle fut sous le choc. Voyant que Sunniva s’impatientait, Anna abrégea son discours et accompagna Elsa jusqu’à sa fille, qui avait beaucoup de questions.

ANNA : Elle est sous le choc, c’est normal. Parle-lui calmement et elle comprendra.
SUNNIVA : Elsa…j’ai quelque chose à te montrer.
(Sunniva sort le pendentif de sa sacoche.)
SUNNIVA : Tu vois ce collier ? Est-ce que tu le reconnais ?
(Elsa répond non d’un mouvement de tête.)
SUNNIVA : Essaye de te souvenir. Tu l’as fait pour ma naissance, n’est-ce pas ?
ELSA : Oui…ça me revient.
SUNNIVA : Dis-moi, Elsa, est-ce que ce collier a une signification ?
(Elsa commence à réfléchir, quand des bruits suspects se font entendre.)
ANNA : On ferait mieux de partir d’ici.
SUNNIVA : Mais attends, maman, Elsa ne m’a pas tout dit.
ANNA : Peu importe, tu auras le temps plus tard. Continuons notre chemin.
ELSA : Et moi alors ?
ANNA : Tu devrais retourner au château, cela vaut mieux pour toi.

         En poursuivant leur route, Anna commença à expliquer à Sunniva ce qui est arrivé à Elsa, et pourquoi, en conséquence, elle ne l’avait jamais vue, même si parfois, elle ne trouvait pas ses mots. Sunniva ne comprenait pas tout, notamment le fait qu’Anna ait pu fuir le royaume. Anna lui répondit que leur relation est trop compliquée pour tout expliquer. Quant à Elsa, elle prenait la direction du royaume, la démarche hésitante, titubant même quelque peu. Soudain, l’homme qui accompagnait Marcus et qui les avait observées surgit derrière elle. Il expliqua à Elsa qu’il la mène à quelqu’un qui l’attend, après s’être furtivement présenté. Il parvint à maîtriser Elsa, qui tentait de se défaire de lui.

         Quand elles arrivèrent enfin au palais de glace, Sunniva n’en crut pas ses yeux, elle resta bouche bée devant la grandeur et la beauté de l’édifice. Le palais servait depuis plusieurs années à Olaf qui y hébergeait ses petits frères, comme il les appelait. Avec le temps, il avait appris à les maîtriser, avec l’aide de Guimauve. Sunniva grimpa les marches jusqu’au palais très doucement, encore en admiration devant les accomplissements de sa tante. Quand elles entrèrent à l’intérieur, Anna s’étonna de ne voir personne. Soudain, les snowgies dévalèrent les escaliers tout en portant Olaf sur leurs petites têtes. Ils voulaient faire une surprise aux invitées.

OLAF : Attention, écartez-vous ! Ils sont déchaînés !
ANNA : Woh, Olaf, quel accueil ! J’avais complètement oublié qu’ils étaient intenables.
OLAF (en voyant Sunniva) : Eh, regardez, Anna a une sœur jumelle ! Elle s’est dédoublée !
SUNNIVA : Ah non, pas du tout. En fait…
ANNA : Olaf, voici Sunniva. C’est ma fille.
OLAF : C’est donc elle qui peut faire de la neige ? Cool, on va encore plus s’amuser !
SUNNIVA : Oui, je pense vraiment que j’ai de la chance d’avoir ces pouvoirs. Quand je vois ce que je serais capable de faire…
OLAF : Et Elsa, elle n’est pas avec vous ?
ANNA : Non, elle a été malade cette nuit, elle se repose au château…
SUNNIVA (chuchote à sa mère) : Dis donc, tu ne penses pas qu’il vaudrait mieux lui dire ce qui s’est passé ?
(Anna raconte à Olaf ce qui est arrivé à Elsa, ce qui le peine beaucoup.)
SUNNIVA : Mais ce n’est pas grave. Maintenant, il y a moi. C’est un peu comme si je succédais à Elsa. Oh, et tiens, regarde ce que je vais faire !
(Sunniva crée un bonhomme de neige semblable à Olaf et lui donne vie.)
SUNNIVA : Je te présente Olga. Dis-lui bonjour.
OLAF : Oh, une petite sœur ! Tu vas me faire fondre !
SUNNIVA (à Anna) : A chaque fois que tu m’en parlais, j’en rêvais. Mais je n’imaginais pas qu’il était si beau. Pourquoi tu ne m’y avais jamais emmené jusqu’alors ?
ANNA (emmène Sunniva sur le balcon) : Regarde la distance qu’on a parcouru. Est-ce que tu aperçois le royaume ? Il est là-bas, en tout petit. Je ne pouvais pas t’emmener aussi loin si jeune.
SUNNIVA : Je comprends. Mais dis-m’en un peu sur ce palais. Je me demande quelle folie a piqué Elsa pour bâtir une telle œuvre.

         Anna entama alors le récit depuis le couronnement d’Elsa, en expliquant bien que les villageois ne savaient rien sur ses pouvoirs, pour faire comprendre à Sunniva qu’une fois seule, elle s’était sentie libérée, délivrée de la peur qui la hantait jusqu’alors. Sunniva arrivait à comprendre même si son cas différait grandement de celui d’Elsa, car Anna avait appris à sa fille à manier ses pouvoirs. Soudain, les facéties d’Olaf les invitent à se mêler à ses jeux. Elles s’amusèrent comme des enfants, comme elles le faisaient par le passé. Pendant ce temps, Elsa arrivait au royaume, toujours accompagné de ce mystérieux homme qui lui expliquait que quelqu’un souhaitait la rencontrer. Une fois arrivés, il expliqua à Kristoff qu’il est de la famille de Marcus, et emmena Elsa jusqu’à la chambre qui lui avait été prêtée.

ANDRE : Papa, j’ai quelqu’un à te présenter.
MARCUS : Oh, Elsa, quelle joie de te retrouver enfin après toutes ces années.
ELSA : Qui vous êtes ? Et comment vous connaissez mon nom ?
MARCUS : Tu ne te souviens pas de moi ? Mon enfant !

         Elsa resta abasourdie à l’entente de ces mots, et pourtant Marcus était bel et bien le vrai père d’Elsa. Il lui révèle qu’il l’a abandonnée peu après sa naissance à cause de ses pouvoirs, car il n’assumait pas à ce moment-là d’avoir une fille différente des autres. C’est pourquoi il avait décidé, contre l’avis de la mère, de l’abandonner dans une caisse qui fut embarquée dans un navire à destination d’Arendelle. Quand les villageois la découvrirent, ils trouvèrent cela si injuste qu’ils la confièrent au couple royal, qui l’adopta sans hésiter. A cette époque, Anna n’était pas encore née. Par précaution, le roi et la reine avaient visité les trolls pour lui effacer tous les souvenirs de Marcus, d’où le fait qu’elle ne l’ait pas reconnu.

ELSA : Ca veut dire…que Viktor est mon frère ?
MARCUS : Exactement. Tu n’as pas pu le connaître, il est né après que je t’aie abandonné.
VIKTOR : Je ne t’en veux pas de ne pas m’avoir cru tout à l’heure.
MARCUS : Avec le temps, j’ai fini par regretter mon geste. Pendant plusieurs années, j’ai voulu te retrouver, en vain. Et quand j’ai appris ton accident, j’étais beaucoup accablé…
ELSA : Comment Anna va réagir ?
VIKTOR : Qui est cette Anna ?
ELSA : J’ai toujours cru que j’étais sa sœur. Et je l’aime comme tel. Je ne sais pas si je dois lui dire. Je ne veux pas lui faire encore plus de mal.
VIKTOR : C’est à toi de choisir. De savoir si tu l’aimes vraiment ou pas.

         Bien qu’elle ne les connaissait que depuis quelques heures, Elsa commençait déjà à s’attacher à ces deux hommes. Elle se sentait bien avec eux. Mais ces révélations lui firent se poser des questions, elle était partagée entre sa vraie famille et celle qu’elle a toujours côtoyée. Ce que personne ne savait, c’est que Kristoff les entendait derrière la porte. Il eut bien du mal à croire aux révélations de Marcus, et par-delà, il avait une opinion de plus en plus négative sur cet homme.