concours d'écriture Semaine 7: la sorcellerie

Belle cligna des yeux : il faisait jour, le soleil perçait doucement à travers les rideaux pourtant lourds et épais. Une lumière dorée enveloppait la pièce et quelques poussières flottaient tranquillement dans les airs.

La jeune fille finit par se réveiller complètement et repoussa avec un soupir ses couvertures. Elle frissonna lorsqu'elle posa ses pieds sur le sol carrelé froid. Mrs. Samovar, fidèle au poste, arriva au même instant sur un chariot transportant le petit-déjeuner : un repas copieux de petits pains chauds, lait, fruit et œufs à la coque.

Mrs. Samovar et elle se souhaitèrent le « bonjour » et la vieille théière réprimanda d'un ton maternel Belle, qui n'avait pas pensé à enfiler ses chaussons. Celle-ci s’exécuta et mit les pantoufles moelleuses. Elle commença enfin son déjeuner.

« Le maître désirait être seul, aujourd'hui », l'informa la « gouvernante » du château. Belle soupira. Voilà des mois qu'elle était ici et elle n'arrivait pas encore à comprendre les manies étranges de la Bête. Parfois il semblait très courtois, presque humain, et l'instant d'après son humeur redevenait maussade, voir exécrable. Elle allait donc passer sa journée seule dans la grande bâtisse, errant désœuvrée.

Mrs. Samovar entendit ce faible soupir et le comprit.
« - Pourquoi n'irais-tu pas à la bibliothèque, Belle ? ».
Belle sourit, comprenant les efforts de la gouvernante. Elle lui répondit que c'était une bonne idée, bien qu'elle n'en pensa pas un traître mot. Certes, elle aimait les livres, mais elle avait envie de changements aujourd'hui !

Un tintement se fit alors entendre dans le couloir et une petite tasse apparut tout sourire dans l’entrebâillement de la porte. Le visage de Belle s'éclaira : elle était toujours ravie de voir Zip ! Celui-ci sauta sur le lit, à côté de son amie. Ils échafaudèrent quelques projets pour la journée. Mrs. Samovar partit, comprenant qu'il n'y avait plus lieu de s'inquiéter.

Belle remua pensivement sa cuiller dans son œuf à la coque. Zip eut alors une idée : « Belle, ça te plairait de chercher des œufs ? ».
« - Des œufs, dis-tu ? Pourquoi pas, nous pourrions faire un gâteau avec ! ».
Zip gloussa et hocha la tête négativement.
« - Haha ! Non, nous ne pourrions pas faire de la cuisine avec ceux-là... », dit-il d'un air mystérieux qui éveilla la curiosité de la jeune fille. Elle sauta sur ses pieds et partir se préparer.

Une fois qu'elle fut prête, elle chercha vainement Zip. Celui-ci réapparut aux bouts de quelques minutes et lui annonça d'un air joyeux que tout était prêt. Une épuisette arriva en sautillant derrière lui, avant de s'incliner vers Belle. La jeune fille regarda la tasse et son compagnon d'un air perplexe et amusé : « Tu ne m’emmènes pas au poulailler ? ».

Avec un sourire, la petite tasse lui dit que si, mais qu'une épuisette se révélerait utile. Belle ne posa plus de questions et tous trois traversèrent le parc, la serre, puis le potager, avant d'arriver au poulailler.

Un drôle de bruit résonnait à l'intérieur. C'était la première fois que Belle venait ici et elle ne savait l'identifier. Cela ressemblait à plein de petits chocs. L'épuisette se rapprocha d'elle et la jeune fille la saisit automatiquement. « Zip, tu veux me faire attraper des œufs au plafond ? », demanda-t-elle en riant. Zip, tout sourire, la poussa alors légèrement et elle entra dans le poulailler.

Pendant plusieurs secondes, elle n'en crut pas ses yeux : des dizaines, peut-être même des centaines d’œufs, sautillaient à toute allure, se cognant, se poussant, se jetant les uns sur les autres dans un concert de craquement et d'entrechoquements. Leur espèce de course échevelée faisait voler la paille et la poussière. Au milieu du vacarme, quelques œufs immenses, bien plus gros que les autres, faisaient des bons impressionnants d'un bout à l'autre de la pièce en se jetant sur les plus petits sans pour autant les casser.

Une fois revenue de sa stupéfaction, Belle éclata de rire, ces œufs là n'étaient pas ordinaires : les plus petits étaient les poussins et les plus gros les poules, qui tentaient vainement de faire régner l'ordre chez leurs petits. Ils avaient tous été transformés par la malédiction. Pour les voir de plus près, l'épuisette ne serait pas inutile !

Après un jeu de chasse aux papillons-oeufs, Belle se laissa tomber sur le sol, épuisée : les œufs couraient partout, c'était impossible de les avoir. De plus, les poules se jetaient contre ses mollets pour protéger leurs poussins.

Zip riait et Belle se tourna vers lui : « Mais, Zip, ce ne sont quand même pas eux que l'on sert aux repas, si ? ». La tasse sourit et lui expliqua qu'un autre poulailler se trouvait plus loin et avait épargné par le sortilège car il n'était pas dans l'enceinte du parc. Belle rit à son tour, se releva d'un bond et recommença sa course-poursuite.