Hello DCP !
Voici une petite fanfic sur Phantom Manor que j'ai écrite !
Je me suis majoritairement documentée sur
http://www.ravenswood-manor.com/index.html pour ce qui est de l'histoire (une vraie bible ce site !) ainsi que sur d'autres infos chinées de ci de là...
C'est la première fois que je me lance dans ce type de projet, j'espère que ce n'est pas de trop mauvaise qualité ^^
"N'ayez pas peur au point où vous en êtes" !
Phantom Manor
Chapitre 1 : La douceur et l’innocence de la jeunesse
« Mademoiselle Ravenswood, encore un peu de patience et ce sera bon. » Cela faisait maintenant plus de trois heures que la jeune Melanie restait immobile, le temps que Jasper Jones, un domestique dont elle avait fait son ami, puisse achever les premiers traits de son nouveau tableau. La rose et le panier de fleurs qu'elle portait semblaient peser des tonnes. Elle se redressa et prit son mal en patience. Jasper était si fier du travail que sa femme Anna et lui avaient accompli dans le jardin qu'elle n'aurait jamais su lui refuser le bonheur d'immortaliser leur travail. Ce tableau irait sans aucun doute rejoindre les précédentes œuvres de Jasper dans la petite galerie circulaire à l'entrée du Manoir : tous représentaient Melanie.
« Et c'est fini ! Merci de votre patience ! J'espère que votre père appréciera le résultat ! dit Jasper, le sourire aux lèvres. Je vais le ranger dans l'atelier, je le peaufinerai à l'occasion, entre deux travaux au Manoir. Vous allez rentrer maintenant ? Leçon de piano peut-être ?
— Non, je pensais aller me reposer un peu. »
Melanie monta alors dans sa chambre, d’un pas pressé. De sa fenêtre, elle apercevait le jardin du Manoir. Sa mère venait de s’installer dans le petit kiosque, un livre à la main. Elle semblait si paisible. Melanie laissa alors son regard s’aventurer plus loin, vers le cœur de Thunder Mesa. Elle ne pouvait pas voir toute la ville avec précision, mais elle adorait observer et imaginer la vie des gens qui parcouraient les rues animées. De sa chambre, la ville prenait des airs de fourmilière. Elle jeta un bref coup d’œil au saloon dont son père lui avait déjà parlé. La danseuse Diamond Lil avait trouvé une pépite d'or de la taille d'une miche de pain par hasard. Elle avait choisi d'utiliser une partie de cet or pour ouvrir son propre saloon et l'avait alors baptisé le Lucky Nugget. En portant son regard plus loin encore, elle pouvait voir, au bord de la rivière, les quais d’où partaient de magnifiques bateaux. Elle se surprenait parfois à rêver de monter sur l’un de ces bateaux et de partir découvrir où ils pouvaient bien accoster.
De l’autre côté de la rivière, Melanie laissa traîner son regard sur Big Thunder Mountain. Cette montagne abritait la mine dont la fortune de son père était issue. Véritable géant de pierres d'un ocre vif, encerclée par la rivière, elle se dressait face au Manoir comme pour lui rappeler qu'elle était toujours l’attraction principale de la ville.
En 1849, il y avait de cela onze ans, Henry Ravenswood, son père, ainsi que son oncle Arthur avaient bâti une immense fortune en s'installant à Thunder Mesa. La mine dont ils étaient devenus propriétaires regorgeait d’or et avait permis à toute la ville de s'étendre et de s'enrichir. Son père, désormais l’un des hommes les plus puissants de Thunder Mesa, lui donnait tout son amour, veillant au moindre de ses désirs et faisant de sa sécurité et son bonheur ses plus grandes priorités. Mais sa personnalité possessive et méfiante rendait cet amour nocif pour la jeune fille qui ne pouvait jamais quitter la demeure familiale seule. Quant à Martha Ravenswood, sa mère, elle avait malheureusement le cœur fragile ce qui la contraignait le plus souvent à rester au Manoir, auprès de sa fille. Aussi Melanie n’avait que très rarement parcouru les rues de Thunder Mesa, et elle savait que jamais son père ne la laisserait les parcourir sans lui. Jamais.
Chapitre 2 : Les amants secrets Melanie scrutait attentivement la petite horloge murale de sa chambre. Elle attendait une visite. Les aiguilles continuaient leur course infinie. Sa mère était montée se reposer dans sa chambre. Il allait arriver. « Seize heures » avait-il dit…Il allait arriver. Des petits coups résonnèrent alors contre la porte de sa chambre. Melanie se précipita alors pour aller ouvrir. C’était bien lui, Jake ! Elle se hâta alors de le faire entrer et de refermer la porte, avant que quiconque ne le vît dans le couloir. Ils échangèrent alors un long baiser passionné, trop heureux de se retrouver.
« J’ai bien cru que tu ne viendrais pas… murmura Melanie
— Et j’ai bien cru ne jamais pouvoir venir ! On a eu des soucis à la mine, ton père ne m’a pas quitté de la journée…Mais je suis là maintenant. Tu m’as tellement manqué ! »
Jake était le plus jeune et le plus efficace contremaître de son oncle. Il travaillait donc également souvent avec son père à la mine. Quand il n’était pas à la mine, Jake travaillait au Manoir, dans un grand bureau placé à côté de celui d’Henry Ravenswood. Ce dernier étant un homme exigeant, le travail de Jake pouvait se poursuivre tard le soir et il n’était pas rare que Madame Ravenswood l’invite à se joindre à la petite famille pour le dîner. C’était ainsi que Melanie et Jake s’étaient rencontrés. Le coup de foudre fût immédiat pour les deux jeunes gens. Des petits rendez-vous secrets dans le boudoir ou la chambre de Melanie, une correspondance cachée et des baisers volés dans les couloirs de l’immense maison étaient tout ce que les deux amoureux avaient pu échanger. Mais l’étouffant Manoir avait des yeux et Melanie craignait que son père ne désapprouve cet amour et ne le réduise en cendres. Jake n’avait pas cette même peur d’Henry Ravenswood, bien qu’il ait déjà pu subir certains de ses accès de rage à la mine. Mais Melanie tenait à ce que cet amour reste secret, tant que cela se pouvait.
« Ne reste pas trop longtemps cette fois-ci, les domestiques peuvent monter d’une minute à l’autre…
— Tu n’en as donc pas assez de devoir sans cesse mentir pour dix minutes à rester cachés ? Ton père finira bien par savoir, tu sais…Ce n’est pas comme si nous commettions un crime !
— Tu ne comprends pas je crois...Il est très protecteur envers sa famille, c’est bien pour cela qu’il se démène autant à la mine. Il aime avoir le contrôle, s’assurer que tout se passe bien, que sa famille reste à l’abri des dangers et de la misère. Il n’arrive pas à faire confiance aux autres.
— Certes mais tu n’es plus une enfant, tu as le droit de vivre maintenant, tu es assez grande pour te débrouiller et faire tes choix. Je t’aime, Melanie. Aucun mot ne saurait le dire avec suffisamment de force. Je veux être avec toi, à chaque moment. Et hors de ce satané Manoir ! Pourquoi ne partirions-nous pas en voyage ? Embarquons sur un bateau et allons explorer le monde ! Je suis bien conscient de ne pas avoir la fortune de ton père, mais nous aurions de quoi voir du pays avant de nous installer là où il nous plaira. Tu n’aimerais pas voir ce qu’il y a au-delà de Thunder Mesa ? Découvrir de nouvelles choses, vivre une merveilleuse vie à deux ?
— Que me demandes-tu exactement, là ? De fuir avec toi ? Melanie était perplexe. Cette idée était tout à fait insensée.
— À vrai dire, non, ce n’est pas ce que je te demande. Ça, je te le demanderai probablement plus tard. »
Il sourit puis il mit un genou à terre. Il sortit alors un écrin de velours bleu de la poche de sa veste. Melanie en eût un choc immense. Et ressentit alors une joie qu’elle n’avait jamais ressenti.
« Melanie Ravenswood…Je t’aime, vraiment. Et je n’ai aucun doute sur ce qui compte le plus à mes yeux : passer chaque minute de ma vie à tes côtés et faire que chacune de ces minutes contribue à ton bonheur. Accepte d’être à mes côtés pour l’éternité, à jamais. Épouse-moi. »
Chapitre 3 : L’Oiseau Tonnerre Melanie observait son fiancé par la fenêtre de sa chambre. Il quittait le Manoir, des plans de la mine à la main, afin d’avoir un alibi justifiant sa présence dans la demeure familiale. Elle souriait. Quand il disparut de son champ de vision, elle porta son regard sur la bague en argent qui ornait son annulaire gauche. Elle était élégante bien que sobre, sans ornement superflu. Et pourtant, elle valait bien plus que toutes les toilettes et autres possessions de Melanie. Cet anneau à lui seul, symbolisait l’amour pur et sincère qu’elle partageait avec Jake, ainsi que l’engagement qu’ils s’étaient promis, jusqu’à ce que la mort ne les sépare. Elle rayonnait de bonheur.
Elle repensait à la demande de Jake, à son regard si amoureux quand elle s’était jetée dans ses bras en lui répondant ce « oui » si enthousiaste…Sa vie ne saurait être qu’heureuse si elle était vécue aux côtés de Jake. Elle commença alors à rêvasser, à imaginer une nouvelle vie, unie à celui qu’elle aimait le plus au monde…Mais avant cela, il leur faudrait le consentement de son père.
Son visage s’assombrit aussitôt à cette pensée. Jake voulait annoncer sa demande à Monsieur Ravenswood lui-même. Melanie avait insisté pour qu’il attende un peu. Elle voulait le préparer à la nouvelle. Il allait donc falloir en parler ce soir, au souper. Comment le préparer à ça ? En dépit de ce que tout le monde pouvait bien dire de Monsieur Ravenswood, Melanie l’aimait profondément. Elle voyait bien qu’il la surprotégeait en l’enfermant dans leur maison, qu’il était excessivement inquiet à la moindre fièvre ou à la moindre fatigue. Mais il avait toujours été présent pour elle. C’était un père aimant et dévoué. Il risquait d’avoir peur de la perdre, mais il finirait par comprendre. Il voulait son bonheur, après tout. Jake et elle devraient juste faire preuve de patience. Enfin, elle l’espérait…
Elle entendit des éclats de voix provenant de l’extérieur. Elle regarda alors en direction de l’imposante grille qui délimitait le domaine. Elle vit alors son père. Il devait tout juste rentrer de la mine et était en pleine discussion animée avec deux Indiens de la région. Ils étaient désormais très peu nombreux à errer aux abords de Thunder Mesa. Melanie les reconnût : ils étaient déjà venus se plaindre à son père au Manoir il y a quelques semaines. Ils voulaient que les exploitations minières cessent immédiatement. Ils prétendaient qu’un « Oiseau Tonnerre » logeait dans le cœur de la mine et que si les mineurs continuaient à creuser, ils finiraient par le réveiller, qu’une terrible malédiction s’abattrait alors sur les responsables de son éveil, ainsi que sur la ville entière. Monsieur Ravenswood avait dit à Melanie qu’ils voulaient simplement récupérer l’or de la mine, mais que Big Thunder Mountain lui appartenait et qu’il ne voulait plus jamais les revoir près de leur maison. Monsieur Ravenswood était visiblement furieux de constater qu’ils étaient revenus. Les Indiens finirent par partir et son père reprit le chemin de la maison, le visage empli d’une colère noire.
Chapitre 4 : Une voyante au Manoir Melanie attendit une heure entière dans sa chambre, à réfléchir à la meilleure manière d’annoncer ses fiançailles à son père. Elle espérait aussi que cette heure permettrait à son père de se remettre de sa colère suite à la venue des Indiens. Elle prit une grande inspiration, puis se mit en route vers le grand bureau de son père, dans lequel il travaillait régulièrement avec Jake.
La porte du bureau était ouverte. Elle y surprit son père qui discutait avec une femme blonde à l’aspect vulgaire. Melanie fût prise de dégoût…Ce ne serait pas la première fois que son père osait amener ses conquêtes au Manoir. Certaines d’entre elles avaient même été des domestiques…Et cela brisait terriblement le cœur déjà fragile de sa pauvre mère.
« Papa, qui est-ce ? demanda Melanie d’un un ton accusateur.
— Madame Leota, petite ! répondit la femme, avec un immense sourire enjoué.
— C’est une amie, Melanie. Elle me donne quelques conseils. »
Henry Ravenswood était un homme très élancé, toujours élégamment vêtu qui cherchait à se montrer sous son meilleur jour dans chaque situation. Mais ce soir, il paraissait épuisé, mal en point, angoissé. Son expression tranchait drastiquement avec celle de l’énigmatique Madame Leota, qui semblait au comble de l’amusement. Melanie ne savait que penser. Si elle était une maîtresse de son père, elle ne comptait pas la ménager.
« Il est vrai que vous semblez avoir toutes les compétences et l’expérience nécessaire pour conseiller le propriétaire d’une mine d’or. Sans doute avez-vous vous-même été creuser Big Thunder Mountain ?
— Oh petite, plus je suis loin de cette satanée montagne, mieux je me porte. Quand on sait ce qui sommeille à l’intérieur…S’il venait à se réveiller, tu ne serais même plus en sécurité dans ta jolie maison ! »
Madame Leota se mit alors à rire à gorge déployée. Melanie jeta un regard impatient à son père qui fronça les sourcils. Comment osait-elle lui parler ainsi ?
« Leota, je crois que nous en avons fini. Je te laisserai t’installer dans une des chambres du Manoir. Je te paierai ce qu’il faudra. Mais assure-toi que les Indiens aient tort. Et si tu t’adresses encore une seule fois à ma fille sur ce ton, je peux t’assurer que tu le regretteras. »
Son ton avait été sans appel. Leota haussa les épaules sans se départir de son sourire. Elle passa devant Melanie en la fixant d’un regard amusé et quitta la pièce.
« Je n’aime pas cette femme. Et je suis bien curieuse de savoir quels genres de précieux conseils elle peut bien te donner…
— Ce n’est pas ce que tu crois …Si tu veux tout savoir, Madame Leota est…C’est une voyante.
— Une voyante ? Je suis bien surprise que tu fasses appel à une voyante ! Et pourquoi donc s’installerait-elle au Manoir ?
— Les Indiens me harcèlent avec leur histoire de malédiction. Je suis toujours convaincu qu’il ne s’agit que d’une manigance afin de me chasser de la mine et récupérer l’or. Cependant, des récents évènements étranges à la mine m’ont quelque peu…chamboulé. J’ai donc préféré prévenir que guérir et j’ai demandé les services de Madame Leota qui doit…faire ce qu’elle sait faire et m’annoncer si l’avenir de notre famille commence à basculer vers de plus sombres horizons. Je reste toujours aussi sceptique vis-à-vis de ce genre de choses mais je cherche juste à assurer nos arrières.
— Et elle a besoin d’une chambre dans notre maison pour voir si notre avenir s’assombrit ?
— Melanie, je t’en prie ! Si ce que disent les Indiens s’avérait vrai, nous serions tous condamnés. Je veux juste protéger ma famille. Si elle me dit qu’elle a besoin d’être dans la maison pour…sentir les choses, elle sera dans la maison. Mais je t’assure que je ne déshonore pas ta mère. Tu sais bien que ton bonheur est ce qui m’est le plus cher.
— Dans ce cas, Papa, j’aimerais te dire quelque chose… »
Chapitre 5 : Henry Ravenswood
Melanie prit son courage à deux mains et reprit la parole.
« J’ai croisé Jake aujourd’hui, il passait au bureau et…
— Jake, le contremaître ? Il a quitté la mine tout en panique aujourd’hui, je ne l’avais jamais vu comme ça ! Il a des soucis ?
— Non, pas exactement…Tu l’apprécies, n’est-ce-pas ?
— Oui, bien sûr, c’est un bon garçon. Beaucoup de potentiel. Il a de l’esprit et de bonnes compétences. Il s’investit dans son travail. Arthur et moi en sommes très satisfaits.
— Je ne voulais pas dire en tant que contremaître Papa…En tant que personne ?
— Je suppose que oui, en effet. C’est quelqu’un de bien.
— Papa…Jake et moi…Nous partageons une affection mutuelle et…Papa, il m’a demandée de l’épouser.
— Comment ? Aujourd’hui ?
— Oui…Papa, je l’aime…Je t’en prie, dis que tu approuves cette demande…Si c’est véritablement mon bonheur que tu veux, je t’en prie, dis-moi que tu l’approuves…
— Tu l’aimes ? Mais comment peux-tu savoir que l’aimes ? Tu ne le vois que les fois où il dîne avec nous ! On n’aime pas quelqu’un comme ça, sans le connaître un minimum ! Et on choisit encore moins de passer sa vie auprès d’une personne avec qui l’on n’a jamais eu l’occasion de parler !
— Nous nous sommes déjà vus plusieurs fois à vrai dire…
— Comment cela ? Sans chaperon ? Mais où donc ? Tu n’es tout de même pas sortie de la maison ?
— Non, non…On se retrouvait au Manoir…
— Ainsi vous étiez là, à me mentir tous les deux, à trahir ma confiance ! »
Son père était sur le point d’exploser tant sa colère était grande. Mais c’est de la tristesse que la jeune fille percevait avant tout dans son regard. Aussi, elle tenta de l’apaiser, tout en restant sincère :
« Papa ne t’énerve pas ! Sache que nous en sommes tous les deux désolés…J’avais juste peur de ce que tu ferais, peur que tu désapprouves et que tu…que tu cherches à nous séparer…Que tu renvoies Jake…C’est par peur que je t’ai menti.
— Peur ? Que lui ait peur de moi, je l’espère bien, il aurait bien raison, il m’a trahi dans ma propre maison ! Mais toi, Melanie ! Pourquoi aurais-tu peur de ton propre père ? J’ai toujours veillé sur toi et il en sera toujours ainsi ! Je ne veux plus que tu le revoies, plus jamais !
— Toi qui prétendais vouloir mon bonheur…Sache que jamais je ne m’en remettrai…et je ne pourrai jamais te le pardonner ! »
Melanie fondit en larmes. Ainsi elle avait eu raison. Avoir parlé à son père signait la fin de sa romance avec Jake. Elle ne le reverrait sans doute plus jamais. Son père allait le renvoyer et salir sa réputation dans tout Thunder Mesa. Jake serait sans doute contraint de quitter la ville. Melanie quant à elle ne quitterait jamais le Manoir. Elle se sentit soudain captive. Emprisonnée à jamais dans les murs de la maison que tous admiraient et jalousaient. Elle ne songeait plus qu’à la quitter. C’était comme si les murs se rapprochaient d’elle, l’étouffaient…Son père la prit dans ses bras, ce qui la fit pleurer plus encore. Comment un père si aimant et dévoué pouvait autant lui nuire ?
« Son amour te semble véritablement sincère ? Demanda son père d’un ton peu assuré, ce qui était tout à fait inhabituel.
— Il a risqué son emploi tout ce temps, juste pour quelques instants avec moi. Quelle preuve te faut-il de plus ? Melanie trouva dans sa peine la fureur de faire face à son père et le défia du regard.
— Et tu es persuadée qu’il ne prétend pas t’aimer par intérêt pour le prestige et la fortune de notre famille ?
— Mais enfin, Papa ! Tu peux avoir du mal à lui accorder ta confiance autant que tu le souhaites, mais tu peux me faire confiance, à moi ! Je sais qui il est. Je sais que c’est quelqu’un de bien.
— Si tu es convaincue qu’il fera ton bonheur…Je ferais mieux de prévenir tous les domestiques et Monsieur le Maire. Je vais devoir me préparer à l’idée de marier mon unique enfant. »
Chapitre 6 : L’accident Melanie commençait à se demander si ce jour n’arriverait jamais assez vite. Elle et Jake allaient se marier. Ils allaient passer leur vie ensemble. Et plus rien désormais ne semblait s’opposer à ce bonheur. Certes, la question de savoir où les jeunes mariés allaient vivre après la noce ne s’était pas réglée sans débat…Monsieur Ravenswood ne supportait pas l’idée que Melanie puisse quitter le Manoir. Jake et Melanie, en revanche, ne rêvaient que de pouvoir s’épanouir dans l’intimité d’un foyer qui serait le leur. Actuellement, Jake louait un petit appartement dans le cœur de Thunder Mesa. Mais il projetait de bâtir sa propre maison, dans laquelle ils pourraient un jour fonder famille ensemble. Monsieur Ravenswood ne l’entendait pas de cette oreille et partit dans une colère noire, jurant que jamais il ne laisserait quiconque lui enlever son unique enfant. Melanie avait dû rassurer son père à ce sujet, lui promettant qu’où qu’ils aillent vivre, elle reviendrait régulièrement au Manoir, retrouver sa famille. L’autre point, non négociable pour Monsieur Ravenswood, était que le mariage serait célébré dans le Manoir.
Les préparatifs allaient bon train. Son oncle Arthur, son épouse Gabrielle et leur chien Goliath étaient venus séjourner dans le Manoir quelques semaines et ne devaient partir qu’après la cérémonie. Ils venaient de temps en temps loger dans le Manoir pour passer du temps avec le reste de la famille Ravenswood mais ne restaient jamais trop longtemps. Le Manoir était trop fastueux à leur goût. De plus, Arthur ne manquait jamais de s’énerver après son jeune frère, qu’il jugeait trop frivole et impulsif. Jake était désormais libre de circuler dans le Manoir pour rejoindre Melanie, mais toujours sous surveillance. Ils allaient souvent se promener avec Goliath dans le jardin.
Quelques jours avant la cérémonie, Jasper finalisait un nouveau tableau de Melanie. Celui-ci la représentait dans sa robe de mariée, un bouquet de roses rouges à la main, devant une chaise tapissée de velours rouge. Il serait destiné à être exposé tout au bout du long couloir à l’entrée du Manoir, aux côtés des œuvres favorites de Monsieur Ravenswood. Melanie était aux anges et peinait à rester immobile. Son père était à la mine avec Jake. Sa mère admirait le coup de pinceau de Jasper. Anna nettoyait le boudoir de Melanie, une douce musique s’échappait du gramophone. Arthur et Gabrielle admiraient la vue que le petit kiosque du jardin donnait sur Thunder Mesa, Goliath à leurs pieds. Quant à la fantasque Madame Leota, elle tentait de percevoir le futur au travers de sa boule de cristal. Soudainement, tout commença à trembler. Melanie fût si surprise de la secousse qu’elle en fît tomber son bouquet à terre. Tous se regardèrent, pris de panique. Puis une seconde secousse, bien plus violente que la première se fît sentir. Le Manoir entier semblait vibrer. Martha Ravenswood tomba au sol. Melanie et Jasper se précipitèrent pour la rattraper. Il fallait vite quitter le Manoir. Ils durent soutenir Martha jusqu’au jardin. Elle semblait manquer d’air. Arthur et Gabrielle vinrent à leur rencontre, paniqués eux aussi. La terre se remit à trembler une troisième et ultime fois. Melanie, dans sa robe de mariée immaculée, tourna son regard vers Big Thunder Mountain. La Montagne était dissimulée derrière un épais nuage de fumée. Ce fût à son tour de manquer d’air. Son père et son fiancé étaient dans la mine en ce moment même ! Sa vision se troubla…Puis elle perdît connaissance.
Chapitre 7 : Une ville endeuillée Quand Melanie ouvrit les yeux, sa vision était floue. Il lui fallut du temps pour réussir à identifier où elle se trouvait. Elle était allongée dans son propre lit et Anna était assise sur une chaise à son chevet, pleurant à chaudes larmes. L’image de la montagne encerclée de fumée, le tremblement de terre…Tout revînt subitement à Melanie. Qu’était-il advenu de Jake et de son père ? Elle réussit à articuler :
« Anna… »
Celle-ci se tourna alors vers elle, visiblement soulagée.
« Mademoiselle ! Vous êtes enfin éveillée…
— Oui Anna, je vais bien…Où sont les autres ? Jake ? Papa ?
— Oh Mademoiselle Ravenswood…Je suis tellement désolée… »
Les pleurs d’Anna redoublèrent. Melanie en déduisit que les deux hommes de sa vie avaient péri dans la mine…La peine et la panique la frappèrent d’une violence mortelle. La porte de sa chambre s’ouvrit alors brusquement et Jake, visiblement indemne, entra dans sa chambre. Il courut vers Melanie et la serra dans ses bras. La jeune femme ne pouvait plus contenir toutes ces émotions contraires et se laissa aller à pleurer dans les bras de son fiancé.
« Melanie, mon amour, je suis tellement désolée…Mais tu n’es pas seule, je te le promets…Je veillerai sur toi…Mon amour…
— Qu’est ce qui est arrivé à Papa ? Et où est Maman ? »
Melanie ne parvenait plus à cesser de pleurer. Il fallait qu’elle sache. Son fiancé fuyait son regard. Elle saisit son visage entre ses mains et le contraignît à la regarder. D’un regard, elle l’encouragea à lui répondre.
« Ton père et moi étions dans la mine quand un grand bruit, semblable à celui d’une explosion, s’est fait entendre. Puis la terre s’est mise à trembler. Nous nous sommes mis à courir aussi vite que possible vers la sortie…Tout tremblait, il y avait de la fumée partout, tout le monde hurlait, on n’y voyait plus rien…Les poutres de bois qui soutenaient les couloirs de la mine se sont effondrées…Ton père n’a pas pu quitter la mine à temps…J’ai essayé de le sauver, j’ai essayé…Mais il était trop tard. »
Melanie ne dit rien. Elle ne pleurait plus. Elle ne pouvait qu’imaginer la chute des gravats, les nuages de poussière, son père hurlant de douleur…Cela paraissait surréaliste…Jake semblait également très affecté, il était au bord des larmes.
« Et Maman ? Où est-elle ? » Jake ne répondait pas. Son regard fuyait à nouveau celui de sa fiancée.
— Jake, je t’en prie ! J’ai besoin de savoir !
— Très bien…Jasper essayait de te ranimer, tu t’étais évanouie. Pendant ce temps, Arthur et ta tante sont allés voir ta mère…Elle ne parvenait plus à respirer…Son cœur a beaucoup souffert des secousses et de l’angoisse qu’elles avaient provoquée…Quand on lui a annoncé pour ton père…Ce fût le choc de trop…Je suis tellement désolé, Melanie… »
Melanie fondit à nouveau en larmes. Des larmes provoquées par une douleur si vive, si profonde, que rien ne semblerait jamais pouvoir les arrêter. Elle était désormais orpheline. Elle, qui n’avait jamais connu que la vie dans le Manoir entourée de l’amour de ses parents, se retrouvait sans repère, sans racines. Ce qui avait commencé comme une heureuse journée à préparer le mariage dont elle rêvait tant avait fini par devenir le pire jour de sa vie.
Quelques jours plus tard, on enterra Henry et Martha Ravenswood, côte à côte, dans le cimetière de Boot Hill, la colline du Manoir. De nombreuses vies s’étaient achevées lors du tremblement de terre, majoritairement des mineurs dont bon nombre furent également enterrés à Boot Hill. On murmurait que la prophétie des Indiens s’était réalisée : l’Oiseau Tonnerre avait été réveillé et s’était vengé de ceux qui avaient osé profaner sa montagne. On murmurait également que la jeune Melanie Ravenswood maintenait la célébration de son mariage et qu’elle allait quitter Thunder Mesa aux côtés de son fiancé, dévorée par le chagrin et déterminée à partir, vivre une nouvelle vie, pour mieux se relever de cette tragédie. On murmurait. Jamais on n’osait hausser la voix. Un silence pesant avait pris la place du joyeux vacarme des wagons de la mine. Les rues de Thunder Mesa, autrefois bondées par les enthousiastes habitants de la ville, étaient maintenant désertes. Même le ciel, d’ordinaire si bleu, était désormais couvert d’un tapis de nuages gris menaçants. C’était comme si la ville entière avait brutalement cessé de vivre quand Henry et Martha Ravenswood s’étaient éteints.
Chapitre 8 : De sombres noces Le jour du mariage arriva. Melanie souffrait toujours atrocement de la perte de ses parents. Jake était désormais presque tout ce qu’il lui restait. De cette tragédie, leur amour n’en était ressorti que plus fort, les rapprochant plus encore. Il ne l’avait pas abandonnée à son chagrin, il avait veillé sur elle jour et nuit. Elle ne quittait presque plus jamais ses bras, y trouvant le réconfort dont elle avait tant besoin. Ce mariage était donc le seul rayon de soleil qui lui permettrait d’envisager de sourire à nouveau. Elle s’apprêtait pour le grand évènement, assistée par sa tante Gabrielle et Anna Jones dans son boudoir, au son du gramophone.
Les invités arrivaient dans la grande salle de bal. Tous étaient richement vêtus, déterminés à laisser derrière eux, le temps d’une soirée, la terrible perte du couple Ravenswood. Une grande table avait été dressée près de l’âtre de la cheminée. La pièce montée était même déjà dressée sur la table.
Melanie demanda à rester seule quelques minutes dans son boudoir. Anna viendrait la chercher quand les derniers amis de la famille seraient arrivés. Elle se retrouva seule, assise devant le miroir de sa petite coiffeuse. Depuis la demande de Jake jusqu’à la tragédie qui avait emporté ses parents, elle n’avait fait que rêver de ce moment. Mais le reflet que lui renvoyait son miroir était celui d’une jeune femme endeuillée au regard sombre. Elle s’efforça de chasser de son esprit la terrible image de la fumée recouvrant la mine qui avait assassiné son père ainsi que celle de sa mère s’effondrant dans le jardin. Elle regarda le joli petit bouquet de roses rouges. Elle avait toujours adoré ces fleurs. Un regard à son anneau de fiançailles lui redonna du courage. Elle avait beau être désormais orpheline, elle ne serait plus jamais seule. Le gramophone jouait une petite mélodie à la fois mélancolique et romantique, qu’elle se surprît à chantonner.
Elle entendit des bruits de pas dans l’escalier. Puis, comme flottant dans l’air, une sorte de rire…Pourtant, personne ne semblait arriver. Elle éteignît alors son gramophone et tendît l’oreille. Toujours personne. Elle se dit qu’elle avait dû rêver. Des bruits de pas, plus marqués cette fois-ci, se firent à nouveau entendre. Jasper entra dans le boudoir :
« Avez-vous eu des nouvelles de Monsieur Jake, Mademoiselle ? Nous ne parvenons pas à le trouver et la cérémonie va bientôt commencer. » Il semblait essoufflé et fatigué. La perte de leurs maîtres avait également été lourde et difficile pour les domestiques.
« Je l’ai vu ce matin, il m’a dit qu’il allait se préparer. Il m’a garanti qu’il ne sortirait pas du Manoir, au cas où j’aurais eu besoin de lui. Il ne doit pas être bien loin. »
Bien que Melanie avait semblé confiante en prononçant ses mots, il n’en était rien. Et si Jake avait finalement changé d’avis ? Et s’il avait quitté le Manoir et elle-même par la même occasion ? Elle s’en voulût rapidement d’avoir osé émettre ces doutes. Jamais il ne l’abandonnerait. Jamais.
Jasper était redescendu chercher le fiancé retardataire dans l’immense Manoir. Melanie remit son gramophone en marche et attendît. Le soir approchait. Sa tante Gabrielle était montée à plusieurs reprises. Toujours pas de nouvelles de Jake. Des domestiques avaient été envoyées le chercher dans tout Thunder Mesa. Le Manoir avait été entièrement fouillé, jusqu’à la cave à vins de feu Monsieur Ravenswood : il n’était nulle part. Son angoisse était terrible. Elle ne pouvait pas le perdre, lui aussi. Elle n’y survivrait pas.
Chapitre 9 : Le Manoir maudit Melanie était toujours assise, dans sa robe de mariée, devant sa coiffeuse, à attendre. Le gramophone jouait toujours cette chanson mélancolique. Son voile couvrait ses boucles brunes, la nuit était tombée. Les invités s’impatientaient. La belle fiancée ne pensait plus à rien, fixant du regard son petit bouquet de roses rouges.
Soudain, des claquements de portes dans le couloir la sortirent de sa transe. Elle tenta de discerner d’où provenaient ces bruits. Jake avait peut-être enfin été retrouvé ? Faisant fi des traditions, elle sortit précipitamment de son boudoir dans sa sublime robe immaculée et se rua dans l’interminable couloir plongé dans le noir. Les bruits se firent à nouveau entendre. Ils provenaient d’une porte en bois massif. Il semblait que quelqu’un frappait la porte de l’intérieur de la pièce. Jake s’était peut-être simplement retrouvé enfermé dans cette pièce ? Elle appela, aucune réponse ne se fît entendre mais les coups cessèrent immédiatement. Melanie essaya d’ouvrir la porte, elle n’était pas verrouillée. Elle entra alors dans une vaste pièce dans laquelle elle n’était pas entrée depuis longtemps et qui était quelques fois utilisée comme chambre pour les invités. La salle semblait inoccupée. Qu’est ce qui avait alors pu provoquer ces coups dans la porte ? Un lustre allumé attira son regard. Il était placé au-dessus d’une boule de cristal placée sur une petite table ronde. Elle s’en approcha. Ce devait être la chambre que son père avait attribué à Madame Leota. Melanie réalisa alors qu’elle n’avait pas revu cette dernière depuis le tremblement de terre. Pendant un bref instant, elle pensa que si cette boule pouvait réellement communiquer avec ceux qui étaient partis, elle aurait pu lui permettre de revoir ses parents, une dernière fois…Elle toucha alors du doigt la boule translucide. Un épais nuage de fumée blanche et lumineuse se forma à l’intérieur de la boule de cristal. Melanie eût un mouvement de recul et prît peur. Mais elle ne pouvait quitter l’étrange objet des yeux. La fumée semblait se mouvoir de manière à dessiner les contours d’un visage…Une voix émana alors de l’objet :
« Esprits et fantômes, sur vos fiers destriers, escortez dans la nuit la belle fiancée ! »
Melanie laissa échapper un cri de terreur. C’était la voix de Madame Leota ! Le visage qui flottait dans la boule apparaissait maintenant clairement, c’était également celui de la voyante. La petite table ronde lévitait à présent à une vingtaine de centimètres du sol. Leota plongea son regard dans celui de Melanie et lui adressa son sourire habituel. Elle sortit de la pièce en courant et en hurlant, suivie d’un sinistre corbeau. Arrivée dans le couloir, elle passa devant l’horloge de parquet qui semblait être comme prise de folie. Les aiguilles tournaient à toute allure. Melanie poursuivit sa course dans le Manoir, dans un état d’effroi total. Elle passa devant la salle de piano. Le corbeau avait pris place sur le présentoir à partitions et l’instrument semblait jouer…de lui-même ! Melanie vît alors une ombre au sol…C’était celle d’un homme jouant du piano, bien qu’elle ne vît personne sur le petit tabouret. Elle voulût descendre rejoindre les invités pour quitter ce Manoir maudit immédiatement et se mît donc à courir aussi vite que sa tenue de mariée le lui permettait. L’horreur ne cessa pas : des yeux verts la suivirent dans sa course, le long de la tapisserie du grand couloir. Quand enfin elle arriva au niveau de l’escalier surplombant la salle de bal, elle sentît un grand soulagement. Tout y semblait normal. Elle se précipita vers les invités.
Ceux-ci trépignaient d’impatience après avoir attendu aussi longtemps de célébrer un mariage qui n’aurait vraisemblablement jamais lieu, puisque le fiancé était introuvable. Ils furent ébahis de voir la jeune fille Ravenswood courir vers eux, toute ébouriffée dans sa robe blanche. Arthur Ravenswood se dirigea vers sa nièce :
« Melanie, mais dans quel état tu es ! Enfin peu importe, je pense qu’il est temps de renvoyer les invités chez eux…Jake ne viendra plus, Melanie…Je pense qu’il est parti… »
Melanie fût sonnée par les paroles de son oncle. Elle ne pensait déjà plus aux choses étranges qu’elle avait pu voir à l’étage. Seules résonnaient dans sa tête ces paroles : « Jake ne viendra plus ». « Il est parti ». Bien sûr qu’il n’était pas parti ! Il l’aimait ! Il savait qu’elle avait besoin de lui, plus que jamais ! Il lui avait déjà prouvé maintes fois son amour. Il avait pris tant de risques pour elle, pourquoi partir ainsi, quand plus rien ne pouvait se mettre entre eux ? Quelles que soient les monstruosités que le Manoir abritait désormais, Jake en était sans doute prisonnier. Et il fallait qu’elle l’en libère, qu’elle reste, pour lui. Après tout, elle n’avait plus rien d’autre que ce Manoir et la certitude d’y retrouver un jour son fiancé. Il ne pouvait pas l’avoir abandonnée. Aussi dit-elle d’un ton assuré à son oncle :
« Non. Personne ne sort d’ici. Il viendra. »
Un rire tonitruant et horrifiant résonna alors dans la grande salle de bal. C’était une voix d’homme, mais avec un écho étrange. Une silhouette apparût alors sur le rebord de l’une des immenses fenêtres de la pièce. Elle était vêtue d’un costume, d’un haut-de forme et d’une cape d’une noirceur terrifiante et tenait dans sa main une canne. Quand son rire reprit, la silhouette laissa voir son visage : c’était un squelette ! La foule horrifiée hurla et tenta de rejoindre le hall afin de quitter le Manoir. Melanie, elle, resta immobile, dans la grande salle de bal. Le squelette disparût devant ses yeux mais son rire continua de résonner dans tout le Manoir. Melanie s’empara d’un chandelier situé sur la grande table et partit explorer les longs couloirs du Manoir. Plus rien ne semblait l’effrayer. Plus rien n’avait d’importance. Elle trouverait son fiancé. Il était là. Elle le retrouverait, c’était certain. Ils se marieraient. Ils seraient ensemble. Inséparables. Pour toujours.
Chapitre 10 : Ni porte, ni fenêtre Les années commencèrent à s’écouler et les invités ne purent jamais quitter le Manoir. Les portes et fenêtres étaient toutes condamnées et rien ne pouvait les ouvrir ni les détruire. Les domestiques également se retrouvèrent prisonniers de la bâtisse. Certains moururent de façon mystérieuse et inexpliquée. Arthur et Gabrielle Ravenswood s’isolèrent dans l’une des chambres, leur fidèle chien Goliath à leurs côtés. Le Manoir était désormais la demeure d’occupants invisibles qui ne cessaient de tourmenter les vivants, ne leur laissant aucun répit, les faisant tournoyer de cauchemar en cauchemar. Le plus cruel d’entre eux était le Fantôme, annoncé par son rire terrifiant. Les prisonniers du Manoir voyaient parfois Melanie, toujours habillée de sa robe de mariée, bouquet et chandelier dans les mains, errant à travers le Manoir à la recherche de son fiancé disparu. Elle avait également été aperçue devant le miroir de sa coiffeuse, dans son boudoir, chantonnant une musique mélancolique en pleurant. Elle restait ainsi isolée, dans sa quête désespérée.
En 1866, Anna et Jasper Jones réussirent à s’échapper miraculeusement du Manoir. La galerie circulaire laissa à nouveau apparaître la porte menant à la sortie du Manoir. Au moment de franchir la porte qui les séparait du monde extérieur, Anna hurla de terreur en apercevant le cadavre d’un homme pendu au plafond de la galerie, les poings liés dans le dos. C’était le malheureux fiancé introuvable ! Ne pouvant prendre le risque de manquer une opportunité de s’enfuir, tous deux quittèrent le Manoir en courant. Arrivés dans le jardin désolé et abandonné, Jasper se rappela du sourire de la douce Melanie qu’il avait connue…Elle avait maintenant complètement perdu l’esprit et il savait désormais que jamais elle ne retrouverait son fiancé. Il n’avait pas pu se suicider, son cadavre ayant les bras ligotés dans son dos...Il s’agissait sans doute de l’œuvre funeste du terrible Fantôme.
Anna et Jasper se rendirent à l’écurie, montèrent tous les deux sur l’unique cheval qui avait survécu et partirent au galop. Ils arrivèrent enfin devant l’imposante grille du domaine, désormais rouillée et couverte de végétation, quand le cheval se cabra et tomba, mort, mordu par un serpent à sonnette. Dans la chute du cheval, Jasper perdît la vie. Anna réussit à s’échapper mais elle mourût un an plus tard d’une maladie inconnue. Ils furent tous deux enterrés dans le cimetière de Boot Hill, côte à côte.
L’année de la mort d’Anna Jones fût également celle de la mort d’Arthur Ravenswood, mort de la même étrange maladie qu’Anna, à l’intérieur du Manoir. Un an plus tard, Gabrielle Ravenswood décéda des suites des tourments des esprits du Manoir. Leur chien Goliath réussit à s’échapper du Manoir suite au décès de ses maîtres, mais il fut lui aussi frappé par la mort, dans le cimetière de Boot Hill. Il ne cessa jamais de le hanter, menaçant quiconque s’en approche de ses horribles yeux rouges et de ses grognements monstrueux. Seul le Fantôme pouvait arpenter le cimetière, quand il venait y enterrer les prisonniers du Manoir que la vie avait fini par quitter.
Melanie quant à elle, mourut emportée par la vieillesse, toujours vêtue de sa robe de mariée désormais dévorée par le temps. Son esprit erre encore aujourd’hui dans le Manoir, bouquet et chandelier en mains, sans jamais perdre l’espoir de retrouver un jour son fiancé bien-aimé.
Thunder Mesa toute entière entra dans le déclin, l’abandon et la ruine. Tout comme les prisonniers du Manoir, les habitants de la ville moururent tous de maux et d’événements étranges. Même le Maire finit par perdre sa tête, littéralement. Ce qui était autrefois l’une des villes les plus prospères de l’Ouest américain se transforma en une cité fantôme dont les morts semblaient se réveiller pour hanter les lieux. Squelettes, apparitions fantomatiques, cadavres ambulants…Voici désormais ce qu’il reste de l’heureuse population de Thunder Mesa.
En ce moment même, les fantômes de la ville et de son impressionnant Manoir errent toujours, à la recherche d’âmes innocentes à torturer. Si vous vous sentez l’âme courageuse, libre à vous de venir vous en rendre compte par vous-mêmes…Venez frapper aux portes du Manoir abandonné, entrez et voyez si les esprits qui l’occupent accepteraient de vous en faire la visite. Cela dit, rien ne garantit que vous n’en reveniez…surtout si vous croisez la route du mystérieux Fantôme !