|
|
| [Fanfiction] Sherlock contre Phantom | |
| Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: [Fanfiction] Sherlock contre Phantom Mar 30 Oct 2012 - 19:58 | |
| J'ouvre ce sujet car au début de l'année, vu que je suis fan de la série Sherlock, et de PM, j'ai décidé d'écrire une fanfiction mélangeant les deux. Un personnage a été ajouté, Emily. (John n'a qu'une soeur dans la séie, je lui en ai ajouté une, je trouvait que cela manquait de personnages féminins.) Je l'ai terminé depuis un moment, mais je ne le poste sur ce forum que maintenant (après l'avoir posté sur un autre forum sur Sherlock et un autre sur PM) Vu la quantité de texte, je vais devoir déborder sur plusieurs pages.
En espérant que cela vous plaise!
Chapitre1 : Le salon était en désordre, mais cela ne lui importait que peu. Au 221B Baker Street, le rangement n’était en rien une priorité, et surtout pas pour Sherlock Holmes, le grand détective consultant. Allongé en robe de chambre sur son canapé, il réfléchissait tandis que dans un fauteuil à l’autre bout de la pièce se tenait sa jeune colocataire, Emily Watson, le nez plongé dans un livre. Cela faisait six mois qu’elle et son frère, le Dr. John Watson, vivaient ici, et ils avaient dû se faire aux nombreuses excentricités de Sherlock. Quoi qu’Emily ne s’en plaignait pas, car elle ne s’ennuyait jamais avec lui. Elle, son frère et le détective avaient dû risquer leur vie plus d’une dizaine de fois rien qu’en une semaine, mais le goût de l’aventure les poussait toujours à en demander plus. Ce matin là, John était absent. Il avait rendez-vous avec sa collègue et fiancée, Sarah. C’est ainsi, par ennui, que Sherlock et Emily s’étaient retrouvés seuls dans le salon, à lire et réfléchir. C’était un Samedi, jour de congé pour la jeune femme de 20 ans qui travaillait habituellement au British Museum dans le département des antiquités Egyptiennes. Le Times était posé négligemment sur la table basse. Evidemment, aucune affaire intéressante n’avait attiré leur attention. Les tueurs en série se faisaient rares ces derniers temps, mais ce qui ennuyait particulièrement Sherlock, c’était le fait de ne pas trouver d’adversaire à sa taille. Certes, il y avait James Moriarty, mais il ne se manifestait plus depuis quelque temps. Cela pourrait s’apparenter à du repos pour le commun des mortels, mais pour le détective, c’était l’enfer. Emily marqua sa page, puis releva l’une de ses longues mèches brunes avant de poser son regard vert sur Sherlock. -Laisse-moi deviner : tu t’ennuies… Il tourna la tête vers elle. -Tout juste…Pourquoi les criminels manquent-ils tant d’imagination ces temps-ci ? -Je me pose la même question. S’il n’y avait pas le musée, je m’ennuierais autant que toi. Elle soupira en s’avachissant dans son fauteuil. -Vivement que les criminels se remettent au boulot…fit Sherlock. Ce genre de remarque ne plairait certainement pas à un simple londonien, mais Emily s’y était habituée tout comme son frère. Sociopathe de haut niveau, il ne croyait pas si bien dire… -C’est sûr…un peu d’action ne nous ferait pas de mal… Le regard de la jeune femme se posa sur un magazine datant du début de leurs aventures. -« Une étude en rose » -Quelle idée…fit Sherlock en ricanant, le regard fixé au plafond. Emily se leva de son fauteuil, et alla se poster entre le canapé où son ami se trouvait, et la table basse. -Enfin, on a connu pire, entre des tueurs mafieux chinois et le jeu de Moriarty…Qui se fait trop calme ces derniers temps d’ailleurs… -Pour la peine j’espère qu’il nous prépare un nouveau jeu, je m’EN-NUIE ! Il se tourna en direction du mur, tournant le dos à Emily, qui lui tapota le dos de deux petits coups avant de regagner son fauteuil. Elle entortillait l’une de ses boucles autour de son index droit, le visage posé sur son autre main. Un nouveau silence s’installa, jusqu’au moment où le téléphone portable de Sherlock sonna. Ni une, ni deux, il se jeta dessus. -Sherlock Holmes ? Emily le regardait, et sut qu’il s’agissait de Lestrade, et d’une proposition. L’expression d’ennui de son ami s’était transformée en un sourire. -Oui…Oui, d’accord, tout de suite…Nous arrivons. Il raccrocha, et partit en direction de l’étage supérieur, tout en se débarrassant de sa robe de chambre. -Bonne nouvelle ? lui demanda Emily en posant une main sur la rampe d’escalier. -Fin de l’ennui, prépare-toi, direction siège de Scotland Yard ! S’écria-t-il joyeusement en disparaissant dans sa chambre.
Au même moment, madame Hudson entra dans l’appartement. -Ma petite Emily, tout va bien j’espère ? -Oui, très bien madame Hudson, répondit la jeune femme en se dirigeant vers sa chambre. Vous allez être débarrassée de nous pour un petit moment je crois, enfin cela dépendra de combien de salive dispose ce cher Lestrade… Elle ouvrit son placard en grand, et y prit son manteau ainsi que son écharpe avant de regagner le salon. -J’ignore de quoi il va nous parler, mais vu la réaction de Sherlock, cela semble réjouissant. Enfin, vous savez comme il est, il lui faut de l’extraordinaire. -Très juste ! cria Sherlock depuis l’étage, tout en descendant. De l’extraordinaire, un pur chef d’œuvre de l’imagination. Quelque chose que même l’esprit d’Emily serait incapable de créer. -Mais je t’en prie…répondit la principale intéressée en croisant les bras. -Vous feriez mieux de vous dépêcher, votre ami doit vous attendre. Les pressa la vieille dame. -Notre ami ? Ricana Sherlock tout en attachant son écharpe. Vous n’êtes pas sérieuse madame Hudson ? -Vous passez tout de même du temps avec lui… Emily se releva une mèche avant de répondre : -Non, si nous le voyons, c’est uniquement par obligation et parce qu’il est l’une des rares personnes à nous informer quand il y a des meurtres, comment dire…intéressants. -Et puis c’est lui qui a besoin de notre aide. Fit Sherlock avec un clin d’œil en direction de son amie. Elle le lui renvoya, ce qui rendit madame Hudson perplexe. Certes, elle connaissait Sherlock depuis longtemps, mais avouait ne pas réussir à le cerner. Le fait qu’il n’ait pas de petite amie la mettait souvent dans le doute, mais certaines situations contredisaient son jugement. Comme là, par exemple, cet échange de clins d’œil. -Emily, téléphone à John et dis lui de nous rejoindre. -C’est comme si c’était fait mon cher…lock Holmes. Répondit-elle en dégainant son portable d’un geste impérial. Le détective descendit les escaliers, Emily à sa suite téléphone à l’oreille. -Allô John ? C’est Emily. Je sais que ce n’est pas bien le moment, mais tu dois nous rejoindre au quartier général de Scotland Yard…Oui, je sais, c’est le week end, mais…D’accord, merci, à tout-à l’heure. Les deux amis se trouvaient à présent dans la rue, devant le 221 Baker Street. Emily rangea le téléphone portable dans sa poche, et Sherlock, comme à son habitude, lèva un bras tout en criant : -Taxi !
Chapitre 2 : Lestrade attendait dans la salle de projection. Il s’essuya le front d’un mouchoir. Décidément, cette histoire était trop étrange pour être vraie, mais il fallait bien se rendre à l’évidence: un homme avait disparu. Il vérifia une dernière fois ses diapos. Oui, tout était bien en place. On frappa à la porte. -Oui ? répondit-il distinctement. Le sergent Sally Donovan passa la tête à l’ouverture de la porte. -Le taré est là. fit-elle. -Faites-le entrer quand même. Lestrade se raidit, histoire de se donner de la prestance. La porte s’ouvrit entièrement et Sherlock entra, suivi d’Emily. -Holmes, vous êtes venu. -C’est bien ce que je vous ai répondu plus tôt…Problème plutôt sérieux, à en juger par l’humidité de votre front. Lestrade fit semblant de n’avoir rien entendu, et les invita à s’assoir. -Si je vous ai convoqué ici aujourd’hui, vous pensez bien que ce n’est pas pour jouer au Scrabble. Emily ricana discrètement. -L’un de nos agent, le sergent Ben Hoover, est porté disparu depuis environ un mois. Dans la mesure où il était en congé nous ne nous sommes pas plus inquiétés que cela, mais il n’est jamais rentré des Etats-Unis. -Et vous voulez que nous le retrouvions. Fit Sherlock, impassible. -C’est exact, mais il y a bien plus compliqué que cela. Lestrade leur passa la première image. La photo représentait une ville datant du XIXème siècle d’après le style architectural, et devant se trouver dans le Colorado. L’endroit n’était pas abandonné, mais les rues n’étaient pas animées. Comme la plupart des anciennes villes minières des Etats-Unis, en somme. -Je vous présente la ville de Thunder Mesa. Commença le lieutenant. Ville minière fondée vers le milieu de XIXème siècle dans le Colorado, mais vu votre regard, je ne vous apprends rien. Il changea d’image. Cette fois ci, cela représentait une montagne de couleur ocre au milieu d’un lac. -Ceci est la montagne nommée Big Thunder Mountain. Dès la fondation de la ville, un homme du nom de Henry Ravenswood eut l’idée de chercher de l’or ici, et son entreprise fut un succès, il fit fortune rapidement grâce à sa compagnie minière, la Thunder Mesa Minning Compagny. Mais les indigènes ne voyaient pas les choses d’un très bon œil, car cette montagne, selon une ancienne légende, abriterait un puissant esprit appelé « Oiseau Tonnerre », qui se vengerait sur quiconque profanerait son territoire. Il changea une nouvelle fois de diapositive. L’image cette fois était celle d’un manoir construit au sommet d’une colline. -Enfin, voici le point central de l’affaire : Ravenswood Manor. La porte de la salle de projection s’ouvrit, et le Dr. John Watson apparut. -Désolé du retard, je n’ai été prévenu qu’au dernier moment. -Ce n’est pas grave. Fit Lestrade. Prenez place. John s’installa à côté de Sherlock, qui se trouva entouré du frère et de la sœur. -Vous voulez que je recommence ? -Poursuivez, je lui expliquerai. Répondit Emily, concentrée. Nous en étions à Ravenswood Manor, je crois. -Oui, c’est exacte, Ravenswood Manor. Un lieu chargé d’histoire. Dès que la fortune de la famille fut faite, Henry Ravenswood, se fit construire un splendide manoir de style victorien au sommet d’une colline, signe ostentatoire de sa richesse. Il s’y installa avec sa femme Martha, et leur fille, Melanie. Les indiens protestèrent encore, affirmant que Ravenswood avait fait construire la demeure sur un ancien cimetière de leur peuple. Evidemment, le propriétaire ne crut pas à leurs avertissements. Sherlock eut un furtif sourire en coin. Quel esprit constitué de manière équilibré pouvait croire à ces sornettes ? -Les années passèrent, et la fille Ravenswood, Melanie, fut en âge de se marier. Elle tomba amoureuse d’un conducteur de train travaillant pour son père dans la mine, et la famille ne s’opposait en rien à ce mariage, tout allait pour le mieux, jusqu’à cette journée tragique. Il changea la diapo, qui montrait à présent une gravure, tirée d’un livre sans doute. On y voyait la ville dans un état lamentable. Des planches de bois étaient brisées, voire même décrochées, des fissures étaient apparues sur le sol… -Un séisme provenant de la mine fit un grand nombre de victimes, dont Henry Ravenswood et son épouse. Le lendemain, leur fille devait se marier…Mais vous pensez bien, les invités arrivaient, et la plupart venant de loin, impossible de les renvoyer chez eux. La date du mariage fut maintenue malgré la tragédie, mais la suite des événements reste assez floue. Tout ce que nous savons c’est que le lendemain, l’instant où les domestiques refermèrent les portes du manoir fut la dernière fois qu’on les vit. -La dernière fois ? demanda John, visiblement perplexe. Vous voulez dire qu’ils ont disparu ? -Sans laisser de trace, docteur Watson. -Et le sergent Hoover ? demanda à son tour Emily. Que lui est-il arrivé ? Lestrade marqua un temps avant de répondre. -Il était parti dans le Colorado pour les vacances, dans cette ville même, et…il n’est jamais revenu. Emily se tassa sur sa chaise, ils n’en sauraient pas plus, et cela la perturbait. -Croiriez-vous aux fantômes, Lestrade ? Le questionna Sherlock, calme comme à son habitude. -Moi ? Bien sûr que non, mais je ne peux m’empêcher de penser que la grande disparition de 1860 a un lien avec celle de Ben Hoover. Croyez moi, il se passe des choses étranges dans cette ville, et nous avons pensé à vous, Holmes, pour résoudre ces mystères une bonne fois pour toute. Emily et John se tournèrent vers Sherlock, qui réfléchissait, les yeux rivés sur la gravure projetée au mur de la salle. Certes, il ne croyait en rien au paranormal, mais la résolution d’une énigme datant de plus de 150 ans le tentait. -Nous partons demain. Décida-t-il en se levant. Nous retrouverons Hoover et vous prouverons que toutes ces histoires sont sorties de l’imagination d’hommes ayant passé trop de temps au saloon. -Demain. Répéta John. Demain ? Tu n’es pas sérieux Sherlock ? -Je croyais être connu pour mon sérieux. Si, demain. -Pas de problème, nous venons. Fit Emily, enthousiaste. John, tu es aussi de la partie, j’espère ? Il ne put que céder devant le regard insistant de sa sœur. Peut-être avait-il halluciné, mais il avait l’impression d’avoir décelé le même regard chez Sherlock un instant durant. -D’accord…En route pour le Colorado.
Chapitre3 : John et Emily somnolaient dans leur cabine du Mark Twain. Sur la banquette qui leur faisait face, Sherlock, éveillé, les observait. Il examinait chaque détail de ses compagnons endormis, chose qu’il n’avait jamais eu l’occasion de faire avant. Le sifflet du vapeur l’arracha à sa contemplation, tout en tirant John et Emily de leur sommeil. -On approche de la ville ? demanda Emily en s’étirant un peu. Dormir sur une banquette n’était pas vraiment l’idéal. Elle passa l’une de ses mains dans ses cheveux bruns afin de les remettre en place, et tourna la tête vers son frère qui ouvrait les yeux. -Oui. Répondit-il à peine réveillé. Sherlock jeta un rapide coup d’œil vers le hublot avant de se lever. -Où vas-tu ? demanda John. -Sur le pont. Répondit le détective. Je dois avoir une vue d’ensemble. Il sortit, suivi de près par Emily et John. -Une vue d’ensemble ? Pourquoi faire ? demanda ce dernier. -Question stupide. Répondit Sherlock. Pour toute réaction, John leva les yeux au ciel. Il était habitué à ce genre de remarques. Ils arrivèrent sur le pont, et ce qu’ils virent était plutôt réjouissant. Au bord de l’eau se trouvaient des petites cabanes en bois sur pilotis, et plus loin se trouvait un élément qu’ils avaient déjà vu sur l’une des diapos de Lestrade : Le Big Thunder Mountain. -Alors voilà la mine Ravenswood…conclut Emily. -Oui…répondit Sherlock en pleine réflexion. Le vapeur avançait assez rapidement, et bientôt, ils furent en mesure de voir le manoir des Ravenswood. Un frisson parcourut Emily. -Ce n’est pas très rassurant… -Ce n’est qu’un manoir, pas de quoi avoir peur…fit Sherlock, dont le regard affûté avait capté le frissonnement de son amie. -Moi, peur ? Tu dis n’importe quoi. -Emily, tu peux toujours tenter de faire croire ça à John, mais pas à moi. -Merci bien. Répondit celui-ci en croisant les bras. -…Bref, tu ne pourras jamais me duper à ce sujet. -Ni à d’autres, c’est ça ? -Exactement. Emily lui tourna le dos. Certes, elle adorait Holmes, il était son ami et en quelque sorte son professeur en science de la déduction, mais parfois il l’exaspérait. C'est qu'elle était orgueilleuse et détestait être rabaissée, même un peu. John lança un regard à son ami voulant dire « Franchement, tu aurais pu t’abstenir de lui dire une chose pareille. », et tenta de calmer l’esprit de sa jeune sœur. Sherlock jeta un regard par-dessus son épaule. Question caractère, c’est fou comme ils se ressemblaient… Emily se retourna, et fit comme si rien ne s’était passé. Dans son regard, Sherlock pouvait lire quelque chose comme « Tu as vraiment de la chance que je ne sois pas rancunière. » Ils commençaient à percevoir les bâtiments de bois de Thunder Mesa, et aussi le quai. Enfin ! Sherlock en avait assez d’attendre et voulait absolument commencer son enquête. Emily appréhendait ce qu’ils allaient trouver, et John n’avait qu’une envie : rentrer à Londres. Les deux seules raisons pour lesquelles il restait étaient Sherlock et Emily. Le vapeur débarqua, et les trois compagnons descendirent chercher leurs bagages avant de sauter à quai. La ville était telle que les diapos la leur avait montrée, comme figée dans le temps depuis la ruée vers l’or. Emily lisait les enseignes des bâtiments: Silver Spur Steakhouse, Last Chance Cafe, Thunder Mesa Daily Messenger, The Lucky Nugget Saloon, et le dernier qu’elle put lire à cette distance: J.Nutteville, ordonnateur de pompes funèbres et fabricant de meubles…Un comique celui là. -Bon…commença la jeune femme. Où allons-nous ? -Poser tout ça. Fit John en tapotant sa valise à terre. Sherlock ? -Oui. Allons au Lucky Nugget Saloon, je suis certain qu’ils peuvent avoir des informations capitales à propos de la ville et de cette soi-disant malédiction. Emily ne répliqua pas, et tous suivirent le mouvement. Le bâtiment était à l’évidence un ancien saloon reconverti en chambres d’hôtes. Parfait pour laisser les bagages. Ils entrèrent. A leur gauche se trouvaient deux fauteuils et une table couverte de magazines, et à droite, un comptoir derrière lequel se tenait un homme qui devait faire la taille d’Emily, environ 1m61. Il avait entre 50 et 60 ans, était chauve, et portait un costume-cravate. Élégant. -Bonjour. Fit l’homme. Puis-je vous aider ? Ce fut John qui répondit : -Oui, nous souhaiterions laisser nos valises ici, si cela ne cause aucun inconvénient, bien sûr. -Non, aucun souci, elles sont entre de bonnes mains. Pardonnez ma curiosité, mais que venez-vous faire dans cette ville de l’ouest si reculée ? John et Emily se regardèrent, se demandant mentalement s’il fallait exposer les véritables raisons de leur venue ici. -Vous êtes un descendant de Diamond Lill…lâcha soudainement Sherlock. -Hum…Oui. Répondit l’homme le plus naturellement du monde. -Votre ancêtre est la personne qui a bâti ce saloon en 1858, elle était donc présente quand est arrivée la catastrophe de 1860…Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ? Le petit homme blêmit. -Vous…vous êtes venus pour la malédiction ? -Si malédiction il y a. L’homme passa le portillon qui le séparait d’eux. -Suivez mon conseil : ne vous approchez pas du manoir, jamais. -Pourquoi ? Un esprit risque de nous garder prisonnier pour toujours ? Pardonnez-moi monsieur, mais je ne crois en rien aux fantômes, sorcières et autres sornettes de ce genre. -Tout comme l’homme qui est venu le mois dernier. Lui non-plus n’y croyait pas, mais la tentation de vérifier a été trop forte, et nous ne l’avons jamais revu. -Peut-être qu’il est simplement parti. Dit alors John. Parfois, des gens souhaitant changer de vie agissent ainsi… -Voyons, Watson, cet homme était célibataire, sans enfants et sans ennemis. Pourquoi aurait-il voulu changer de vie ? Emily coupa court à ce discours. -Monsieur, nous avons appris certaines choses à propos de Thunder Mesa, mais rien de véritablement précis. S’il vous plaît, nous avons besoin de la version de quelqu’un d’interne. Voulez-vous bien nous aider ? L’homme posa une main crispée sur le comptoir. Peut-être aurait-il une chance de les dissuader en leur livrant toute la légende. -Bien, je vais vous raconter l’histoire de cette tragique année 1860 telle qu’elle a été racontée par mon arrière-arrière grand-mère à mon grand-père et telle qu’il me l’a transmise.
Chapitre 4 :
L’homme commença son récit : -Tout a commence avec la malédiction indienne. Vous savez certainement que la mine Ravenswood, selon l’une de leurs légendes, a été construite sur une montagne sacrée ? -Nous en avons entendu parler…répondit Emily. D’après ces mêmes légendes, un esprit appelé « Oiseau Tonnerre » y serait caché…C’est exact ? -Oui, c’est bien cela. La catastrophe qui suivit ne fut pas une coïncidence, bien au contraire. Ce jour là, les ouvriers découvrirent quelque-chose d’étrange enfoui dans la mine, et ils firent prévenir les Ravenswood. Malheureusement, personne ne ressortit vivant pour dire de quoi il s’agissait. -Le séisme. Devina John. Et vous pensez que c’est cette découverte qui l’a provoqué ? -Disons que la découverte en a été le déclencheur. Ce qui est certain, en revanche, c’est que l’esprit indien, cet « Oiseau Tonnerre » se réveilla, et châtia les profanateurs. -Un « esprit indien ? » Pourquoi pas simplement un simple déplacement de plaques tectoniques ? Le Colorado est plutôt bien placé pour ça. -Sherlock ! fit Emily, lui faisant signe du regard d’écouter. Continuez, je vous prie. -Merci. Vous savez aussi que la fille Ravenswood, la jeune et joyeuse Melanie, devait se marier le lendemain. -Oui, tout ça, nous le savons. Fit Sherlock. -Dans ce cas vous n’ignorez pas que la famille ne s’opposait en rien à ce mariage, jusqu’au jour ou le jeune homme, qui prenait au sérieux toute cette histoire de malédiction, informa le père de cette décision. -Alléluia, enfin de l’inédit ! fit joyeusement le détective, joignant les mains. Emily hésita à lui mettre un coup de coude, mais renonça. -Et cette décision? -Le jeune homme voulait partir avec son épouse après le mariage, ce à quoi le père s'opposa vivement. Ce que je pense, c’est que le fiancé souhaitait éloigner sa future épouse d’un homme aussi fou qu’Henry Ravenswood. Un homme provocateur défiant les lois selon son bon vouloir…Enfin, le père refusa d’accepter que sa fille unique ne quitte la maison. Mais il n’avait pas prévu sa mort, et une fois la catastrophe passée, plus rien ne pouvait séparer les fiancés. Il reprit sa respiration. -Mais les choses le lendemain ne se passèrent pas comme prévu. Personne ne ressortit jamais du manoir. - Personne ? demanda John. Vraiment personne ? -Personne. Répéta l’homme. Les habitants trouvaient tout cela bizarre. Certains avaient attendu le départ des jeunes mariés, mais rien ne se passa. D’autres allèrent jusqu’au manoir demander des nouvelles, là encore personne ne répondit. Malgré tout, quelques-uns de ces curieux prétendirent avoir vu quelqu’un s’agiter derrière les rideaux du premier étage. A présent, plus personne n’ose s’approcher du manoir. Les habitants l’ont même surnommé Phantom Manor. -Phantom Manor ?réfléchit Emily. Vous pensez donc que le manoir serait…hanté ? L’homme acquiesça. -Mais pourquoi donc aucun des invités ne serait ressorti ? Toute cette histoire est tout de même…étrange. -Et c’est précisément la raison de notre venue, résoudre cette affaire une bonne fois pour toute. Fit Sherlock. Merci Monsieur, tout ceci était passionnant, mais il nous faut partir maintenant si nous voulons revenir ici le plus rapidement possibles. -Si vous revenez… -Oh, soyez un peu plus optimistes, nous ne sommes pas un simple sergent de Scotland Yard, nous nous en sortirons. Je tiens quand même à rappeler que les fantômes, ça n’existe pas. -Oui, sinon ils prendraient une crise de nerf avec toi. Compléta John. Sherlock rajusta son écharpe, et avança vers la sortie. -En tout cas, merci beaucoup de votre aide monsieur. Fit Emily. Vous nous avez éclairé sur certains points encore flous. -Vous ne m’en avez pas vraiment laissé le choix…Alors c’est décidé ? Vous montez au manoir ? -Oui. Répondit John. Rien de ce que vous ne pourrez dire ne le fera changer d’avis. C’est sûr, question tête de mule…Sherlock les battait à plate couture. Ils le saluèrent, et passèrent la porte du Saloon, peut-être pour la dernière fois. -Dieu vous protège. Murmura l’homme, le regard fixé sur la porte qu’ils venaient de franchir.
Dernière édition par Glywen le Ven 5 Juin 2015 - 0:17, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Fanfiction] Sherlock contre Phantom Mar 30 Oct 2012 - 19:59 | |
| Chapitre 5 :
Les trois coéquipiers se trouvaient devant les grilles du manoir. Ils levaient le nez. La bâtisse était construite sur une petite colline à l’écart de la ville, il leur faudrait grimper un peu. -Bien…lâcha Emily en s’approchant de la grille. Un peu de grimpette, ça vous tente ? Par chance, la grille n’avait pas été verrouillée depuis plus de 150 ans. Malgré tout, la jeune femme dut forcer un peu à cause de la rouille. Une fois la grille ouverte, ils purent commencer leur ascension. La route jusqu’au manoir était pavée, ce qui leur facilita considérablement la tâche. De plus, la colline n’était pas si haute que cela. Ils arrivèrent à un embranchement au milieu duquel se trouvait un lampadaire portant une inscription. -Phantom Manor…déchiffra John en se penchant. Si c’est une blague de la part des habitants, ce n’est pas très malin. -Attends, attends ! fit Emily, dont la tête se glissa juste au dessous de celle de son frère. Il y a quelque-chose d’inscrit sur cette petite bannière, en bas du panneau… « Non Omnis Moriar »… -Je ne meurs pas complètement. Traduisit rapidement Sherlock. -Merci, j’avais compris. Rétorqua celle qui travaillait au British Museum. Cela m’a pourtant l’air authentique… Mais pourquoi Phantom Manor ? Ce sont les habitants qui l’ont appelé ainsi… -Mauvaise blague. Répondit Sherlock, tout en s’éloignant vers le manoir. John et Emily le suivirent, mais le regard de cette dernière glissa vers un gazebo, situé de l’autre côté de la route. Elle ralentit le pas jusqu’à s’arrêter. Cet endroit la mettait mal à l’aise, mais la fascinait tout de même. Il n’y avait pas de porte, juste quelques vitres, et une structure de pierre et de bois. Mais sa sensation de malaise était provoquée par ce qui se trouvait à l’intérieur de ce gazebo : Une petite table recouverte d’une nappe sur laquelle se trouvaient une tasse et une théière. ..Comme si ici, le temps s’était arrêté il y a de ça plus de 150 ans. Frissonnante, Emily reprit le chemin du manoir. Elle ne voulait pas rester seule dans un endroit qui l’inquiétait tant. Après tout, et si cet endroit était réellement hanté ? Elle chassa cette idée de son esprit. -Tout ira bien Em…se disait-elle. Tu as 20 ans, tu as sauté des classes, fait tes études à la vitesse de l’éclair, et tu sais que les fantômes n’existent pas…Non, ils n’existent pas… Elle monta l’escalier qui menait au porche, et rejoignit son frère. -Ah, te voilà ! Que faisais-tu ? lui demanda-t-il. -Euh…je… L’ancien militaire lui lança un regard d’encouragement. La jeune femme reprit son souffle. -Tu vois le gazebo là bas ? fit Emily en lui montrant l’endroit du doigt. -Oui. Pourquoi ? Il y a un problème ? -Tout dépend du point de vue… John sentit que sa sœur avait du mal à exprimer ce qu’elle ressentait. -Tu peux me le dire, Em, je ne suis pas Sherlock. Emily se mit à tripoter ses cheveux, soupira, puis avoua : -Dans le gazebo, j’ai vu…c’est ridicule de s’inquiéter pour ça ! John l’attrapa par les épaules, ce qui la calma directement. -Une nappe, une tasse et une théière. -Quoi ? C’est tout ? -…Et tu ne trouves rien de bizarre là dedans ? Il semblait incrédule. -Une tasse, une théière, une nappe…Tout ça dans un endroit censé être abandonné depuis plus d’un siècle et demi…Rien ne vient ? John regarda le gazebo plus loin. Pourquoi sa sœur semblait elle craindre cet endroit? Emily se ressaisit. -A propos de trucs bizarres, où est passé monsieur le détective? Sherlock, lui, était à peine à cent mètres d'eux, dans le cimetière de la propriété. Tout en se promenant parmi les tombes, il lisait de vieilles épitaphes, qui le faisaient pouffer de rire: N°39, These Miners were told about digging too fast, they lost all their gold in a dynamite blast, ou encore un couple de tombes penchées l'une vers l'autre: Till Death...et sur l'autre: Do us part. Sur une troisième un peu en retrait, on pouvait lire: Over my dead body. Une autre également drôle attira son attention: Leadfoot Fred, Danced too slow and now he's dead. Même si la mort ne lui faisait rien, Sherlock admit que rarement elle lui avait semblé aussi drôle. Un détail attira soudainement son attention: 1862... Le descendant de Diamond Lill leur avait pourtant dit que l'endroit était abandonné depuis 1860...Apparemment, le cimetière privé des Ravenswood s'était transformé en cimetière pour la ville aussi. Il se dirigea vers la partie centrale du lieu, qui était surélevée. -Anna et Jasper Jones,1866 et 1867... Il plissa les yeux. Personne ne les avait jamais revu: qui les avait donc enterré? Le détective se retourna, et tomba sur un nouveau couple de tombes. Il les avait trouvés ! -Jackpot! C'est Noël! fit-il avec un sourire en coin. Il chercha du regard John et Emily, et les aperçut sur l'escalier principal. -Emily? John? leur criait-il avant de leur faire signe de venir. Le frère et la sœur accoururent. Sherlock avait trouvé quelque-chose. -Regardez les noms. Leur dit-il. -Henry Ravenswood…lut John. -Et Martha Ravenswood. Compléta Emily. Ce sont les anciens propriétaires du manoir. -Et regarde un peu. Continua John. « Quarreled And Fought As Man And Wife, Now Silent Together Beyond This Life » Emily regardait les autres tombes et déchiffrait les épitaphes de loin. -C’est un petit rigolo celui qui se charge des inscriptions. Celles sur les tombes de Jasper et Anna Jones indiquaient respectivement : « Kept the master happy » et « Kept the master happier ». Intéressant… La jeune femme s’éloigna vers une autre tombe, qui déclencha chez elle un petit rire nerveux : Dakota Dick, Pendu le 17 octobre 1867, Descendu le 18 janvier 1868, Poignardé‚ le 18 décembre 1868, Empoisonné‚ le 21 mai 1869, Il Reviendra. Soit toute cette histoire était une blague orchestrée par les habitants de Thunder Mesa, soit il se passait des choses vraiment bizarres dans le coin. Elle retourna près de Sherlock et John, mais une tombe attira soudainement son attention. Elle se situait dans la partie centrale du cimetière. Elle avait une couleur verdâtre, était assez haute, et ressemblait à un lit recouvert d’un drap. Manque de chance, aucun nom. -John, Sherlock…venez-voir ça. C’est étrange, il n’y a pas de nom ici. Le détective observa la tombe durant quelques instants. -Plutôt étrange, en effet. Vu où la tombe est situé, elle est celle de quelqu’un d’important, mais dans ce cas, pourquoi n’y a-t-il aucun nom ni aucune épitaphe ? -Peut-être voulaient-ils dissimuler de qui il s’agissait. Suggéra John. Emily s’était accoudée à la tombe. Quel problème épineux, un « problème à trois patchs » comme dirait Sherlock. -Apparemment, il n’y a rien de plus à voir ici…fit le détective. Le manoir sera certainement plus généreux avec nous sur ce plan là. -Allons-y. fit John en suivant son ami. Emily partit derrière, mais quelque-chose la dérangea. Elle crut un instant durant entendre comme un battement qui provenait de la tombe anonyme. Un battement lent et régulier, comme celui d’un cœur fatigué. Un battement de cœur dans un cimetière abandonné… Elle préféra ne pas s’attarder et suivre ses compagnons jusqu’à la porte du manoir.
Chapitre 6 :
Ils se trouvaient à présent devant la porte du manoir. Sherlock était impatient de se frotter aux mystères anciens, Emily n’était pas rassurée du tout, et John n’avait qu’une envie : retourner à Londres le plus rapidement possible. La porte était grande et à double battant. Sur chacun d’eux se trouvait un lourd heurtoir, et l’entrée était entourée de boiseries. Il y avait aussi deux vitres latérales, et une autre en demi-cercle parée de décorations métalliques. Derrière chacune de ces vitres se trouvaient des rideaux blancs, comme à toutes les fenêtres de la maison, d’ailleurs. Emily s’approcha de l'une des fenêtres, mais les rideaux ne permettaient pas la moindre visibilité. -Une idée pour entrer ? demanda-t-elle. -Un jeu d’enfant. Fit Sherlock avec un sourire en coin. Il s’approcha de la porte, saisit la poignée, mais il eut beau tirer et pousser, rien ne se passa. Il tenta même d’enfoncer la porte, mais toujours rien. -Un jeu d’enfant, tu disais ? dit John, bras croisés. -John ? -Oui ? -La ferme. Le détective tenta d’examiner la porte de plus près. -Depuis le temps, le bois devrait avoir perdu en solidité, les gonds auraient dû lâcher…Il y a quelque-chose d’anormal… Le regard d’Emily se posa sur les heurtoirs. Pendant ce temps, la discussion entre ses deux compagnons se faisait de plus en plus animée. -Ça alors ! Le grand détective bloque sur une simple porte ? -John, cette porte refuse de s’ouvrir ! -C’est le but d’une porte de laisser les intrus dehors, non ? -Après un siècle et demi ? Emily plissa les yeux, ne prêtant pas attention à la dispute de son ami avec son frère. Elle avança sa main droite vers l’un des heurtoirs, le saisit, et frappa trois coups nets. Rien ne sa passa, mais la jeune femme sortit brusquement de sa concentration. -Oh, vous allez arrêter oui ? C’est bien joli de se crier dessus, mais là, on à autre chose à faire, alors maintenant, vous allez vous calmer, c’est bien compris ? Les deux hommes regardaient en sa direction, comme figés. -Quoi ? Ne le prenez pas mal, c’est vrai… Sherlock attrapa Emily par les épaules. -Enfin, ça a cédé. Merci Emily. La sœur de John se tourna en direction de la porte qui était…ouverte ?! Le détective la lâcha, et entra. Le frère et la sœur s’échangèrent un regard. -Em…Qu’est-ce que tu as fait ? -Rien de spécial…J’ai juste frappé avec l’un des heurtoirs et rien de plus… Emily chassa de nouveau l’idée selon laquelle l’endroit serait vraiment hanté. -Il y avait certainement un mécanisme caché. Fit-elle avec un sourire crispé avant d’entrer dans le manoir. John acquiesça, sans véritablement la croire. Sa sœur se comportait de façon étrange depuis leur arrivée, et tentait de n’y rien laisser paraître. Il admirait sa détermination, mais ne pouvait s’empêcher d’être inquiet à son sujet. Il fut le dernier à entrer. Sherlock était déjà à la recherche de potentiels indices, et Emily faisait de même. Le médecin remarqua que le lieu était assez propre, hormis quelques toiles d’araignées suspendues au lustre. Il le fit remarquer. -C’est propre pour un manoir abandonné depuis longtemps. -Plutôt, oui. Fit Sherlock armé de sa mini-loupe en observant un miroir entouré de chandelles éteintes. La pièce était plutôt vide, excepté deux miroirs et de quoi éclairer. Emily se dirigea vers le miroir placé dans l’angle gauche de la pièce, incliné vers le bas. Il était entouré de petits rideaux de velours rouge. Pourquoi valoriser ce miroir en particulier ? Plus elle avançait, plus elle voyait son reflet. Toujours la même fille pâle aux yeux verts et cheveux bruns légèrement bouclés. Elle détourna un instant le regard, observant Sherlock, puis John, avant de se re-concentrer sur l’objet. Elle sursauta. A l’intérieur ne se trouvait non plus son reflet, mais quelqu’un d’autre : Une jeune femme aux anglaises rousse au sourire triste portant un médaillon et des vêtements à col haut. Si elle capta tous ces détails, c’est parce que la terreur la clouait sur place. Au bout de quelques secondes, elle put redevenir maîtresse d’elle-même et se détourner du miroir, ayant la ferme volonté de ne plus le regarder. John vint vers elle. -Em ? -C’est rien, c’est rien. -Etant donné que tu viens de sursauter, je doute qu’il n’y ait « rien » comme tu dis. Fit Sherlock. De plus, ta respiration est anormalement rapide, tout comme tes battements de cils, par conséquent, tu as vu quelque-chose. Emily inspira pour se calmer. -Cela n’a rien à voir avec Ben Hoover donc je préfère qu’on oublie… Elle voulut s’éloigner mais Sherlock la retint par un bras. -Ne crois pas que tu peux t’enfuir comme ça. D’ailleurs, qui de vous deux a fermé la porte ? John et Emily regardèrent autour d’eux. Ils ne s’en étaient absolument pas rendu compte, mais la porte avait été refermée, et quelqu’un avait allumé les chandelles. Le détective lâcha Emily, et marcha un peu dans la pièce. Il se mit à rire. -Apparemment, ce manoir n’est pas si abandonné. Qui que ce soit, il est plutôt blagueur. Il veut jouer, et bien que la partie commence. Il revint vers Emily. -Tu regardais ce miroir, tu sursautes et paniques, il y a forcément une raison, et je crois ne jamais me tromper. La jeune femme céda. -Il y avait quelqu’un dans ce miroir. Elle sentait que Sherlock ne la prenait pas au sérieux. Il pensait à coup sûr qu’elle avait eu peur de son propre reflet. -Ce n’était pas moi. Insista-t-elle, jetant un regard suppliant à son frère, qui haussa les épaules, impuissant. C’est vrai, elle ne me ressemblait pas du tout. Ses vêtements n’étaient même pas de notre époque… Elle baissa le regard, dépitée, et se dirigea vers l’une des portes se trouvant proche du miroir porteur de son malheur. -Nous ferions mieux de continuer. Nous devons trouver Hoover. La porte s’ouvrit facilement, et donnait sur une petite pièce octogonale. Ils n’étaient pas au bout de leurs surprises.
Chapitre 7 : A première vue, la pièce ne semblait avoir aucune utilité, mais en levant la tête, ils virent quatre tableaux, sur lesquels apparaissait une jeune femme rousse. Toujours la même fille, mais représentée différemment. La lumière émanait de chandeliers en forme de gargouilles. Très joyeux ! La luminosité était faible, mais Sherlock, John et Emily purent observer les peintures en détail. Sur l’un, la jeune femme faisait une balade en barque. Elle était vêtue d’une robe violette, et tenait une ombrelle jaune dans ses mains gantées. Sur un autre, la même jeune femme se trouvait dans un jardin et cueillait des fleurs. Elle portait ici une chemise blanche, un corsage rouge et une jupe bleue. Elle avait un panier au bras et un chapeau sur la tête. Dans le jardin se trouvait une sorte de gazebo, et un abri. Sur un troisième, la jeune fille était en robe rose et blanche, la jupe retroussée car elle avait les pieds dans l’eau d’une rivière. Dans le fond, on pouvait percevoir l’ombre d’un manoir. Ravenswood Manor ? Enfin, sur le dernier, la même fille était assise sur une nappe de piquenique en compagnie d’un homme moustachu jouant un air de guitare. Le ciel sur tous les tableaux était gris, maussade…étrange… Ses yeux s’étant habitués à l’obscurité, Emily reconnut la fille des tableaux, ce qui la terrorisa. -M…Melanie Ravenswood ? -Evidemment, Melanie. Fit Sherlock. Qui d’autre veux-tu que ce soit ? Deux fonds nous montrent la silhouette du manoir et des éléments du jardin. Cette femme est jeune, et son compagnon est trop décontracté pour être Henry. De plus, qui mettrait chez lui à cette époque les portraits de quelqu’un qu’il ne connaît pas ? John leva les yeux au ciel. -C’est d’une évidence… -Oui, enfantin…fit Sherlock en ouvrant une porte menant à un couloir. John allait le suivre quand il sentit la main de sa sœur sur son bras. Il vit de la peur dans son regard. -C’est…elle que tu as vu dans ce miroir ? Emily acquiesça. -Je ne sais pas ce que tu en penses, mais moi, je ne suis vraiment pas rassurée. Et si cet endroit était vraiment…hanté ? -Quoi ? -Après tout, nous n’avons vu personne refermer la porte d’entrée, ni allumer les lumières ? Regarde, encore ici le couloir est éclairé. C’est vraiment très louche. Elle inspira, et avança dans le couloir. Ici aussi, il y avait des tableaux de partout, et des miroirs. Ravenswood aimait bien étaler sa richesse et son pouvoir, ce qui avait causé sa perte. En passant près des tableaux, John ressentit comme une impression bizarre. Il se retourna, mais ne vit rien d’anormal. Au bout du couloir, Sherlock les attendait devant un tableau plus grand que les précédents, représentant une jeune femme en tenue de mariée. Encore Melanie. -Le père aimait beaucoup sa fille. Déclara John. -Jusqu’à la folie. Répondit Sherlock. Il refusait qu’elle quitte la ville…Le père possessif en somme. Emily fixait le portrait avec intensité. Melanie était en tenue de mariée, main droite occupée par un bouquet de roses tandis que l’autre était posée sur un fauteuil inoccupé. Qu’avait donc cette jeune femme de si important dans toute cette affaire ? Plus elle fixait l’image, et plus il lui semblait entendre une musique, comme un chant mélancolique de femme… -Et vous voulez que je vous dise ? ajouta Sherlock, ce qui fit revenir Emily à la réalité. -A-t’on vraiment le choix ? Le railla John. -Pas vraiment, mais cela nous sera très utile pour la suite de l’enquête : Le mariage de cette chère Melanie Ravenswood n’a jamais eu lieu ! John fronça les sourcils tout en observant le tableau. -Laisse-moi deviner. Fit Emily. Le fauteuil vide ? Sherlock eut un sourire en coin. -Exactement. Normalement, quand deux personnes se mariaient il y a plus d’un siècle, un portrait était exécuté. La femme se tenait debout, et l’homme était assis. Cependant, ici, aucun mari, et pourtant, la place lui a été laissée. -Un peu comme sur le tableau d’Elisabeth Vigée-Lebrun « Marie-Antoinette et ses enfants ». Le berceau est vide à cause de la mort d’un des enfants…Ici, c’est le siège… -Le mariage n’a donc jamais eu lieu. C’est élémentaire. La raison, nous la connaîtrons bientôt. En route ! Sherlock partit devant, comme d’habitude. Au bout de quelques pas, ils parvinrent à un grand escalier à double volée derrière lequel se tenaient des vitres assemblées afin de former une gigantesque fenêtre encadrée par des rideaux de velours semblant verdâtres. John regarda un peu autour. Il y avait quelques meubles, dont un buste placé dans une niche murale entourée de rideaux de velours rouge et de fleurs. -Pas très rassurant ça non plus, Em ? -Ça va John...Ce n’est pas drôle. En plus il est moche ce truc. Il n’y aurait que Sherlock qui serait capable de nous ramener ça à Londres pour tenir compagnie à son crâne. -Surtout qu’il doit se sentir très seul. Répondit Sherlock. Cet escalier monte au premier, mais nous n’avons pas encore tout vu ici. -Qu’est-ce qu’on fait ? demanda John. On se sépare ? -Pas très prudent s’il y a quelqu’un…répondit sa sœur. -Il y a forcément quelqu’un. Fit le détective. Au moins Hoover. En cherchant, nous allons bien finir par le trouver. Oui, séparons-nous, un étage chacun. -Je prends le premier. Répondit John. -Emily ? -Peu importe. -Le second ? -Pas de problème. En plus de se trouver dans un manoir qui ne lui disait rien qui vaille, elle allait devoir rester seule, à un étage inconnu. Malgré tout, elle n’avait rien d’une trouillarde, et accomplirait sa tâche avec brio. John et Sherlock paraissaient plutôt calmes. Pourquoi s’en faisait-elle donc tant ?
Chapitre 8 :
Emily venait de laisser son frère à l’étage inférieur. Maintenant, elle était seule. -Bien ! Examinons tout ça. Elle avança dans le couloir, qui lui semblait anormalement long. Une illusion d’optique, sans doute. De partout, il y avait des portes. Cet étage devait être consacré aux chambres d’amis. Le papier peint était vraiment bizarre : violet avec des motifs noirs et blancs. On aurait dit des têtes de monstres. La jeune femme pensa que sa crainte lui jouait des tours, car elle aurait juré voir les yeux blancs de ces monstres cligner. Focalisant son esprit sur le but de cette exploration, elle détourna le regard et continua sa progression. Où donc aurait pu disparaître un agent de Scotland Yard ? Emily s’arrêta devant une porte, et tenta de l’ouvrir sans succès. Elle était verrouillée. Elle essaya de toquer, mais cela ne fonctionna pas non-plus. Une fois à l’entrée, mais c’était terminé. Elle tenta d’en ouvrir une autre, mais c’était verrouillé tout autant. Toutes sortes de pensées lui parvenaient à l’esprit : Pourquoi diable verrouiller des chambres d’amis ? C’était un manoir familial, pas un hôtel… La jeune femme remarqua une vitre décorée de courbes métalliques. Par ici, se dit elle, je pourrais certainement apercevoir ce qu’il y a à l’intérieur. C’était un peu haut, tout de même. Regardant tout autour d’elle, elle vit un petit fauteuil. Parfait. Après l’avoir traîné jusqu’à la porte, elle grimpa dessus, tendant le cou, et tentant de voir quelque-chose. Un orage devait approcher, car il faisait sombre, et ne permettait pas une bonne visibilité. -C’est bien ma veine ! Elle lâcha un soupir, tout en faisant glisser son regard sur la porte lorsque quelque chose attira son attention. Quelque-chose était coincé entre le sommet de la porte et l’intérieur de la pièce. La lumière des chandelles ne l’aidait pas beaucoup et elle dut plisser les yeux et se rapprocher pour tenter de deviner de quoi il s’agissait. A première vue, cela ressemblait à des morceaux de bois liés entre eux, mais en s’approchant encore plus… -Ah ! Elle sursauta si brusquement qu’elle vacilla et chuta du fauteuil. Elle dut se mordre les lèvres pour ne pas crier à cause de la violence du choc. Elle allait avoir des bleus de partout, mais ce n’était pas ce qui lui occupait l’esprit pour l’instant. -Oh mon Dieu… Observant le sommet de la porte tout en se relevant, elle trouva une autre structure semblable à la première, et dut se rendre à l’évidence : c’était des mains de squelettes ! Quelqu’un était mort, juste derrière cette porte ! La respiration haletante, elle réfléchit. S’il y avait un mort derrière une porte fermée à clé, et que ses mains, ou plutôt, ce qu’il en restait, se trouvaient ici, c’est que la personne, qui qu’elle ait pu être, avait tenté de s’échapper. Refoulant sa répulsion, Emily grimpa de nouveau sur le fauteuil afin d’affiner sa théorie. Effectivement, les os étaient abîmés, et pas uniquement par le temps. La personne avait donc bel et bien tenté de s’échapper en grattant et cognant la porte jusqu’à ce que mort s’en suive, alors qu’elle touchait au but…Cela expliquait pourquoi toutes les portes étaient fermées à clé : Quelqu’un les avait enfermés ! Tous ! Eux, les invités au mariage de Melanie Ravenswood ! La jeune femme descendit du fauteuil, et alla examiner les autres portes. L’une d’elles devait avoir reçu un gros choc, car elle était presque brisée par le milieu. D’autres mains de squelettes dépassaient. -Mon Dieu…Quelle horreur… La pauvre Emily tremblait. Qu’allait-elle bien pouvoir découvrir de pire ? Elle allait continuer son exploration, quand elle entendit un bruit derrière elle, comme du métal rouillé grinçant. Elle se retourna, et vit la poignée de l’une des chambres s’agiter. Lentement, elle s’approcha de la porte en question, qui ne pouvait s’ouvrir. Un autre bruit semblable s’ajouta, puis un autre. Bientôt, toutes les portes du couloir s’agitèrent. Emily paniquait. Que faire ? Elle n’en prenait conscience que maintenant, mais un bruit venait s’ajouter à toute cette agitation : le chant de femme qu’il lui semblait avoir entendu devant le portrait plus tôt. Elle s’éloigna, et tenta de regagner l’escalier, mais le chant s’intensifiait, et fût bientôt aussi clair que si la personne qui chantait se trouvait juste à-côté d’elle. A quelques mètres de l’escalier, elle se retourna, et vit quelque-chose qui lui sembla tout d’abord incongru : un chandelier flottant seul dans les airs. La jeune femme s’arrêta net, ne sachant quoi penser de ça. Un chandelier, en train de voler au beau milieu d’un couloir…Des chambres occupées par des morts dont les portes s’agitaient…Tout en réfléchissant, elle fixait le sol. Levant le regard, elle fut pétrifiée par la peur. Tenant le chandelier, dans une main, se trouvait une jeune femme en robe de mariée, la jeune femme du portrait. -M…Melanie… L’apparition semblait s’approcher d’elle. Emily n’avait jamais eu aussi peur de sa vie. Sa bouche était ouverte, mais aucun son n’en sortait, impossible de hurler. Cette même peur donnant des ailes, elle partit en courant dans les escaliers, terrorisée comme jamais.
Dernière édition par Glywen le Ven 5 Juin 2015 - 0:56, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Fanfiction] Sherlock contre Phantom Mar 30 Oct 2012 - 20:00 | |
| Chapitre 9 :
Au premier étage, John commençait son exploration, mais quelque-chose le perturbait. Qu’est-ce qui pouvait terroriser sa sœur à ce point ? Elle, Emily Watson, si intelligente, si courageuse habituellement…Elle devait avoir une bonne raison de paniquer, mais pourquoi ? Avançant dans le couloir, il lui sembla entendre de la musique, comme un son de piano. Mais ce son n’avait pas sa place ici…Qui donc pouvait jouer ? John s’approchait lentement de la source du son. Et si Em avait raison, finalement ? Non, c’était impossible. Les maisons hantées n’existaient que dans les contes, après tout. Qui disait « conte » disait « imaginaire », et donc, « pures inventions ». Pas plus rassuré, il continua son chemin jusqu’à arriver dans une petite salle sans porte avec une verrière semblable à celle de l’escalier principal. La tapisserie était rouge, et des photos encadrées étaient accrochées au mur. Un tableau qui aurait semblé des plus banals si ce détail n’avait pas attiré son attention : Le piano, placé au centre de la pièce jouait seul ! John n’en croyait pas ses yeux. Lentement, mais sûrement, il s’approcha de l’instrument. Quand il approcha l’une de ses mains du clavier et appuya sur l’une des touches, plus aucun son ne sortit du piano, mis à part un LA, celui que John venait de faire. Il se dirigea à reculons vers le couloir, examinant du regard chaque parcelle de la pièce, cherchant à détecter le plus petit mouvement possible. Rien. Dans le couloir, il lui sembla entendre une voix. -John. Se dit-il. Ta sœur t’a certainement embrouillé l’esprit. Il n’y a rien dans cette maison, mis à part peut-être ce pauvre Ben Hoover…Et son ravisseur, si ravisseur il y a. Mais cette voix s’intensifiait à mesure qu’il avançait. Une voix de femme à l’accent peu commun. Elle provenait de derrière une porte. Il y avait donc vraiment quelqu’un ! N’écoutant que son courage d’ancien militaire, John ouvrit la porte, et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Il fut surpris par ce qu’il découvrit : une salle tout entière consacrée au spiritisme. John n’en croyait pas ses yeux. Ravenswood était encore plus fou qu’il ne le pensait. Croire en ces bêtises de… Ses pensées se stoppèrent net. Il venait juste de LA remarquer au centre de la pièce. Une boule de cristal, mais pas seulement. A l’intérieur de cette boule de cristal se trouvait…Une tête de femme. Non, c’était impossible, une tête séparée du corps ne pouvait pas parler… Il allait sortir quand la tête s’adressa à lui. -Par les cornes de Satan, qui êtes vous donc ? John sursauta, et répondit en essayant de se reprendre : -M…Moi ? -Voyez-vous quelqu’un d’autre ici ? Oui, vous, mais approchez donc. Hésitant, John s’exécuta. Il put voir de plus près la femme. Elle avait des cheveux violets, et une peau verdâtre. Je rêve, se dit John tout en prenant place dans le fauteuil placé face à la tête. Je vais me réveiller. Les gens n’ont pas cette couleur… -Vous ne rêvez pas. Répondit la tête. -Bien sûr que si. Oh, je savais bien depuis le début que tout cela était bizarre ! Je suis à Baker Street, je dors paisiblement…Aïe ! Un chandelier venait de lui heurter le crâne. -La douleur est bien réelle, n’est ce pas ? Elle se mit à rire fortement. -Ça va bien maintenant ! s’exclama John, en se massant la tête à l’endroit de l’impact. Bon sang, qu’est-ce que ça fait mal ! -Pourquoi êtes-vous là, John Watson ? John arrêta son mouvement, et releva la tête, croisant le regard de la femme. -Comment sav… -Je sais tout ! Je suis Madame Léota ! -Madame…Léota…Mais si vous savez tout, pourquoi me demandez-vous...Et, qu’êtes vous en fait ? Une voyante, sorcière ? -Extra-lucide, jeune énergumène ! Extra-lucide Le chandelier heurta une fois de plus le crâne de John. -Mais arrêtez enfin ! -Cela vous apprendra à ne pas me croire, et aussi à ne pas croire votre sœur. -Pourquoi me parler de ma sœur, et non ! Ne me frappez plus ! Léota haussa un sourcil, et fit descendre le chandelier sur la table. -Votre sœur a remarqué qu’il se passait des choses peu communes ici… -Oui…J’en ai eu l’impression, du moins. -Ne m’interrompez pas ! Votre sœur a remarqué toutes ces choses, mais vous ne l’avez pas crue…Ni vous, ni Sherlock Holmes d’ailleurs. John leva les yeux au ciel. Et maintenant, ne croyait-il pas Emily ? -Vous doutez, John Watson ! -Pas du tout, Madame l’extra-lucide. Léota haussa un sourcil. John reprit : -Em m’a dit avoir vu Melanie Ravenswood. Mais ni Sherlock, ni moi n’avons remarqué une quelconque manifestation de cette jeune femme… -Parce que vous ne savez pas voir plus loin que le bout de votre nez. Vous voulez savoir ce qui s’est passé ici, je vais tout vous montrer ! Un corbeau vint se percher sur le fauteuil de John. Le médecin eut du mal à le confirmer à cause de l’obscurité, mais l’oiseau semblait porter un petit objet brillant dans son bec. -Me raconter, d’accord… -Non, jeune idiot, vous le montrer ! Goblins and Ghoulies, creatures of fright, we summon you now, to dance through the night. John sentait son fauteuil trembler. A moins que ce ne soit lui… -Esprits et fantômes, sur vos fiers destriers, escortez dans la nuit, la belle fiancée... Le fauteuil tremblait de plus en plus jusqu’à décoller. -Bon sang, Léota, qu’est-ce que vous faites ? -Warlocks and witches, answer this call, your presence is wanted at this ghostly ball. Continua l’extra-lucide sans même prêter attention à la question du médecin. Le corbeau battait des ailes, et croassait. -Qu’est-ce que c’est que ce cirque, enfin ? -Des 12 coups de minuit aux matines sonnantes, nous valserons ensemble, macabre débutante. -Vous parlez de Melanie, c’est ça? -Join now the spirits in nuptial doom, a ravishing bride, a vanishing groom. A ce moment là, une grande lumière émana de Léota, et inonda toute la pièce, emmenant John dans un tourbillon lumineux. Autour de lui se mirent à défiler des images. Le manoir tel qu’il était avant la catastrophe. La voix de Léota résonnait dans le lointain. -Année 1860, Manoir Ravenswood. Tout allait pour le mieux, jusqu’au décès prématuré du maître des lieux. L’image changea, montrant à présent la mine Ravenswood. -L’avidité du maître, sa passion pour l’or causèrent sa perte et donc sa mort. L’image changea, montrant une jeune femme rousse en robe de mariée. Melanie. John eut une pensée pour sa sœur, et les frayeurs qu’elle avait dû avoir. -La fille Ravenswood le lendemain devait se marier, mais une autre tragédie des noces la tint écartée. -Qu’est-ce qui s’est passé ? hurla John. Sa voix parut faible à côté de celle de la voyante. Une autre image apparût. Il était difficile de dire s’il s’agissait d’un homme, ou d’un démon. Il était vêtu d’un costume et d’un haut de forme, du moins, d’après ce que John percevait. -Le maître de retour accomplit sa vengeance. Le fiancé disparaissant met fin à la romance. Enfin, l’image disparût dans un éclair, laissant place au « Maître », se débarrassant du fiancé par pendaison. John tenta de se rappeler de ce que ferait Sherlock dans ce cas là. Il mémorisa tous les détails de la scène, car il sentait que cela pourrait leur être utile très bientôt. Enfin, le fauteuil reprit sa place initiale dans la salle de spiritisme, face à Léota. John reprenait son souffle. -Alors, cela répond-il à vos questions, John Watson ? Ce dernier acquiesça. -Vous semblez vous demander ce qu’il vous faudra faire par la suite, John Watson. C’est bien simple, tout d’abord il vous faudra rendre à la fiancée ce qu’elle a perdu, TOUT ce qu’elle a perdu. -Mais ? -Mais il vous faudra ensuite vaincre le maître, celui que les habitants nomment « Phantom », ce qui sera considérablement plus difficile. -Et à propos de Ben Hoover ? Léota plissa les yeux et retroussa le nez d’un air dédaigneux. -Oh, lui ? Emily Watson et Sherlock Holmes vous aideront à le trouver, ce n’est pas si compliqué. Maintenant, filez ! John la salua d’un signe de tête, avant de sortir de la salle et de se diriger vers l’escalier principal. Bon, il en savait beaucoup plus sur ce manoir, mais la perspective de devoir combattre des ennemis tout droit sorti de l’imaginaire… Levant le nez, il lui sembla entendre courir à l’étage supérieur.
Chapitre 10 :
Sherlock se dirigeait vers la porte la plus proche de l’escalier. Celle-ci, il n’eut aucun mal à l’ouvrir. Jetant un rapide premier regard à l’intérieur, il en déduisit que c’était une pièce communément appelée « Boudoir ». Cela avait toutes les caractéristiques d’une chambre, ou presque. Il n’y avait aucun lit, juste de quoi s’assoir. Entrant, le détective eut la surprise de tomber sur une reproduction du tableau de la mariée juste au dessus de la cheminée. Reproduction, car vu son emplacement, le tableau s’arrêtait au niveau des genoux de la jeune femme. Se déplaçant jusqu’à la fenêtre et observant la salle dans les moindres détails, le détective en déduisit : -C’est le boudoir de Miss Ravenswood…Un tableau d’elle, une coiffeuse, sans parler des nombreuses poupées sur l’étagère…De plus la décoration est assez…féminine. Fronçant les sourcils, il avait l’impression d’avoir raté quelque chose, comme si un objet dans cette pièce n’avait rien à faire ici, mais son regard fut attiré par des lettres posées sur l’étagère, qui servait aussi de bureau. « Mon Père, Je suis lassé de notre conflit. Ce constat me mène à me rabaisser sans pudeur devant vous tellement il est difficile, je l’avoue, de vivre sans votre grande richesse. Père, je vous prie d’accepter mes excuses les plus hypocrites que je n’ai jamais pu faire. Votre cher fils X. » -Votre cher fils ? Décidément, cette histoire devenait de plus en plus compliquée à saisir. Mais il allait tout résoudre, bien sûr, n’était-il pas le grand Sherlock Holmes ? Soulevant la première lettre, il en dénicha une seconde, adressée à Melanie. « Dear Mélanie, Il est temps maintenant d’annoncer à votre père votre amour pour moi. Je ne supporte plus de voir votre beauté... » Le reste et la signature de l’auteur étaient impossibles à déchiffrer, et pour cause, quelqu’un avait pleuré dessus, et les larmes avaient tout effacé. Les trois autres lettres avaient toutes connu le même sort. Il prit les lettres déchiffrables ou en partie, et les mit dans la poche intérieure de son manteau. Se retournant, il vit alors le détail qui l’avait gêné : un phonographe ! Il s’en approcha tout en réfléchissant : comment diable avait-il pu atterrir ici ? Le phonographe n’avait été créé qu’en 1877, et la catastrophe avait eu lieu en 1860…Se pourrait-il que quelqu’un leur ait envoyé l’objet 17 ans plus tard en ignorant ce qui s’était passé ? Sherlock sortit la lette du fils, et sourit. Oui, tout cela se tenait. Le fils Ravenswood n’était jamais revenu en ville, et pour preuve, personne en ville ne semblait même être au courant de son existence. Le propriétaire du Lucky Nugget Saloon n’en avait pas une seule fois fait mention. De toute évidence la famille ne parlait jamais de lui… Mais tout de même, ce phonographe était entré dans ce manoir. Il n’avait pas pu atterrir ici tout seul. Le détective se souvint alors de ce qu’il avait lu dans le cimetière à propos des serviteurs. Jasper était décédé en 1866, et Anna en 1867. Non, cela ne pouvait pas être eux. Mais Melanie…Après tout, qui d’autre ? Aucune tombe à son nom, une anonyme et sans date pouvant être la sienne… Et les habitants de l’époque semblaient avoir vu quelqu’un s’agiter derrière les rideaux du premier étage… Date de décès de la jeune femme impossible à déterminer pour l’instant, possibilités de déterminer si elle avait bien poser l’objet ici, nulles. La frustration gagna alors Sherlock, tout comme une certaine excitation aux vues de l’enquête qui ne faisait que débuter. Repliant les lettres dans la poche de son manteau, il sortit de la pièce. Tous les éléments étaient imprimés dans sa mémoire, il lui fallait explorer le reste du rez-de-chaussée. Passant devant l’escalier, il jeta un regard vers l’immonde buste que John et Emily avaient remarqué un peu plus tôt. A mesure qu’il avançait, il lui semblait que l’objet le suivait du regard. Sherlock repensait à Emily. Il l’avait assez observée pour savoir qu’elle n’était pas du genre à avoir peur pour rien. Ses craintes avaient forcément une raison d’être, mais quoi ? Et si cet endroit était vraiment… Détachant le regard de cet ignoble buste, il chassa cette idée de son esprit. Toute énigme avait une solution rationnelle, et il allait le prouver. Son regard se fixa sur le grand escalier quand il entendit des pas. Rapides, la personne courait. Des bruits de talons, cela ne pouvait donc être qu’Emily. C’est là qu’il la vit, descendre les escaliers à toute vitesse et se précipiter dans le couloir en direction de la salle octogonale, visiblement terrifiée. Il se lança à sa suite jusqu’au foyer, ou il la vit tentant désespérément d’ouvrir la porte d’entrée, mais sans succès. A l’évidence, ils étaient pris au piège. Emily tenta d’enfoncer la porte en lui donnant un grand coup de pied, mais cela ne fonctionna pas non plus. -C’est pas vrai, c’est pas vrai, c’est pas vrai ! fit-elle en donnant d’autres coups dans la porte. Sherlock ne l’avait jamais vue dans un tel état. Il s’approcha d’elle et l’attrapa par les poignets avant qu’elle ne se fasse mal. -Em, calme-toi ! -Non, non ! Lâche-moi ! Je veux partir ! -Emily ! -Je l’ai vue, je les ai vus ! C’était affreux ! Laisse-moi, je veux partir d’ici ! -Emily Mary Jane Watson ! fit-il brusquement en serrant plus fort encore ses poignets, ce qui la stoppa net. La jeune femme baissa le visage. Sherlock sentit à son pouls et à sa respiration saccadée qu’elle avait été fortement perturbée. Il lui fit lever le visage afin de pouvoir fixer son regard au sien. Les yeux d’Emily habituellement verts étaient rougis. Il y avait d’ailleurs des traces de larmes sur ses cils. - Emily, calme-toi. Fit-il en relâchant la pression qu’il exerçait sur ses poignets. Concentre-toi sur mon regard, essaye de ralentir ta respiration. La jeune femme eut du mal à fixer son regard, mais dès que ce fut fait, elle put reprendre le contrôle de ses poumons, et ralentir leur rythme. -Bien…fit Sherlock avec un sourire en coin. Maintenant, dis-moi : Tu L’a vue, et tu LES a vus. Qui ? Emily baissa de nouveau le regard. -C’était…C’était… La respiration de la jeune femme se bloqua un instant avant de reprendre plus rapidement. -Em, calme-toi ! -Désolée…Mais c’est horrible…. -J’ai manqué un épisode ? fit une voix qu’ils connaissaient bien : celle de John. Apercevant son frère, la respiration d’Emily revint à la normale. -John ! -Em, tout va bien ? fit-il en se dirigeant vers sa sœur qui le prit dans ses bras. -Oui, enfin, je crois… Emily se détacha de son frère, et releva l’une de ses mèches tombées devant son visage. Elle jeta un coup d’œil sur Sherlock, et se souvenant de ce qu’il désirait savoir, commença son récit.
Chapitre 11 :
-Toute cette histoire commence à partir du moment où nous sommes arrivés. Déjà, je ressentais une impression bizarre, mais maintenant, cela ne fait plus aucun doute, il se passe des choses ici. Dans cette pièce même, en regardant le miroir, j’ai vu le visage de Melanie… -D’où le sursaut…en déduisit Sherlock. -Oui. Et plus tard, dans le couloir, face au tableau de la mariée, il m’a semblé entendre comme un chant. Le genre que l’on peut entendre dans les films d’horreur. Un chant semblant irréel…C’est difficile à expliquer. Bref, j’ai entendu quelque-chose, et ce n’était pas issu de mon imagination. En tout cas, j’en ai eu la confirmation au 2eme étage. Emily inspira avant de poursuivre. -Au début, tout me semblait normal, mais je me suis vite rendue compte que toutes les portes étaient fermées. Cela m’a semblé bizarre, alors j’ai voulu vérifier ce qu’il y avait à l’intérieur par l’une des fenêtres se trouvant au-dessus des portes. Et c’est là que quelque-chose a attiré mon attention. -Quel genre de chose ? demanda John. -Le genre horrible, à te donner des cauchemars pendant des mois. Coincées entre la porte et le linteau, il y avait…des mains, ou plutôt ce qu’il peut en rester après plus d’un siècle et demi. J’ai été déstabilisée, et suis tombée du fauteuil sur lequel je m’étais perchée. J’en ai déduit que les invités avaient été enfermés. Par qui, je l’ignore, mais le pire était à venir. Toutes les portes se sont mises à s’agiter, et pour couronner le tout, le chant dont je vous ai parlé plus tôt s’est mis à résonner dans le couloir….et… La jeune femme venait de se passer une main dans les cheveux et d’attraper une mèche au passage, qu’elle se mit à entortiller autour de son indexe sans ménagement. Sherlock avait déjà remarqué ce mouvement, signe d’anxiété chez son amie. Il lui attrapa la main, lui faisant libérer la mèche. -Et j’ai vu un chandelier flottant dans les airs, seul au milieu du couloir. Cela peut sembler idiot, mais je ne fait que raconter. Enfin, il n’est pas resté seul longtemps. Le chant s’est intensifié, et quelqu’un est apparu, tenant le chandelier… -Melanie Ravenswood. En déduisit Sherlock. -Exactement. La suite, tu la connais. -Moi aussi, il m’est arrivé quelque-chose du même genre. Fit John. Enfin, pas terrorisant à ce point. Sa sœur leva les yeux vers lui. -Vraiment ? -Oui. Je me trouvais au premier étage, quand j’ai entendu un son de piano. Quand je suis allé voir d’où ça provenait, je me suis rendu compte que l’instrument jouait seul. Emily regarda Sherlock, l’air de dire « Alors, c’est pas hanté, tu crois ? » -Et après, continua John, j’ai entendu une voix. En la suivant, je me suis retrouvé dans une salle de spiritisme. Le pire, c’est que cette voix provenait de la boule de cristal. -De la boule de cristal, John ? demanda Sherlock. -Oui. Il y avait une tête de femme dedans. Elle disait s’appeler Léota, être une extra-lucide, et m’a raconté ce qui s’était passé ici. Elle m’a confirmé l’hypothèse selon laquelle le mariage n’aurait jamais eu lieu. -Pas une hypothèse. Corrigea Sherlock. Une certitude. -Merci bien…Donc, il n’y a jamais eu de mariage, tout ça parce que le fiancé a été assassiné. Emily écarquilla les yeux. -Voilà qui explique bien des choses… -Et ce n’est pas tout. Reprit son frère. Il l’a été par quelqu’un que Léota a appelé « le maître ». D’après ce qu’elle m’a montré, il s’agirait de quelqu’un revenu d'entre les morts. -Revenu d'entre les morts…Tu crois à toutes ces choses, John ? Ce dernier le fixa un moment avant de dire : -Non ? Tu doutes de ce que nous t’avons dit ? -Sherlock ! fit Emily indignée. Le frère et la sœur ne pouvaient pas croire que le détective puisse douter d’eux. Après tout, il savait détecter si quelqu’un mentait. Pour toute réponse, il sortit les lettres de sa poche, et les lut. -« Mon Père, Je suis lassé de notre conflit. Ce constat me mène à me rabaisser sans pudeur devant vous tellement il est difficile, je l’avoue, de vivre sans votre grande richesse. Père, je vous prie d’accepter mes excuses les plus hypocrites que je n’ai jamais pu faire. Votre cher fils X. » « Dear Mélanie, Il est temps maintenant d’annoncer à votre père votre amour pour moi. Je ne supporte plus de voir votre beauté... » Le reste est effacé, mais cela suffit pour comprendre. Emily garda le regard figé durant un certain temps, puis dit : -Une lettre parle d’un fils ? Mais personne ne nous en a jamais parlé auparavant. Se pourrait-il qu’il ait été « effacé » de la famille ? Henry a pu le bannir, et ne jamais parler de lui après…Le père pourrait alors avoir fait de Melanie sa seule héritière, et voilà la raison pour laquelle… -Il voulait qu’elle reste à Thunder Mesa. Compléta le détective. Après tout, il est normal qu’un homme tel que lui ait pu refuser que tout ce qu’il avait construit, l’œuvre de toute une vie, soit laissé à l’abandon. -Cela confirme tout ce que l’on a pu entendre… - Excepté les fantômes, ce en quoi je ne crois pas une minute. -Sherlock, ce que nous avons vu n’était pas le fruit de notre imagination, c’était bien réel. Bon sang, on ne ment pas et tu le sais, pourquoi donc le nier ? La jeune femme lui lança un regard compliqué à traduire. John avait déjà remarqué ce phénomène chez sa sœur à plusieurs reprises, et était certain que Sherlock lui-même ne pouvait déchiffrer ce qui se cachait derrière ce regard vert. Ce regard troublant et dissimulateur était l’un des principaux points forts d’Emily Watson, mais comme il était son frère, il savait le décoder: du désespoir caché. Mais Sherlock était quelqu’un de borné. -Parce que les fantômes n’existent p… Un rire retentissant le stoppa net. -Qu’est-ce que c’était ? fit John quand la voix s’arrêta. -Je n’en sais rien…répondit Emily. Sherlock regardait dans tous les coins de la pièce, sans trouver ce qu’il cherchait : d’où pouvait provenir la voix. Cette dernière parla soudain : -Vous, vous qui avez osé troubler la sérénité de ces lieux... aurez-vous le courage de continuer la visite de cette maison ? Allez, ne vous faites pas prier, continuez... qu'attendez-vous donc ? N'ayez pas peur au point où vous en êtes. Emily semblait au bord de l’évanouissement, mais lutta pour garder le contrôle d’elle-même. John pâlissait, et Sherlock semblait imperturbable, son regard balayant la pièce de long en large. -Montrez-vous en pleine lumière, que je vous vois un peu ! Ha ha ha ha ha ha ha, vous n'avez rien à craindre chers amis... allez, entrez, j'ai tellement de choses à vous faire découvrir. L’éclairage de la pièce se mit à vaciller sans aucune raison apparente, tandis que la luminosité s’accroissait dans la pièce voisine. -Bien…fit Sherlock en souriant. Notre camarade de jeu veut que nous continuions. Allons-y. -Sherlock…Tu en es sûr ? demanda Emily. -Certain. La jeune femme regarda son frère. -A mon avis, c’est loin d’être terminé…
Chapitre 12 :
Quand ils furent entrés dans la pièce, toutes les portes se fermèrent dans un claquement retentissant. John croisa les bras. -Bien joué Sherlock. Maintenant nous sommes bloqués ici. Bientôt, l’éclairage vacilla, et la pièce s’assombrit. -Je me demande pour combien de temps il y a de l’air là dedans…demanda Emily. -L’air passe facilement au travers le bois d’un vieux manoir comme celui là. fit Sherlock. -Parce que tu as beaucoup d’expérience par rapport aux manoirs hantés ? -Les manoirs hantés n’existent pas Emily ! -Et comment tu appelles un manoir dans lequel des portes claquent sans explications, dont la lumière à l’ancienne est contrôlable par on ne sait qui ou quoi, où il y a des voyantes dans des boules de cristal, dont un étage entier est occupé par des morts et surtout où l’on peut voir apparaître des personnes décédées depuis plus d’un siècle ? Sherlock ne répondit pas. Intérieurement, il admettait que ce qu’elle disait se tenait, mais il n’avait eu aucune preuve d’une véritable hantise du lieu. Il préférait donc ne pas se prononcer définitivement là-dessus. -Em, Sherlock, calmez-vous. On est enfermés, et nous allons devoir trouver le moyen de sortir…Est-ce que le plafond était aussi haut quand nous sommes arrivés ? Emily et Sherlock levèrent la tête. Non seulement le plafond était plus haut, mais il continuait de monter…ou eux de descendre, ils ne savaient pas trop. La voix reprit : - Notre visite commence ici, dans cette galerie, où vous pouvez admirer la douceur et l'innocence de la jeunesse. Regardant les tableaux, les trois compagnons remarquèrent qu’ils avaient révélé une autre facette d’eux-mêmes. Le piquenique des fiancés était envahi par des insectes et des serpents, la barque de Mélanie se dirigeait tout droit vers une chute d’eau, sa cueillette de fleurs dans le jardin était perturbée par l’éveil d’un squelette derrière la barrière, et sa baignade la conduisait vers un monstre tout droit sorti du jurassique. -Oh bon sang…lâcha Sherlock. La voix continua son discours : -Hélas! Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent. Les murs de cette pièce, par exemple, ne s'allongeraient-ils pas, par hasard ? Et comme vous pouvez le remarquer, il n'y a ni porte... ni fenêtre... -On le savait pas, tiens…fit Emily. -Quel angoissant problème à résoudre, par où sortir ? Ha ha ha ha ha ha ! J'ai bien peur que vous soyez contraints de me suivre. Un coup de tonnerre retentit soudain, et un éclair irradia la pièce, révélant une scène qui faillit faire hurler Emily et John. Pendant ce temps, la voix riait. Ils ne voyaient plus le plafond, mais une pièce qui semblait au-delà, et dans laquelle un homme était pendu. Son assassin était à ses côtés, tirant sur la corde, et n'avait plus rien d'humain. Son visage était un crâne aux orbites vides. Enfin, la lumière de l’éclair disparut, et la voix se tut. Sherlock, John et Emily restèrent un moment dans le noir avant qu’une porte ne s’ouvre. Sherlock et Emily avancèrent dans le couloir. C’était celui qu’ils avaient parcouru un peu plus tôt. John était resté en retrait. -John ? fit Emily en se tournant vers son frère. Tout va bien ? -Le maître… -Quoi ? -L’homme…ou plutôt le squelette ...Je crois que c’est lui dont la voyante m’a parlé. C’est lui le maître. -Attends…fit Sherlock. Tu veux dire que c’est lui qui nous parle depuis le début ? Bon sang, c’est évident ! Si nous suivons la logique selon laquelle tous les éléments concordent avec l’histoire des Ravenswood… -Tu crois donc à ces histoires de fantômes ? lui demanda Emily avec un sourire en coin. -Je n’ai pas dit ça. Répondit le détective. Nous pouvons donc en conclure que cette personne, ou bien cette chose qui nous parlait, est la cause des malheurs des Ravenswood. -Il a donc assassiné le fiancé, et c’est certainement lui qui a enfermé les invités dans leurs chambres. Compléta la jeune égyptologue. -Exactement. Il a enfermé tout le monde dans le manoir, raison pour laquelle les habitants n’ont jamais vu personne en sortir. Magnifique, nous avons une enquête de premier plan jamais résolue en plus de 150 ans, splendide ! C’est alors que John intervint : -Je ne voudrais pas jouer les rabat-joie, mais nous avons un sergent à trouver. Depuis que nous sommes ici, nous n’avons pas trouvé une seule trace de sa présence ici. Je pense que c’est une priorité. Sherlock sembla réfléchir durant un instant. -Oui, trouvons-le. Fit-il subitement. Emily, tu sais où il est. -Qui, moi ? demanda son amie. -Bien sûr, qui d’autre ? Je… La voix le coupa : -Oh ! Pardon, je ne voulais pas vous effrayer. -Vos parents ne vous ont jamais appris à ne jamais couper la parole ? rétorqua Sherlock furieusement. -Continuons la visite, il y a encore beaucoup de choses à découvrir ! Alors, gardez votre sang-froid, et restez groupés. Je serais navré de vous perdre... si tôt. En passant devant ces inestimables œuvres d'art, peut-être ressentez-vous comme une impression... bizarre. N'ayez pas peur, ce n'est qu'une illusion d'optique. La vraie beauté de cette maison nous attend... plus loin. La voix se tut, et Emily croisa les bras, tout en observant les tableaux. Effectivement, ils avaient changé. Un tableau représentant auparavant un cavalier montrait à présent un messager de l’enfer. Un splendide voilier avait à présent l’allure du Hollandais Volant, une femme se transformait en gorgone, et une autre en chat. Cela aurait pu effrayer l’égyptologue, mais elle sembla plutôt fascinée. Sa peur laissait place au questionnement. Il y a peu, elle n’aurait cru à rien de tout ça. -Et que veux-tu savoir Sherlock? -Si tu te souviens de tout. -Pourquoi je ne m’en souviendrais pas ? Ce genre de choses ne s’oublie pas. -Non, mais les gens ont tendance à oublier les détails. Emily se concentra sur le tableau de la femme-chat, tentant de re-visualiser la scène : Les portes, les bruits, le chant, le chandelier… Elle entrouvrit la bouche, ayant soudainement conscience d’un élément ayant pu mener le détective à la conclusion selon laquelle elle savait où Ben Hoover se trouvait. -Pourquoi donc Melanie Ravenswood se trouvait-elle à cet étage ? Sherlock sourit. -Réfléchis encore… John s’approcha d’eux. -Sherlock, tu ne penses pas que… -Chut John. Ce dernier ne put qu’obéir, tandis que sa sœur se creusait les méninges. -Elle…Enfin, j’étais la seule à l’avoir vue avant. -Bien, et ? Emily ferma les yeux. -Elle est apparue à l’étage que j’étais chargée d’explorer… L’archéologue ouvrit les yeux. -Elle voulait me trouver parce qu’elle a quelque chose d’important à me communiquer ! Cela peut avoir un rapport avec Hoover ! Un silence s’installa. Emily ne perdit pas son sang froid pour autant. -C’est bien ça. Nous devons aller au deuxième étage afin de savoir ce qu’elle me voulait. La jeune femme partit en direction des escaliers, mais remarqua que Sherlock et John n’avaient pas bougé. -J’ignore ce que vous pensez. « Elle a perdu l’esprit » certainement, mais si c’est le cas, nous sommes tous les trois bons à enfermer. Venez, nous devons en avoir le cœur net. Sans poser de question, les deux hommes la suivirent jusqu’au second, sachant pertinemment que le manoir ne leur avait pas encore livré tous ses secrets.
Chapitre 13 :
Emily avait atteint l’étage, suivie par Sherlock et John. Elle devait trouver Melanie Ravenswood, mais ignorait totalement comment procéder pour l’appeler. A moins qu’il ne faille juste l’attendre… -Et maintenant ? demanda Sherlock. -Ben on attend… Le détective lança un regard interrogatif à l’égyptologue. -J’ai rien fait de plus la première fois…Normalement, elle devrait bientôt apparaître. -On peut aussi l’appeler. Proposa John. -Oui, pourquoi ne pas faire du spiritisme pendant que vous y êtes ? fit Sherlock. Ça nous fera passer le temps, à défaut de vraiment fonctionner. -Sherlock ! le reprit Emily. Le détective leva les yeux au ciel. Emily avança dans le couloir, et observa les portes, cherchant à se souvenir exactement de ce qui s’était passé. -Vous voyez. Fit-elle en montrant les mains de squelettes coincées. John s’en approcha, et prit soudainement conscience de ce qu’il avait en face de lui. Certes, il était habitué aux morts, mais le fait de les voir ainsi le mettait mal à l’aise. Il n’avait aucune peine à imaginer ce que sa sœur avait pu vivre en arrivant ici… Emily continua d’avancer dans le couloir. Sa peur avait laissé la place à une certaine détermination. Ils résoudraient les mystères de cette vieille demeure, et la boucle serait bouclée. -Là, toutes les portes se sont mises à claquer. Elle leur montra la porte à demi brisée. -Ensuite, j’ai couru jusqu’aux escaliers… Elle se dirigea vers ces derniers. -Et quand je me suis retournée, elle était… La jeune femme se tut, les yeux rivés sur un objet flottant au milieu du couloir. Sherlock et John n’en croyaient pas leurs yeux. -Ici…conclut Emily. Elle est ici. En effet, une forme humaine apparut, tenant le chandelier dans sa main gauche. L’autre tenait un bouquet de roses, et l’apparition était en tenue de mariée. Emily fixait Melanie Ravenswood du regard, ce dont elle n’avait pas été capable la première fois. John avait pris le bras de sa sœur afin de lui montrer qu’il la soutenait, mais elle l’avait à peine remarqué. Sherlock, comme à son habitude, semblait parfaitement calme. Lui aussi observait l’apparition. -M …Melanie. Prononça Emily. Le spectre s’approcha des trois compagnons, et parla. -Vous cherchez l’étranger ? Celui qui est venu ici et n’est jamais reparti ? L’anglais ? Emily répondit : -Oui, c’est cela…Le sergent Ben Hoover…Vous dites qu’il est ici ? Melanie les regarda chacun attentivement un moment avant de répondre. -Oui, il est ici…Mais par pitié, dès que vous l’aurez trouvé, partez ! Sherlock avait remarqué une certaine anxiété chez elle, comme si elle craignait pour leurs vies…Il prit la parole. -Que craignez-vous donc ? L’apparition eut un sourire triste. -Partez le plus vite possible, c’est tout ce que je vous demande. Elle allait partir quand John la retint : -Attendez ! Vous ne nous avez pas dit où se trouve Ben Hoover ! Le spectre regarda le sol avant de répondre. -Il est ici, tout près…Derrière l’une de ces portes…Vous saurez où le trouver. Sur ce, Melanie se détourna d’eux, et disparut en passant au travers d’un mur. Sherlock, John et Emily demeurèrent un instant sans bouger, prenant conscience de ce qui venait de se passer. -« Vous saurez où le trouver »…fit Sherlock tout en réfléchissant. Il avança dans le couloir, observant le tapis, puis les murs, et ensuite les portes. La poignée de l’une d’elles se mit à tourner dans le vide, ce qui fit sursauter Emily et John, sans faire tilter le détective. -Ici et tout près, derrière l’une de ces portes… -Oui, mais laquelle ? demanda John qui commençait à s’inquiéter, surtout qu’une autre poignée s’était mise à tourner toute seule. -Alors là…enchaîna sa sœur, pas plus rassurée. -Oh, taisez-vous vous deux ! fit le détective. Je réfléchis. John lui lança un regard plein de reproches, et Emily détourna simplement les yeux. Elle était assez habituée aux dures répliques de son ami, et savait qu’il valait mieux ne pas en tenir compte, sinon, ils seraient toujours en conflit. De plus, le moment était mal choisi pour lui lancer une réplique assassine. Elle venait de remarquer que les mains de squelettes s’étaient elles-aussi mises à bouger. -Sherlock…fit John. -Quoi, John ? Répondit le détective consultant. Le médecin lui montra les phalanges qui s’accrochaient à la porte, la faisant bouger, comme si le mort voulait sortir. -Je crois qu’ouvrir toutes les portes n’est pas une si bonne idée, après tout. Fit Sherlock, en se replongeant immédiatement dans ses réflexions. -On pourrait toujours regarder par les vitres qu’il y a au-dessus. Suggéra Emily. Mais avec l’orage ça risque d’être trop sombre pour que l’on puisse voir quelque chose. -C’est ça ! fit le détective. -De quoi ? demanda Emily. Il souriait, fier de lui, comme toujours. -Tu vas faire comme tout à l’heure. Tu vas grimper sur le fauteuil et regarder ce qu’il y a à l’intérieur. Comme ça, nous allons trouver Ben Hoover. Emily regarda autour d’elle, puis lui répondit. -J’aimerai bien, mais malheureusement, je crois que le fauteuil a disparu… Sherlock chercha le siège du regard sans rien trouver non plus. -Saleté ! Lâcha-t-il. Il fronça les sourcils quelques secondes durant, puis se retourna vers Emily. -John et moi allons te porter. -T’es pas sérieux ? fit la jeune femme. -Très sérieux ! Le fauteuil a disparu, on s’en fiche ! Ce n’est pas ça qui nous fera reculer ! John, Em, suivez-moi ! Il se dirigea vers l’une des portes, celle qui était à moitié fracturée, et souleva Emily par la taille. -Tu es sûr de ce que tu fais ? demanda Emily tandis que John se débrouillait tant bien que mal pour qu’elle puisse atteindre la fenêtre. -Mais oui. Fit Sherlock. Emily approcha son visage de la vitre. Il faisait sombre, comme elle le suspectait. Maudit orage ! -C’est bon, tu vois quelque-chose ?demanda le détective. -Non, il n’est pas là…Essayons une autre porte. Ils se déplacèrent afin qu’Emily puisse observer à l’intérieur d’une autre chambre. -Toujours rien. Fit l’égyptologue. Ça va ? Je ne suis pas trop lourde ? -Non, ne t’inquiète pas. 53 kilos pour 1m 61 et demi, c’est très bien. -Bon, si on pouvait arrêter de parler de ma taille et continuer, ce serait bien… Ils se déplacèrent encore. La poignée tournant faillit déconcentrer Emily, mais elle tint bon. -Et maintenant ? demanda John. L’archéologue fronça les sourcils et regarda l’intérieur plus intensément. Il lui semblait avoir vu quelque-chose bouger. -C’est certainement lui. Fit-elle. -Hoover ? demanda son frère. -Attendez, que j’en sois sûre… En regardant plus attentivement, elle vit que ce qu’elle avait aperçu était un homme blond assis au pied d’un lit, ligoté apparemment. -Oui, c’est lui ! C’est bon, reposez moi…AAAAAAAAAAAAAH !!!! Elle faillit tomber, mais John et Sherlock la rattrapèrent à temps. -Bon sang, qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda le détective quand elle fut de nouveau sur ses pieds. Tu as vu quelque-chose ? -Horrible ! fit Emily en reprenant son souffle. -Qu’est-ce que c’était ? demanda son frère. L’égyptologue ne dit rien durant quelques secondes, puis leur expliqua tout, encore tremblante. -Vous avez certainement déjà vu des vidéos où quelque-chose se jette sur l’écran en hurlant, vous faisant sursauter ? -Oui. Répondit John. Emily se passa une main dans les cheveux. -Et bien je sais ce qui nous attend quand nous aurons trouvé le moyen d’entrer, et ça ne va pas vous plaire…
Chapitre 14 :
Emily faisait les cent pas dans le couloir, ne prêtant même plus attention au bruit des poignées qui tournaient. -On ne va pas pouvoir entrer et sortir comme ça…Réfléchissait-elle. Nous devons trouver un moyen, mais lequel ? Elle fouillait le corridor du regard, mais le peu de meubles qui s’y trouvaient auparavant avaient disparu comme par magie, comme si quelqu’un voulait les empêcher d’accomplir leur mission. -Enfoncer la porte ? proposa John. -Avec ce qui se trouve derrière ? Hmmm, mauvaise idée…lui répondit sa sœur en se replongeant dans ses réflexions. -Et justement, qu’est-ce qui se trouve derrière ? lui demanda le médecin. Tu nous as juste dit que quelque-chose avait surgi devant toi en te faisant sursauter, apparemment c’était quelque-chose qui n’avait pas l’air pacifique, mais tu ne nous as pas donné de détails. Emily se stoppa, et s’approcha de son frère. -Très bien, tu veux savoir ? Parfait, accroche-toi bien : l’un des invités du mariage bloqué ici depuis plus d’un siècle et demi, ou plutôt, ce qu’il en reste. Pour faire simple : un mort vivant. Sherlock et John la regardaient fixement. -Alors, quelqu’un a une idée ? demanda l’égyptologue. John se mit à réfléchir. En tant qu’ancien militaire, il était un habitué des tactiques. -Il y en a combien ?demanda-t-il. -Un, ou peut-être deux…Trois grand maximum. Je n’en ai vu qu’un, mais j’avais une mauvaise visibilité de là haut. -Et bien, la meilleure solution serait de leur briser les vertèbres. Tout morts-vivants qu’ils soient, ils mettront certainement un bon moment à s’en remettre. Cela nous donnera le temps de secourir Hoover et de nous sauver. -Bien John. Fit Sherlock. Mais tu sembles oublier un détail : la porte est verrouillée ! Le médecin lança un regard las au détective en soupirant. -Non, je n’ai pas oublié, j’anticipais parce qu’une fois la porte ouverte, si on n’a pas de plan, qu’est-ce qu’on fait ? Un bruit métallique se fit entendre derrière eux. Par réflexe, ils se retournèrent pour voir de quoi il s’agissait. Il faisait assez sombre, et l’objet était petit, donc Sherlock dut s’approcher pour le ramasser. Quand il le prit, il vit qu’il s’agissait d’une clé. -Voilà notre moyen d’entrer. Fit le détective en se relevant avant de tomber nez à nez avec le fantôme de Melanie Ravenswood. Elle souriait doucement, mais le visage toujours emprint de tristesse. -Faites-en bon usage. Dit-elle. Sauvez cet homme, mais soyez très prudent… Et elle disparut comme elle était venue. Sherlock sourit en regardant la clé qu’il tenait dans ses mains, et se tourna vers les Watson. -La partie reprend. Fit-il. Donc, nous sommes d’accord : On ouvre, on neutralise les squelettes, on sauve Hoover, on sort et on referme. -Oui. Répondirent le frère et la sœur conjointement. -Parfait… Il inséra la clé dans la serrure, inspira, et demanda : -Vous êtes prêts ? -Oui ! répondit John. Il était toujours partant pour un combat car au fond, la guerre lui manquait. -Oui. Répondit à son tour Emily. Elle n’avait pas connu tout ce que son frère avait vécu, mais elle lui ressemblait. Quand il fallait se battre, elle le faisait. -Bien. Sherlock fit tourner la clé dans la serrure, son autre main s’apprêtant à tourner la poignée. A trois, nous y allons. Un, deux, trois ! Il ouvrit violemment la porte, de sorte que les squelettes dissimulés derrière s’écrasèrent contre le mur. -Il y en a deux ! fit le détective. Em, libère Hoover et fais le sortir, avec John on se charge des deux horreurs. Emily allait s’exécuter, quand l’un des squelettes se précipita sur elle, lui agrippa une jambe, et la fit tomber. Elle poussa un cri en chutant, ce qui alarma John, qui attrapa le mort par les vertèbres cervicales et l’attira en arrière. Il fit une grimace dégoutée. Le mort était à moitié putréfié, et il lui restait un œil. Profitant de l’effet de surprise, le squelette l’agrippa à la gorge. Sherlock, de son côté, se défendait plutôt bien. Après quelques coups esquivés, il arracha un bras au mort, ce qui n’eut pour résultat que de mettre le monstre en colère. Réfléchissant à la vitesse de l’éclair, il jeta le membre à l’autre bout de la pièce et attrapa le mort aux cervicales, les brisant au passage. Emily, libérée par John de son assaillant, rampa jusqu’à Hoover pour lui retirer son bâillon. -Nous sommes venus vous sauver, venez ! fit-elle, mais il ne pouvait pas bouger, car les cordes qui le maintenaient étaient aussi attachées au lit. -Flûte ! fit l’archéologue, en se dépêchant de défaire les nœuds. Les garçons, essayez de tenir le coup, je dois défaire la corde ! -Facile à dire…fit John, tentant de se débarrasser du squelette qui l’étranglait. Heureusement pour lui, Sherlock brisa les vertèbres du mort-vivant. Les mains squelettiques retombèrent, et John soupira de soulagement, se massant le cou. Le détective lui tendit une main pour lui permettre de se relever. -Juste à temps…fit le médecin. -Comme toujours, cela t’étonne ? répondit Sherlock en l’aidant à se lever. -Ah, enfin ! fit Emily en enlevant les cordes de Ben Hoover. Maintenant, filons d’ici ! Sans même réfléchir, ils sortirent en courant de la pièce, et la refermèrent à clé. Essoufflés, ils furent pris d’un fou-rire. -C’était risqué…fit John tout en riant. -Ouais, mais on a réussi…répondit sa sœur essuyant de petites larmes. Quelle aventure quand même…Alors, Monsieur Holmes, on ne croit toujours pas aux fantômes et autres morts vivants ? Sherlock calma son rire, et lui dit : -Si on est confronté à l’impossible, il devient une possibilité…J’en ai eu des preuves…Pour sûr, ces trucs n’étaient pas sortis de mon imagination… Emily sourit. -Ravie de te l’entendre dire. Mais tes déductions seront toujours exactes, que cet endroit soit hanté ou non, crois moi, cela ne changera rien. Elle se tourna vers Ben Hoover, qui était resté silencieux. C’était un homme assez grand, presque de la taille de Sherlock, blond aux yeux verts. Il devait avoir environ 37ans. -Sergent Hoover…lui dit Emily. Nous avons été envoyés par le Lieutenant Lestrade, de Scotland Yard afin de vous retrouver. Il ouvrit un peu plus les yeux. -Lestrade ? Vous êtes de Londres ? Tous firent oui de la tête. -Vous m’avez sauvé ! Je ne pourrais jamais assez vous remercier ! Merci, merci infiniment ! -De rien, parlons plutôt de la raison de votre venue. Enchaîna Sherlock. -Enfin, Sherlock ! fit John. Il ne sait même pas qui nous sommes ! Le détective s’apprêta à répondre, mais préféra se taire. Le médecin reprit. -Je me nomme John Watson, voici ma sœur Emily, et l’homme qui vous a parlé est Sherlock Holmes. Hoover sembla étonné. -Sherlock Holmes ? Le détective consultant ? Celui de « une étude en rose » ? Le principal intéressé jeta un regard plein de réprimande à John. -Je crois que tout le monde est au courant…Et oui, c’est moi. Revenons-en au sujet, quelle est la véritable raison de votre venue ici ? Incurable, pensa John. Hoover déclara simplement : -J’avais trouvé des documents à propos des disparitions qui avaient eu lieu en 1860, étant agent de police, j’ai voulu résoudre cette affaire seul. Je me suis fait emprisonner, c’est aussi simple que ça. Sherlock l’observa un moment, puis déclara : -Pour vous garder prisonnier, les cordes n’étaient pas nécessaires, tout est verrouillé par on ne sait qui, et il nous est même impossible de forcer les portes. Vous êtes dans cette salle uniquement depuis quelques heures, les cordes n’ont pas eu le temps de laisser des marques. Les squelettes ne vous ont pas touché…On vous a mis ici et enfermé pour nous attirer ici.
Dernière édition par Glywen le Ven 5 Juin 2015 - 1:44, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Fanfiction] Sherlock contre Phantom Mar 30 Oct 2012 - 22:07 | |
| Chapitre 15 :
John n’en croyait pas ses oreilles. -Attends, Sherlock…Tu veux dire que quelqu’un aurait retenu Mr. Hoover prisonnier dans le seul but de nous attirer ici ? Le détective se redressa et croisa les bras. -Exactement. Hoover les regarda chacun, les uns après les autres, ne comprenant rien à la situation. -Quoi ? Comment… Il était visiblement perdu. Sherlock lui posa alors une question : -Vous devez certainement vous souvenir de la personne ou la chose qui vous a amené ici ? L’agent semblait perturbé. Il fixait à présent le sol du regard. -C’est difficile à expliquer…fit-il, regardant toujours le plancher. Sherlock répliqua immédiatement. -Nous avons vécu nous aussi des choses difficiles à expliquer, nous n’avons pas de temps à perdre, je suggère donc que vous nous disiez tout ce que vous savez sur ce qui vous a enlevé. Demandé ainsi, Ben Hoover ne put que tout lui expliquer. -Cela ressemblait à un homme, mais ça n’en était pas un…Ou plutôt, cela n’en était plus un. Au début, je n’entendais que sa voix, parce qu’il parlait, et il riait aussi. Vous voyez, le genre de rire malsain, terrifiant. -Oui, nous l’avons entendu. Répondit Sherlock. Continuez… Hoover reprit son souffle. -Et dans un couloir, je l’ai vu. IL était là, celui qui me parlait…J’eus à peine le temps de me rendre compte de ce qu’il se passait avant qu’il ne vienne vers moi. Après, c’est assez confus. Je crois me souvenir qu’il a étendu sa cape et fondu sur moi…Et puis je me suis réveillé dans des appartements que je n’avais pas encore visités, au deuxième étage, d’après ce que je voyais par la fenêtre. J’étais enfermé, et j’y ai passé plusieurs jours. Combien, je ne saurais dire, j’ai perdu le compte. Et puis ce matin, je me suis réveillé ligoté là où vous m’avez trouvé, et gardé par des…morts. Merci de m’avoir sauvé, je ne sais pas comment vous remercier ! -Nous verrons cela plus tard. Fit Sherlock, qui l’avait écouté attentivement. Avez-vous une idée de l’identité de cette chose qui vous a enlevé ? Hoover fouilla dans sa mémoire afin de trouver le plus de détails possibles concernant cet être maléfique. - Il portait un costume violet avec une cape, des gants et un haut de forme…Cela faisait très homme fortuné de 1860. Il était grand, mais surtout, il n’avait plus rien d’humain : c’était un squelette. L’agent redressa la tête, et regarda Emily, qui semblait avoir eu une illumination. L’égyptologue récapitula tous les éléments qu’ils avaient en mains : -Alors, cette « chose » est un mort vivant portant des vêtements datant de 1860, il a été un homme, était riche, et demeure dans ce manoir…Oh, j’y avais pensé avant, mais je trouvais cette hypothèse trop folle…On avait la réponse sous nous yeux, nous savons qui est ce « maître » ! Son regard croisa celui de Sherlock. -Oui, maintenant que l’existence des morts-vivants est confirmée…fit le détective. Ils souriaient. -Henry Ravenswood ! Prononcèrent-ils en même temps. Toutes les lumières du couloir s’éteignirent d’un coup. -Oh, non ! fit John. Em, Sherlock, qu’est-ce que vous avez fait ? -Mais rien ! lui répondit sa sœur. Enfin, je crois. Les garçons, quelqu’un aurait-il une lampe-torche ? Sherlock sortit l’objet en question de sa poche, et l’alluma. Il la braqua dans le couloir, ce qui révéla une forme avançant dans leur direction, flottant à quelques centimètres du sol. La respiration de Ben Hoover se stoppa un instant. Ayant déjà vu cette silhouette auparavant, il pouvait aisément dire de qui il s’agissait. Il tremblait. -C’est…C’est lui ! fit-il, tentant de contrôler sa voix du mieux qu’il pouvait. La forme s’approchait encore. Elle avait un haut de forme, et était vêtue de violet… -Oh, bon sang ! fit John. -…Il vaut mieux ne pas rester là. Fit Emily paniquée. Filons ! -Oui. Répondit Sherlock en les poussant en direction des escaliers. Ils coururent comme ils purent, mais quand ils furent en vue du rez-de chaussée, John les stoppa. -Non ! fit-il. Il est là… Effectivement, Henry Ravenswood revenu d’entre les morts les attendait. -Quoi, mais comment ? demanda Emily, essoufflée. -Je n’en sais rien…répondit John tentant de trouver une solution…Le second ! Tous se retournèrent afin de monter au deuxième étage. Ils paniquaient tous, même Sherlock, mais ce dernier ne voulait rien laisser transparaître. Arrivé au niveau que John leur avait indiqué, l'ex-militaire les guida vers une porte derrière laquelle quelqu’un parlait avec un accent plutôt étrange. Le médecin leur ouvrit la porte, et tous s’engouffrèrent dans la salle, prenant soin de bien refermer derrière eux. -Encore vous, John Watson ! fit la voix, plutôt énervée. Emily et Ben sursautèrent quand ils virent que la voix provenait d’une boule de cristal occupée par une tête de femme. Sherlock, lui, se contenta d’afficher un air étonné. -Nous avons besoin de votre aide, Madame Léota. Répondit John à la voyante. -De mon aide ? Et qu’est-ce qui vous fait croire que je vais vous la donner ? John s’appuya à la table avec ses deux bras, regardant la tête dans les yeux. -Ecoutez, nous sommes poursuivis par votre « maître », qui ne nous veut apparemment pas du bien, et nous voulons sortir d’ici. Est-ce si compliqué de se montrer aimable ? Il ne plaisantait pas. Emily l’avait rarement vu aussi furieux. A la limite de devenir grossier. L’extra-lucide leva les yeux au ciel, agacée, et répondit : -Vous voulez partir, parfait…Il y a un passage secret sous cette table menant à l’extérieur, mais…Ne voulez pas d’abord résoudre le mystère de Phantom Manor ? Parce que si c’est le cas, je vous conseille de passer par la crypte. Vous pourriez y apprendre beaucoup de choses… -Non, nous voulons seulement quitter cet endroit. Répondit John. -Pas pour longtemps…fit la voyante en haussant un sourcil et en souriant. Car l’un de vous va malheureusement se trouver prisonnier à la place de Ben Hoover, et vous devrez revenir le chercher. -Oh non, pas encore ! fit Emily. -Peu importe pour le moment, nous devons partir. Fit Sherlock en s’agenouillant afin d’ouvrir la trappe menant à la sortie, et en s’y glissant rapidement. Soudain, la porte s’ouvrit, révélant Henry Ravenswood. -Vite ! fit Emily en aidant John et Ben à suivre Sherlock. Le mort-vivant s’avança vers la jeune femme, et l’agrippa par les épaules. Elle tenta de se dégager, mais sans succès. Les coups de pied qu’elle donnait partaient dans le vide. -Emily ! fit John. -Ne vous occupez pas de moi, partez ! leur cria l’archéologue tandis que le squelette la soulevait par la taille. Elle tentait de lutter, mais rien ne fonctionnait. Le mort-vivant se dirigeait avec elle vers la porte. -Partez, faites-le ! Ils obéirent, et coururent dans les escaliers. John était abasourdi, et il lui fallut l’aide de Ben. Enfin, ils sentirent de l’air frais sur leur visage. Ils se trouvaient dans une cave. Sherlock trouva la porte rapidement, et ils sortirent. - Bon sang, c’est pas vrai ! fit le médecin une fois dehors. -John, Calme-toi. -Me calmer ? Sherlock, ma sœur s’est sacrifiée pour nous donner la liberté ! Cela ne compte-t-il pas à tes yeux ? Ne compte-t-elle pas ? Le détective le regardait impassiblement, sans toutefois réussir à dissimuler une pointe de contrariété. -Il s’agit d’Emily ! Continua John. Et je ne compte pas en rester là. Sherlock se rappela des mots de la voyante avant leur fuite. -La crypte ! Fit-il. Léota a parlé d’une crypte…Il faut continuer, comme ça nous trouverons le moyen de vaincre Ravenswood, et donc de sortir Emily de cet enfer. Il partit en direction du cimetière, suivi de John et Ben.
Chapitre 16 :
- Lâchez-moi ! faisait toujours Emily, donnant autant de coups qu’elle pouvait au spectre qui l’emmenait à travers les couloirs de la demeure. Lâchez-moi, je vous jure que vous allez le regretter ! Malgré tout, le revenant refusait de la laisser filer. -Et qu’est-ce que vous me voulez ? Ce serait intéressant de le savoir, ça ! Me dire ce que vous me voulez, et me lâcher ! Sa dernière syllabe se perdit au moment où elle heurta le sol. Ravenswood venait de la laisser tomber au sol dans une salle qui lui était inconnue, mais qu’elle identifia comme étant une des chambres du deuxième étage. Le temps pour elle de se relever, et la porte avait claqué. -Oh non, pas encore. Souffla-t-elle. L’égyptologue tenta de tourner la poignée, mais c’était verrouillé. Elle donna alors des coups. -Eh ! Vous ne pouvez pas me laisser là ! C’est quoi votre problème, Ravenswood ? Vous allez me libérer sur le champ ! -Mademoiselle ? Emily hurla. Elle venait d’entendre une voix dans son dos, et vu ce qu’elle avait déjà vécu à cet étage, cela ne lui présageait rien de bon. Elle se retourna afin de voir à qui elle avait affaire… -Oh…fit-elle en voyant qu’il ne s’agissait là de rien de monstrueux. La voix appartenait à une femme semblant avoir une trentaine d’années, brune dont les cheveux étaient remontés en un chignon un peu désordonné, et vêtue d’une robe simple et sombre. -Je suis désolée de vous avoir fait peur, mademoiselle. Dit-elle. Emily s’appuya contre la porte avec son bras droit, et passa sa main gauche dans ses cheveux avant de la descendre sur sa poitrine haletante. -Ce n’est rien. Répondit la jeune femme. C’est juste que je m’attendais à voir quelque chose d’autre, et de bien moins réjouissant… La femme sourit et s’approcha d’elle. -Vous parlez des invités ? Oh, ne vous en faites pas, le maître a fait déménager ceux qui se trouvaient ici. Petite grimace de la part d’Emily. -Au fait, je m’appelle Anna Jones. Ce nom déclencha une réaction en chaîne dans le cerveau de l’égyptologue. -Anna Jones, celle du cimetière ? Enfin, je veux dire…L’ancienne femme de chambre ? Elle marqua une pause et poursuivit non sans une pointe de gêne : -Désolée si je vous rappelle de mauvais souvenirs… -Oh non ! Bien au contraire…Par contre, je ne comprends pas que vous me disiez que je suis une ancienne femme de chambre. Je suis toujours au service du maître. Emily pouffa intérieurement en se rappelant l’épitaphe « ketp the master happier », puis se ressaisit. -Mais Anna, vous êtes…morte. J’ai vu votre tombe, et depuis le temps…Personne n’a pu survivre. La femme de chambre prit un air sérieux. -Oui, en effet, je suis morte. En 1867 pour être précise, mais chose étonnant, je suis revenue, car le maître avait besoin de moi. Mon frère aussi est revenu, nous sommes tous revenus ! Le regard d’Emily se balada dans la pièce, cherchant un point d’accroche autre que le regard de la domestique, qui devenait trop inquiétant à son goût. -Je vois bien, mais la question est pourquoi ? Anna ne répondit pas. Au lieu de cela, elle se dirigea vers une pile de vêtements soigneusement pliés sur le lit. -Venez, il faut vous habiller. -M’habiller ? Mais je le suis déjà. -Convenablement pour une soirée, j’entends. -Une soirée ? Vous plaisantez, j’espère ! -Jamais quand il s’agit d’un bal, et encore moins quand il est donné en l’honneur de Miss Ravenswood. Emily écarquilla les yeux. En l’honneur de Melanie, pensait-elle, ou serait-ce plutôt un piège orchestré par son père ? Je penche pour la seconde option. -Donc, voyons, qu’est-ce qui serait le plus adapté ? se demandait Anna tout en sortant un corset de la pile. L’égyptologue avait mal aux côtes rien que de le voir. Certes, elle avait déjà porté des corsets, mais aucun de ce genre : 1860, forte courbe… -Parce qu’en plus je suis obligée de mettre ça ? -C’est d’usage, mademoiselle. Emily poussa un petit gémissement désespéré. Il lui tardait que les autres viennent la sortir de cet enfer.
Chapitre 17 :
Sur le chemin du cimetière, John ne cessait de lancer des regards vers la demeure dont ils venaient de sortir. De la lumière s’échappait de toutes les fenêtres, aussi espérait-il voir apparaître le visage de sa sœur lui indiquant qu’elle était toujours en vie et allait bien…Mais tout ce qu’il put voir était la hideuse silhouette de Ravenswood les épiant depuis le deuxième étage. Le médecin frissonna. -Sherlock. Fit-il en rattrapant son ami. Je n’aime pas ça du tout. Henry Ravenswood a l’air de nous surveiller depuis tout-à-l’heure… -C’est ce qu’il fait. Répondit le détective tout en avançant. Tant mieux, comme ça il ne s’occupe pas d’Emily…Et cela nous fait gagner du temps. Nous devons trouver cette crypte au plus vite. Un mot fit réagir Ben Hoover qui se trouvait toujours avec eux. -Trouver ? Vous voulez dire que vous ignorez où elle est ? -Vous ne l’avez peut-être pas remarqué Hoover mais il n’y a aucune crypte dans ce cimetière. Visible, du moins… -Quoi ?! s’exclama l'ex-militaire. -Oh, John, un petit effort ! fit Sherlock en atteignant le cimetière. Regarde : Tu vois un mausolée ? Ou quelque-chose laissant deviner un passage assez large pour mener à une crypte ? Le silence se fit. Seuls les pas du détective se déplaçant jusqu’à la structure surélevée au milieu des sépultures se faisaient entendre. Une lueur de joie éclairait son visage. -Dites-moi. Fit-il le plus calmement du monde avec un sourire en coin. Pourquoi avoir construit une telle chose ici ? Il tapota l’un des murets de pierre de la structure. John et Ben s’échangèrent un regard traduisant leur ignorance. -Remarquable…lâcha le détective. Enfin, je suis habitué à de telles réaction de la part de tout le monde, pas la peine d’imaginer que vous puissiez relever le niveau. John croisa les bras. -Donc ! reprit Sherlock. Si Ravenswood a fait construire ce truc, c’est qu’il y a une raison. C’est pourtant simple, cela dissimule l’entrée de la crypte ! Le détective souriait. John commençait à s’habituer à son comportement, mais il ne pouvait s’empêcher de toujours trouver cela agaçant. -Bravo ! fit le médecin les bras toujours croisés. Bien, vraiment…Mais explique-moi juste comment tu comptes l’ouvrir ? Le sourire du détective se fana, et il se mit à réfléchir en tournant en rond sur la plate-forme. -Il y a certainement un moyen. Fit Ben. Vous savez, ici les portes ne s’ouvrent pas comme elles devraient…Nous pouvons certainement l’ouvrir, mais à condition de suivre une certaine procédure. Sherlock se stoppa net et vint se poster devant Ben et John. -Est-ce que l’un de vous a un briquet ou des allumettes ? -Sherlock, ce n’est pas parce que nous avons quitté Londres qu’il faut en profiter pour… -La ferme John, tu ne sais pas de quoi tu parles. Bon, quelqu’un en a, oui ou non ? Ben Hoover lui tendit une boîte d’allumette qu’il venait de retrouver au fond de ses poches. -Parfait ! fit le détective. Si ma théorie est juste, mieux valaient les allumettes. Il remonta sur la structure, et s’avança vers l’angle gauche du fond où se trouvait une vasque de pierre. -Sherlock ? demanda John, ne comprenant pas ce que son ami voulait faire. Le détective gratta une allumette, et la lança dans la vasque qui s’enflamma aussitôt. -Oui, oui ! J’avais raison une fois de plus ! S’enthousiasma-t-il tout en se dirigeant vers la seconde vasque, laquelle subit le même sort que la première. Il courut ensuite vers Watson et Hoover. -Là, ça doit s’ouvrir. Effectivement, un grondement se fit entendre, ébranlant tout le cimetière. Les dalles composant la partie supérieure de la structure s’écartèrent, dévoilant des marches. -Voila la crypte ! fit Sherlock en se dirigeant vers l’escalier secret.
Chapitre 18 :
-Vous êtes certains que c’est une bonne idée ? Demandait Ben Hoover, les yeux rivés sur une toile d’araignée. -Si vous avez une meilleure option, faites-le nous savoir. Répondit John avec acidité tout en descendant les marches de la crypte dérobée. Il faisait sombre, et les trois hommes avaient dû sortir les lampes torches. Le pire dans toute cette histoire était qu’ils n’avaient aucune idée d’où cet escalier pouvait bien mener. -Sherlock, es-tu certain que découvrir les secrets du manoir nous permettra de sauver Emily ? -Oui. Répondit le détective. Les secrets impliquent forcément les faiblesses, donc, nous pourrons vaincre Ravenswood et sauver ta chère petite sœur. John soupira. -Elle n’est pas que ma sœur, elle est aussi ton amie, enfin je le crois… Sherlock ne répondit pas. Ils venaient de déboucher dans une grande cavité sombre. Le détective promena le faisceau de sa lampe à l’intérieur et se retint de grimacer. -C’est charmant. Fit-il ironiquement. -De quoi…Oh, Dieu du ciel ! s’exclama John. La lumière de la lampe torche venait de révéler un spectacle plutôt déroutant et…macabre. Ils venaient d’atterrir dans des catacombes jonchés de cercueils et de squelettes. Ces derniers se mouvaient et certains tentaient de s’extirper de leurs cercueils. Ils entendaient aussi de la musique. -Oh non ! fit Ben, las. J’en ai assez des morts-vivants ! -Fermez-la Hoover. Ordonna Sherlock. Plus vite nous atteindrons notre objectif, plus vite vous en serez débarrassé, mais pas avant. -Et bien dites-nous ce que nous devons chercher. Rétorqua l’agent de police. Le détective consultant refusa de répondre, et se remit en marche. Il percevait une lumière verdâtre plus loin. -Sherlock, tu sais ce que tu fais au moins ? -John, si Léota nous a demandé de venir ici, c’est qu’il y a forcément une raison. Les mots de la voyante tournaient et se retournaient dans l’esprit d’Holmes. « Je vous conseille de passer par la crypte. Vous pourriez y apprendre beaucoup de choses. »… -Ravenswood, ça vous dit quelque-chose ? lança-t-il. -Pardon ? demanda John, surpris. -Je ne vous parle pas à vous…répondit Sherlock. -A qui alors ? lui demanda Hoover. Le détective se mit à rire. -Vous n’avez vraiment pas écouté la voyante… Elle a dit « Je vous conseille de passer par la crypte. Vous pourriez y apprendre beaucoup de choses. »…ça ne vient toujours pas ? Silence. -Je commence vraiment à regretter Emily…Elle savait se servir de son cerveau un minimum, elle au moins. -Continue au lieu de te moquer de nous. Coupa John. -Si vous insistez…Voilà, nous nous retrouvons avec des morts-vivants dans une crypte, et nous sommes censés apprendre des choses ici. -Ce n’est pas eux qui chantent ? demanda Hoover qui venait de remarquer un petit air entraînant. -Certainement pas. Vous avez vu l’état de leurs cordes vocales ? Un peu de sérieux. Lampe en main, il continua suivi de John Watson et Ben Hoover. Ce dernier fut surpris par un cercueil qui s’ouvrit près de lui, dévoilant un squelette à moitié décomposé allongée nonchalamment et lui souriant, tandis qu’un squelette de femme se tenait près de lui. L’agent préféra ne pas s’attarder. Plus ils avançaient, plus le volume musical augmentait. Bientôt, ils furent en mesure de voir de qui provenait le chant. Les trois hommes écarquillèrent les yeux, surpris. Au milieu d’une petite mare se trouvaient quatre bustes blancs dont les têtes bougeaient et chantaient : When the crypt doors creak and the tombstones quake Spooks come out for a swingin' wake Happy haunts materialize, and begin to vocalize, Grim grinnin' ghosts come out to socialize
Now don't close your eyes and don't try to hide Or a silly spook may sit by your side Shrouded in a daft disguise, they pretend to terrorize, Grim grinnin' ghosts come out to socialize
As the moon climbs high o'er the dead oak tree Spooks come out for the midnight spree Creepy creeps with eerie eyes, start to shriek and harmonize Grim grinnin' ghosts come out to socialize!
-Excusez-nous! Fit John, ce qui n’arréta pas les chanteurs pour autant, qui entamèrent un couplet supplémentaire.
When you hear the knell of a requiem bell Wierd glows gleam where spirits dwell Restless bones eptherialize, rise as spooks of every size
-Messieurs! Fit Sherlock plus fort, ce qui les stoppa. -Oh, si nous ne pouvons plus chanter à notre aise! Fit le buste tout à gauche. -Vous le ferez après, pour le moment nous avons besoin de votre aide à propos de Ravenswood. -Oh, encore Ravenswood, il commence sérieusement à nous agacer celui là ! On en a assez ! A cause de cet impertinent nous ne pouvons jamais chanter en paix ! -C’est urgent! Fit Ben. -Oh, ça va ! fit le buste de droite. Urgent, urgent, prenez votre temps et décompressez en écoutant de la bonne musique ! Je me nomme Phineas Puck, et les autres dans l’ordre sont Ned Nub, Rolo Runkin et Uncle Theodore. -Nous ne pouvons vraiment pas. Fit John avant que Sherlock n’ait pu prononcer un mot. Ravenswood a capturé ma sœur, et nous devons la sortir de là, vous comprenez ? Les bustes se lancèrent des regards choqués. -Oh non ! fit Ned. C’est affreux, il faut les aider ! -Et comment vieille branche ? répondit Theodore. Nous sommes fixés ici ! -Oui, cela pose problème…fit à son tour Rolo. Ils réfléchirent durant un instant avant que Phineas ne dise: -Vous devez allez à Phantom Canyon, les habitants sont adorables, ils vous apprendront tout ce que vous voulez, et eux, ils ont encore des jambes ! Oui, allez les voir ! -Et par où devons-nous aller ? demanda John. -Continuez sur votre lancée, il y a une fissure qui vous y mènera ! répondit Ned. Une lueur d’espoir éclaira le visage de John. -Merci, merci infiniment… Il fut le premier à se diriger vers la porte, non sans remarquer au passage un squelette jouant du xylophone sur des crânes, et des petits fantômes s’amusant à passer dans un nœud coulant tout près d’un corbillard. Le médecin se demanda comment il avait pu atterrir ici avant d’apercevoir la fissure, sans doute résultat du tremblement de terre qui avait coûté la vie à Ravenswood et sa femme. Avant de sortir des catacombes, les trois hommes entendirent les bustes qui avaient repris leur ritournelle :
If you would like to join our jamboree Theres a simple rule thats compulsory, Mortals pay a token fee, rest in peace, the hauntings free, So hurry back, we would like your company!
Enfin, ils virent le ciel nocturne. Tandis que Ben et John se remettaient de leur brève descente aux Enfers, Sherlock observa tout autour de lui, et vit ce qu’ils cherchaient : Phantom Canyon.
Chapitre 19 :
-Quelle plaie ! Emily était assise sur le lit de la chambre dans laquelle on l’avait laissée. Elle était vêtue d’une robe dorée aux épaules découvertes datant de 1860, certainement. Magnifique tenue, mais le corset que la jeune femme portait était très serré, et le panier pas pratique du tout pour bouger, et encore moins pour se battre en cas de besoin. Tout de même, l’égyptologue se leva et se dirigea en direction de la porte. Elle tourna la poignée et, à sa grande surprise, la porte s’ouvrit. Ainsi, elle n’était pas enfermée ! -Et ben, si je m’attendais à ça… Elle passa la tête à travers l’entrebâillement, histoire de vérifier s’il n’y avait personne. La voie était libre. Prudemment tout de même, elle sortit dans le couloir et descendit les escaliers afin d’accéder au rez-de chaussée où se trouvait le foyer, et donc la porte. Face à celle-ci, elle tira sur la poignée à plusieurs reprises, mais rien ne se produisit. Si elle n’était pas prisonnière de la chambre du troisième étage, elle l’était dans le manoir. Lasse, elle posa le front contre le bois. -Vivement que tout cela se termine…soupira-t-elle. -Qu’est-ce qui doit se terminer ? fit une voix dans son dos. Emily sursauta. -Quoi ? Elle se retourna et vit qu’il s’agissait d’Anna Jones. -Anna ?souffla-t-elle. Vous m’avez fait une peur bleue… -Je vois ça…répondit la femme de chambre. Veuillez me pardonner. -Ce n’est rien, ne vous en faites pas…Pourquoi ne puis-je pas sortir ? Anna haussa les épaules. -Ordres du maître, sûrement…Ici, il a le contrôle sur presque tout. Haussement de sourcil de la part d’Emily. -Presque tout, dites-vous ? -Bien qu’il nous retienne prisonniers, il n’a pas la possession de notre réflexion, de nos choix…Et puis, vos amis ont pu le fuir, cela vous en donne la preuve. -Il a donc un point faible ? -Des points faibles, mais il nous est impossible de les exploiter. Emily, je dis peut-être une bêtise mais votre présence ici a forcément une signification. Elle se tut un moment, regarda la salle octogonale, puis s’y dirigea. -Venez avec moi dans le boudoir de Miss Ravenswood, nous pourrons discuter de tout ça. Un moment durant, l’égyptologue crut déceler comme de l’inquiétude chez la femme. Hésitant un instant, elle attrapa les pans de sa robe, sans trop la soulever toutefois, car elle avait gardé son jean et ses bottes et souhaitait éviter de le faire remarquer, et suivit Anna. Après un court instant dans la salle octogonale, les deux femmes passèrent par le couloir où les tableaux changeaient. Elles arrivèrent bientôt devant une porte que la domestique ouvrit. Emily observa un instant la pièce avant que son regard ne tombe sur Melanie Ravenswood, assise face à sa coiffeuse. -Vous avez de la visite, Miss Ravenswood ! fit Anna poliment. Le spectre de la mariée se retourna et sourit d’un air bienveillant. -Entrez donc…Miss Watson, c’est bien ça ? -Vous pouvez m’appeler Emily. Un silence se fit, puis entra un homme brun plutôt maigre en costume. -Jasper ! fit soudain Anna. -Anna. Lui répondit-il. Et Miss Watson. Je vois que vous êtes prête pour ce soir… Emily n’avait pas la moindre idée de ce dont il voulait parler. Ce soir ? -Miss Melanie, le maître veut vous voir au bal vous aussi. Vous devez traiter de choses importantes… Le mariée sembla troublée et retourna son visage en direction du miroir. -Veuillez me pardonner, fit le serviteur, mais j’ai des ordres à transmettre. Après une courbette, il sortit. Le regard d’Emily se fixa ensuite sur Melanie. Elle brûlait de trouver les pièces manquantes du puzzle. -Miss Ravenswood…Je voulais savoir… -Ce qui s’est réellement passé ici? Le regard de la mariée était toujours rivé sur le miroir, et son expression était neutre. -Je devais me marier…Mes rêves m’ont été enlevés. Père ne s’opposait en rien à notre union…Jusqu’au jour où mon fiancé lui dit qu’il voulait partir d’ici, m’emmener loin de toutes ces légendes et malédictions… Emily écarquilla les yeux. En parlant, le visage de Melanie s’était strié de rides. -Mon père…Est mort dans ce tremblement de terre…Et le lendemain, mon fiancé ne s’est pas présenté à notre mariage… Des larmes coulaient à présent sur ses joues. -Ensuite, il est revenu…J’ignore comment mais mon père est revenu, et…Il ne m’a plus laissée sortir. Si bien qu’au bout de plusieurs années je suis…Morte ! Le miroir s’embua, mais quelques endroits restèrent nets, révélant la forme d’une tête de mort. Plus tôt dans la journée, Emily aurait pris ses jambes à son cou, mais elle avait réussi à s’habituer à toutes ces choses étranges. Appercevant la phonographe dans la pièce, Emily posa alors une question qui la taraudait. -Ce phonographe…Il vient de votre frère, n’est-ce pas ? -Il n’a jamais su ce qui était arrivé ici…Il nous croyait toujours en vie quand il nous l’a envoyé. -Vous teniez beaucoup à lui ? Melanie soupira avant de répondre : -Énormément…Il me manque tellement ! Si père et lui ne s’étaient jamais querellés il ne serait jamais parti… Emily comprenait. Elle aussi avait un frère, et elle tenait à lui comme il tenait à elle. Eux deux étaient brouillés avec leur sœur Harry, mais ils avaient leurs raisons. -Vous savez Melanie, je pense savoir comment mettre fin à tout ça, comment vous libérer de l’emprise de votre père. Les rides du spectre s’effacèrent. Melanie tourna le visage vers Emily. -Vous savez ? -Léota nous l’a expliqué…John, Sherlock et Ben y travaillent en ce moment même… -Emily, par pitié ne faites rien de dangereux, Phantom ne doit à aucun prix posséder votre âme ni celle de vos amis…Ce serait catastrophique pour nous tous ! Emily ignorait ce qu’elle voulait dire par là, mais jurait que cela était d’une importance capitale pour leur mission. -Je ferais attention…Malgré tout, je voudrais savoir ce que votre père prépare…Un bal, mais pourquoi ? Melanie reprit son air neutre. -Demandez à Madame Léota. Intervint Anna. Je suis certaine qu’elle pourra vous aider. -C’est ce que je vais faire…répondit Emily en quittant la pièce. Encore merci pour votre aide ! Bien que j’ai du mal à passer les portes, pensa-t-elle. Dieu que cette robé était lourde ! L’égyptologue grimpa les escalier jusqu’au second pour se rendre à la salle de spiritisme mais elle entendit une voix digne des meilleurs films d’horreur discuter avec la voyante. Elle préféra donc se cacher derrière le mur en attendant qu’il soit parti. -Vous m’avez bien compris ? Je les veux toutes ici, les 998 ! -999 si vous comptez la fille ! -Qu’importe ! tonna la voix de Ravenswood. Il m’en faut 1000, et je les veux ce soir même ! -Entendu maître… Goblins and Ghoulies, creatures of fright, we summon you now, to dance through the night. Esprits et fantômes, sur vos fiers destriers, escortez dans la nuit, la belle fiancée... Warlocks and witches, answer this call, your presence is wanted at this ghostly ball. Des 12 coups de minuit aux matines sonnantes, nous valserons ensemble, macabre débutante. Join now the spirits in nuptial doom, a ravishing bride, a vanishing groom. Une fois l’incantation prononcée, des bruits étranges se firent entendre, et Emily vit des créatures transparentes voltiger dans les airs dans tous les sens. C’est à ce moment là que Phantom sortit. Emily étouffa un cri, sachant pertinemment qu’elle était repérée. Le squelette se contenta de la regarder d’un air méprisant tout en lui disant : -Vous arrivez juste à temps pour la danse.
Chapitre 20 :
Les trois hommes s’approchaient de Phantom Canyon guidés par la clarté lunaire. Ben Hoover se demanda s’il était sujet à une hallucination car il était certain d’entendre de la musique provenant de ces bâtiments en bois pourri, restes de l’ancienne « Ravenswood Canyon » que l’on qualifiait dans la région de « ville fantôme ». A vrai dire, personne n’avait de nouvelles des habitants, mais surtout, personne n’avait cherché à en avoir. Il demanda à ses compagnons : -Entendez-vous ce que j’entends ? -Et qu’est-ce que vous entendez ? Lui demanda à son tour John. -Comme un son de piano, comme si ces ruines n’étaient pas si vides que cela… -Hoover, soyez logique ! s’exclama Sherlock Holmes. Si on nous a envoyé ici, c’est forcément parce qu’il y a des personnes capables de nous aider. Effectivement, plus ils avançaient, plus ils entendaient cette musique décrite par l’agent de Scotland Yard. Ils commençaient aussi à apercevoir de la lumière. -C’est tout de même étrange, Sherlock…fit John. Personne ne nous a parlé de ces ruines… -C’est au contraire tout à fait normal. Répondit Ben. Ce séisme reste tout de même un mauvais souvenir, et vu la superstition des gens du coin…Il valait mieux ne pas déterrer les fantômes de ce hameau. -Pas besoin, les fantômes se sont déterrés eux-mêmes répondit Sherlock avant d’atteindre les premières habitations. Il se stoppa, étonné par le spectacle se déroulant sous ses yeux : Phantom Canyon était occupée par des zombies. Ces derniers se comportaient comme si rien ne s’était passé au cours des 150 dernières années. Il y avait des serveuses de saloon dans des robes plutôt colorées malgré le teint grisâtre de celles qui les portaient, des cow-boys se disputant au colt des sacs remplis d’argent, un pianiste jouant un air entraînant, le même que chantaient les quatre bustes, nota Sherlock en passant, et même un pharmacien mélangeant divers produits. John songea qu’il devait les tester sur lui-même, vu sa couleur de peau pour le moins singulière : verte ! Ils firent quelque pas dans l’unique rue du hameau avant d’être interpellés par un personnage en costume tout juste sorti de l’un des bâtiments et portant une énorme clé sous son bras. L’étrange personnage les salua en soulevant son chapeau…et sa tête par la même occasion. -Ah, vous êtes là ! Bienvenue pauvres mortels, vous ne pouvez plus revenir en arrière, maintenant ! Votre pâleur cadavérique trahit une aura d’appréhension! -Ne vous en faites pas pour lui, il est toujours comme ça. Fit John, pensant que l’homme, le maire d’après la banderole lui barrant le torse, voulait parler de Sherlock. Ce dernier le foudroya du regard. Malgré tout, le maire continua son discours de bienvenue. -Nous trouvons cela délicieusement invivable de vivre ici dans cette retraite fantomatique ! A vrai dire, nous avons 999 joyeux hôtes ici, mais il y a de la place pour mille. Y-a-t’il un volontaire? Si vous décidez de nous rejoindre, des dispositions finales pourront êtres prises dans les plus brefs délais. Sherlock se tourna vers John et Ben. -Voilà notre aide…Monsieur le maire, vous dites que vous êtes 999 ? -Depuis peu, à vrai dire, une âme nous avait échappé, mais nous en avons récupéré une assez rapidement pour la remplacer. John sentit un mélange de colère et de tristesse monter en lui, sachant qu’il parlait d’Emily. -Pas pour longtemps…siffla-t-il entre ses dents. -John, calme-toi. Continua le détective. Pour compter le nombre d’âmes, vous voulez atteindre un but bien précis, et dans votre discours vous ne cachiez pas le désir d’atteindre le millier, mais pourquoi cela ? Pourquoi avez-vous besoin de mille âmes ? Un corbeau vint alors se poser sur les branches d’un arbre mort tout près. John détourna la tête et vit que c’était le corbeau qu’il avait déjà vu auparavant dans la salle de spiritisme, et pour cause, l’animal avait toujours l’objet brillant dans le bec. En plissant les yeux, il vit qu’il s’agissait d’un médaillon, mais par n’importe lequel : celui que portait Melanie Ravenswood sur le portrait du couloir. Tandis qu’il s’approchait de la bête, le maire répondait à Sherlock. -Nous devons réunir mille âmes afin d’assurer notre salvation. Nous sommes maudits, voyez-vous… -Difficile de dire le contraire... -Et c’est pour ça que nous devons être mille. A moins de mille âmes, nous resterons ici pour toujours, coincés entre le monde des morts et celui des vivants. Sherlock regarda le maire un instant avant de déclarer : -Et c’est Henry Ravenswood qui vous a raconté de pareilles sornettes ? -Henry Ravenswood, le maître, Phantom, c’est bien lui, mais ce ne sont pas des sornettes. -Pourquoi ? Simplement parce qu’il vous l’a dit ? Bravo, quelle capacité de réflexion ! Vous avez du rester bien longtemps dans la terre pour cogiter tout ça ! -Euh, Mr Holmes…intervint Ben Hoover. Ce n’est peut–être pas le meilleur moyen de s’en faire des alliés…Et je sens que nous aurons besoin d’eux très bientôt… Le détective soupira. -Et bien parlez-leur vous au lieu de critiquer ma façon de faire. Pendant ce temps, John s’était approché du corbeau au point de n’être séparé de lui que de quelques pas. Par chance, la branche sur laquelle s’était posé l’oiseau était assez basse…Comme s'il voulait qu’un être humain puisse l’atteindre… Lentement, il s’approcha encore, et tendit un bras en direction du corbeau afin d’attraper le médaillon. A sa grande surprise, l’oiseau noir ouvrit le bec et déposa l’objet dans sa main. John observa la médaille un instant avant de relever le visage en direction de la branche, qui se révéla être inoccupée. Il retourna alors vers Ben et Sherlock, en grande discussion avec le maire. -Ce que cet homme veut dire, c’est qu’il ignore comment vous avez pu apprendre qu’il vous fallait mille âmes pour enfin être délivrés de votre condition. Disait Hoover pendant que Sherlock semblait bouder. Comme un gamin, se dit John. -Le maître nous l’a assuré. Répondit le maire. C’est à lui que nous devons Phantom Canyon, il est digne de confiance ! Un autre zombie, coiffé d’une visière, sortit d’un petit bâtiment destiné à la vente des tickets de diligence, et se joignit à eux. -Si j'puis m'le permettre, c’est aussi à cause de lui qu'nous sommes dans cette situation, s’il n’avait pas profané d'cimetière indien et réveillé l’Oiseau Tonnerre, ça fait belle lurette qu’on y serait déjà au paradis ! P't'être qu'on serait même pas morts! -Ezra, n’injurie pas le maître ! Il sait tout, il peut tout… -M'sieur l'maire, écoutez-moi, enfin, nous n'pouvons pas faire confiance à cet individu ! On lui a cédé nos âmes par obligation, parce qu'on a toujours demeuré sur ses terres… -Attendez un petit instant…fit John en revenant, le médaillon dans les mains. Sherlock observa un instant l’objet, puis partit en direction de la boutique du pharmacien verdâtre. -Sherlock ? fit John. -Je crois que vous devriez éviter ça. Fit Sherlock à l’homme vert. Vous risquez d’obtenir un résultat plutôt…déplaisant. -SHER-LOCK ! Insista John. -Quoi ? -Alors, qu’est-ce que ce médaillon t’a fait déduire ? Sherlock revint vers John et Ben, non sans esquisser un sourire en coin en entendant un bruit d’explosion derrière lui. -C’est pourtant simple ! Nous devons rendre ce médaillon à Melanie, lui montrer le cadavre de son fiancé… -C’est ignoble ! -Mais obligatoire si nous voulons tous espérer rentrer à Londres en un seul morceau. Bien, je continue, et nous devons aussi envoyer Ravenswood là où est sa place : l’Enfer ! -Envoyer le maître en enfer ? S’offusqua le maire. Sherlock grimaça, lassé de cette perte de temps à toujours devoir tout expliquer à tout le monde. -Ne vous est-il donc jamais venu à l’esprit que ces mille âmes pouvaient être pour lui, pour sa propre salvation ? Depuis quand un démon de l’enfer se soucierait-il du sauvetage des âmes de ceux qui n’ont été pour lui que de simples écrous dans la machine de son pouvoir ? D’un coup, le piano s’arrêta et les coups de pistolets cessèrent. En regardant autour de lui, le détective vit que tous les zombies les regardaient. -C’est vrai ! fit Ezra. Mes chers concitoyens d'Phantom Canyon, nous avons tous été dupés ! Si nous n'réagissons pas, nous prendrons tous autant qu'nous sommes la place en enfer d’Henry Ranvenswood, nous n'pouvons pas laisser c'la se produire ! -Oui, mais comment ? fit une serveuse du saloon à la robe fuchsia et aux cheveux blonds. -Oh, pour cela nous avons une alliée de poids ! répondit Ben Hoover. Madame Léota ! -Cette sorcière ? fit le pianiste en rajustant une bougie sur le chandelier que tenait une main monstrueuse sortant du piano. -Mais enfin, réfléchissez, c’est brillant ! Elle est très puissante, elle saura donc renvoyer ce monstre en enfer une bonne fois pour toute, libérant vos âmes au passage ! -En tout cas, j'marche avec vous ! déclara Ezra. - Moi, aussi! fit un cow-boy en s’approchant à son tour du groupe. -Dans ce cas, Phantom Canyon vous apportera son soutient. Affirma le maire. -A la bonne heure ! fit Ben. Ce que nous allons faire, c’est de nous ré-introduire dans le manoir, Sherlock, John, et moi, puis nous irons trouver Léota, qui ouvrira toutes les portes grâce à son pouvoir… -Et vous êtes sûr que ça va marcher ? demanda le maire. -Faites-moi confiance ! Donc, Léota ouvre les portes, et dès que c’est fait, vous entrez. Nous aurons besoin de vous car la maison est infestée de squelettes, et certainement de fantômes aussi… Vous nous aiderez à ne pas nous faire attraper par ceux-là, mais il vous faudra attendre une dizaine de minutes, le temps pour nous de faire le nécessaire afin de préparer la fin de malédiction de Melanie. Et enfin, Léota le renverra d’où il vient et vos âmes seront libérées ! Un silence se fit, suivi d’un brouhaha parmi lequel on pouvait distinguer des « Ouais ! » et autres «On marche avec vous ».
Comme convenu, Sherlock, Ben et John partirent les premiers et prirent le chemin des catacombes en sens inverse. La libération était proche.
Chapitre 21 :
-Nous n’avons pas une minute à perdre ! s’exclama John, médaillon en main tout en courant afin de regagner la bâtisse qui se dressait devant eux. Emily est toujours là dedans, et Dieu sait ce qu’ils peuvent lui faire… Les trois hommes se dirigeaient vers la cave à vins où se trouvait le passage pour entrer sans être repérés quand ils entendirent un grognement derrière eux. John Watson se retourna et le vit alors : un chien gris aux yeux rouges infernaux dont le pelage laissait visibles par endroits la chair à vif et les os blancs. Il devait être mort tout comme les habitants du manoir. -Ne traîne pas John, tu veux libérer ta sœur, oui ou non ? fit Sherlock en passant la tête par la porte de la cave. -Je…Oui ! fit John, ayant tout de même du mal à détacher le regard de l’apparition. J’arrive… -Oh, ce n’est qu’un chien, viens ! Le médecin réussit finalement à reprendre le contrôle de lui-même avant de suivre ses compagnons dans le passage. Grimpant l’escalier dérobé, ils arrivèrent dans la salle de spiritisme où se tenait toujours Madame Léota, ou plutôt sa tête, dans sa boule de cristal en pleine incantation. -Join now the spirits… Elle se stoppa en voyant la nappe se soulever et surgir Ben, John et Sherlock. -Bougez vos malheureuses carcasses et ne me dérangez-plus, malotrus! Qu’est-ce qu’il y a encore ? -Emily ! fit John haletant. Où est Emily ? La voyante ricana. -Vous arrivez juste à temps pour le bal ! -Ma sœur, à un bal ? Vous fichez de m… Sherlock coupa John. -Dites-nous simplement comment la récupérer et si vous comptez vous joindre à nous. -Vous n’êtes absolument pas mon genre et puis au cas où vous ne l’aurez pas remarqué, il est impossible pour moi de me tenir sur deux jambes ! Le détective s’appuya à la table. -Premièrement nous devons trouver Emily Watson qui se trouve à vos dires dans une salle de bal remplie d’esprits en tous genres, deuxièmement, nous avons besoin de votre aide pour mettre une raclée à Henry Ravenswood, je crois avoir été suffisamment clair… Léota le regarda longuement de ses grands yeux soulignés de noir avant de dire : -Trouvez-là et c’est elle qui viendra à vous en sachant que vous êtes revenus, mais pour le reste…Pourquoi est-ce que je me joindrais à vous ? Ce fut Ben qui répondit : -Parce que vous voulez sauver votre âme, et je peux vous assurer que vous allier à ce monstre revenu des Enfers ne servira à rien. Haussement de sourcil de la part de l’extra-lucide. -Il s’est servi de vous tout comme il s’est servi des autres, affirmant que réunir 1000 âmes pourrait tous vous sauver…Mais c’est faux, s’il a besoin de ces âmes c’est pour son propre salut tandis que vous brûlerez en enfer à sa place pour l’éternité. Léota écarquilla les yeux. -Je connais l’au-delà, je sais comment cela fonctionne ! C’est moi qui lui ai dit comment cela fonctionne. -Alors pourquoi vouloir l’aider ? Vous serez damnée Léota, au même titre que tous ceux qui se trouvent ici ! -Parce qu’il ne possède pas mon âme. Répondit la voyante dédaigneusement. Je suis bien plus puissante que lui. -Oh que si, il la possède, et votre puissance n’a rien à voir avec tout ça. Il possède tous les esprits se trouvant ici, excepté les nôtres et celle de Miss Watson, car aucun de nous n’est mort, mais vous en revanche… Le vert du visage de Léota prit une teinte plus pâle. Elle se rendait compte qu’elle avait été dupée. -Il faisait semblant de me craindre…Je n’y crois pas ! Un sourire en coin se formait chez Sherlock qui attaqua aussitôt : -Donc, vous vous ralliez à nous ? -Bien évidemment…Vous avez compris ce que sont toutes les tâches à accomplir ? -Bien sûr… -Alors emportez-moi et allons à la salle de bal ! Et dépêchez-vous !
Pendant ce temps, à l’autre bout de la maison, une musique d’orgue résonnait. Des danseurs apparaissaient et disparaissaient sur la piste de danse, et Emily les observait, blasée. -J’en ai plus qu’assez des fantômes… Détachant lentement son regard de la piste, elle le détourna en direction d’un petit escalier sur lequel se tenait Mélanie, ainsi que son père. -Ravenswood, je vous hais saleté ! marmonna-t-elle tout en se rapprochant afin d’entendre la conversation qui se déroulait. -Vois-tu, chère enfant, ceci pourrait être ton jour. Il pourrait te revenir, mais à la condition que tu me dises où se trouvent les autres. -Je ne sais pas où ils sont. Soutint sa fille, tremblante. -Écoutes, si j’ai réussi à te retenir ici pendant tant d’années, je peux faire bien pire. Si tu m’aides, ton fiancé te sera rendu, où qu’il ait pu partir. Sinon…l’enfer serait bien peu à côté de ce qui se passera. Emily se mordit la lèvre inférieure tout en fixant le sol. Il fallait mettre fin au règne de Phantom, mais par quel moyen… Relevant les yeux et regardant au-delà des piliers de la salle de bal près de la sortie, elle perçut un mouvement qui lui était familier : un pan de manteau ouvert retombant sur une jambe de pantalon noir… -Sherl… Elle se stoppa vivement, craignant que quelqu’un ne l’entende. Le plus discrètement possible, elle longea les murs jusqu’aux piliers. Les trois hommes lui firent signe de ne pas faire de bruit, et sortirent de la salle de bal avec elle. -John ! fit-elle une fois dans le couloir en étreignant son frère. -Em ! -Jolie tenue…commenta Ben en observant la robe. -Pas pratique surtout…répondit Emily. Mais pas de panique, j’ai des rechanges ! Elle souleva le bas de sa robe, dévoilant son jean et ses bottes. -C’est vraiment la seule ici à avoir un minimum de cervelle. Fit Sherlock. Un autre n’aurait certainement pas pensé à faire de même. -Un autre n’aurait certainement pas porté de robe. Rétorqua John. -Bon, au lieu de discuter, si quelqu’un pouvait m’aider à retirer le jupon et la crinoline ça m’arrangerait ! -D’une facilité ! fit Léota que Sherlock portait. En un clin d’œil, le bas de la robe passa au dessus de la tête de la jeune femme et vint se poser au sol sans un bruit. Emily, enfin libre, joignit les mains comme Sherlock avait l’habitude de le faire. -Bien…Phantom, l’heure de ta fin approche.
Chapitre 22 :
Il n’y avait plus une minute à perdre, ils devaient mettre leur plan à exécution. -Léota, c’est le moment d’aérer un peu. Lança Sherlock avec son habituel sourire en coin. -C’est comme si c’était fait ! répondit la voyante en commençant son incantation, ce qui fit s’ouvrir toutes les portes et les fenêtres. Il faisait nuit mais ils pouvaient tout de même apercevoir les habitants de Phantom Canyon qui commençaient à arriver du cimetière. -Bon, et la suite du plan ? demanda Emily tout en délaçant un peu son corset histoire de pouvoir respirer sans difficulté. -C’est une diversion. Répondit Hoover. Phantom ignore que nous sommes ici et mieux vaut que cela reste comme ça un moment, allez chercher Miss Ravenswood le plus rapidement possible, nous avons vraiment besoin d’elle. -Aucun problème…Je vais faire mon maximum afin de vous la ramener le plus rapidement possible. L’égyptologue se sépara du groupe afin de retourner dans la salle de bal. Tout était comme elle l’avait laissé. Les fantômes tournoyaient avec leurs partenaires, l’organiste jouait et des notes fantomatiques sortaient des tuyaux de l’instrument… Mais plus de Henry Ravenswood à l’horizon, par chance. Le plan fonctionnait. Le regard d’Emily se posa sur les escaliers où le spectre de la mariée se trouvait plus tôt. -Bingo, elle est toujours là ! murmura la jeune femme tout en se glissant à un endroit ou Melanie pourrait la voir. Cette dernière avait toujours l’air triste, et le bal n’était pas près de lui remonter le moral…ni ce qui allait suivre. -Melanie ! fit la jeune femme à l’attention de la fiancée maudite tout en lui faisant signe. Melanie ! Venez ! Le spectre tourna la tête, et vint dans sa direction. Emily posa son indexe sur ses lèvres puis lui fit signe de la suivre dans le couloir ou se trouvaient Ben, Sherlock, John et Léota. -Que se passe-t-il ? demanda la fille Ravenswood. -Nous n’avons pas beaucoup de temps pour des explications, nous devons agir. Fit l’agent de Scotland Yard. -Enfin, nous lui expliquerons tout au moment voulu plutôt. Rectifia Emily. Où devons-nous aller ? -Dans la tourelle. Répondit Sherlock. Arrivés au troisième étage, nous devrons aller dans le couloir, l’une des portes du fond mène à un escalier montant à la tourelle. -Comment vous le savez ? demanda Ben. -Simple déduction. Fit le détective d’un air las. Mais assez de blabla, nous devons faire vite avant que la monstruosité ne revienne. -La « monstruosité » comme vous dite c’est le père de Miss Ravenswood ! fit remarquer Hoover, outré par tant d’indélicatesse de la part de Holmes. Ce dernier partit devant sans même relever le commentaire. Ils gravirent les escaliers jusqu’au troisième étage sans écouter les protestations de Léota qui était monstrueusement secouée dans les bras de Sherlock avant d’arriver dans le couloir. A leur grande surprise, toutes les portes étaient ouvertes, et les chambres vides de leurs cadavres. -Sherlock, les morts-vivants se sont échappés ! fit John serrant le médaillon de Melanie contre lui. -Tant mieux, ils donneront du fil à retordre à Phantom, mais ne perdons pas de temps ! Ils arrivèrent devant une porte ouverte dévoilant un escalier et le gravirent sans plus se poser de questions avant d’atteindre une porte qu’Emily ferma, tout en gardant la main sur la poignée. -Attendez un petit instant…fit la jeune égyptologue tête baissée avant de la relever vers Melanie. Vous devez être préparée à ce que vous allez voir…cela risque fort de vous causer un choc… -Quel choc ? Elle est déjà morte. Fit Sherlock avant d’être stoppé par un regard assassin venant de Ben Hoover. -Quel genre de choc ? demanda Melanie, plutôt inquiète. -Vous allez voir quelque-chose qui ne va pas vous plaire…Avant tout, sachez que la seule manière de vaincre votre père est de vous rendre tout ce que vous avez perdu…John ? Le médecin desserra les mains et tendit le médaillon au spectre dont le visage s’éclaira d’une expression de joie. -Mon médaillon ! Vous l’avez retrouvé ? Elle attrapa la chaînette et la passa autour de son cou. -Je l’avais perdu…C’est un vrai miracle! Comment avez-vous… -Vous allez très certainement vous moquer de moi, commença John, mais c’est un corbeau qui l’avait. -Quel genre de corbeau ? -Le genre à s’introduire dans la salle de spiritisme. Cela peut paraître idiot, mais je suis certain qu’il s’agit de la réincarnation de quelqu’un que vous connaissez…Ou bien de la forme provisoire de son âme avant que la malédiction ne soit levée… -Vous êtes extra-lucide ? demanda Léota. -Non, pourquoi ? -Ça se voit ! -Pourquoi? C'est faux, peut-être? -Bon, Léota vous vous calmez sinon je vous laisse tomber. Fit Sherlock. Je crois que c’est bon, on peut ouvrir ? -Non, encore quelques secondes…fit Emily. Une dernière chose… Elle prit un air sérieux. -Nous devons tout vous rendre avant de pouvoir espérer lever la malédiction donc…Mais cela risque de ne pas vous plaire…Il s’agit de votre fiancé. Elle rebaissa le regard et fit signe à Sherlock d’ouvrir la porte. Cette dernière s’ouvrit sur un grenier ou s’entassaient des malles dans un coin couvertes d’un drap, de vieux tableaux, et en son centre… -Nooooooooooon !!! Ce cri empli de désespoir venait de Melanie, qui venait de tomber à genoux sur le pas de la porte. Au centre de la tourelle se trouvait un squelette vêtu de haillons et pendu à une poutrelle. Ce qui restait du fiancé de Melanie Ravenswood. -Nous sommes désolés. Continua Emily, sincère. Nous avons découvert que sa disparition n’était pas due à sa fuite…Mais à son assassinat… -Par mon père ! fit le spectre en se relevant. Tout est de sa faute, n’est-ce pas ? Il ne voulait pas que je quitte la ville avec lui ! -Parce que vous étiez sa seule héritière. Compléta Sherlock. -Exactement. Renchérit Ben Hoover. Cet homme refusait de voir tout ce qu’il avait pu construire à l’abandon, et la dispute avec votre frère lui a fait prendre cette décision : vous garder pour toujours auprès de lui, peu importe ces soi-disant malédictions. Même au travers de la mort, il est ivre de pouvoir et se fiche de ce qui peut arriver à sa fille tant qu’il peut sauver son âme, qu’importe de la damner pour l’éternité…Mais vous pouvez nous aider à mettre fin à cette malédiction. Nous devons le renvoyer à l’enfer auquel il appartient ! Melanie resta un moment silencieuse, tout comme les personnes qui l’entouraient. Des larmes brillaient encore sur son teint pâle, mais son expression changea subitement. -Oh…fit-elle. -Qu’y-a-t-il ? demanda Emily, consciente que quelque chose d’indésirable se passait. -Il…Il va arriver d’une minute à l’autre…Oh, par pitié, partez tant qu’il en est temps ! -Melanie. Protesta l’égyptologue. Nous ne pouvons pas arrêter si près du but, nous allons lever cette malédiction quoi qu’il en coûte ! -Ne mettez pas vos vies en jeu, partez ! John étant le plus proche de la porte se retourna pour emprunter les escaliers, mais quand il se retourna, il se trouva face à leur ennemi : Phantom !
Chapitre 23 :
L’âme damnée les dévisageait de ses orbites vides avec son perpétuel sourire malsain. John jeta un rapide coup d’œil autour d’eux : aucune autre issue. Les neurones de sa jeune sœur avaient beau s’activer, elle ne trouvait pas plus de solution. Non, cela ne peut pas se terminer ainsi…pensait-elle. Sherlock, lui, ne perdit pas plus de temps, et se précipita vers l’une des malles du grenier pour en extraire un sabre. Il savait que dans les demeures du XIXème siècle il était courant de trouver des sabres pour les duels, même si ces armes ont vite été délaissées au profit des pistolets. Ni une, ni deux, Phantom fit de même et leurs lames s’entrechoquèrent. -Eh ! Vous n’avez pas intérêt à me laisser tomber, jeune idiot ! fit Léota dans sa boule de cristal que portait Sherlock de son bras libre. -Vous avez raison…fit-il avant de jeter la voyante à John tout en parant un nouveau coup. -Abruti ! Imbécile ! Cria la voyante avant d’être attrapée au vol par le médecin. Crétin ! Vous êtes complètement fou ! -Oui mais ça, on le savait. Répondit John avant de se précipiter dans les escaliers, suivi de Ben et Emily. -John, attends ! fit l’archéologue. On ne peut pas laisser Sherlock comme ça ? -Il s’est toujours pas mal débrouillé, je ne m’en fais pas plus que ça…enfin, quand même un peu. Et puis qu’est-ce que tu voudrais faire de plus ? La première chose que nous aillons à faire est de rester en vie ! Emily leva les yeux au ciel. -Et vous, Léota, pourquoi ne renvoyez vous pas Ravenswood d’où il vient ? -Parce qu’il faut rendre à la défunte héritière tout ce qu’elle a perdu ! -Mais c’est ce qu’on a fait ! On lui a tout rendu ! Son médaillon, son fiancé… -Attendez. Fit John en s’arrêtant net. Vous voulez dire que nous avons oublié quelque-chose ? -La chose la plus importante. L’ex-militaire lâcha un juron. -Ne soyez pas impoli John Watson ! -Oh, vous n’allez pas commencer à me casser… -John ! On réfléchit ! le coupa Emily avant qu’il ne sorte une autre grossièreté. Mr.Hoover, une idée ? -Je me trompe peut-être…mais si cette chose était…sa liberté ? Trois pairs d’yeux écarquillés le regardèrent. -Au moins, y’en a un qui réfléchit. Laissa tomber l’extra-lucide d’un air las. -Vous êtes d’une amabilité, Léota. Répondit Emily avant de s’adresser à l’agent de Scotland Yard. Sa liberté ? Comment voulez-vous qu’elle soit libre si son père est toujours là pour la retenir prisonnière ? -Elle n’a pas confiance en elle et ne peut sortir du manoir à cause du pouvoir de son père…Mais ce pouvoir est peut-être extrait de l’influence qu’il avait de son vivant sur sa famille. Elle devrait pouvoir s’en libérer par sa seule volonté… Emily baissa un instant les yeux avant de les relever, une idée en tête. -Son corps ! -Quoi son corps ? demanda John, ayant du mal à suivre toutes ces histoires qui lui semblaient trop folles pour être réelles. -La tombe anonyme dans le cimetière…Ce doit être la sienne…S’il n’y a pas de nom, c’est qu’on voulait dissimuler l’identité de la personne enterrée…Mais pourquoi vouloir cacher qu’il s’agit du corps de Melanie alors ? John haussa les épaules, et Ben compléta : -Pour qu’elle-même n’ai pas le réflexe d’en reprendre possession dans l’hypothèse où elle pourrait traîner à proximité…C’est ça ! Si elle reprend possession de son corps, elle pourra acquérir une puissance capable de défier celle de son père ! Elle sera libre ! -Mais comment ? demanda John. Emily regarda un instant le grenier, et s’y précipita. -Emily ! Non ! N’y retourne-pas ! criait John, mais sa sœur n’y prêtait aucune attention. Dès qu’elle fut en mesure de voir Melanie, les yeux toujours fixés sur le cadavre de son fiancé, elle l’appela. -Melanie ! Venez ! La mariée peina à détacher le regard du pendu, mais finit par venir. -Suivez John et Ben, vite ! fit-elle avant de focaliser son regard sur Sherlock et Henry Ravenswood, toujours en plein combat. Réfléchissant en un millième de seconde, elle courut vers l’une des malles afin de trouver de quoi aider le détective. Au milieu des tissus, elle dénicha une hache. -Oh, non ! Pas ça… L’égyptologue détestait la perspective même d’avoir à se servir d’une hache comme arme, car trop difficile à manier. Malgré tout, elle devait aider Sherlock. -Eh, la tête de mort ! cria-t-elle à Ravenswood avant de foncer sur lui lame en avant. -Emily, ne fais pas de bêtise ! fit Sherlock en reprenant son souffle. -C’est de loin la chose la plus intelligente que j’ai jamais fait, au contraire ! fit Emily tandis que Phantom s’acharnait avec son sabre. Alors, ça fait quoi de se savoir au bord de a défaite, Ravenswood ? Il ne répondit que par un coup plus violent que la jeune femme para par le manche de la hache qui s’entailla légèrement. Elle recula brusquement, et attrapa Sherlock par le bras, l’entraînant dans les escaliers. -Faut le conduire dans la crypte afin de se rapprocher le plus possible du corps de Melanie, c’est notre seule chance de le vaincre ! En chemin, ils croisèrent des zombies aux prises avec des fantômes, et arrivés au rez-de-chaussée, Phantom se matérialisa devant eux. -Vous pensiez pouvoir m’échapper ? Il se mit à rire. -On le pense, oui ! fit Sherlock reprenant le sabre en main. Emily fit de même avec la hache, et en fonction des coups, ils faisaient déplacer Ravenswood comme ils le voulaient. -Em, la porte ! fit le détective en regardant celle du foyer grand ouverte. Emily comprit, et courut en direction de la sortie, mais elle sentit le froid métal du sabre de leur ennemi lui entailler le bras gauche. Elle se retint de crier et de regarder la blessure avant d’être sortie. Cela ne semblait pas trop grave et pouvait attendre, mais le sang coulait et la jeune femme se mordait les lèvres pour ne pas laisser la douleur la gouverner, et lâcha sa hache. Malgré cela, elle était déterminée à en finir une bonne fois pour toutes avec ce maudit Phantom. Descendant l’escalier de la crypte, elle trouva John, Ben et Léota. -Où est Melanie ? Demanda-t-elle en tenant son bras blessé. -Nous l’avons laissée. Répondit John. Elle était dans le foyer…Tu ne l’as pas vue ? -Non, j’étais assez occupée à vrai dire. -Vous nous avez amené Ravenswood ? demanda à son tour Ben. -Sherlock s’en charge. Effectivement, celui-ci dévala les escaliers de la crypte suivi de leur ennemi. Le combat se poursuivait toujours. -Léota, vous faites quelque-chose, oui ou non? Demanda le détective qui avait de plus en plus de mal à lutter. -L’esprit de Melanie doit regagner sa liberté ! -On s’en fout, faites quelque-chose ! lui cria Emily, se rendant compte qu’elle avait laissé sa hache. D’un adroit coup d’épée, Phantom désarma Sherlock qui fut mis à terre. -Vous ne pouvez rien contre moi, pauvres mortels ! Sous des yeux médusés, de la peau revenait se coller au visage du squelette, qui ressemblait maintenant à un cadavre à moitié décomposé. Pointant un cercueil noir du doigt, il déclara haut et fort : -Voila votre dernière demeure, Holmes ! Vous êtes à ma merci, ma 999ème âme ! Et la dernière sera l’un de vos précieux amis ! Mille âmes ! Le compte est bon ! Dites adieu, Sherlock Holmes ! Ne laissant pas tomber son sourire malsain, le mort-vivant leva son sabre, prêt à donner le coup de grâce, quand son bras fut attrapé par des mains squelettiques entourées de tissus blanc. Les vivants n’en crurent pas leurs yeux : Melanie avait pu reprendre possession de son corps. -Léota, vous pouvez faire quelque-chose maintenant ! fit John. -Oui, et je le fais avec plaisir ! Sur ce, elle commença à incanter : -Dark of the night, tears of a day, Come to me and show the way! Portes de l’enfer, ouvrez vous maintenant, Et avalez celui qui nous trahis ignoblement ! Shadow souls are free now, Let them tell their vows. Renvoyez-le d’où il vient, Qu’il n’importune plus le monde des humains !
Un mélange de colère et de surprise était lisible sur le visage de Ravenswood. Lâchant son sabre, il tenta de courir vers la sortie, mais sa peau s’arracha, comme aspirée par un tourbillon. -Non ! Non, je suis le maître ! J’ai conclu un pacte avec les ténèbres ! Vous n’avez pas le droit ! A présent au sol, il s’agrippait à la terre avec ses phalanges pour ne pas être aspiré par la spirale infernale enflammée qui venait d’apparaître. -Non ! Non ! Ses efforts furent vains, et il fut brutalement arraché au sol avant de disparaître pour toujours. Se refermant, le tourbillon provoqua un nouveau tremblement de terre et un effondrement au niveau de la sortie de la crypte. Tout était obscur. -Oh non, c’est pas vrai…fit John. Sherlock, une idée ? -Je réfléchis ! -C’est bien ce que je pensais… Ben lui aussi réfléchissait à un moyen de sortir quand il aperçut une légère lueur qui s’intensifiait. -Eh ! Regardez ! Le squelette de la mariée s’illuminait, et indiqua une direction du doigt. -Elle nous montre le chemin…fit Sherlock en s’empressant de suivre le conseil. Ils empruntèrent à tâtons un chemin qui leur était inconnu, et au bout de quelques minutes de marche dans le noir, arrivèrent à une porte. Le détective la poussa et ils virent la lumière lunaire. -Mais…C’est la cave à vins !fit John. -Et bien comme quoi, tous les chemins mènent au vin ! tenta Ben Hoover, blague soldée par un échec car tout le monde le dévisagea d’un air las. Ils sortirent de la cave et virent une silhouette blanche devant le manoir. Emily lâcha son bras blessé et se précipita vers la forme, mais fut stoppée par John, qui venait de voir une nouvelle forme la rejoindre. La jeune femme comprit qu’il s’agissait du fiancé, libéré avec les autres esprits. Ils regardaient dans leur direction en souriant, tout en agitant la main afin de dire au revoir avant de s’envoler et de disparaître. Tout autour d’eux, des lumières gagnaient le ciel. C’en était terminé de la malédiction des Ravenswood, les 998 âmes prisonnières regagnaient leur véritable place. Tout redevint ensuite calme, le bruissement des feuilles devenant le seul bruit. John posa au sol la boule de cristal à présent vide. -Wahou…murmura Emily. C’est terminé… -Oui, et bien terminé. Répondit Sherlock. Enfin, le manoir doit toujours être jonché de cadavres…Les habitants auront du boulot quand ils n’auront plus peur de venir ici. -Certainement…Enfin, retournons-y juste pour récupérer mes vêtements, ensuite, nous pourrons partir.
Dernière édition par Glywen le Ven 5 Juin 2015 - 19:41, édité 1 fois |
| | | Disneyfan200
Âge : 23 Messages : 123 Localisation : Entre l'Île de La Réunion et Disneyland Inscription : 31/03/2012
| | | | Invité Invité
| | | | Disneyfan200
Âge : 23 Messages : 123 Localisation : Entre l'Île de La Réunion et Disneyland Inscription : 31/03/2012
| | | | Invité Invité
| | | | Disneyfan200
Âge : 23 Messages : 123 Localisation : Entre l'Île de La Réunion et Disneyland Inscription : 31/03/2012
| | | | Bad Wolf
Âge : 39 Messages : 3795 Localisation : à bord du Tardis Inscription : 21/08/2012
| | | | Invité Invité
| | | | DisneyParis
Âge : 30 Messages : 10199 Localisation : Loin avec Elsa Inscription : 06/07/2011
| | | | Invité Invité
| | | | elsa28
Messages : 64 Localisation : Dans le poste de police de Zootopie Inscription : 20/03/2015
| | | | |
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|