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| [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) | |
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Auteur | Message |
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LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Ven 22 Mai - 22:27 | |
| Après quelques mois de travail, je poste ici ma fanfic sur Phantom Manor complètement réécrite. N'hésitez pas à poster des commentaires pour me dire ce que vous en pensez Les personnages d'Ella, Tobias, Cavendish et Harry sont mes créations. Plagiat interdit ! Bonne lecture ! (EDIT : Je m'étais trompée de personnages, j'avais pris ceux de l'autre version. Désolée ^^') ------------------------------------------------------------- Prologue Thunder Mesa, hiver 1860
Journal de Miss Mélanie Ravenswood Une fine couche de neige recouvrait la ville, l’enveloppant d’une aura magique et mystérieuse. Il avait beau faire un froid glacial, j’étais aussi heureuse que je pouvais l’espérer : moi, Mélanie Ravenswood, allais me marier le lendemain. Les invités arrivaient déjà par dizaines et tout était prêt pour la cérémonie. Même mon père, habituellement inquiet au sujet du mariage et qui avait tout mis en oeuvre pour m’empêcher d’épouser l’homme que j’avais choisi, parvenait à esquisser un sourire de temps à autre. Tout semblait parfait. Seulement, la mine de Big Thunder Mountain, poumon économique de Thunder Mesa, était toujours ouverte malgré l’absence de mon père, fondateur de la ville et de la compagnie minière. Ce pic couleur ocre, chapeauté d’un bonnet blanc, allait rapidement projeter une ombre funeste sur ma vie, et celle de toute ma famille. Au beau milieu de l’après-midi, un ouvrier vint sonner au manoir, prétendant que mon père devait se rendre sur-le-champ à la mine : ils avaient apparemment trouvé un trésor plus grand encore que tout l’or qu’ils avaient déjà pu extraire de l’immense montagne sacrée. L’ouvrier n’entra pas dans les détails, et mon père le suivit sans hésiter, consentant à ce que ma mère l’accompagne. Ce fut la dernière fois que je les vis vivants. Quelques minutes à peine après leur départ, la terre se mit à trembler et tressauter avec une violence incroyable. Nous redoutions que le manoir ne s’effondre, mais aucun dégât ne fut à déplorer en dehors de quelques verres brisés. Pour la ville, en revanche, ce séisme fut une catastrophe. De profondes crevasses s’étaient ouvertes le long de la grand-rue et quelques bâtiments s’étaient effondrés. Mais le pire restait à venir : toutes les entrées de la mine étaient bouchées, les trains arrêtés et les pioches des ouvriers silencieuses. Un coup de dynamite, ou la malédiction indienne qui planait sur la mine, nul n’aurait su dire quelle était la cause de ce drame, mais une chose était sûre : mes parents n’avaient pas survécu . Nous tirâmes des dizaines de corps de la montagne, et je pleurai longuement, réconfortée tant bien que mal par mon fiancé. Nous célébrâmes des funérailles rapides, et le deuil étendit son voile noir sur Thunder Mesa. Je décidai de maintenir la cérémonie de mariage en dépit de ce tragique accident, ne pouvant décemment pas renvoyer tous les invités, parfois venus d’Europe pour l’occasion. J’étais loin de me douter que mes malheurs ne faisaient que commencer. Le lendemain, je me parai de ma robe blanche, tentant d’effacer la douleur qui comprimait ma poitrine. Je me présentai devant le prêtre sans mon père, prête à prononcer mes vœux. Mais mon fiancé ne vint jamais. Alors, je partis à sa recherche à travers le manoir. Il ne pouvait pas être bien loin. La nuit tomba peu à peu, et la terreur s’empara de moi. Je craignais le pire. Et j’avais raison. Un violent orage se déclencha au dehors. Armée uniquement d’un candélabre vacillant, je continuai mes recherches et trouvai mon promis… Mais pas exactement comme je l’avais imaginé. Il se trouvait dans le grenier, pendu par le cou au milieu de la pièce. L’horreur s’empara de moi. Je pensais qu’il s’était suicidé. Mais une peur plus immense encore me cloua sur place lorsqu’un rire moqueur s’éleva non loin. Un éclair zébra le ciel, laissant apparaître un affreux squelette qui tenait la corde qui avait tué mon fiancé. Mais le pire était sans doute les vêtements que portait ce mort : ceux avec lesquels mon père avait été habillé pour la dernière fois. Prise de panique, je m’enfuis à travers le manoir, découvrant toutes sortes d’horreurs : les invités avaient été enfermés dans leurs chambres et Madame Léota, notre voyante personnelle, invoquait des esprits de toutes sortes pour un bal macabre. Là où auraient dû se réjouir ma famille et nos amis s’amusaient joyeusement des défunts translucides. Je cherchai désespérément une sortie mais tout était verrouillé. Avec deux domestiques, Jasper et Anna Jones, nous tentâmes pendant une éternité de passer par une porte ou une fenêtre. Enfin, nous parvînmes à rouvrir les portes du manoir. Jasper et Anna sortirent aussitôt et je voulus les suivre, mais une force surnaturelle me ramena à l’intérieur et referma les portes, définitivement, cette fois. J’étais prisonnière de l’Enfer et rien ni personne ne pouvait plus m’aider.
Dernière édition par LadyMoonlight le Ven 26 Juin - 13:48, édité 3 fois (Raison : fothe :)) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Ven 22 Mai - 23:10 | |
| Je trouve que c'est un très bon début. Je ne sais pas si tu avais posté la première version sur le forum, mais si oui, je ne l'avais pas lue. En tout cas j"aime bien et je trouve bien aussi d'avoir fait un prologue sous la forme du journal de Melanie. Enfin d'après les questions que tu nous avait posées sur le topic de PM, on n'a pas enclre tout vu de l'esprit de Melanie.^^ |
| | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Dim 24 Mai - 19:57 | |
| Merci ! J'avais posté la toute première version sur le forum, puis je l'ai remaniée pour en faire une version 2, puis 3, puis 4... Celle-ci est la cinquième version de l'histoire ^^ En effet, Mélanie change complètement de caractère dans ma fic. Je la trouvais trop gentille Voilà le premier chapitre ! ------------------------------------------------- - 1 - Lady Ella Chelsea Londres, décembre 1890 Lady Ella Chelsea réfléchissait, indifférente à l’agitation qui régnait au dehors. Habillée en homme, les pieds posés sur son bureau dans une attitude qui aurait choqué n’importe quel aristocrate s’il l’avait vue, elle s’efforçait de démêler les nœuds d’une affaire particulièrement complexe. Soudain, elle se redressa, faisant basculer sa chaise en arrière. Elle poussa un cri et tomba à la renverse. Elle se releva aussitôt, les yeux brillants. — C’est ça ! s’exclama-t-elle. Elle s’empara d’un morceau de papier, toujours agenouillée sur le sol, et se mit à écrire, puis se retourna. Un homme translucide venait d’apparaître devant elle. — Voici, dit-elle en lui tendant le message qu’elle venait de rédiger. Donnez-lui cela, et je pense qu’il retrouvera votre assassin. Le mort s’inclina et disparut. Elle remit sa chaise sur ses pieds avec satisfaction. Une affaire de plus résolue. Elle rassembla ses papiers dans un dossier qu’elle rangea dans une étagère déjà pleine. Au même moment, un homme, bien vivant cette fois, poussa la porte et déposa un plateau sur la table. — Le thé de Mademoiselle est avancé, dit-il avec un sourire. — Il va falloir que tu perdes cette fâcheuse habitude, répondit Ella. Je t’ai déjà dit cent fois de m’appeler Ella, comme tout le monde. Tobias Lawrence, son majordome, émit un petit rire. Lui et la jeune lady étaient fiancés, mais il continuait à lui témoigner tout le respect qu’il avait accordé à son père, Lord Alexander, mort quelques années plus tôt. Ella leva un sourcil en voyant trois tasses sur le plateau au lieu de deux. — Nous avons de la visite ? s’étonna-t-elle. — Oui, répondit Tobias. Un client. Il a l’air pressé, et c’est un Américain. — Un client ? Je ne savais pas que les morts buvaient du thé. Les clients de la jeune femme étaient en effet des fantômes cherchant à retrouver leur assassin, ou à faire accomplir leurs dernières volontés, ce second cas étant plus rare. Tobias sourit de nouveau, amusé. — Tu vas trouver ça étrange, mais il est vivant, dit-il. J’ai la nette impression que les rôles vont s’inverser : tu vas partir à la chasse aux fantômes ! Ella poussa un gémissement. Elle détestait les gens qui venaient la voir uniquement pour qu’elle les aide à retrouver des morts. Elle préférait qu’on la laisse tranquille, qu’elle puisse réfléchir en paix. — Je vais me changer, soupira-t-elle. Fais-le attendre ici, je reviens dans une minute. Tobias s’inclina et sortit tandis qu’Ella rejoignait sa chambre. Elle observa sa garde-robe et constata qu’elle avait grand besoin d’être changée. Toutes ses robes étaient passées de mode. Elle n’était pas sortie souvent ces derniers temps et lors de ses rares promenades le long de la Tamise, elle avait dû se lancer à la poursuite de criminels désignés par les morts et ses tenues en avaient pris un coup. Elle choisit une robe simple et l’enfila le plus vite qu’elle put, pestant contre les multiples jupons qu’elle devait passer et le corset trop large qu’elle peinait à serrer. — Tobias ! appela-t-elle. Le majordome passa la tête dans l’entrebâillement de la porte et éclata de rire en la voyant se battre littéralement contre les baleines. — Je t’avais dit de prendre une femme de chambre, fit-il en tirant sur le corset. — Pourquoi ? Tu te débrouilles très bien. — Notre invité va se demander ce qui se passe. — Notre invité ! Je ne lui ai rien demandé, moi. C’est lui qui débarque ici sans prévenir. Elle termina de s’habiller et revint vers son cabinet de travail. Son client observait avec stupeur les multitudes de dossiers qui couvraient les étagères. — Bonjour, milady, salua-t-il lorsqu’elle entra. Je parle bien à Lady Ella Chelsea ? — Elle-même, répondit la jeune femme. Et vous êtes ? — Je m’appelle Paul, Paul Cavendish. — Ravie de vous rencontrer, monsieur Cavendish. Je vous en prie, asseyez-vous, et dites-moi ce qui vous tracasse… Vous vous êtes roulé dans la boue ? Elle venait de se rendre compte que le costume de l’Américain était sali de taches de terre qu’il avait visiblement tenté d’effacer. — Pas volontairement, répondit-il. En vérité, c’est pour cela que je suis venu vous voir. Aucun autre spécialiste n’a voulu m’aider. Vous devez connaître l’histoire de la ville de Thunder Mesa, dans le Colorado ? Ella se tourna aussitôt vers ses étagères. Elle trouva sans peine un dossier complet sur le Colorado, mais les informations qu’il contenait sur Thunder Mesa se résumaient à un article de journal et à une lettre écrite à son père par un certain Henry Ravenswood à propos d’une mine d’or. — Disons que je n’ai pas énormément d’informations, répondit-elle. Mais je suis sûre que vous pourrez éclairer ma lanterne. — Ce serait assez long à expliquer, mais j’ai ici quelques pages du journal de Mélanie Ravenswood, qui nous détaille les tragiques événements dont je voudrais vous parler. Il tendit une petite liasse de papiers à Ella, qui les lut avec attention tout en prenant des notes. — Je pense que cela n’a rien de compliqué, dit-elle. Miss Ravenswood parle d’une malédiction indienne. A coup sûr, son père à réveillé cette malédiction et a été condamné à errer dans le monde des vivants. Avant sa mort, il tentait d’empêcher le mariage. Comme plus rien ne l’entravait, il a tué le futur marié. Il m’a l’air plutôt possessif, aussi a-t-il tout verrouillé pour empêcher sa fille de fuir. — Comment pouvez-vous dire qu’il était possessif ? s’étonna Paul. — Dans la lettre qu’il a envoyée à mon père, il parle longtemps de Mélanie. J’en ai déduit qu’il l’aimait plus que tout, donc qu’il était possessif. Tobias lui servit une tasse de thé tandis que Paul prenait une grande inspiration. — Cette partie de l’histoire est peut-être simple à interpréter, dit-il, mais la suite l’est moins. Je suis arrivé à Thunder Mesa il y a peu. A peine installé, j’ai été prévenu à propos du manoir : je ne devais en aucun cas chercher à y entrer si je tenais à la vie. Mais, un soir, une ballade avec des amis nous a attirés un peu trop près du domaine Ravenswood. J’ai malencontreusement posé un pied du mauvais côté du portail, et aussitôt, j’ai été tiré à l’intérieur des jardins avec une telle violence que j’ai heurté un mur. Sonné, je suis tombé à genoux. On m’a alors agrippé par les chevilles et traîné ainsi vers le manoir. Effrayés, mes amis n’ont pas osé intervenir. J’ai finalement réussi à me libérer et à sortir de la propriété. Je n’ai pas réfléchi et j’ai sauté dans un train pour trouver un chasseur de fantômes compétent. Comme personne en Amérique ne voulait m’aider, je suis parti pour l’Angleterre. Là encore, aucune aide, mais en arrivant à Londres, tous les chasseurs que j’ai croisés m’ont dirigé vers vous, affirmant que vous étiez une habituée de ce genre de mystères. Ella avait déjà à moitié vidé sa tasse, vivement intéressée par les dires de l’Américain. — Donc, fit-elle, vous avez simplement posé le pied de l’autre côté du portail et vous avez été attaqué ? — Exactement. — Y a-t-il eu des agressions au sein même de la ville ? — Aucune. — Donc, le fantôme qui s’en est pris à vous ne peut pas quitter l’enceinte du domaine Ravenswood. Intéressant. Les Jones sont-ils toujours en vie ? — Non. Ils sont morts après leur fuite, en 1866. Ella leva un sourcil. — Miss Ravenswood a bien noté la date de 1860, objecta-t-elle. — Mais Anna et Jasper Jones ne sont sortis du manoir qu’en 1866, insista Paul. — Ce qui signifie que le temps ne s’écoule pas de la même manière à l’intérieur de la maison qu’à l’extérieur. Je crois que je vais manquer de papier, Tobias. Le majordome fila aussitôt hors de la pièce, en quête de papier. Ella griffonnait nerveusement quelques notes, les yeux brillants. Cette affaire avait beau inverser les rôles de ses clients habituels, elle n’en restait pas moins exceptionnelle. — Comment vous êtes-vous procuré ces feuillets ? interrogea-t-elle en désignant les pages du journal de Mélanie Ravenswood. — Monsieur le maire les a trouvés au cimetière de Boot Hill, répondit Paul. — Il y a donc un cimetière… Est-il proche du manoir ? — C’était le cimetière personnel des Ravenswood, mais il a été transformé en cimetière public. — Quels habitants du manoir y sont enterrés ? — Henry et Martha Ravenswood… Anna et Jasper Jones… Et… Il hésita. Ella releva la tête avec curiosité. — Oui ? l’encouragea-t-elle. — Les habitants ont érigé une tombe pour Mélanie Ravenswood, expliqua Paul. Mais elle est vide, puisque Miss Ravenswood n’est jamais ressortie du manoir. Pourtant, si vous vous approchez, vous pouvez entendre comme un cœur qui bat… La jeune femme se remit aussitôt à écrire, passionnée par cette histoire. Tobias revint avec le papier, juste au moment où elle parvenait à la fin de sa page. Il glissa prestement un nouveau feuillet sous sa plume, sachant à quel point il était important qu’Ella ne perde pas le fil de sa phrase. — Quand part le prochain bateau pour l’Amérique ? interrogea la jeune femme. — J’ai trois billets pour demain, répondit aussitôt Paul. Ella battit des mains. — Merveilleux ! s’exclama-t-elle joyeusement. Vous avez au moins l’avantage d’être prévoyant. Je vous suggère de rentrer à l’hôtel… Où logez-vous, exactement ? — Au Northumberland, répondit l’Américain, légèrement surpris par la question. — Très bon choix. Cirent-ils toujours les chaussures de leurs clients ? — Oui. — J’imagine que les vôtres en avaient grand besoin ? Tobias jeta instinctivement un coup d’œil aux souliers de Paul. Ils étaient impeccables, contrastant avec les taches sur son costume. — Grand besoin, oui, affirma Paul. Je vous donne rendez-vous demain à huit heures précises, ajouta-t-il en lui tendant deux billets. Bonsoir, milady. Tobias le raccompagna jusqu’à la sortie, non sans remarquer son agitation apparente. Lorsqu’il remonta au cabinet de travail, il trouva Ella assise à son bureau, en train de rédiger une longue lettre à l’adresse de Cavendish. Elle apposa sa signature au bas de la lettre et confia l’enveloppe au majordome. — Puis-je te demander de porter ceci à l’hôtel ? sourit-elle. — Tu sais bien que oui, répondit Tobias. Puis-je faire autre chose pour toi en ville ? — Si tu pouvais prendre quelques robes de voyage… et des pantalons. J’ai la très nette impression que je vais massacrer la plupart de mes tenues. Le majordome émit un petit rire et disparut derrière la porte. Ella se servit une nouvelle tasse de thé en relisant les pages du journal de Mélanie Ravenswood. Cette affaire promettait d’être la plus intéressante de sa carrière. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Dim 24 Mai - 23:04 | |
| Alors, je vais te dire, je suis complètement emballée par l'histoire. J'attends la suite avec impatience J'ai remarqué que parmi les fanfictions sur la forum, celles sur PM sont prédominantes quand même. J'en avais postée une moi-même il y a quelques années. Du coup, il existe plusieurs interprétations de ce qui s'et passé dans le manoir, d'éléments de résolution (ou pas de résolution, juste une fuite)... C'est super inspirant comme histoire aussi, les imagineers sont très forts. |
| | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Lun 25 Mai - 14:22 | |
| Oui, j'avais remarqué aussi que ce sont les fanfics sur PM qui sont les plus nombreuses. Pas facile de se démarquer ! J'avais lu ta fic avec Sherlock, étant aussi fan de la série je n'ai pu qu'adorer C'est sûr qu'avec le flou dans lequel on est il y a autant d'interprétations que de fans de l'attraction... La fanfiction d'Eaël étant sans doute celle qui réunit le plus d'hypothèses dans une seule histoire ^^ Le chapitre 2 : ----------------------------------------------------------------- - 2 - Bienvenue à Thunder Mesa Le train s’arrêta dans un sifflement strident. Ella sauta du wagon avec soulagement. Le voyage avait été affreusement long et elle avait dû se retenir pour ne pas presser Cavendish de questions au cours de la traversée. Les deux hommes descendirent à leur tour, Paul se tordant les mains avec nervosité et Tobias observant son environnement avec intérêt. Ella, quant à elle, se dirigea droit vers la grand-rue, le regard vissé devant elle. — Une petite seconde ! s’alarma Paul. Miss Chelsea ! — Un problème, monsieur le maire ? répondit Ella avec nonchalance. L’Américain pila net. — Comment avez-vous deviné ? lâcha-t-il. — J’ai mes méthodes. J’imagine que le manoir se trouve par… Oh, bon sang ! Elle avait continué à avancer et s’était arrêtée au coin de la rue, les yeux écarquillés. Paul et Tobias la rejoignirent tandis qu’un immense sourire éclairait son visage. — C’est tout simplement magnifique ! s’exclama-t-elle, surexcitée. Il faut absolument que je retrouve l'architecte ! Tobias, lui, ne trouvait pas le manoir Ravenswood magnifique. Oh, il avait dû l'être... autrefois. À présent, la peinture était quasiment inexistante, révélant les planches qui se trouvaient en-dessous. Même de loin, ils apercevaient l'épaisse couche de poussière qui recouvrait les fenêtres, et la végétation avait envahi les jardins. Le tout lui donnait des sueurs froides. Paul jeta un regard alarmé à Ella, puis prit les devants pour les guider jusqu’à la mairie. — Je vous ai réservé une chambre à l’hôtel avant de partir, indiqua-t-il. Je ne savais pas encore combien vous seriez à me suivre et il n’y a de toute manière aucun autre endroit susceptible de vous accueillir. On y trouve des clients un peu exubérants, mais je suis sûr que vous vous y plairez. La jeune femme lui jeta un regard sceptique. Elle n’était pas très sociable et les gens exubérants l’horripilaient. Plus ils avançaient, plus le manoir semblait imposant. Fascinée, Ella ne pouvait en détacher les yeux. Soudain, elle sursauta : elle venait d’apercevoir une silhouette vêtue de blanc apparaître à la fenêtre centrale. Paul se tourna vers elle. — Un problème ? s’enquit-il. — Où est le cimetière ? interrogea Ella sans lui répondre. — A côté du manoir… Mais ne voulez-vous pas vous reposer un peu avant de… Sans lui laisser le temps de finir, la jeune lady pressa le pas en direction du manoir. Tobias émit un petit rire devant la mine dépitée de Paul. — Apprenez une chose, monsieur Cavendish, dit-il. Ella Chelsea ne se repose jamais. Il suivit Ella, laissant le maire de Thunder Mesa seul et désemparé. Ce dernier secoua la tête et poussa un profond soupir. Qui avait-il donc amené chez les Ravenswood ? *** Monsieur J. Nutterville regarda passer les deux Anglais d’un œil méfiant. Des chasseurs de fantômes au manoir ? Non, non, cela n’allait pas du tout ! Non que cela aurait été mauvais pour les affaires, mais il ne tenait pas à voir revenir à la vie — complètement, cette fois — son plus illustre client. Nutterville, unique croque-mort de Thunder Mesa, avait vu ses activités devenir exagérément populaires après le tremblement de terre de 1860. Certes, cet argent lui avait beaucoup servi, mais lorsqu’il avait appris qu’une partie du journal de Mélanie Ravenswood était mystérieusement apparue dans le cimetière, il s’était juré d’empêcher les importuns d’approcher du manoir. Et les deux inconnus se dirigeaient droit vers le lieu qu’ils devaient absolument éviter. Il quitta l’ombre de sa boutique et les suivit à bonne distance. Ella embrassa le cimetière du regard, une lueur de vif intérêt dans ses prunelles grises. Elle repéra immédiatement la tombe vide de Mélanie Ravenswood : un immense pavé sculpté de manière à laisser croire qu’un drap le recouvrait. La jeune femme s’approcha et se mit à tourner autour avec intérêt. Soudain, surprenant ses compagnons, elle s’agenouilla et colla son oreille contre le marbre. — Cette tombe est vide, dites-vous ? fit-elle à l’adresse de Paul. — Oui, répondit-il. — Vous en êtes sûr ? — Absolument sûr. — Alors expliquez-moi cela. — Quoi donc ? Avec un demi-sourire malicieux, Ella lui fit signe d’approcher. Méfiant, Paul posa à son tour l’oreille contre la tombe et s’en écarta aussitôt, livide. Ce que les habitants prenaient pour des battements de cœur étaient en fait les coups las d’une personne prisonnière à l’intérieur ! — Par tous les dieux ! s’écria-t-il. Je vais de ce pas chercher monsieur Nutterville ! — Inutile, monsieur le maire, répondit une voix grave et profonde. Je suis déjà là. Ella jeta un regard au croque-mort. Tout de noir vêtu, une barbe épaisse, des yeux perçants… Il correspondait tout à fait à l’atmosphère qui entourait la ville. — Ah, lâcha Paul, perplexe. Vous tombez bien ! Il y a quelqu’un dans cette tombe. Le croque-mort secoua doucement la tête. — Je peux vous assurer qu’il n’y a personne dans cette tombe, répondit-il. — J’en étais persuadé aussi, jusqu’à ce que Lady Chelsea me fasse écouter. — Je jure à Lady Chelsea qu’il n’y a absolument personne là-dedans, insista Nutterville en fixant Ella. — Mais enfin, vous ne pouvez pas le nier, il y a bien quelque chose qui… s’emporta Paul. Le croque-mort leva une main, un léger sourire étirant ses lèvres. — Nous y voilà, dit-il. Quelque chose. Pas quelqu’un. Je n’en dis pas plus. Ella leva un sourcil. Il n’en dirait pas plus ? Ah ! Elle pensait plutôt le contraire. — Monsieur, vous avez réussi à attirer mon attention, fit-elle. Je crois que vous aller vous expliquer, et tout de suite. Nutterville haussa les épaules et pointa du doigt une fenêtre du manoir. Ella sentit le fantôme avant de le voir. Une sorte de poids sembla s’abattre sur ses épaules, la faisant grimacer. Elle suivit le doigt du croque-mort et son regard fut littéralement harponné par celui, caché dans l’ombre, d’un homme vêtu de mauve qui l’observait par la fenêtre. Elle se pétrifia, comme hypnotisée. Elle avait compris en l’espace d’une seconde à qui elle avait affaire : Henry Ravenswood, maître du manoir… et ancien propriétaire du cimetière. Par conséquent, elle se trouvait sur son territoire. Elle se releva lentement, sans pouvoir détacher son regard de l’apparition. Un croassement sonore la fit sursauter. Elle se détourna brièvement pour apercevoir un énorme corbeau posé sur la tombe. Elle releva les yeux vers la fenêtre. Le fantôme avait disparu. — On dirait que vous intéressez monsieur Ravenswood, commenta Nutterville. Ella soupira. Paul tremblait comme une feuille, ses yeux écarquillés fixés sur la fenêtre, et Tobias contemplait le corbeau avec intérêt. — Tu as déjà vu un oiseau avec un regard aussi insistant ? fit-il à l’adresse d’Ella. — C’est parce que ce n’est pas un corbeau, Tobias, répondit la jeune femme. C’est un mort. — Un mort ? répéta Paul d’une voix blanche. Vous voulez dire… Un fantôme ? — Non, s’agaça Ella. Sinon j’aurais dit un fantôme. Ce corbeau est un mort, ou plutôt le réceptacle de l’âme d’un mort. Un peu comme une boîte. — Une boîte ! Elle me parle de réincarnation, et elle compare ça à une boîte ! — Pas une réincarnation, idiot ! Ce corbeau est tout simplement une boîte dans laquelle quelqu’un a enfermé une âme. On choisit de se réincarner, pas de se faire enfermer dans un oiseau. La plupart des gens à qui elle expliquait cela ne comprenaient pas. Pour eux, la réincarnation était soit un mythe, soit un processus inconscient qui relevait de la volonté divine. A présent, restait à savoir qui avait été enfermé dans ce corbeau. — Excusez-moi, fit poliment Ella. Pouvez-vous me dire qui vous êtes ? Paul la contempla comme si elle était devenue folle. Tobias et Nutterville, eux, suivaient la scène avec curiosité. L’oiseau émit un nouveau croassement, puis s’envola et se posa sur une autre tombe, quelques mètres plus loin, et s’envola de nouveau. Ella resta interdite un instant, puis sourit et se lança à sa poursuite. Les trois hommes la suivirent, trébuchant sur les tombes, puis sur les branches mortes qui jonchaient le sol. Paul et Nutterville s’arrêtèrent net et Tobias les heurta de plein fouet. — Miss Chelsea, lança Paul avec angoisse. Je ne crois pas que cela soit une bonne idée. Le majordome regarda autour de lui, cherchant à comprendre l’inquiétude soudaine des deux Américains. Il trouva presque aussitôt : ils étaient dangereusement près du manoir, presque dans les jardins. Ella, elle, avait continué sa course et s’était arrêtée devant la grille qui délimitait la propriété Ravenswood. Le corbeau était passé de l’autre côté et l’attendait, perché sur une branche tordue comme si on l’avait torturée. Une feuille de papier y était accrochée, battue par le vent. Ella étendit la main pour l’attraper et la retira aussitôt. — Je vous avais dit que ce n’était pas une bonne idée, triompha Paul, devinant son trouble. Il vous a agrippée ? — Non, répondit Ella. Mais il fait terriblement froid de l’autre côté de cette grille. Vous n’aviez pas remarqué ? — La seule fois où je suis entré dans la propriété, un mort me tirait par les pieds. Vous croyez que j’ai eu le temps de me soucier de la température ? La jeune femme soupira et l’attira de force à côté de la grille. Réticent, le maire passa la main entre les barreaux. Il eut l’impression d’avoir plongé le bras tout entier dans un bassin d’eau glacée. — Eh bien, fit-il. Sans doute y a-t-il ici un fantôme qui… Ella poussa un cri d’horreur et bondit sur ses pieds. — Bien sûr ! s’exclama-t-elle. Pardonnez-moi, je suis affreusement confuse ! Paul et Nutterville échangèrent un regard. Qu’est-ce qui lui prenait ? Ils sursautèrent en voyant la feuille de papier se décrocher et flotter vers la jeune femme. Elle s’en saisit et la parcourut rapidement. Il s’agissait d’une nouvelle page du journal de Mélanie Ravenswood. — Merci beaucoup, fit la jeune femme. Messieurs, j’ai besoin d’une pièce fermée à clef et d’un pantalon. Il est temps de se mettre au travail. |
| | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Mer 27 Mai - 22:28 | |
| Après quelques bugs avec Google Drive, voilà la suite ! ----------------------------------------------------------------------- - 3 - Les notes de Mélanie Ravenswood Ella s’était enfermée dans le bureau de Paul, plongée dans ses réflexions, éclairée seulement par une bougie sur le point de rendre l’âme. La page du journal de Mélanie datait d’avant le drame qui avait frappé le manoir. Elle y décrivait comment son père tentait par tous les moyens de l’empêcher d’épouser son fiancé. Père a un comportement très étrange, en ce moment, avait-elle écrit. Quand il n’est pas enfermé dans sa chambre pour s’adonner à je ne sais quelle activité, il passe son temps à brandir les défauts de mon promis comme il aurait brandi une quelconque source de lumière à l’adresse d’un bateau s’il avait été perdu en pleine mer. Ces mots étaient clairs : Henry Ravenswood était envahi par la colère à l’idée de cette union, mais aussi par le désespoir. Ella se servit une tasse de thé tiède, pensive. Le maître de Thunder Mesa craignait-il quelque chose ? Elle poursuivit sa lecture, intriguée. Je crois que nous n’aurions pas dû lui dire que nous voulions partir… C’est sans doute ce qui l’a mis en colère. Ella se redressa. Mélanie désirait quitter le manoir après le mariage ? Elle tenait une information capitale. Henry Ravenswood était donc terrifié à l’idée que sa fille l’abandonne. Elle attrapa sa plume et écrivit un unique mot en haut d’un feuillet : possessif. Elle constatait avec satisfaction que son impression première au sujet du patriarche Ravenswood était la bonne. Mais quelque chose clochait. Ella savait mieux que personne qu’un journal intime n’avait d’intime que le nom : elle avait vu des dizaines de jeunes filles rédiger des banalités sans importance pour tromp er l’attention de leurs parents qui surveillaient de près leurs pensées. Or, Mélanie Ravenswood n’hésitait pas à parler de son mécontentement à l’égard de son père, qui, Ella en était sûre, relisait régulièrement ces notes. Était-ce un moyen d’attirer l’attention de Henry sur son attitude étrange et insupportable ? La jeune femme nota cette idée sur son feuillet. Soudain, on frappa à la porte. Ella sursauta, tirée de ses réflexions. — Entrez, lança-t-elle. Nutterville apparut dans l’encadrement de la porte. Il avait l’air soucieux et son regard était sombre. — Milady, hésita-t-il. Je tenais à vous parler en privé… Puis-je… ? Ella lui désigna un fauteuil dans un coin de la pièce. Le croque-mort y prit place, mal à l’aise. Voir une femme en pantalon travailler sur une affaire aussi importante que celle concernant le manoir Ravenswood le dérangeait. — Très bien, fit Ella. De quoi désirez-vous me parler ? — Eh bien, pour tout vous dire, je suis venu vous demander de ne pas vous approcher du manoir. La jeune femme leva un sourcil. — Pardon ? lâcha-t-elle. On me supplie de traverser l’Atlantique pour résoudre ce mystère et l’on me renvoie aussitôt ? — Je ne vous renvoie pas, répondit précipitamment Nutterville. Au contraire, Paul a très bien fait de vous amener ici. Mais je souhaite simplement que vous restiez en dehors du manoir. Ne participez pas aux visites, par pitié. — Aux quoi ? Le croque-mort se mordit la lèvre, les yeux écarquillés. Elle n’était pas au courant pour les visites ? Encore une fois, il aurait dû garder cela pour lui ! — Qu’avez-vous dit, monsieur Nutterville ? insista Ella. Des visites ? Le manoir est ouvert au premier idiot venu ? — Nous avions besoin d’argent, milady, et une telle tragédie attire les visiteurs, tenta d’expliquer le croque-mort. — Besoin d’argent ! Et vous pensez que c’est en laissant des imbéciles violer la demeure d’un fantôme que vous allez vous remettre de tous vos problèmes ? — C’est qu’il est mort, milady, et les morts… Ella leva une main pour l’interrompre. Ce qu’elle venait d’entendre l’indignait. Comment pouvait-on penser si peu au bien-être de ceux qui avaient fondé la ville et l’avaient menée à son âge d’or ? — Imaginez que vous décidiez de vivre reclus chez vous, dit-elle avec un calme qu’elle ne ressentait pas. A peine avez-vous fermé la porte que des dizaines d’inconnus débarquent pour observer chacune de vos pièces, chacun de vos objets personnels, sans prêter attention à vos protestations. Comment vous sentiriez-vous ? Nutterville ne répondit pas. Vu sous cet angle, Ella avait raison. Mais les vivants ne voyaient pas les fantômes. Ils étaient incapables d’entendre Henry Ravenswood. Pourtant… Ella et Nutterville eurent la même idée au même moment. Ils échangèrent un regard éberlué. — Si les visiteurs ne voyaient pas les fantômes du manoir, ils ne reviendraient pas, souffla la jeune femme. Comment est-ce possible ? Comment un non-médium pourrait-il voir les morts et leur parler ? Elle saisit sa plume et se mit à écrire. — Fascinant, marmonna-t-elle. Tout simplement fascinant. Nutterville se leva, prêt à quitter la pièce, mais Paul apparut sur le seuil, lui bloquant le passage. Ella suspendit sa plume au-dessus du papier et lui jeta un regard interrogateur. Le maire était pâle et tremblait de tous ses membres. — Du thé ? proposa la jeune femme. — Non merci, répondit Paul. Milady, j’ai un énorme problème. Les portes du manoir sont fermées ! Ella décida de faire comme si elle ne savait rien à propos des visites. Elle se remit à écrire. — Ne sont-elles pas censées l’être ? fit-elle. Paul se tordit les mains, terriblement gêné. — C’est que… hésita-t-il. J’ai sans doute oublié un détail à Londres… — Sans doute, en effet, approuva Ella. Depuis combien de temps organisez-vous ces visites ? — Deux ans, à peine. Une fois par mois… Très courtes… C’est devenu notre seule source de revenu. Je vous en prie, milady, si les portes restent fermées demain soir… Ne pourriez-vous pas… Ella lui jeta un bref regard. — Oui ? — Ne pourriez-vous pas lui faire entendre raison ? gémit Paul. — Faire entendre raison à qui ? — A Henry Ravenswood, pardi ! Il a essayé de m’attaquer encore une fois ! Je l’ai entendu, milady, il m’a parlé par la pensée ! Ella bondit sur ses pieds, renversant sa chaise, les yeux écarquillés. Nutterville sursauta, surpris par cette réaction si brusque. — Il a quoi ? s’écria la jeune femme. — Il m’a parlé, répéta Paul. Par la pensée. J’ai entendu sa voix dans ma tête. — Qu’a-t-il dit ? — Qu’il n’ouvrirait pas les portes avant de vous avoir parlé. Je vous en prie, milady, faites quelque chose ! Ella se précipita aussitôt vers sa valise et en sortit l’une des robes que Tobias avait achetées avant le départ. Elle flanqua les deux hommes à la porte et s’habilla à la hâte. Elle attrapa son manteau et sortit en courant, habillée et coiffée comme la lady anglaise qu’elle était supposée être. Paul et Nutterville la suivirent jusqu’au manoir. Les grilles étaient fermées et rien ne bougeait de l’autre côté. Ella s’arrêta et reprit son souffle, puis releva la tête. Là où les deux Américains ne voyaient que de la végétation sauvage et des murs délabrés, elle voyait l’ombre vêtue de mauve qu’elle avait aperçue à la fenêtre. Henry Ravenswood se fondait parfaitement dans l’obscurité, si bien qu’Ella ne parvenait même pas à distinguer son regard, qu’elle sentait pourtant posé sur elle. Elle comprit immédiatement ce qu’il voulait, comme s’il lui avait communiqué cette idée sans lui parler. — Je serai là, dit-elle seulement. Le fantôme inclina la tête, puis disparut. Ella se retourna et observa Paul et Nutterville avec intensité. — Monsieur Nutterville, je crains de ne pas pouvoir accéder à votre requête, dit-elle. En revanche, monsieur Cavendish, votre problème de portes est réglé. — Mais vous, milady ? s’enquit Paul. Vous lui avez dit que vous seriez là… Où devez-vous aller, exactement ? Ella eut un petit sourire satisfait et se retourna vers le manoir. Elle eut juste le temps de voir Mélanie Ravenswood passer devant la fenêtre centrale. — Henry Ravenswood m’a conviée au bal des morts.
Dernière édition par LadyMoonlight le Jeu 28 Mai - 11:16, édité 1 fois |
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| | | | LadyMoonlight
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| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Jeu 28 Mai - 20:17 | |
| Et voilà la suite ! ----------------------------------------------------------------- - 4 - Le manoir Ravenswood Un épais brouillard entourait le manoir. Ella passa les grilles avec un brin d’appréhension. Après une courte ascension, elle arriva enfin devant les larges portes. Les deux battants étaient ouverts et un petit groupe de curieux babillait déjà à l’intérieur, entouré d’une lumière tamisée. En d’autres circonstances, Ella aurait accepté d’entrer sans hésiter. Mais cette semi-obscurité, associée au brouillard surnaturel au dehors et à l’inquiétant portier qui observait les visiteurs d’un air lugubre la faisaient douter. Soudain, le portier tourna la tête vers elle. Il était maigre et blême, et ses yeux étaient soulignés de cernes violacés. — Vous désirez ? dit-il poliment. Vous venez pour la visite, sans doute ? — C’est cela, répondit Ella. Puis-je entrer ? — Je vous en prie. La jeune femme pénétra dans le manoir avec méfiance. Le portier la suivit du regard… puis entra à sa suite et ferma les portes. Le bruit fit sursauter les visiteurs, qui se turent instantanément. Il y eut un long silence durant lequel Ella contempla le miroir ovale accroché dans un coin de la pièce. Le visage d’une jeune fille y apparut soudain. L’Anglaise étouffa un petit cri, s’attirant les regards surpris des visiteurs et celui, plus pesant, du domestique. Une seconde plus tard, le visage disparut. Il y eut de nouveau quelques secondes de silence, puis le portier s’essaya à sourire : — Bienvenue au manoir Ravenswood, lança-t-il. Nous espérons que vous passerez une agréable soirée parmi nous. Monsieur Ravenswood va vous recevoir dans un instant. Il s’inclina et disparut derrière une petite porte sous le miroir. Ella triturait les pans de son manteau, mal à l’aise. Elle n’aimait pas cette atmosphère oppressante. Le temps était comme suspendu. Ils attendirent un peu, puis une voix masculine s’éleva, semblant venir de partout à la fois : — Vous… Vous qui avez osé troubler la sérénité de ces lieux. Aurez-vous le courage de poursuivre la visite de cette maison ? Allez, ne vous faites pas prier… Entrez ! Qu’attendez-vous donc ? Tandis qu’il prononçait ces mots, un pan de mur coulissa, dévoilant une vaste salle octogonale. Le groupe hésita à s’y engouffrer. — N’ayez pas peur, au point où vous en êtes, reprit la voix. Montrez-vous en pleine lumière, que je vous voie un peu… La luminosité de la pièce augmenta légèrement et l’homme ricana, faisant frissonner Ella. — Vous n’avez rien à craindre, chers amis, dit-il. Allez, entrez. J’ai tellement de choses à vous faire découvrir. Comme poussées par une force surnaturelle, quelques personnes s’avancèrent dans la pièce octogonale, aussitôt suivies par le reste du groupe. Le mur coulissa de nouveau derrière Ella. La jeune femme écarquilla les yeux en constatant qu’ils n’avaient aucun moyen de sortir. Résignée, elle leva les yeux pour observer les quatre tableaux accrochés au-dessus de leurs têtes. Ils représentaient tous la même jeune fille, dans des situations différentes : traversant à gué un petit ruisseau, descendant une rivière en barque, cueillant des roses ou pique-niquant avec son fiancé dans les jardins du manoir. Ella reconnut le visage qui était apparu dans le miroir, après son arrivée. Soudain, la voix s’éleva de nouveau, la faisant sursauter : — Notre visite commence ici, dans cette galerie, où vous pouvez admirer la douceur et l’innocence de la jeunesse. Hélas ! les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent. Les murs de cette pièce, par exemple… Ne s’allongeraient-ils pas, par hasard ? Ella sentit son cœur s’affoler dans sa poitrine en constatant qu’il disait vrai : les murs s’étiraient et entraînaient les peintures dans leur déformation. La jeune fille était maintenant menacée par une créature monstrueuse, sa barque se dirigeait droit vers une chute d’eau vertigineuse, une tombe près du parterre de roses libérait un cadavre visiblement hostile et le pique-nique des deux amoureux était envahi par la vermine. — Et comme vous pouvez le constater, reprit la voix, impitoyable, il n’y a ni porte, ni fenêtre. Quel angoissant problème à résoudre… Par où sortir ? Il laissa échapper un rire aux accents triomphants. — J’ai bien peur que vous ne soyez contraints de me suivre ! Les lumières s’éteignirent soudain et des éclairs zébrèrent le ciel. Ella resta bouche bée devant ce spectacle. Là où se trouvait une seconde plus tôt un plafond bien réel, elle voyait à présent un vaste grenier. Elle vit avec horreur un corps se balancer au bout d’une corde. Tournant légèrement la tête, elle aperçut un squelette vêtu de mauve tenir la corde, riant aux éclats. Le groupe poussa des hurlements de terreur, se rendant sans doute compte de l’erreur qu’ils avaient commise en montant jusqu’au manoir. L’obscurité envahit soudain la salle, puis le mur opposé à celui qui leur avait permis d’entrer coulissa. Les visiteurs se ruèrent vers cette sortie, paniqués. Seule Ella garda son allure prudente et méfiante. Sans doute d’autres horreurs les attendaient-elles dans la maison. — Oh, pardon ! lança la voix avec une pointe d’amusement. Je ne voulais pas vous effrayer. Continuons la visite ! Il y a encore beaucoup de choses à découvrir. Alors, gardez votre sang-froid et restez groupés. Je serais navré de vous perdre si tôt... Ils passèrent dans une galerie de tableaux tous plus étranges les uns que les autres. Alors qu’Ella observait le portrait d’une adolescente au regard glacial, elle entendit des cris derrière elle. Elle jeta un regard courroucé au reste du groupe, puis retourna à son tableau. Elle bondit en arrière, retenant un hurlement. L’adolescente s’était changée en une terrifiante Gorgone couronnée de serpents. — En passant devant ces inestimables œuvres d’art, continua la voix, peut-être ressentez-vous comme une impression bizarre ? N’ayez pas peur ! Ce n’est qu’une illusion d’optique. La vraie beauté de cette maison nous attend plus loin. Ella se tourna instinctivement vers le bout du couloir. Un immense portrait en pied de Mélanie Ravenswood en robe de mariée était accroché au mur. Elle était debout derrière une chaise vide et serrait un bouquet contre sa poitrine. Ella fronça les sourcils. Où diable était le fiancé ? Elle jeta un regard par-dessus son épaule. Le groupe était resté dans la galerie de tableaux, ne lui prêtant aucune attention, comme s’ils l’avaient oubliée. La jeune femme inspira profondément, puis quitta le couloir. Elle se retrouva alors dans une vaste pièce au fond de laquelle se déployait un escalier à double volée semblable à celui qu’on pouvait admirer chez elle, au manoir Chelsea. Elle aperçut un sofa de velours rouge dans un coin. Un album photos était ouvert dessus. Ella en feuilleta distraitement les pages. Des photos de jeunes mariés, pour la plupart, comme une horrible plaisanterie à l’adresse de Mélanie. La jeune femme se détourna et sursauta. Un buste au visage renfrogné l’observait depuis une niche creusée dans le mur. La jeune femme se déplaça et le visage de marbre la suivit du regard. Ella frissonna. Tout cela — le buste, les tableaux, le plafond — l’amenait à penser que Henry Ravenswood ne lui voulait peut-être pas que du bien. La voix du maître des lieux lui revint en mémoire : N’ayez pas peur, au point où vous en êtes… Résignée, Ella se redressa, adoptant la posture altière des aristocrates, et gravit l’escalier vers les étages, s’enfonçant dans les mystères du manoir Ravenswood. |
| | | LadyMoonlight
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| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Sam 30 Mai - 17:53 | |
| La suite ! C'est une impression ou ces chapitres se font de plus en plus courts ? --------------------------------------------------------------------------------- - 5 - Henry Ravenswood Le premier étage du manoir était sombre, beaucoup plus sombre que les pièces qu’Ella venait de traverser. La première chose que la jeune femme entendit fut un chant mélancolique, entonné timidement par une voix féminine. Suivant ce son si envoûtant, Ella finit par se retrouver devant un couloir perpendiculaire à celui qu’elle remontait. Un candélabre flottait dans les airs, porté par une main invisible. Ella s’approcha, intriguée. Le chant s’amplifiait à mesure qu’elle avançait. La jeune femme crut distinguer la silhouette de Mélanie Ravenswood tenant le candélabre, mais elle disparut aussitôt. Ella s’arrêta soudain et se retourna. Le bout du couloir semblait affreusement lointain… et l’autre côté également, comme si elle n’avait pas avancé d’un pouce. Le cœur battant, elle fit demi-tour, les yeux fixés sur ses pieds pour être sûre d’avancer. Lorsqu’elle releva la tête, elle pila net, les yeux écarquillés. Le bout du couloir était toujours aussi lointain, et pourtant elle était persuadée de n’avoir pas fait de surplace… Elle jeta un regard par-dessus son épaule. Le candélabre avait disparu. Elle se retourna de nouveau et sursauta. Elle se trouvait à présent à l’endroit même où elle souhaitait arriver, soit au bout du couloir. Elle en sortit à la hâte, n’ayant aucune envie de s’épuiser si tôt, et continua sa route. Elle ne tarda pas à tourner dans un nouveau couloir bordé de portes. Ella s’approcha de l’une d’elles et bondit en arrière : elle venait d’apercevoir deux mains squelettiques au-dessus du battant, comme si la créature piégée de l’autre côté avait espéré pouvoir enfoncer la porte. Quelques mètres plus loin, le battant gonflait, comme s’il résistait du mieux possible à la pression que l’on exerçait de l’autre côté. Ella recula, tremblante. Mélanie Ravenswood avait évoqué les invités dans son journal. Les invités avaient été enfermés dans leurs chambres…La jeune femme crut qu’elle allait tourner de l’œil. En comparaison, l’homme pendu dans le grenier n’était qu’un amuse-gueule, un avant-goût des horreurs qui peuplaient le manoir. Ella se détourna et pressa le pas, écœurée. Elle s’arrêta de nouveau devant un petit salon de musique. Un piano trônait au milieu de la pièce, chargé de plantes et de cadres. Près de l’instrument s’était posé le corbeau qu’Ella avait déjà croisé au cimetière, la veille. Le piano reprenait la mélodie chantée par Mélanie… sans que le pianiste soit visible. Baissant les yeux, Ella aperçut son ombre sur le sol. Le corbeau émit un léger croassement et s’agita, comme pour lui intimer de partir. La jeune femme obéit sans hésiter. Sa route la conduisit devant une pendule pour le moins étrange. Avec une surprise mêlée d’effarement, Ella constata que le cadran comportait treize heures au lieu de douze, et que les aiguilles, comme devenues folles, tournaient à toute vitesse dans le sens inverse du temps. Seigneur, songea la jeune femme. C’est la première fois que je regrette de ne pas être restée à Londres !Elle n’eut pas le temps de penser à autre chose : une voix s’élevait non loin, avec un accent indéfinissable. Plissant les yeux pour distinguer quelque chose dans l’obscurité, Ella découvrit un épais rideaux qui masquait une ouverture dans le mur. La jeune fille écarta la tenture, non sans remarquer les yeux luisants apparus dans les motifs de la tapisserie autour de la pendule qui l’observaient sans ciller, menaçants. La pièce suivante était une vaste salle circulaire, au milieu de laquelle trônait une table ronde recouverte d’une nappe de tissu défraîchie. Une boule de cristal était posée dessus, faisant face à deux fauteuils confortables. Une armoire de bois noble se dressait dans un coin et d’inquiétante statues encadraient les croisés cachées par des rideaux noirs. La voix s’était tue. — Il y a quelqu’un ? s’enquit Ella. Sa voix résonna dans le silence nouvellement installé. Elle n’obtint aucune réponse. Ne voyant aucun chemin par lequel elle aurait pu continuer sa route, la jeune femme se retourna pour rebrousser chemin. Elle fit aussitôt un bond en arrière, retenant un cri. Un homme de haute taille, élégamment vêtu et le visage plongé dans l’ombre, venait d’apparaître face à elle. Elle mit quelques secondes à le reconnaître, épouvantée. Il lui tendit la main avec sollicitude, et la fit asseoir dans l’un des deux fauteuils derrière la table. — Pardonnez-moi, dit-il. Je ne voulais pas vous effrayer. Il y a suffisamment d’horreurs ici pour s’en charger. La jeune femme ne releva pas. Elle tentait vainement de distinguer son visage sous son haut-de-forme… Ils restèrent immobile un moment, puis le fantôme s’écarta pour s’asseoir dans le deuxième fauteuil. — Laissez-moi me présenter dans les règles, dit-il. Henry Ravenswood, propriétaire de cette maison. — Lady Ariella Chelsea, répondit Ella. — Très honoré. Il se renversa contre le dossier de sa chaise et joignit les mains devant lui, pensif. — J’ai vaguement entendu parler de vous, fit-il. Une femme redoutable, m’a-t-on dit, qui a pour habitude d’aider les morts dans leurs enquêtes pour retrouver ceux qui leur ont fait du tort. Ella tressaillit. Elle ignorait qui lui avait parlé de ses capacités, mais elle commençait à croire que Paul n’était pas le seul à avoir besoin de ses services. — Quelqu’un vous aurait-il fait du tort ? s’enquit-elle. — En effet, répondit Henry. J’ai beaucoup d’ennemis… Mais je ne peux pas leur faire face seul, vous comprenez ? C’est pourquoi j’aurais besoin de votre aide. La jeune femme retint un soupir. Elle s’en était douté. Elle réfléchit un instant. Si elle refusait, son enquête en serait compromise. Mais si elle acceptait, qui savait ce qui l’attendait plus avant dans le manoir ? Car, pour retrouver les ennemis de Ravenswood, il lui faudrait à coup sûr parcourir la maison, sans lui pour la défendre. En elle-même, Ella eut un ricanement moqueur. Elle songeait déjà à faire de lui son protecteur à Thunder Mesa. Elle n’aurait pas pu l’éviter. C’était le même manège à chaque nouveau voyage… — Que voulez-vous, exactement ? interrogea-t-elle. — Que vous retrouviez mon assassin, répondit Henry. Encore ! songea Ella. C’est le troisième ce mois-ci !— Ou plutôt, se reprit Ravenswood, mes assassins. J’ai le sentiment que celui qui m’a tué n’a pas pu agir seul. C’était trop gros, trop bien mis en scène… Milady, promettez-moi que vous m’aiderez. La jeune femme hésita. Elle craignait qu’il ne l’attire dans un piège. Elle finit par se convaincre qu’elle pourrait toujours sauter dans un train au premier dérapage et fuir avec Tobias. Elle hocha la tête. — Très bien, dit-elle. Je vous aiderai. Même sans voir son visage, elle perçut le soulagement de Ravenswood. Soudain, la boule de cristal posée sur la table s’illumina et le visage d’une femme apparut à l’intérieur. Henry bondit presque de son siège et se pencha vers elle, oubliant complètement Ella. — Qu’y a-t-il ? voulut-il savoir. Un problème ? — Tu sauras bien vite quel est le problème, répliqua la femme. Ella sursauta. Elle reconnaissait la voix qui l’avait attirée dans la pièce un peu plus tôt. Henry se pencha un peu plus en avant, et la jeune femme perçut sa soudaine anxiété. — Parle, ordonna-t-il. De quoi s’agit-il ? — Il s’agit de nos visiteurs, répondit l’inconnue. Il en manque un. — Évidemment, fit Ravenswood, sans comprendre. Puisque Lady Chelsea est ici avec nous. — Non, non, tu m’as mal comprise. Je voulais dire que le compte était bon, mais que maintenant qu’elle est là, il n’en manque plus qu’ une. Henry se pétrifia. Il se tourna brièvement vers Ella, puis reporta son attention vers la boule de cristal. La jeune femme resserra les doigts sur les accoudoirs de son fauteuil, mal à l’aise. Elle avait sans doute commis une erreur en s’éloignant du groupe. Certes, Ravenswood avait pu lui demander son aide en toute tranquillité, mais quelles étaient les conséquences ? — Une seule ? souffla le fantôme. Mais… Que devrais-je faire dans ce cas ? Je pensais... — C’est ton choix, l’interrompit l’inconnue. Je n’ai pas à intervenir dans tes décisions, c’est l’une des conditions que tu as posée pour que je reste ici. Henry resta silencieux un moment, puis se leva et tendit la main à Ella. — Venez avec moi, milady, dit-il. Il vaut mieux que vous partiez avant qu’il ne vous arrive quelque chose que nous pourrions regretter tous les deux. |
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| | | | LadyMoonlight
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| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Dim 31 Mai - 17:23 | |
| Pour moi, c'est un homme du monde, donc il sait se contrôler ^^ J'ai une drôle de manière de voir le caractère des personnages. Je crois que je n'aime pas ce chapitre. Sauf la fin. ----------------------------------------------------------------------------------- - 6 - La malédiction de l’Oiseau Tonnerre Paul dormait profondément, affalé dans un fauteuil près du feu. Tobias, lui, ne pouvait trouver le sommeil. Ella avait catégoriquement refusé qu’il l’accompagne, comme toujours, mais cette fois c’était différent. Le majordome n’avait pas confiance en Paul, ni en Nutterville. Ces deux hommes de classes sociales différentes avaient trop d’affinités pour que cela soit naturel. Tobias laissa échapper un léger rire. En un sens, son inquiétude à propos des classes sociales de Thunder Mesa était une idée des plus comiques. N’était-il pas un simple domestique fiancé à une femme du monde ? Il songea un instant à préparer du thé, tant pour lutter contre le sommeil que pour pouvoir accueillir Ella comme il avait l’habitude de le faire. Il se demandait où il pourrait trouver le service à thé de Cavendish lorsque la porte d’entrée s’ouvrit, émettant un grincement inquiétant. Le maire se réveilla aussitôt, aux aguets. Il resta immobile un instant, puis bondit sur ses pieds et vint verrouiller la porte de la pièce. — Je le savais, marmonna-t-il. Je savais qu’il finirait pas sortir pour venir me chercher. Il me l’avait juré, et le bougre tient toujours ses promesses. Il ne supporte pas les gens qui ne font pas de même… Il referma prestement les volets et se saisit d’un pistolet posé sur une étagère. Tobias suivait son manège avec inquiétude. De quoi avait-il peur exactement ? L’un des fantômes du manoir le menaçait-il ? Le majordome réfléchit un instant. Ella lui avait appris à déduire ce genre d’information du comportement de ses interlocuteurs. Il fallait simplement que Paul continue à se parler à lui-même. — Je ne sais pas si cela sera très utile contre un mort, continuait Cavendish, mais cela pourra toujours le ralentir en attendant que je quitte cette ville. Peut importe ce qu’en pensera Nutterville, je ne resterai pas ici à attendre qu’il vienne me tuer. C’est un prix trop lourd à payer pour une si petite erreur ! Tobias fronça les sourcils. Il avait donc vu juste, un fantôme le menaçait. Le maire avait donc commis une erreur qui avait causé du tort à l’un des habitants du manoir ? Des pas se firent entendre non loin, et Paul recula vers le fond de la pièce. Tobias se tendit alors que les pas se rapprochaient… La poignée s’actionna soudain, les faisant sursauter tous les deux. Il y eut un moment de flottement, puis la personne de l’autre côté du battant poussa un profond soupir. — Monsieur Cavendish, lança Ella. Avez-vous vraiment besoin de vous barricader ainsi ? Je suis seule, si c’est ce qui vous inquiète, et je suis épuisée. J’aimerais retrouver mon fiancé. Le maire tressaillit, stupéfait, puis se précipita vers la porte et la déverrouilla. — Pardonnez-moi, dit-il en s’écartant pour laisser passer la jeune femme. Je pensais... Que vous étiez quelqu'un d'autre. Si je puis me permettre, vous avez une mine affreuse… Ella lui jeta un regard noir. — On peut dire que vous savez parler aux femmes, monsieur, lâcha-t-elle. Elle se retourna vers Tobias. Le majordome tressaillit. En effet, elle avait le teint grisâtre et des cernes sombres soulignaient ses yeux. Baissant les yeux, le jeune homme remarqua que ses mains tremblaient violemment. Il se leva et l’attira contre lui. — Rentrons à l’hôtel, dit-il. Tu me raconteras tout cela là-bas. La jeune femme acquiesça. Tobias récupéra son manteau et son chapeau, salua Paul et tous deux sortirent dans la grand-rue. Le majordome ne put s’empêcher de remarquer qu’Ella s’appuyait contre lui, cherchant sa chaleur, chose qu’elle ne faisait que rarement. Le hall de l’hôtel était plongé dans une obscurité percée seulement par la lueur vacillante de quelques bougies. Ella s’arrêta sur le seuil l’espace d’une demi-seconde, s’attirant le regard inquiet de Tobias. Personne n’était visible à la réception. Le majordome chercha de quoi appeler un employé, mais le comptoir recouvert de poussière ne présentait aucune sonnette. — Inutile, lança une voix derrière eux. Plus personne ne gère cet hôtel depuis des années. Les deux Anglais se retournèrent. Nutterville se tenait derrière eux, appuyé contre le montant de la porte. — Prenez une clef et montez, dit-il. Vous pourriez avoir de la visite, mais n’y prêtez pas attention. — Je pensais que monsieur Cavendish nous avait réservé une chambre ? protesta Tobias. — Comprenez bien, monsieur, qu’il ne pouvait se permettre de vous parler de l’abandon de l’hôtel. Vous ne seriez pas restés. Le visage d’Ella se crispa et elle parut vouloir dire quelque chose, mais elle ferma les yeux et se laissa aller contre Tobias, épuisée. Elle n’avait qu’une envie : trouver un lit pour y dormir. — Nous lui parlerons demain, souffla-t-elle. Allons nous coucher, je t’en prie. Le majordome lui jeta un regard soucieux. Il ne l’avait jamais vue aussi brisée de fatigue. Que lui était-il donc arrivé au manoir ? Il contourna le comptoir pour décrocher l’une des clefs et reprit la main d’Ella pour l’entraîner dans l’escalier. Nutterville les regarda disparaître dans l’obscurité, puis ressortit de l’hôtel d’un pas tranquille. Ella avait commis une erreur en se rendant au manoir. Il avait cru pouvoir l’en empêcher, mais à présent qu’elle avait rencontré Ravenswood, il n’avait plus le choix : il devait se débarrasser d’elle. * Ella s’était effondrée de fatigue dès son entrée dans la chambre. Tobias avait craint un moment qu’elle n’ait été blessée durant sa visite du manoir, mais il avait vite été soulagé : elle allait parfaitement bien, mis à part son épuisement soudain. Le majordome s’était assis près d’elle, ayant constaté que la chambre ne comportait qu’un seul lit, et observait le manoir depuis la fenêtre. Les lumières étaient allumées et il pouvait distinguer des ombres passant devant les rideaux. — Qu’a-t-il bien pu se passer ? souffla-t-il pour lui-même. Son regard dévia vers le haut pic du Big Thunder Mountain. Malédiction indienne ou erreur humaine ? Quelle était la cause de tous les maux de Thunder Mesa ? Soudain, Ella se redressa comme un ressort, les yeux grands ouverts, haletante. Tobias sursauta et bondit vers elle. Elle avait l’air terrifié. — Tout va bien ? s’enquit le majordome. — L’Oiseau Tonnerre, bredouilla la jeune femme. C’est lui… qui a fait sauter la mine. Il l’avait prévenu… Il lui avait dit de ne pas approcher… Mais il n’a pas écouté. — Qui ? — Ravenswood, évidemment. L’Oiseau serait donc son assassin ? Ella secoua la tête. Sa fatigue s’était envolée. Elle réfléchissait à plein régime. C’était trop bien mis en scène, avait dit Ravenswood. C’était donc un être humain qui l’avait attiré à la mine. Elle se retourna vers Tobias, les yeux brillants. — Quelqu’un a profité de la malédiction pour tuer Henry Ravenswood, dit-elle. Quelqu’un qui savait qu’il ne pourrait pas résister à l’attrait d’une nouvelle découverte. |
| | | Ced-PFE
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| | | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Mar 2 Juin - 19:30 | |
| Hop, la suite ! Vous n'avez pas idée de la difficulté à décrire les émotions de quelqu'un qui n'a pas de visage --------------------------------------------------------------------------------------------------------- - 7 - La colère de Ravenswood Henry faisait nerveusement les cent pas devant le splendide escalier à double volée qui se déployait dans son salon de réception. Il espérait qu’Ella reviendrait. Oh, bien sûr, les autres résidents trouveraient cela étrange. Ils n’avaient pas pour habitude de recevoir des vivants en dehors des visites. Un domestique tiré à quatre épingles passa devant lui et Ravenswood le retint. — Monsieur désire ? s’inquiéta l’homme. — Pourrais-tu surveiller la porte, je te prie, Jasper ? répondit Henry. Je crois que nous allons avoir de la visite. J’aimerais que tout soit prêt. Si le domestique était surpris, il n’en laissa rien paraître. Il s’inclina et disparut dans la galerie de portraits. Henry le suivit du regard, pensif. Jasper Jones avait toujours été un excellent majordome. Un croassement sonore le fit se retourner. Le corbeau était perché sur le dossier d’un fauteuil et l’observait d’un regard menaçant. — Je vous prierais de ne pas intervenir, fit froidement Ravenswood. Le corbeau croassa de nouveau. Le fantôme poussa un profond soupir. — Vous savez que je ne comprends pas un mot de ce que vous dites, fit-il. Il sursauta en entendant la porte s’ouvrir et Jasper saluer quelqu’un. Il resta pétrifié un instant, puis réajusta son éternel haut-de-forme pour se donner une contenance. Le majordome ne tarda pas à apparaître à l’autre bout de la pièce, accompagné d’Ella. La jeune femme haussa légèrement les sourcils en apercevant Henry. — Vous m’attendiez donc, dit-elle simplement. — Vous attendre ? répéta Henry avec un petit rire. Milady, vous apprendrez que j’attends toujours qu’un vivant s’aventure par ici. L’Anglaise ne répondit pas mais le fantôme vit distinctement une lueur d’amusement s’allumer dans ses yeux. Elle n’était pas dupe. Elle savait qu’il était impatient de commencer l’enquête. Jasper se retira et Ravenswood fit asseoir Ella dans l’un des nombreux fauteuils qui meublaient la pièce. La jeune femme l’observa à la dérobée. Il ressemblait toujours à une ombre sans visage, mais lorsqu’il bougeait, elle pouvait distinguer les traits vagues d’un crâne. Ce n’étaient là que des visions fugaces, mais elles ne le rendaient que plus intimidant. — Figurez-vous que j’ai déjà trouvé des éléments quant à votre problème, déclara Ella. Ravenswood sursauta. — Si tôt ? s’exclama-t-il. Mais je ne vous ai encore donné aucune indication sur ma mort ! — Oh, inutile, répondit la jeune femme en agitant la main. On a pris soin de me raconter votre histoire. La mine, le tremblement de terre, la malédiction, je sais tout ça. Ce que j’aimerais savoir en revanche, c’est si vous connaissez quelqu’un susceptible de vous en vouloir au point de vous assassiner ? — J’ai beaucoup d’ennemis, je vous l’ai dit. Certains d’entre eux auraient effectivement pu commettre ce crime… — Vous m’avez mal comprise, l’interrompit Ella. Je voulais parler de quelqu’un qui vous connaissait bien. Qui aurait eu accès, par exemple, à des documents confidentiels, ou alors qui vous aurait entendu émettre l’hypothèse d’une découverte plus importante que celle de l’or que vous aviez déjà trouvé… — Seriez-vous en train de dire, milady, fit Ravenswood d’un ton faussement aimable, que j’aurais été assez imprudent pour parler de tout cela en public et laisser mes papiers à la portée du premier venu ? Ella soupira. Non content d’être possessif, Henry Ravenswood était également susceptible. La tâche serait plus ardue qu’elle ne l’avait pensé. — Monsieur, dit-elle. Je ne pourrai pas vous aider si vous refusez de me répondre. — C’est que vos questions sont loin d’être claires, répondit Henry, un sourire désobligeant dans la voix. — Dans ce cas, je tâcherai de me montrer moins énigmatique, répondit Ella avec irritation. L’un des habitants du manoir a-t-il pu vous assassiner, monsieur Ravenswood ? Le fantôme resta pétrifié un moment. Ella sentit le danger avant même qu’il ne reprenne la parole. Elle avait fait un faux pas, elle le savait. Il ne permettrait pas qu’elle accuse les résidents du manoir. — Ma famille, miss, gronda-t-il, n’a rien à voir avec cette affaire. La jeune femme remarqua que le respectueux milady avait disparu. Si elle avait été à Londres, ce méprisant miss aurait été vu comme la pire des insultes. Mais elle n’était pas à Londres et, pis que tout, elle se trouvait dans la demeure du fondateur de la ville. Elle n’avait aucun droit. — Je n’accuse pas nécessairement votre famille, dit-elle. Les domestiques… — Jasper vous a-t-il paru dangereux lorsqu’il vous a ouvert ? — J’ai appris à me méfier des apparences. — Dans ce cas, interrogez-les un par un, je vous en prie ! Vous ne trouverez rien de ce côté. — Dans ce cas, il s’agit forcément… — Personne dans ma maison n’est responsable de ce qui m’est arrivé ! Ella se crispa, furieuse. — Bien, dit-elle. Je serais ravie d’interroger vos domestiques. Peut-être qu’eux seront plus au fait de ce qui se passe dans votre propre demeure ? Henry serra les mains autour de sa canne. Derrière lui, le corbeau croassa abominablement fort. Ella lui jeta un regard interrogateur et tendit le bras vers lui. Aussitôt, l’oiseau vint s’y poser, comme s’il l’avait toujours fait. — Qui est-ce ? interrogea la jeune femme. L’un de vos ennemis ? — C’est un oiseau, rien de plus, répondit Ravenswood entre ses dents serrées. — Je vous en prie, n’essayez pas de me mentir. Je sais reconnaître une âme quand j’en vois une. Qui est-ce ? — Je ne répondrai pas à cette question. Ella se leva, résignée. Cette première entrevue n’aurait mené à rien. Elle ne détestait rien plus que les clients bornés. Le corbeau s’envola de son bras pour se poser sur le dossier de sa chaise. Ravenswood inclina la tête, interrogateur. — Je reviendrai dès que j’aurai trouvé d’autres informations, fit Ella. Faites-moi savoir quand vous aurez décidé de m’aider dans mon enquête. Autrement, inutile de m’attendre. Elle fit volte-face et, avant que Henry ait pu l’en empêcher, disparut dans la galerie de portraits. Le fantôme resta assis quelques secondes, puis bondit sur ses pieds avec un cri de rage. Le corbeau voulut s’envoler, mais il l’attrapa par une aile et le projeta contre une table avec violence. Un cri de douleur résonna dans la pièce tandis qu’un homme maigre, entièrement vêtu de noir, heurtait le mur là où aurait dû se trouver le corbeau. — Je vous avais demandé de ne pas intervenir ! s’écria Henry. — Vous l’auriez frappée si je ne l’avais pas fait, répondit l’homme. Vous savez, elle n’a peut-être pas tort. Qui sait si les Jones n’en avaient pas assez de vous servir ? Surtout après la mésaventure d’Anna… Un violent coup de canne le fit taire. Ravenswood saisit l’homme par le col, le visage à seulement quelques centimètres du sien. Il vit avec une certaine satisfaction les yeux de son adversaire s’animer d’une certaine crainte, ne pouvant saisir aucun trait dans la masse noire qui constituait son corps. — As-tu entendu ce que j’ai dit ? souffla-t-il. Personne dans ma maison n’est responsable. C’est la faute de quelqu’un d’autre. — Si vous voulez mon avis… — Je ne veux pas de ton avis. Tu es un oiseau, et les oiseaux ne parlent pas. Lorsque le fantôme se redressa, l’homme avait retrouvé l’apparence d’un corbeau. Ravenswood s’éloigna à grands pas, sa canne martelant le sol à une cadence presque militaire. Il n’avait qu’un regret : avoir laissé partir Ella. |
| | | Invité Invité
| | | | LadyMoonlight
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| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Lun 8 Juin - 18:50 | |
| Tu auras la réponse à ta question dans ce chapitre ! ^^ Désolée d'avoir mis autant de temps à poster, je suis en train de recopier mon manuscrit avant de l'envoyer aux éditeurs et ça prend pas mal de temps... En tout cas voilà la suite ! --------------------------------------------------------------------------------- - 8 - Sous les plumes du corbeau Ella se pencha au-dessus de la grille qui entourait les tombes de Jasper et Anna Jones, se demandant pourquoi les deux domestiques avaient été séparés du reste des défunts de Thunder Mesa. Elle aurait pu penser à une différence de rang, mais tout dans le cimetière lui disait que ce n’était pas la raison de cet isolement. Les bandits avaient beau être éloignés des Ravenswood, ils n’avaient pas été enfermés ainsi. Soudain, un croassement la fit se retourner. Le corbeau s’était perché sur le muret en face d’elle, au-dessus des tombes du couple fondateur. — Il vous a laissé sortir ? s’étonna Ella. J’aurais cru qu’il vous tiendrait enfermé. A moins qu’il ne vous ait envoyé me convaincre de revenir ? L’air se troubla autour de l’oiseau et un homme apparut à la place, nonchalamment assis sur le muret. — Oh, si j’étais vous, je ne compterais pas trop là-dessus, répondit-il. Henry Ravenswood est beaucoup de choses, mais il n’est certainement pas quelqu’un qui culpabilise facilement. Il ne fera pas le premier pas. Ella haussa légèrement les sourcils. — Je passerai sur le fait que vous auriez pu répondre à ma question dès la première fois où nous nous sommes rencontrés, dit-elle. Qui êtes-vous ? — J’ai préféré ménager les nerfs de ce pauvre monsieur Cavendish, répondit tranquillement l’inconnu. Je m’appelle Jake, milady, Jake Evans. — Donc vous n’êtes pas un Ravenswood ? — Certainement pas ! La surprise d’Ella monta encore d’un cran lorsqu’elle entendit la haine et le dégoût transpirer dans la voix de l’homme. — Où êtes-vous enterré ? s’enquit-elle. L’inconnu grimaça. — Je n’ai pas été enterré, répondit-il. Ravenswood ne m’estime pas assez pour cela… Il descendit de son muret pour venir tourner autour de la tombe dressée pour Mélanie. Les coups qu’Ella et Paul avaient entendus la veille s’étaient tus mais la jeune femme sentait toujours la présence de quelque chose d’inconnu à l’intérieur. Elle avait croisé beaucoup d’âmes, mais elle savait que d’autres formes de revenants existaient… Et elle n’avait pas envie de croiser la plupart d’entre elles. — Elle non plus n’a pas été enterrée, soupira Jake. Son père a refusé d’enfermer son corps dans une boîte… Comme si ce n’était pas ce qu’il avait fait pendant des années ! Il abattit un poing rageur sur la tombe et Ella s’approcha de lui avec prudence. — Vous êtes le fiancé de Mélanie, n’est-ce pas ? devina-t-elle. — En effet, répondit Jake. Ou plutôt, je l’étais jusqu’à ce que son père ne décide de me suspendre au plafond comme un vulgaire lustre. — Accepte-t-il que vous vous parliez ? s’enquit Ella. — S’il le faisait, croyez-vous que je serais ici avec vous ? Non, milady, non. J’ai justement besoin de votre aide à ce propos… Ella leva la main pour l’interrompre. Un autre fantôme avait besoin d’elle ? Ils avaient donc décidé de la tuer à la tâche ! — J’ai déjà deux enquêtes à mener, monsieur Evans, dit-elle. Pensez-vous que j’aurais le temps et le pouvoir d’en gérer une troisième ? — Je ne vous demande pas d’enquêter, répondit précipitamment Jake. Simplement d’éloigner Ravenswood le temps que je parle à Mélanie… Ella leva les yeux au ciel, exaspérée. Elle en avait assez des revenants qui lui demandaient tout et n’importe quoi simplement parce qu’elle pouvait les voir. Elle secoua la tête et croisa étroitement les bras sur sa poitrine. — Désolée, monsieur Evans, répondit-elle. Mais il semble que je sois faite du même matériau que monsieur Ravenswood : je ne ferai certainement pas le premier pas ! Elle sentit aussitôt le regard de Henry peser sur elle. Il avait peut-être été imprudent d’invoquer ainsi son nom, mais elle avait d’autres problèmes. Elle fit volte-face et quitta le cimetière d’un pas vif, ignorant le cri implorant de Jake derrière elle. Elle en avait vu d’autres. * Tobias sursauta lorsqu’elle entra dans le bureau, les talons de ses bottines martelant le sol avec colère. Il jeta un regard interrogateur à la jeune femme, qui lui répondit en secouant la tête. — Cela n’a rien donné, soupira Tobias. Il n’a pas été violent, au moins ? — S’il l’avait été, je l’aurais renvoyé dans ses limbes sans perdre une seconde, répondit Ella. Mais figure-toi que j’ai fait une rencontre. Y a-t-il quelque chose sur Jake Evans dans les notes de Mélanie ? Tobias feuilleta aussitôt le dossier de l’affaire, ouvert sur la table. — Seulement des allusions, répondit-il. La plupart de ces entrées concernent Henry Ravenswood lui-même. Comment as-tu réussi à rencontrer le fiancé de sa fille sans t’attirer sa colère ? — Eh bien, tout d’abord, je suis partie du manoir sans attendre qu’il me jette dehors. Ensuite, le corbeau m’a rejoint dehors et s’est transformé en homme. Tobias leva un sourcil. Un oiseau qui se transformait en être humain ? Il n’avait jamais entendu parler d’une chose pareille. Il craignit un instant que cette enquête ne bouscule les méthodes de travail habituelles d’Ella. La dernière fois qu’un criminel avait changé les règles du jeu, cela s’était très mal terminé, pour lui comme pour la jeune femme : il avait fini empalé sur un lustre brisé et Ella avait longtemps refusé de reprendre ses enquêtes, en proie à des cauchemars récurrents et terrifiée à la simple idée de se rendre à un bal masqué. — Je crois que Ravenswood et Evans se livrent une guerre sans merci, même au-delà de la mort, fit pensivement Ella. Et Mélanie semble être le centre de cette querelle. — Laisse-moi deviner, répondit Tobias. Evans t’a demandé quelque chose que tu as refusé de faire. — Exactement. Ella poussa un profond soupir. Peut-être avait-elle eu tort de réagir si violemment à la demande de Jake, mais elle n’avait pas eu le choix. Si elle avait accepté, elle se serait attiré les foudres de Ravenswood, ce qui aurait bien entendu nui à son enquête. Son premier objectif était de découvrir qui était l’assassin du fondateur de la ville. Ensuite, elle s'attellerait au sauvetage de Thunder Mesa, à moins qu’elle ne parvienne à atteindre ces deux buts en même temps. Elle se figea soudain. Une idée venait de lui traverser l’esprit. Jake voulait parler à Mélanie… La défunte fiancée savait sans doute quelque chose à propos du meurtre de son père ! Ella jeta un œil au manoir. Il lui fallait trouver un moyen d’aborder Mélanie Ravenswood sans être vue par Henry, et elle savait d’avance que ce ne serait pas une tâche facile. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Lun 8 Juin - 22:14 | |
| Un manuscrit? De cette histoire ou d'une autre? Donc, tu as utilisé le nom de Jake Evans? Celui que j'avais retrouvé sur le Wiki de Disney. ^^ C'est comme ça que je l'appelle aussi. De plus en plus intéressant en tout cas. La suite! La suite! |
| | | ThunderLily
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| | | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Mar 9 Juin - 18:09 | |
| Glywen : Un manuscrit personnel, Darkwood, qui met en scène la première enquête d'Ella et Tobias, évoquée dans ce passage : - Citation :
La dernière fois qu’un criminel avait changé les règles du jeu, cela s’était très mal terminé, pour lui comme pour la jeune femme : il avait fini empalé sur un lustre brisé et Ella avait longtemps refusé de reprendre ses enquêtes, en proie à des cauchemars récurrents et terrifiée à la simple idée de se rendre à un bal masqué. En fait, au départ, cette fanfic était un essai pour le personnage d'Ella (qui s'appelait alors Eleanor) et son histoire. Elle est passée d'acrobate dans un cirque de Coney Island à lady anglaise... Une fois que j'ai été sûre de sa personnalité, j'ai commencé à écrire Darkwood. Pour Jake j'ai aussi trouvé le nom sur le Wiki Disney ^^ C'était trop difficile de le laisser comme perso anonyme. ThunderLily : Merci beaucoup ! ^^ |
| | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Ven 19 Juin - 9:30 | |
| Recopiage du manuscrit terminé, je lance la suite ! --------------------------------------------------------------------------------- - 9 - La mariée morte Ella observait la façade du manoir avec attention, dissimulée dans l’ombre de la boutique de Nutterville. Une bougie se consumait lentement près de la fenêtre centrale, projetant l’ombre de Mélanie Ravenswood contre les rideaux. La défunte fiancée semblait plus tourmentée qu’Ella ne l’avait imaginé : elle faisait nerveusement les cent pas, s’arrêtant parfois pour jeter un regard au dehors avant de repartir. L’Anglaise chercha un instant Jake des yeux, puis poussa un profond soupir, comprenant qu’il devait sûrement se trouver avec Ravenswood. La jeune femme espérait qu’il saurait l’occuper le temps qu’elle parvienne jusqu’à Mélanie. — Dehors tout ce qui pèse, chuchota-t-elle pour elle-même. Et à la grâce de Dieu. Elle s’assura une dernière fois que la voie était libre, puis glissa dans l’ombre jusqu’au cimetière. Elle s’appliqua à raser les murs, se souvenant sans peine de Henry, assis à sa fenêtre, surveillant les tombe d’un œil attentif. Aucune lumière ne brillait de ce côté de la demeure. Pourtant, Ella n’était pas rassurée. Le moindre faux mouvement pouvait lui être fatal. Elle sursauta violemment lorsqu’elle passa près de la tombe érigée pour Mélanie : de nouveau, des coups retentissaient contre les parois. La jeune femme frissonna, semblant entendre de légers gémissements non loin. Elle se glissa vers le mur du manoir, à la recherche de la porte de service. Elle ne tarda pas à la trouver, cachée sous une épaisse couche de lierre. En elle-même, Ella se félicita d’avoir pensé à enfiler ses gants. Elle arracha les branches, s’efforçant de faire le moins de bruit possible, et poussa la porte de bois pourri qui se trouvait dessous. Elle pivota sur ses gonds avec un bruit abominable, et Ella se plaqua contre le mur, persuadée d’avoir été repérée. Après quelques secondes, elle se détendit : pas un son ne venait troubler le silence ambiant. Elle n’hésita qu’un instant avant de pénétrer dans la demeure. A l’intérieur, l’obscurité était telle qu’elle aurait pu la couper au couteau. D’après l’odeur humide et légèrement alcoolisée qui lui parvenait, elle se trouvait dans la cave à vins. Ella fit quelques pas et se baissa aussitôt pour rester hors de vue, le cœur battant. Elle venait d’apercevoir une lueur vacillante à l’autre bout de la cave. La haute silhouette de Henry Ravenswood apparut soudain, accompagnée d’une bougie sur le point de rendre l’âme. Dans cette faible lumière, Ella distinguait son visage pour la première fois, et n’en était pas spécialement satisfaite : il était absolument terrifiant. La chair et les muscles avaient complètement déserté ses os, lui laissant l’apparence d’une tête de mort menaçante. Il se figea en voyant la porte grande ouverte, puis s’approcha pour la refermer. Elle ferma les yeux en sentant sa cape effleurer son visage et se plaqua un peu plus contre le mur. Quelque chose lui disait que son apparence du moment n’était pas anodine : quelque chose était arrivé et le rendait plus dangereux que jamais. Elle étendit lentement la jambe pour s’écarter de la trajectoire du fantôme, le cœur battant si fort qu’elle craignait qu’il ne l’entende. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il lui ferait s’il apprenait qu’elle était entrée par effraction dans son cher manoir, et préférait ne pas le savoir. Henry resta immobile un moment, puis fit volte-face et rebroussa chemin d’un pas vif. Ella attendit qu’il soit hors de vue pour se relever, encore tremblante. Cette fois, elle avait bien cru qu’elle était prise. Ses enquêtes ne l’avaient entraînée à filer ses clients. Elle soupira. Elle détestait avoir à apprendre sur le terrain. De nouveau plongée dans l’obscurité, elle fit quelques pas dans la direction qu’avait empruntée Henry. Quelque chose lui disait que c’était là le seul moyen de quitter les caves. Soudain, un bruissement de tissu la fit s’arrêter. Elle écarquilla les yeux pour tenter d’apercevoir quelque chose, en vain. Il y avait quelqu’un d’autre avec elle dans la pièce… mais elle n’avait aucun moyen de savoir de qui il s’agissait, ni si cette personne avait de bonnes intentions à son égard. Elle tendit la main en arrière pour retrouver le mur contre lequel elle pouvait se cacher et sa main rencontra une masse de mousseline et de soie derrière elle. Elle n’eut pas le temps de crier : elle reçut un coup violent à la tête et s’évanouit. * A son réveil, Ella s’étonna de la brusque lumière qui inondait la pièce. Elle lui semblait si mal venue, après l’obscurité des caves ! Elle sursauta en sentant quelqu’un lui rafraîchir le front avec un linge mouillé. Elle papillota des paupières, le temps que ses yeux s’habituent à la lumière, puis tenta tant bien que mal de se redresser. Une main fine se posa aussitôt sur sa poitrine pour l’inciter à rester couchée. — J’ai frappé un peu plus fort que je n’aurais dû, chuchota une voix féminine. Je suis désolée. Restez allongée, j’ai peur que cela ne se remette à saigner… — A saigner ? répéta Ella d’une voix faible. Elle poussa un léger gémissement. Elle aurait dû se douter qu’un incident de ce genre surviendrait : chaque fois qu’elle entamait une nouvelle enquête, quelqu’un avait la merveilleuse idée de l’assommer. — Avec quoi m’a-t-on frappée, cette fois ? interrogea-t-elle. Pelle ? Crosse de pistolet ? Canne ? — Candélabre, répondit l’inconnue, un sourire dans la voix. — Cela ne m’était encore jamais arrivé. Quoi qu’il en soit, je me méfierai des candélabres à l’avenir… Elle tourna la tête vers sa bienfaitrice ou sa geôlière, elle ne le savait pas encore. Elle triompha intérieurement en constatant qu’il s’agissait de Mélanie Ravenswood en personne. Parvenir jusqu’à elle n’avait donc pas été si difficile. Le problème à présent était de savoir comment sortir. — Pourquoi êtes-vous venue jusqu’ici ? voulut savoir Mélanie. — Pour vous parler, répondit Ella. Figurez-vous que votre père m’a demandé d’enquêter sur sa mort. Elle marqua une pause, constatant qu’un léger trouble avait altéré le visage de la morte l’espace d’une seconde. Elle ne s’était donc pas trompée : le père ignorait tout, mais la fille savait quelque chose. — Je n’ai encore aucun indice, reprit la jeune femme. Mais je crains fort que le coupable n’habite ici. Personne n’a quitté le manoir entre le tremblement de terre et le mariage, Miss ? — Non, répondit Mélanie. Non, personne. Excepté Jake, peut-être, mais je doute qu’il soit derrière tout cela… — Je serais curieuse de savoir ce qui vous permet de l’affirmer, lâcha Ella, sceptique. La morte mit un moment à répondre. Ella aurait pu croire qu’elle rassemblait ses souvenirs et son courage pour pouvoir parler de son fiancé disparu si elle n’avait pas fréquenté des dizaines de suspects et de témoins soucieux de lui cacher la vérité. De toute évidence, Mélanie Ravenswood était bien plus impliquée dans cette affaire qu’elle ne voulait bien le laisser paraître. — Il a fui la ville, souffla la morte. Et il l’a fait avant le tremblement de terre… Ella se garda bien de tout commentaire. Pourtant, elle triomphait intérieurement : Mélanie avait grandi à l’écart de la société, et n’avait par conséquent aucune expérience avec les enquêteurs. Elle ne savait pas mentir ! Les doigts d’Ella s’agitèrent sur la courtepointe. Il fallait qu’elle note tout cela… Soudain, des pas retentirent dans le couloir et les deux femmes se raidirent. Cette cadence militaire était reconnaissable entre mille. Mélanie n’eut pas le temps de recommander à Ella de se cacher. La jeune femme bondit hors du lit et vint se plaquer contre le mur à côté de la porte. Juste à temps. Henry poussa le battant et entra dans la pièce, l’air inquisiteur. Mélanie ne put retenir un mouvement de recul. — Quelqu’un est entré dans le manoir par la cave, fit Henry. Je suppose que tu n’as rien entendu de suspect ? — Rien, répondit aussitôt la morte. Rien du tout. Ella se mordit vivement la lèvre. Elle avait parlé bien trop vite pour que cela paraisse naturel. Henry se pencha vers sa fille, soupçonneux. — C’est étrange, dit-il. Ton attitude me laisse penser le contraire. Ella fut un instant tentée de se montrer, puis se ravisa. Tant que Henry lui tournait le dos, elle se glissa dans le couloir et courut jusqu’à la grande porte, non sans remarquer les quelques spectres qui s’écartaient vivement sur son passage, comme s’ils avaient peur d’elle. Une fois dehors, elle plongea de nouveau dans l’ombre des murs et courut ainsi jusqu’à l’hôtel. Elle devait préparer sa prochaine entrevue avec Henry, et lui prouver que sa chère fille lui cachait des informations sur sa mort. |
| | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Dim 21 Juin - 17:24 | |
| Hop, la suite ! ------------------------------------------------------------------------ - 10 - Accident ou complot ? Ella dormait profondément, blottie contre Tobias, lorsque trois coups frappés contre la fenêtre la forcèrent à ouvrir les yeux. Elle jeta un regard au dehors, puis poussa un profond soupir en apercevant le corbeau, qui l’observait de l’autre côté de la vitre. Elle referma les yeux, n’ayant aucune envie de quitter la chaleur du lit, mais l’oiseau frappa une nouvelle fois. — Non, articula Ella. Pas maintenant… Encore quelques minutes… Le défunt fiancé ne l’entendait pas de cette oreille. Il lui jeta un regard noir et s’envola vers la rue. Ella crut un instant qu’il la laisserait tranquille, mais elle ne tarda pas à entendre des pas dans l’escalier, suivis de coups contre la porte. — Debout, milady ! s’exclama Jake. C’est urgent ! La jeune fille se redressa vivement, à la fois stupéfaite et furieuse. — Monsieur Evans, vous devriez pourtant savoir qu’on ne frappe pas ainsi à la porte d’une dame ! s’exclama-t-elle. Je doute que Miss Ravenswood vous ait laissé faire ! Près d’elle, Tobias se retourna pour lui jeter un regard interrogateur. Il sursauta lorsque Jake répondit de l’autre côté du battant : — Je n’étais pas autorisé à entrer au manoir sans que Monsieur Ravenswood soit présent, milady. Et il était rarement présent de si bon matin. Allons, à présent, levez-vous. On vous appelle au manoir. La jeune femme leva un sourcil. Si Jake avait été envoyé, seul Henry avait pu la demander. Avait-il eu vent de son expédition nocturne ? Ella grimaça à cette idée. Elle n’avait aucune envie d’affronter Ravenswood. Elle soupira et se leva pour enfiler une robe suffisamment fluide pour lui permettre de courir, au cas où les choses dégénéreraient. Tobias s’assit sur le bord du lit et l’observa alors qu’elle arrangeait ses longues boucles rousses en un élégant chignon. Il fronça les sourcils en remarquant le genre d’épingles qu’elle utilisait : plus longues et plus solides qu’à l’accoutumée, la jeune femme les utilisait autant pour maintenir ses cheveux en place que pour forcer des serrures ou inciter un adversaire à lâcher son arme. — Tu comptes te battre ? s’enquit-il. — J’espère plutôt l’éviter, répondit Ella. Mais j’aimerais explorer le manoir plus en détail, et je doute que Monsieur Ravenswood me donne les clefs de sa demeure sans rechigner. — J’aimerais t’accompagner. La jeune femme se retourna, surprise. Tobias ne l’avait plus accompagnée sur le terrain depuis leur première enquête, durant laquelle il s’était fait enlever et avait été torturé pendant plusieurs jours par un assassin atteint de folie. Cette unique expérience avait suffi pour le dissuader d’enquêter sur les lieux mêmes d’un drame ou sur le territoire d’un meurtrier. Il préférait de loin interroger les témoins, lui qui était si doué pour mettre les gens en confiance. — Vraiment ? hésita Ella. Je ne sais pas si Ravenswood le prendra bien… — Peut-être pas si tôt, concéda Tobias. Mais je commence à penser que je serais plus utile si je venais avec toi. Interroger les habitants de la ville ne m’a pas pris énormément de temps… Ils ne sont pas très nombreux, et la plupart me jettent dehors dès que j’en viens à évoquer le manoir. La jeune femme se leva et vint s’asseoir près de lui. Il était vrai que cette enquête ne lui donnait pas autant de travail que les précédentes. Seulement, elle savait mieux que personne que le sentiment de devenir inutile pouvait pousser à un comportement plus téméraire… Parfois même un peu trop. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais Jake la prit de vitesse : — Milady, voulez-vous bien vous dépêcher ? lança-t-il avec agacement. Monsieur Ravenswood n’est pas réputé pour son infinie patience et je serai le premier à pâtir de votre retard. Ella leva les yeux aux ciel et déposa un baiser sur les lèvres de Tobias. — Je lui parlerai de toi, dit-elle. Il vaut mieux qu’il sache à qui il a affaire avant que je ne te laisse m’accompagner. Il hocha la tête. Il comprenait. La jeune femme se leva et ouvrit la porte. Jake, appuyé contre le mur face à elle, la foudroya du regard. — Enfin ! s’exclama-t-il. J’ai cru que vous ne sortiriez jamais ! Il fit quelques pas et retrouva son apparence de corbeau, si brusquement qu’Ella faillit trébucher en le suivant. Elle cligna des yeux et secoua la tête. Ces morts allaient la rendre folle. Alors qu’elle remontait la rue, elle ne put s’empêcher de jeter un œil aux habitations qu’elle dépassait. De temps à autre, elle apercevait une silhouette humaine qui s’approchait d’une fenêtre pour l’observer. Jamais encore elle n’avait rencontré une telle méfiance lors de ses enquêtes. Arrivée devant la porte du manoir, elle leva la main pour frapper, mais la porte s’ouvrit avant que son poing ne touche le bois. Jasper s’inclina devant elle et s’écarta pour la laisser passer. Alors qu’elle entrait, Jake passa au-dessus d’elle dans un bruissement d’ailes pour disparaître dans les entrailles de la demeure. Le majordome referma la porte et se retourna vers Ella. — Monsieur vous attend, dit-il. Si vous voulez bien me suivre… Il passa devant elle pour la guider à travers le manoir. A la grande surprise de la jeune femme, ils dépassèrent le salon dans lequel elle avait été reçue la première fois et gravirent le grand escalier. Ella se remémora le couloir sans fin et les portes à demi enfoncées par les invités et frissonna. Elle crut un instant que Jasper la ferait passer par là à nouveau, mais il n’en fut rien. Il tourna dans un couloir qui était totalement inconnu à la jeune femme et s’arrêta devant une porte. Il frappa doucement, puis poussa le battant. Henry était assis à un bureau, dans ce qui ressemblait furieusement au cabinet de travail d’Ella en Angleterre. Il leva brièvement la tête lorsqu’elle entra avant de se replonger dans ses papiers, ses doigts martelant le bois du bureau avec nervosité. — Milady, dit-il. Je suis heureux que vous ayez pu venir si tôt… Je vous prie de m’excuser pour mon emportement. Ella haussa légèrement les sourcils, surprise par ces paroles. Jake ne lui avait-il pas dit que Ravenswood n’était pas enclin à s’excuser ? Henry lui fit signe de s’asseoir en face de lui. La jeune femme obéit, un brin méfiante. Elle savait qu’il ne l’avait pas fait venir uniquement pour cela. Les papiers étalés devant lui semblaient retenir toute son attention. Ella observa attentivement ses gestes : il écartait les feuillets un par un, avec une patience et une méthode qui contrastaient avec les martèlements inquiets de ses doigts, parcourait leur contenu, réarrangeait le tout avant de recommencer avec plus de fébrilité. La jeune femme ne mit pas longtemps à comprendre ce qui le préoccupait ainsi. — Vous aurait-on volé quelque chose ? interrogea-t-elle. — En effet, répondit Henry. Un plan de la mine, et des notes personnelles sur l’Oiseau Tonnerre et son trésor. Pourtant, ces papiers étaient enfermés ici, et personne d’autre que moi n’a la clef de cette pièce. Je ne supporte pas d’imaginer quelqu’un fouiller cet endroit pendant mon absence. — Croyez-moi, je vous comprends. Je ne laisse jamais personne entrer dans mon cabinet de travail sans que je sois présente, à l’exception de Tobias, bien entendu. Toute à ses réflexions sur la disparition soudaine des feuillets, Ella ne remarqua pas que Henry avait levé la tête à l’évocation de Tobias. Le martèlement de ses doigts s’arrêta et la jeune femme lui jeta un regard surpris. — Qui est Tobias ? interrogea Ravenswood avec curiosité. — Mon fiancé, répondit Ella, légèrement surprise. D’ailleurs, il aimerait m’accompagner lors de mes visites au manoir. J’ai préféré vous en parler d’abord. — Monsieur Cavendish n’a pas fait preuve d’autant de considération lorsqu’il a commencé ses visites, marmonna Henry. Venez tous les deux ce soir. Un peu de compagnie masculine ne me fera pas de mal. Que pensez-vous de ces disparitions ? Ella réfléchit un instant. Inutile de demander qui avait accès à cette pièce, Ravenswood lui répondrait à coup sûr qu’il était le seul à y entrer. A moins qu’il ne lui cache quelque chose… — Quelqu’un s’est introduit dans le manoir, la nuit dernière, dit-il soudain. Pensez-vous qu’il puisse s’agir du coupable ? Ella joignit les mains devant elle, l’air grave. — Non, monsieur, cet intrus n’est pas le voleur, répondit-elle. Pour la simple et bonne raison que nous savons tous les deux de qui il s’agit. Vous n’aviez pas l’air réellement surpris lorsque vous avez vu la porte de la cave ouverte. Est-ce monsieur Evans qui vous a prévenu ? — Je n’étais pas sûr que ce soit vous. Mélanie n’a rien voulu me dire. Ella hocha la tête. De toute évidence, la défunte fiancée était terrifiée par son père. La jeune femme se figea. Après sa conversation avec elle, elle en était venue à la conclusion que Mélanie savait quelque chose sur la mort de Henry. Seulement, elle ne savait pas mentir, et Ravenswood semblait lui faire une confiance aveugle. Était-il possible qu’elle ait elle-même volé ces papiers ? — Monsieur, fit Ella. Votre fille a-t-elle accès à cette pièce ? — Non, répondit aussitôt Henry. Je vous l’ai dit, je suis le seul à en avoir la clef. Elle ne vient jamais ici. Et je doute qu’elle ait eu suffisamment de cran pour me voler quelque chose. — J’imagine que vous fermez toujours la porte à clef lorsque vous quittez cette pièce ? — Bien entendu. La jeune femme réfléchit un instant. Quelqu’un avait donc dû soit voler la clef, soit forcer la porte… — J’ai toujours la clef sur moi, indiqua Henry. Il est impossible qu’on me l’ait volée. — Très bien, répondit Ella. Dans ce cas, quelqu’un a ouvert la porte sans la clef. Elle porta une main à son chignon et sa main effleura les épingles qu’elle y avait glissées. Elle savait mieux que personne comment une femme pouvait détourner des objets d’apparence inoffensive. Combien de fois avait-elle dû s’introduire dans des pièces fermées à clef, dans l’urgence ou non ? — Me permettrez-vous d’accéder à la chambre de votre fille, monsieur ? s’enquit Ella. Je crois que j’y trouverai ce qu’il nous faut. Henry hésita un instant, puis hocha la tête. Tous deux se levèrent et quittèrent la pièce. Comme il l’avait assuré, Ravenswood prit soin de verrouiller la porte, vérifiant avec inquiétude qu’elle était bien fermée. Puis, il passa devant Ella pour la guider à travers le manoir. Lorsqu’ils poussèrent la porte de la chambre de Mélanie, la jeune fille ne s’y trouvait pas. Ella en fut soulagée : il était plus simple d’enquêter si aucun suspect n’était présent. Elle se dirigea droit vers la commode et ouvrit les tiroirs un à un. Rien. Elle observa la chambre, à la recherche d’autres cachettes potentielles, et son regard se posa sur une porte près de la cheminée. — Le boudoir, fit Henry. — Puis-je ? — Je vous en prie. Ella perçut une certaine tension dans sa voix. Il craignait d’apprendre quelque chose de compromettant sur sa fille. La jeune femme poussa la porte du boudoir et sut aussitôt où elle devait chercher : un immense miroir occupait tout un coin de la pièce, devant une coiffeuse encombrée de lettres et d’accessoires. Ella s’approcha du meuble et observa attentivement son contenu. Elle poussa un cri de triomphe en trouvant enfin ce qu’elle cherchait : de longues épingles à cheveux semblables aux siennes, qui avaient sans doute servi à forcer la porte du bureau de Henry. — A présent, monsieur, retournons là-bas, dit-elle. Je dois vérifier que ma théorie est la bonne. — Quelle théorie ? s’enquit Ravenswood avec inquiétude. Ella ne répondit pas et sortit. Devant la porte du bureau, elle se pencha en avant pour glisser l’épingle dans la serrure. Il ne lui fallut que quelques secondes pour faire jouer le système de verrouillage. Henry poussa un cri de surprise lorsqu’elle ouvrit la porte sans aucune peine. — Un jeu d’enfant, souffla la jeune femme. Reste à savoir comment refermer la porte à clef… Existe-t-il un double de la vôtre ? — Non, répondit Ravenswood. Ella regarda autour d’elle. Elle se figea en apercevant quelque chose dépasser de sous le bureau. Elle hésita un instant, puis se mit à genoux pour regarder sous le meuble. Elle poussa un cri de surprise et Henry se pencha vers elle, soucieux. — De quoi s’agit-il ? La jeune femme se releva, une plume de corbeau dans la main. Elle et Ravenswood échangèrent un regard. — Jake n’étais pas avec vous lorsque vous êtes entré dans la chambre de Mélanie, souffla Ella. Je crains qu’il n’ait profité de cette distraction pour s’introduire ici et voler vos papiers. |
| | | Ced-PFE
Âge : 35 Messages : 4 Localisation : ganshoren Inscription : 27/05/2015
| | | | Invité Invité
| | | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Mar 23 Juin - 17:16 | |
| La suite ! Pas encore la fin, mais presque. --------------------------------------------------------------------------------- - 11 - Bal macabre
Assis à côté d’Ella dans la vaste salle à manger, encore déserte à cette heure, Tobias ne pouvait s’empêcher de jeter des regards inquiets à Henry. Des sentiments plus sombres qu’à l’accoutumée avaient fait retrouver à son visage l’apparence de tête de mort que la jeune femme avait pu observer la nuit précédente. Le fantôme ne cessait de se retourner vers la porte ouverte dans l’espoir de voir arriver Jake, et avait recommencé à marteler la table de ses doigts avec nervosité. Ella, quant à elle, malgré le délicieux dîner préparé par Jasper et Anna, n’avait pas touché à son assiette et tentait tant bien que mal d’ignorer le bruit que faisaient les phalanges gantées de Ravenswood contre la table. Après quelques minutes, elle n’y tint plus et poussa un profond soupir. — Voulez-vous bien cesser ce bruit insupportable ? lança-t-elle. Pensez-vous vraiment qu’il viendra s’il vous sait nerveux à ce point ? — S’il ne vient pas, milady, croyez bien que j’irai le chercher et que je lui briserai le cou de mes propres mains, répondit Henry entre ses dents serrées. — Tuer le corbeau ne servirait à rien, sauf si vous voulez que son âme se promène librement dans le manoir. Quant à lui briser le cou, vous l’avez déjà fait. Tobias frissonna lorsque Ravenswood jeta un regard noir à la jeune femme. Cette dernière soutint son regard jusqu’à ce qu’il se détourne. Fréquenter fantômes et criminels avait fini par lui donner une volonté de fer. — Parlez-moi de vous, Monsieur Lawrence, fit soudain Henry. Quelle profession exerciez-vous avant de devenir l’associé de Lady Chelsea ? Tobias haussa les sourcils et jeta un regard à Ella. La jeune femme lui fit discrètement signe de répondre. Ravenswood tentait de se changer les idées, et les entendre badiner inspirerait peut-être confiance à Jake… — J’étais majordome, répondit-il. — Majordome ? répéta Henry sans pouvoir cacher sa surprise. Je vous aurais cru homme d’affaires. Dites-moi… Il s’interrompit en entendant un bruissement d’ailes dans son dos. Il fit un geste pour se retourner, mais Ella tendit la main pour la poser sur la sienne, les yeux fixés sur ses orbites vides. Ravenswood comprit immédiatement le message : bouger signifierait alerter Jake et le faire fuir. — Tobias m’est d’une très grande aide, fit la jeune femme en se composant un sourire affable. Il a véritablement un don pour mettre les témoins en confiance. A peine avait-elle terminé sa phrase que le corbeau entrait dans la pièce et se posait sur le dossier de la chaise de Henry, sans se douter de ce qui l’attendait. Jouant le jeu d’Ella, Ravenswood se retourna à moitié vers lui, adoptant une attitude détendue. — Asseyez-vous donc avec nous, monsieur Evans, dit-il. Lady Chelsea aimerait vous parler. L’oiseau s’envola de nouveau pour retrouver l’apparence du défunt fiancé, et s’assit en face de Tobias, jaugeant ce nouveau venu avec curiosité. Ella s’appuya contre le dossier de sa chaise, deux doigts glissés dans sa manche gauche, sans quitter Jake des yeux. — J’ai finalement rendu une petite visite à Miss Ravenswood, dit-elle. J’ai pensé que savoir ce qu’elle m’avait dit vous ferait plaisir. Jake haussa les sourcils, sincèrement surpris. — Je m’étonne que monsieur Ravenswood vous ait laissée faire, répondit-il. Que vous a-t-elle dit ? — Eh bien, elle m’a confié que quelques épingles à cheveux avaient disparu de son boudoir, fit tranquillement Ella. Et que, pas plus tard que cet après-midi, elle avait trouvé ceci dans l’un de ses tiroirs. Elle pointa du doigt les papiers soigneusement pliés qu’elle avait posés près d’elle. Même Henry eut un mouvement de recul, stupéfait. Elle ne lui avait pas parlé de cette visite à Mélanie. Qu’avait-elle appris d’autre durant cette entrevue ? Jake pâlit légèrement, les yeux écarquillés. Il ne s’était pas attendu à cela. — De plus, reprit Ella, Miss Ravenswood a un problème qui n’est pas pour me déplaire : enfermée ici pendant des années sous la protection de son père, elle n’a jamais eu à mentir. Par conséquent, elle n’est pas familière de ce genre d’exercices, et est une menteuse exécrable. Aussi, lorsqu’elle m’a assuré que vous n’aviez rien à voir dans le meurtre de monsieur Ravenswood, il est évident que je ne l’ai pas crue. — Un meurtre ? répéta Jake, un brin de panique dans la voix. Je pensais qu’il s’agissait d’un accident ! Ella émit un petit rire. — Non, monsieur Evans, répondit-elle. Vous ne pensiez pas qu’il s’agissait d’un accident, puisque vous êtes en grande partie responsable de la mort de votre futur beau-père. Le défunt fiancé bondit sur ses pieds, oscillant entre terreur et colère. — Vous n’avez aucune preuve ! s’exclama-t-il. Et puis, m’inculper ne servirait à rien. Comment voulez-vous faire condamner un mort ? — Dans ce cas, vous ne craignez rien, n’est-ce pas ? fit doucement Ella. Allons, rasseyez-vous. Laissez-moi terminer, je déteste être interrompue. Le mort hésita, puis obéit. Le regard gris de la jeune femme le clouait sur place. Henry serra les poings, furieux. Il savait que Jake Evans était un homme fourbe, mais n’aurait jamais cru qu’il puisse aller jusqu’à le tuer. Une phrase d’Ella, cependant, résonnait encore dans son esprit : Jake n’était qu’en partie responsable de ce qui lui était arrivé. Il n’avait donc pas agi seul… Qui était son complice ? — Vous n’étiez pas à votre poste le jour de l’accident, reprit Ella. Je l’ai compris en observant le plan que vous avez volé. Juste avant le grand jour, vous et votre complice avez dérobé ce même plan et marqué l’endroit le plus approprié pour commettre votre crime. Au cœur même de la mine, là où était censé se trouver le trésor de l’Oiseau Tonnerre… C’est vous qui avez annoncé la découverte aux autres ouvriers et, dans l’euphorie de cette trouvaille, qui à coup sûr rendrait votre patron fou de joie, personne n’a remarqué que vous n’étiez pas censé vous trouver là. Bien entendu, monsieur Ravenswood a accouru pour voir cette merveille de ses propres yeux. Vous n’aviez pas prévu que sa femme serait présente, mais qu’importe : tant qu’il mourait, vous étiez satisfait. Vous avez donc fait en sorte qu’un ouvrier maladroit fasse exploser cette zone de la mine, entraînant un monstrueux tremblement de terre qui a amené les habitants de la ville à penser que Thunder Mesa était maudite. — Tout ceci n’a aucun sens ! protesta Jake. Comment aurais-je pu savoir qu’un des ouvriers allait tout faire exploser ? Je suis mineur, moi, pas voyant ! — Mais vous alliez épouser Mélanie Ravenswood et emporter sa dot, puis la fortune familiale à la mort de son père. Voilà qui devait inciter quelques personnes à vous obéir, non ? — Mais, milady, intervint Henry. Ces personnes n’auraient pas pu toucher l’argent, puisqu’ils devaient mourir dans l’explosion… — Justement non, répondit Ella. Ce n’est pas l’explosion qui les a tués, mais le tremblement de terre qui a suivi. S’ils ne pensaient pas s’en sortir, ils n’auraient jamais accepté. Jake serra les poings sous la table. Ella pressentit aussitôt le danger. Il y eut un long silence, puis le défunt fiancé eut un rictus pour le moins inquiétant. — Vous ne devriez pas rester ici, milady, siffla-t-il. Le manoir devient dangereux, la nuit… La jeune femme sursauta lorsqu’il bondit par-dessus la table pour se jeter sur elle. Elle retira les doigts de sa manche et tendit les mains en avant. Aussitôt, le mort recula, mu par une peur qu’il n’avait pas encore complètement éliminée : l’Anglaise avait dissimulé un derringer sur elle avant de venir. Henry ne prit pas le temps de s’extasier sur l’ingéniosité de cette idée. Il saisit Ella par le bras et la poussa vers la porte, devançant le geste de Tobias. Les deux vivants se ruèrent hors de la pièce tandis que quelques danseurs se matérialisaient déjà au son de l’orgue dressé contre le mur. Alors qu’ils passaient devant les chambres des invités, s’efforçant de rester insensibles aux supplications des malheureux enfermés là, l’une des portes explosa presque et vint frapper Ella de plein fouet. La tête de la jeune femme heurta le mur avec une violence peu commune et elle s’affaissa sur le sol, évanouie. Tobias poussa un cri et voulut la rejoindre, mais une main glaciale saisit son poignet et tira dessus pour l’entraîner. Il fit volte-face et se retrouva nez à nez avec Jasper. — Venez, fit placidement le mort. Anna s’occupera d’elle. Vous ne devez pas rester là. Tobias s’apprêta à protester, mais Jasper le tira vivement vers lui. Lorsqu’il jeta un regard par-dessus son épaule, Ella avait disparu et les portes du couloir jaillissaient de leurs gonds les unes après les autres. Le majordome fantôme avait beau lui assurer qu’Ella irait très bien, l’Anglais savait pertinemment que ce ne serait pas le cas : tant qu’elle n’aurait pas connaissance de toute la vérité, la jeune femme ne quitterait pas le manoir, même si elle risquait de se faire tuer. |
| | | LadyMoonlight
Âge : 25 Messages : 426 Localisation : Loin Inscription : 17/07/2014
| Sujet: Re: [Fanfiction] Phantom Manor (prise 2) (Terminé) Jeu 25 Juin - 20:28 | |
| Et hop, la fin ! Beaucoup plus de narration dans ce chapitre que dans les autres. Ce n'est pas mon meilleur récit, beaucoup de scènes manquent et ce n'est pas toujours bien décrit, mais grâce à lui, j'ai mieux cerné mes personnages et je me suis bien amusée en l'écrivant ! Bonne lecture ! ------------------------------------------------------------------------------------------- - 12 - La millième âme Ella s’efforçait de retenir dans ses poumons le peu d’oxygène qui lui restait, tendue comme une corde de piano. A peine s’était-elle réveillée qu’elle s’était débarrassée d’Anna pour tenter de retrouver Jake au milieu de l’agitation du manoir. Elle s’était vite rendue compte qu’avancer à découvert était une mauvaise idée : elle s’était heurtée à Henry qui, pris de folie, s’était mis en tête de l’étrangler. A présent, la main du fantôme serrée autour de son cou, ses pieds à quelques centimètres du sol, elle réfléchissait à la meilleure façon de se sortir de cette situation. Tenter de frapper son adversaire ne servirait à rien : il ne ressentirait pas la douleur. Quant à réutiliser sur lui la technique qui leur avait permis de fuir Jake, c’était hors de question maintenant que Ravenswood était prévenu. La jeune femme se mordilla la lèvre. Elle aurait bientôt besoin de reprendre sa respiration, mais la pression de la main qui écrasait sa trachée l’en empêcherait. Elle réprima un soupir. Pourquoi tous ses adversaires décidaient-il de l’étrangler ? Soudain, la solution lui traversa l’esprit. Elle appuya un peu plus son dos contre le mur, pria pour réussir et jeta ses jambes en avant pour venir heurter le visage de Ravenswood de ses bottes. Surpris et déséquilibré, le fantôme la lâcha et elle s’écrasa sur le sol avec violence, sa vision se brouillant tandis qu’elle reprenait haleine. La jeune femme secoua la tête et se releva. Il lui fallait fuir avant que Ravenswood ne décide de se jeter sur elle à nouveau. Elle remonta prestement le couloir, jetant parfois un regard en arrière pour s’assurer qu’elle n’était pas suivie. Ce ne fut que lorsqu’elle tourna au bout du corridor pour rejoindre le grand escalier que l’anormalité de la situation la frappa. Pourquoi Henry ne l’avait-il pas poursuivie ? Elle descendit prudemment quelques marches et sentit aussitôt une présence dans son dos. Elle fit volte-face, et bondit en arrière pour éviter le candélabre qui se ruait sur son visage. Son pied glissa sur les marches et elle roula au bas de l’escalier, manquant de peu de se briser la nuque. Mélanie se tenait au-dessus d’elle, prête à frapper de nouveau, le visage crispé de colère. — Je vous avais prévenue ! lança Ella en se relevant. Je me méfie des candélabres, à présent ! — Et moi, je devrais me méfier des aristocrates, siffla Mélanie. Elle leva de nouveau son candélabre, forçant Ella à se jeter de nouveau sur le côté… droit dans les bras de Jake. La jeune femme poussa un cri et tenta de se dégager, en vain. — J’aimerais beaucoup vous tuer pour me venger, milady, fit Jake à son oreille. Le problème étant que si je le faisais, monsieur Ravenswood reviendrait à la vie, ce qui n’est pas ce que nous voulons. — Alors pourquoi ne pas simplement me laisser partir ? répliqua Ella. Je sors du manoir, je prends le premier train pour New-York et je rentre en Angleterre. C’est aussi simple que cela. — Mais dans ce cas, rien n’empêchera d’autres inconscients de venir ici et de se faire tuer, intervint froidement Mélanie. Pourquoi croyez-vous que mon père a accepté d’organiser ces visites ? Ella écarquilla les yeux, stupéfaite. Les mots de la défunte fiancée venaient de faire la lumière sur le mystère qui entourait ces visites : si de nouveaux touristes s’aventuraient dans le manoir tous les mois, ce n’était pas parce qu’ils voyaient les fantômes, mais parce qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui se tramait à l’intérieur. Et c’était également pour cela que Nutterville lui avait recommandé de ne pas se joindre aux visiteurs. Il craignait qu’elle ne se fasse tuer ! — Je ne peux pas empêcher les gens de venir ici, répondit Ella. De toute évidence, les habitants de la ville sont au courant et ne font rien pour arrêter cette mascarade. — Les habitants de la ville, sans doute pas, mais je suis sûre que l’Oiseau Tonnerre sera ravi de revoir celui qui lui a volé son or, fit Mélanie d’un ton faussement aimable. — L’Oiseau Tonnerre ? répéta l’Anglaise. Ce n’est qu’une légende ! — Milady, à moins que cette porte vous ai frappée si fort que vous en avez perdu la mémoire, je pense que vous vous souvenez de ce que je vous ai dit, soupira Jake. Comment aurais-je pu savoir que l’un des ouvriers allait faire exploser la mine ? L’argent, ce n’était pas ce qui manquait par ici, il était tellement facile de devenir riche et de quitter la ville ! C’est l’Oiseau qui a fait tout le travail, nous n’avons fait qu’amener Ravenswood là où il était sûr de perdre la vie. Ella tressaillit. Mélanie était donc la complice de Jake dans toute cette affaire, comme elle l’avait craint. La mort de Henry n’était qu’un demi-accident, ce qui expliquait qu’il ait trouvé les circonstances du drame trop bien mises en scène. Soudain, une imposante silhouette apparut derrière Mélanie, un pistolet pointé droit sur Ella. La jeune femme remua légèrement son pied dans sa botte et tressaillit. Le pistolet d’argent qu’elle gardait toujours dans sa chaussure avait disparu. Il avait certainement glissé lorsqu’elle avait frappé Henry… et puisqu’elle avait perdu le derringer lorsqu’elle s’était évanouie, elle se retrouvait désarmée. Jake eut un mouvement de recul en voyant la silhouette faire un pas en avant, comme pour s’assurer qu’il ne raterait pas l’Anglaise. Mélanie jeta un regard par-dessus son épaule pour savoir ce qui terrifiait son fiancé ainsi. Elle sursauta violemment et recula en apercevant son père, immense et terrible en haut des marches. Des pensées plus sombres encore que toutes celles qui l’avaient animé jusqu’à présent avaient une nouvelle fois altéré son apparence, lui rendant chair et muscles, mais en pleine décomposition. Ella resta clouée sur place quelques secondes malgré le fait que Jake ait relâché son étreinte. Ce ne fut que lorsque Henry posa son doigt sur la détente qu’elle réagit. Elle se dégagea des bras du fiancé et se rua vers le foyer tandis que Mélanie se jetait sur son père pour l’empêcher de tirer. La balle atteignit le lustre suspendu au-dessus de la pièce, le faisant vaciller dangereusement. Jake laissa échapper une exclamation de surprise en voyant Ella passer devant lui en courant, dans la direction opposée à la porte. La jeune femme avait eu une bien mauvaise surprise en arrivant au bout de la galerie de portraits : la porte qui menait au foyer avait tout simplement disparu au moment où elle allait la franchir, l’envoyant de nouveau rouler sur le tapis. Elle s’était relevée aussitôt, ignorant son mal de crâne grandissant, et était repartie dans l’autre sens, priant pour que la porte de la cave à vins n’ait pas été supprimée elle aussi. Alors qu’elle traversait la salle de bal, évitant tant bien que mal les valseurs qui tentaient de l’entraîner dans leur danse, elle entendit des pas derrière elle, bien trop rapides pour être ceux des défunts invités. Cette fois-ci, Henry avait décidé de la prendre en chasse. Ella continua sa course dans des salles de plus en plus obscures, jusqu’à dévaler un escalier menant aux ténèbres épaisses de la cave. Les mains tendues en avant, elle ne tarda pas à rencontrer la brique humide et froide d’un mur devant elle. Haletante, consciente que son adversaire connaissait les lieux bien mieux qu’elle, elle chercha à tâtons une porte, un embranchement, n’importe quoi qui aurait pu lui permettre de sortir. Rien. Elle était tombée dans un cul-de-sac. A moins qu’il ne s’agisse encore d’un des tours de Ravenswood pour l’empêcher de fuir ? Les pas du fantôme se rapprochaient. La jeune femme jeta un regard par-dessus son épaule et poussa un hurlement d’horreur : un chien énorme et squelettique se ruait sur elle, prêt à la réduire en pièces. Elle recula instinctivement et, à sa grande surprise, traversa le mur qui lui bloquait le passage. Elle fit volte-face et se précipita en avant : la porte de la cave était là, bien réelle, laissant passer la faible lumière qui provenait de l’extérieur. La jeune femme la passa sans encombre et poussa un soupir de soulagement. Des lanternes brûlaient à intervalles réguliers pour éclairer sa route jusqu’à la ville, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Elle s’avança vers la grille du cimetière et s’arrêta lorsqu’un bruit frappa son oreille. Oh, c’était infime, presque imperceptible, mais elle connaissait si bien ce son : celui que faisait un certain pistolet d’argent lorsqu’on s’apprêtait à l’utiliser. Elle se retourna et réprima un cri. Ravenswood se tenait juste derrière elle, prêt à tirer. Son doigt pressa la détente… et Ella se détendit légèrement. Le chargeur était vide et, même si elle avait perdu le pistolet, elle avait toujours les munitions. Elle s’apprêta à faire demi-tour et à rejoindre la ville, là où Henry ne pourrait plus l’atteindre si facilement, mais le fantôme se jeta sur elle avec un cri de rage. Prise au dépourvu, la jeune femme tomba à la renverse, manquant de peu de s’assommer contre une tombe. Henry ne perdit pas de temps et la saisit à la gorge, agenouillé au-dessus d’elle. Ella crut un instant qu’il allait de nouveau tenter de l’étrangler. Son visage se décomposa lorsqu’elle le vit lever le bras qui tenait le pistolet, saisissant l’arme par le canon, et l’abaisser pour frapper. La crosse du pistolet heurta sa tête avec une violence effrayante. La douleur qui explosa dans son crâne occulta le cri de douleur que la jeune femme avait sûrement laissé échapper. Le poids du corps de Ravenswood pesant contre le sien réveillait en elle le souvenir d’une nuit particulièrement insupportable dans une masure délabrée de Spitalfields, où son adversaire ne s’était pas contenté de la frapper avec un pistolet. Un nouveau coup résonna contre son crâne, accompagné d’un inquiétant craquement. Un liquide chaud et poisseux l’aveugla : son propre sang. Encore une fois, elle avait réussi à se blesser, songea-t-elle amèrement. Si elle s’en sortait, Tobias, serait de nouveau furieux contre sa manie de se mettre en danger de mort. Au moment où Henry allait frapper de nouveau, elle leva le bras pour bloquer le sien et, de sa main libre, saisit une pierre près d’elle et assena un coup contre la tête de Ravenswood. La chair revenue sur son visage, il était légèrement plus sensible à la douleur. Surpris par cette sensation qu’il n’avait pas ressentie depuis des années, il eut un mouvement de recul suffisant pour qu’Ella puisse se relever. Elle se précipita vers l’une des lanternes et la poussa de toutes ses forces. Lorsqu’elle se fracassa au sol, la lampe enflamma aussitôt la cape de Henry, lui arrachant un cri de rage. Ella rassembla le peu de forces qui lui restaient pour courir vers la ville. Dès qu’elle arriva au niveau de l’hôtel de ville, elle se heurta à un homme entièrement vêtu de noir. Elle se débattit un instant, pensant avoir affaire à Jake, mais la voix de Nutterville lui parvint : — Allons donc ! s’exclama le fossoyeur. Je ne vous veux pas de mal, milady ! Je ne suis pas de mèche avec gens-là, moi ! La jeune femme se pétrifia, puis se détendit, soulagée de s’en être sortie. La tête lui tournait. Elle avait besoin d’un médecin. Le vieux fossoyeur la prit dans ses bras et la porta jusqu’à l’hôtel. Elle ne resta pas consciente jusque là. Nutterville la contempla un instant, puis jeta un regard soucieux vers le manoir. Il espérait que Ravenswood ne s’aventurerait pas en ville pour récupérer sa millième âme… * Le docteur Harry Fraser émit un sifflement d’irritation en voyant l’état dans lequel Ella lui était revenue. Il avait eu toutes les peines du monde à la faire s’allonger pour qu’il puisse l’examiner, à la demande de Tobias qui n’avait pas confiance dans le jugement du médecin de Thunder Mesa. Aussi, dès qu’il étaient revenus à Londres, le majordome avait contacté Harry pour qu’il force la jeune femme à se reposer. — Je veux que vous restiez allongée dès que vous sentez votre mal de tête revenir, Ella, fit impérieusement le médecin. Je savais que vous aviez la fâcheuse manie de vous faire étrangler… Mais jamais encore on ne s’était autant acharné sur votre tête ! Ella poussa un profond soupir. Tobias ne lui permettrait pas de reprendre une enquête avant qu’elle soit totalement rétablie. Le majordome passa justement la tête par l’entrebâillement de la porte et agita un colis en direction d’Ella. — De Thunder Mesa, dit-il. J’ignore ce qu’ils te veulent. Ils nous ont pourtant juré de ne pas tenter de nous recontacter. Ella tendit les mains vers le colis et Tobias le lui remit, non sans un brin de réticence. Lui et Harry observèrent la jeune femme avec attention tandis qu’elle défaisait les ficelles. Elle haussa les sourcils en découvrant une boîte de bois gravé marquée d’un R stylisé. L’ouvrant, elle découvrit une lettre qui accompagnait… son précieux pistolet d’argent ! — Quel élégance, commenta-t-elle. Il me l’a tout de même renvoyé… Elle posa l’arme près d’elle pour parcourir la lettre des yeux : Milady, J’ai bien reçu votre missive, et j’ai pris mes dispositions quant à Jake et Mélanie. Comme vous l’avez si bien deviné, j’étais effondré d’apprendre qu’elle avait participé à mon assassinat. J’ai également été plus que mortifié lorsque monsieur Nutterville est venu me rendre visite à votre place pour me confier votre lettre et me décrire l’état dans lequel vous étiez revenue à Thunder Mesa. Je vous prie d’accepter mes excuses les plus sincères. Je ne suis plus moi-même à la nuit tombée, et l’idée de pouvoir revenir à la vie a dépassé ma raison. Je vous renvoie votre pistolet, je ne pourrais me permettre de garder un présent de votre père. J’admire le respect et l’amour que vous avez pour lui même alors qu’il est mort, moi qui ait été trahi par ma propre fille… Je vous prie d’accepter également l’une de mes boîtes de peinture, dont je n’ai plus l’utilité à présent que je n’ai ni modèle, ni matériaux. Si jamais vous venez à passer de nouveau par Thunder Mesa, je serais ravi de vous revoir. Je vous souhaite de vous rétablir vite, puisque vous détestez visiblement le repos. Avec tout mon respect et toute ma gratitude,
Henry A. Ravenswood. Ella eut un sourire. Dès qu’elle avait été en état de se tenir debout, elle avait rédigé une longue lettre à l’adresse de Henry dans laquelle elle décrivait les événements de sa dernière nuit au manoir et les découvertes qu’elle avait faites. Nutterville avait accepté de la porter au manoir, Tobias ayant catégoriquement refusé qu’Ella s’y aventure de nouveau. Avant de partir, la jeune femme avait également fait promettre à Paul de ne plus organiser de visites, évitant ainsi une catastrophe. Elle s’inquiétait cependant, n’ayant aucun moyen de savoir si cette promesse serait tenue ou non. Elle posa la boîte près d’elle et se tourna vers Tobias. — Pourrais-tu faire un petit quelque chose pour moi en ville ? interrogea-t-elle. — Tu sais bien que oui, répondit le majordome. — J’ai besoin de matériel de peinture. Je n’aimerais pas que cette boîte reste inutile. — La peinture ! s’exclama Harry. Voilà une activité qui vous reposera ! Promettez-moi de me montrer vos œuvres. — Très bien, sourit Ella. Mais vous risquez d’être surpris. — J’aime lorsque vous me surprenez, Ella. Excepté lorsque vous rentrez d’une enquête avec un crâne presque fracturé ! Vous l’avez échappée belle ! La jeune femme eut un petit rire. Elle relut la lettre de Henry avec un léger regret. Et se promit de lui amener le matériel qui lui manquait pour sa peinture dans un futur proche. FIN |
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