En UN mot : Décevant
Ce long post va relancer pour de bon ma triste réputation de boulet bavard. J’en assume l’entière responsabilité et toutes les conséquences que cela implique. Heureusement, maintenant
Earl est là pour vous résumer mes idées en UN mot. Alors si avez la flemme de me lire, vous pouvez vous contenter de ça. Et sinon, si les avis développés, argumentés et construits vous intéressent davantage que les avis à la sauvette, je vous propose ma longue critique !
Ca va faire 10 jours que j’ai vu ce film, et 10 jours que ma critique est prête dans ma tête. Je n’ai pas eu le temps de m’y mettre plus tôt à cause de mes diverses obligations et je dois, une fois de plus, prendre sur mon temps libre nocturne pour me trouver un moment tranquille et partager mon avis avec vous. Au moins, on peut dire qu’elle a eu le temps de maturer un peu. En attendant de pouvoir donner le mien, j’ai bien lu vos avis et j’ai trouvé cela très intéressant. Je partage pas mal d’idées avec certains d’entre vous.
Sora, ta vidéo est très bien faite, bien réalisée et assez drôle, mais dommage que tu n’en dises pas plus sur le film lui-même ! Mais je ne manquerai pas de regarder tes vidéos désormais.
IntroductionBon, commençons par quelque chose de tout bête, qui échappe un peu à toute réflexion ou analyse « objective » (mot peu approprié) mais qui, je pense, a tout de même son importance : je me suis rendu à cette séance et j’en suis sorti avec le sourire.
A cela, aucune autre explication que celle-ci :
Scream.
Simplement la joie, la satisfaction d’être allé voir un
Scream au cinéma (chose que je n’avais jamais pu faire, j’avais 11 ans quand le 3 est sorti, et je n’avais pas encore vu les films). Le bonheur d’avoir passé deux heures dans une salle obscure avec des amis d’adolescences, des vieux amis perdus de vue mais jamais oubliés, le ravissement d’avoir effleuré, par moment, dans un fulgurant tropisme, des sensations, une ambiance dans laquelle je baignais de bon cœur il y a 10 ans.
Oui, je ne peux aborder ce quatrième épisode sans une pensée tendre et nostalgique pour cette saga qui, certes, ne m’a pas autant subjugué et « élevé » depuis l’enfance que l’a fait
Star Wars ; non pas une saga qui m’a éveillé au monde, à ses mystère et à l’aventure comme
Indiana Jones et non pas une saga qui m’a crevé le cœur plus d’une fois par la densité de ses émotions et sa portée épique indéniables comme
Le Seigneur des Anneaux, mais une saga qui a marqué mes 13-14 ans, époque où j’ai découvert les épisodes et me les suis regardé plusieurs fois par semaine sans me lasser. Non pas par goût du sang, non pas par sadisme, et sûrement pas par goût des films d’horreur, genre que je méprisais au plus haut point et que j’ai appris à apprécier plus tard, mais avec des films davantage basés sur l’atmosphère, la suggestion et le psychologique.
Donc, c’est à se demander ce que l’adolescent que j’étais a bien pu trouver à ces films pour les adorer à ce point, car je les adorais vraiment et n’ai jamais vraiment cessé de les adorer jusqu’à aujourd’hui.
C’est difficile de trouver des mots pour décrire mon admiration pour ces films. (Je parle du 1 et du 2 ; je n’aime pas du tout le 3, comme beaucoup d’entre vous, et pour les mêmes raisons apparemment évidentes.) En fait, c’est une chose aujourd’hui admise, reconnue et fort répandue, mais je n’échappe pas à la règle : ce que j'adorais avec ces films, c'est la façon dont ils s'auto-commentaient en permanence ; chose tout à fait claire et revendiquée! Tout le principe de
Scream est de rendre hommage aux films d'horreur de type
Slash Movies (ou de s’en moquer ? C’est ambiguë comme relation…), d'en récupérer les codes, les réutiliser avec un soupçon d'ironie et de recul tout en offrant un vrai spectacle au spectateur, comme cela a déjà été précisé plusieurs fois plus haut par les fins analystes et les fans qui m'ont précédé sur ce topic
.
C'était passionnant que pour chaque épisode, les codes du film d'horreur soient confrontés à l'intrigue en direct par les personnages eux-mêmes, comme une vaste mise en abyme. Déjà, dans le premier, Billy ne cesse de comparer la vie au cinéma et agit en référence à des films! Toute l'histoire est bâtie là-dessus.
Pour moi, le 2 est le plus intéressant de ce point de vue (même si le 1 reste mon préféré et le meilleur sans nul doute!), car le film semble anticiper les critiques du type "Arf, un 2! Ca vaudra jamais le 1!" ; du coup, pendant tout le film, Randy, l'étudiant cinéphile, ne cesse de commenter les évènements au regard des codes d'une suite réussie au cinéma ; et le plus drôle dans tout ça, c'est que Randy est convaincu qu'une suite ne vaut jamais le premier film, comme un aveu implicite et résigné du scénariste devant son propre travail! C'est Mickey qui parie qu'il peut trouver une suite qui dépasse son prédécesseur ; il fait plusieurs propositions durant le film, dont deux suites très célèbres et reconnues comme étant meilleures que leur premier épisodes (
Terminator 2 et
L'Empire Contre Attaque). Mais Randy reste sceptique! C'est du génie d'avoir auto-commenté et auto-critiqué son film comme ça et d'avoir joué avec les clichés pour légitimer leur utilisation!
Sans compter le fait que la bande des persos principaux était très attachante et sympathique! Mon préféré : Dewey sans le moindre doute! Sidney, bien qu'un peu larmoyante, était un personnage vraiment touchant et était très jolie. Et puis, il y a le malicieux Cotton Weary! Et surtout, surtout, Randy, le cinéphile, un peu excentrique et délicieusement Geek!
Voilà les deux grands aspects que j’ai le plus aimés :
- La réflexion sur le genre du cinéma d’horreur
- Le savant mélange de tension (je n’ai pas dit peur !), de violence, d’humour, de réflexion et d’émotion (oui, j’ai bien dit émotion, j’y reviendrai !)
- Les personnages principaux ; un groupe ultra complémentaire, des gens très humains, plein de défaut et, pour cela même, d’autant plus remarquables dans leurs qualités. Une bande de potes de lycée, puis de fac puis de la vie « adulte ». Un groupe soudé que l’adolescent que j’étais a complètement « adopté ».
Grâce à tout ça, ces films ont été pour moi bien plus qu’un simple « slash movie », et même tout sauf ça. Ces meurtres n’étaient qu’un contexte, un fil rouge, une trame révélatrice nécessaire à la mise en valeurs de bien d’autres qualités. Je ne regardais pas des blondes stupides se faire étriper ; je mettais encore et encore le DVD dans le lecteur pour voir une bande potes très attachants enquêter et lutter contre un tueur en série, pour voir Randy partir dans des hypothèses improbables et élaborer ses codes, pour voir Dewey faire ses moues perplexes et incarner un vrai antihéros, pour m’amuser ou m’agacer des frasques de Gale, pour compatir à la souffrance et la culpabilité de Sidney tout en me régalant de sa beauté (oui, je la trouvais très jolie, et d’autant plus par la mélancolie qu’elle dégageait), pour baigner dans cet ambiance estival qui régnait dans la (paisible) ville de Woodsboro ou évoluer dans ce décor séduisant de lycée ou de campus américain complètement insouciant, pour passer à travers un panel d’émotions assez variées allant du stress à l’humour, de l’humour à la tension dramatique, à certaines scènes dont la portée tragique touchait parfois au sublime.
Quand j’ai appris qu’il y aurait un
Scream 4, j’ai eu trois réaction successives :
- Le rire
- L’enthousiasme
- La crainte
Le rire d’abord, car quand j'étais jeune ado, en 2000, lorsque je passais tout mon temps libre à inventer des histoirse et les écrire sous forme de scénarios dans l’espoir de pouvoir un jour réaliser mes propres films, j'étais si fou de la Saga
Scream qu’à l’issue du visionnage de la saga et du 3 qui m’avait déçu, j'avais écrit le scénario… de
Scream 4! Ma première Fan Fiction, et ma dernière jusqu’à ce que j’en écrive une sur Phantom Manor.
Et oui, je voyais grand, je sais
J'ai perdu le scénario depuis, mais je m'en souviens vaguement. Du coup, je peux comparer le film à ma version!
Déjà, à l’époque, mon côté « romantique » avait bien déteint sur mon traitement de l’histoire. A la fin, on découvrait que le tueur était un mec complètement obsédé par Sidney, qui collectionnait des photos, des articles, tous les trucs autour d’elle. A force de l’aimer, il avait fini par la haïr. Mais la vraie raison de sa haine et ce qui l’avait poussé à tuer, c’était le fait que durant le lycée, il était amoureux d’elle et elle l’avait toujours snobé, pris de haut, complètement zappé. Blessé par son mépris mais incapable de totalement renoncer à sa passion pour elle, il avait commis tous ces meurtres dans une volonté paradoxal de la faire souffrir mais aussi d’attirer son attention et de se faire admirer d’elle, persuadé qu’elle se complaisait dans son rôle de victime et avait un faible pour les psychopathes !
Loin de moi l’envie de défendre ce scénario que j’ai pondu à 13 ans, mais en y repensant, je ne trouve pas ça plus pourri que les mobiles auxquels on a le droit dans les épisodes 2 et 3, ou même le 4 !
Scream, j’adore, mais ça n’a jamais été pour la qualité des mobiles ! Dommage, car ça a son importance, et ça pénalise sévèrement le scénario ! Mais on fait sans. Heureusement, la saga a d’autre qualité… avait.
J’ai ressenti de l’enthousiasme car, en bon fan persistant, une suite ne pouvait que me réjouir.
Enfin, de la crainte, et durablement, car j’étais très sceptique sur les chances pour que cette suite soit à la hauteur. Déjà, cela rompait le côté achevé de la trilogie, la boucle était bouclée, et elle s’était mal bouclée avec un 3 vraiment raté à mon goût. De plus, à mesure que j’en apprenais sur le traitement de l’histoire, je voyais d’un très mauvais œil l’incrustation de cette « nouvelle génération » de personnages et, malgré une équipe quasi identique à celle des années 90 (Scénario, réalisateur, musique, casting), je doutais de leurs capacités à produire un film de qualité, qui se mettrait au niveau du 2 ou, mieux, du 1, ou même apporterait un véritable « plus ». Cependant, j’étais bien décidé à lui laisser sa chance, rien que pour cette occasion unique qu’il m’offrait de pouvoir voir un
Scream au cinéma.
Après cette longue entrée en matière, voici donc mon avis sur ce film…
- C’est reparti comme en 90… ou presque Comme je l’ai déjà dit, le fait que je sois face à un nouvel épisode de
Scream me réjouissait. Et avoir vu ce film m’a vraiment laissé souriant et content, malgré ma déception certaine dont je ne fais pas un suspens. Le truc c’est que, surmontée la joie d’en voir un au cinéma, l’arrivée tardive d’un nouvel épisode sent plutôt le roussi. En effet, après déjà un premier épisode et deux récidives, un sempiternel retour de GhostFace ne peut que sentir le réchauffé. Le virage de la vraisemblance est extrêmement délicat à négocier et le ridicule menace dangereusement la saga au bout d’un certain nombre d’épisodes où le même procédé se répète ; plus on persiste dans ce schémas, plus il s’épuise et a de plus en plus de mal à se justifier… jusqu’à ce qu’il devienne tout bonnement injustifiable, et qu’on soit mis brutalement face à l’absurdité de la loi des suites qui ne s’encombrent pas de scrupules sur le fondement scénaristique de leur existence ; on a vite fait de trouver un prétexte pour relancer l’histoire. Seulement, les ficelles se fatiguent, s’effilochent et on a forcément une drôle de sensation quand on voit que, pour la quatrième fois, pas de bol, un psychopathe prend le masque et perpétue des meurtres similaires, avec le même type de victime, les mêmes protagonistes principaux, le même lieu…
Cependant, si on outrepasse cette petite gêne, cette impression désagréable de réchauffé, de recyclage, cette perplexité devant ce copier-coller du contexte des précédents épisodes (imaginez la sensation qu’on aura devant
Scream 6, comme cela semblera vraiment ridicule de voir Sidney harcelée pour la 6ème fois de sa vie par le même type de tueur, d’explorer les mêmes ressorts), on ne peut que se réjouir. En effet, on apprécie tout de suite de retrouver les éléments qui ont fait le succès ou l’intérêt des premiers épisodes.
On se réjouit d’abord de retrouver ce bon vieux trio ; Sidney, la survivante à fleur de peau ; Dewey, le shérif introverti et dépassé ; Gale, la caractérielle arrogante. On retrouve cette bonne vieille ville de Woodsboro, la typique ville américaine où il ne se passait jamais rien, jusqu’aux évènements du 1 ; son lycée, ses « teenagers », son parc, ses grandes maisons pittoresques. Au niveau casting, même sentiment agréable de « Home sweet home », cette sensation délicieuse de revenir chez soi, dans un foyer qu’on a adoré, où on a été heureux. On reprend ses repères avec plaisir et on savoure chaque référence, chaque clin d’œil complice fait au spectateur, à nous, les fans ou, au moins, ceux qui ont vu les premiers épisodes. On frôle l’extase quand nos oreilles captent les thèmes emblématiques composés par Marco Beltrami : Le thème mélancolique de Sidney, vraiment génial, qui vient toujours apporter la touche tragique dans les bons moments ; le thème « Trouble in Woodsboro » qu’on entendait dans la bande annonce, pas tout a fait bien rendu dans le film mais dont reconnaît tout de même quelques accords lointains ; une réinterprétation du regretté thème de Dewey qui collait superbement à sa personnalité dans le 2 mais auquel Beltrami semble avoir dû renoncer (il s’agissait en fait d’un thème emprunté à Hans Zimmer dans le score de
Broken Arrow). Bref, pendant quelques minutes, et ponctuellement durant le film, on est tout décoiffé par de délicieuses et rafraichissantes bourrasques surgies tout droit d’un passé pas si lointain.
Mais voilà, justement, le temps a passé et ce temps réel est reporté sur le temps narratif. Une décennie sépare nos héros des derniers évènements. Ils se croient donc enfin sortis de cette terrible affaire et sont bien déterminés à tourner la page (et nous aussi). Et entre temps, les élèves du lycée de Woodsboro se sont renouvelés, une nouvelle génération est arrivée : normal ! La vie continue ! Tout en nous faisant, bien sûr, suivre l’histoire des notre trio légendaire, le scénario prend donc le parti, prévisible, de suivre parallèlement les trajectoires d’une bande de jeunes qui font étrangement penser à celle du premier épisode… On est dès lors tentés de distribuer les rôles et la facilité déconcertante et l’évidence avec lesquelles on le fait tendent à prouver qu’il y a là bien plus qu’une simple coïncidence. Jill, la cousine de Sidney, la fille aux cheveux noirs de jais en pleine tourmente avec son ex petit ami nous rappelle forcément Sidney (d’ailleurs, cela donne lieu à une réplique de Sidney elle-même : « Tu me rappelles moi ») ; Charlie, le geek qui dirige le ciné club et dissèque les règles des genres cinématographiques est un Randy réincarné ; Olivia, la blonde stéréotypée nous rappelle Tatum, l’inconséquente et lubrique sœur de Dewey. Deux personnages pour le coup vraiment originaux : celui de Kirby et celui de Robbie, l’une pour sa répartie, l’autre pour la génération « blog Internet » qu’il incarne.
Le Geek aux cheveux longs, interprété par Rory Culkin, m’a bien plu, mais incarne bien tous les sentiments contradictoires que j’éprouve vis-à-vis du traitement des personnages dans ce 4ème épisode. Conformément à cette nouvelle mode des « suites à retardement » (
Tron récemment), on évolue de façon assez désagréable car totalement indécise entre la suite et le remake, deux exercices pourtant totalement opposés. La suite prend en considération les épisodes précédents et donc fait un véritable effort de continuité, de cohérence, soigne les références tout en évitant le radotage et l’auto-plagiat afin de greffer le plus subtilement possible cette nouvel pièce à l’ensemble du puzzle ; le remake, au contraire, reprend tout à zéro, la répétition, la copie, les doublons sont inhérents à sa réalisation, il s’agit seulement d’actualiser le propos tout en le reproduisant fidèlement.
Ici, on est manifestement devant une suite (
Scream 4 et non pas
Scream Origins ou
Scream total reboot), il y a une prise en considération du parcours des personnages, une évolution (Dewey et Gale mariés, Sidney a refait sa vie…) ; mais en même temps, il y a des partis pris, des choix qui plagient trop les premiers épisodes pour que cela sonne crédible dans l’optique d’une suite ; comme par hasard, dix ans plus tard, on retrouve un ado ressemblant étrangement à Randy, prêt à reprendre le rôle de ce personnage éliminé bien trop vite alors que sa personnalité, ses interventions contribuaient largement à l’âme de la saga. C’était d’ailleurs assez navrant de voir comme le scénariste lui-même semblait avoir du mal à assumer d’avoir éliminé ce personnage, s’efforçant de le ramener indirectement à la vie, plus ou moins habilement, par des répliques, des allusions ou cette fameuse vidéo d’adieu dans l’épisode 3. Le beurre et l’argent du beurre. Créer un rebondissement fort en tuant Randy mais ne pas assumer de s’être privé si prématurément des services d’un personnage aussi essentiel qui apportait toute l’excentricité et la philosophie de la saga. C’est donc Charlie qui s’y colle pour remplacer le regretté Randy, trahissant ainsi des pulsions de remake mal contrôlées et qui esquintent la cohérence du film dans son statut de suite. Les choses ont évolué, mais en même temps, tout nous montre que rien n’a changé, que tout est exactement pareil et même que les teenagers ont repris les rôles de la précédente génération ! C’est ce qui scénaristiquement s’appelle… avoir le cul entre deux chaises ! Et c’est tout sauf confortable pour le spectateur.
- Le fil rouge (de sang) du scénarioTout le défi de cette partie de ma critique va être de développer mon avis sans faire de spoilers.
Scream, en tant que premier volet, tout à fait autonome, pas forcément programmé pour avoir une suite, racontait une série de meurtres frappant la paisible ville de Woodsboro. Le film s’épanouissait déjà autour d’un tissu de références, de clins d’œil divers au genre et multipliait les auto-commentaires à travers ses protagonistes cinéphiles, à commencer par le tueur qui, par téléphone interposé, prenait un malin plaisir à tester ses victimes sur leurs connaissances cinématographiques.
Scream 2 est resté sur les mêmes bases ; en faisant une suite au premier film, c’est tout naturellement que son propos et le méta-commentaire se sont focalisés sur la question cruciale de la suite des films à succès, leur légitimité, leur qualité, leur capacité à dépasser l’original. Tout cela en centrant le scénario sur la notion de traumatisme, la difficulté de se reconstruire après un drame et plus encore quand les mêmes évènements se reproduisent. C’était en plus un film intéressant car il introduisait pour la première l’avatar fictif que représente la saga
Stab et témoignait d’un beau rapprochement entre les personnages, unis par les épreuves qu’ils ont traversés.
C’était là le fil rouge qui s’était imposé en toute évidence pour la trame du scénario. Le tueur est de retour, va-t-il faire aussi bien sinon mieux que le premier épisode ?
Scream 3 avait un excellent concept de base : celui de nous plonger dans les coulisses du tournage de
Stab 3, film dans le film, adapté lui-même des évènements de l’intrigue et miroir fictif de ce troisième épisode. C’est tout naturellement que l’intrigue se centre sur la question de la trilogie et ses codes.
Mais
Scream 4, qu’en est-il ? Quel est le fil rouge ? Quel est le concept ?
Scream 4, à l’image de ses prédécesseurs, est un film qui se raconte et se décrit lui-même avec une poignante sincérité, ne cachant rien de son statut totalement ambiguë et indécis : il se présente à la fois comme une suite (prise en compte des acquis antérieurs) mais aussi remake, comme semble le revendiquer le tueur (refaire le premier épisode, mais en mieux, avec plus de sang, plus de victime). Très vite, et surtout à la fin, la réflexion sur le remake prend largement le dessus. Après la suite et la trilogie, la question du remake était intéressante à aborder. Pourtant, elle souffre d’une forte hésitation, d’une retenue, d’un « J’y vais, j’y vais pas » dû au fait que le film ne peut totalement être un remake, sinon, les gens ne verront pas l’intérêt et se casseront.
Le fait est que j’ai trouvé l’intrigue de cet épisode vraiment plate et presque confuse à force de tourner autour du vide qui la constitue. La faute vient selon moi autant du déroulement des meurtres que des séquences « hors meurtres ». Cependant, on aurait pu largement souffrir les lacunes des premiers si les secondes avaient été à la hauteur. En effet : ce qui fait la qualité de l’intrigue d’un
Scream, ce sont ces séquences essentielles qui séparent les meurtres entre eux, les phases de « repos » où l’on se centre sur l’enquête, la relation entre les personnages, la réflexion sur le cinéma. Hors, dans cet épisode, ces phases cruciales m’ont semblé non seulement négligées, bâclées, caduques et creuses mais, pire encore, assez rares ; le film est trop préoccupé par le fait d’enchaîner les meurtres, de limiter les pauses pour éviter tout « ventre mou » et offrir du sang au public. Les meurtres sont trop peu espacés et donc l’intrigue qui sous-tend le tout, trop peu travaillée. Et en plus, les meurtres en questions sont terriblement ennuyeux à regarder.
Scream se repose sur ses acquis et ne prend plus la peine de poursuivre le travail entamé dans les précédents épisodes : concevoir des scènes de meurtres originales, inattendues, à la symbolique parfois très forte ou du moins avec des rebondissements bien menés. C’est ce genre d’audace et de créativité qui a donné lieu à une scène comme l’ouverture magnifique du second épisode. Là, soit par manque d’imagination, soit par volonté trop marquée de faire une référence à une victime antérieure, les meurtres ne provoquent aucune surprise et n’essaient même pas de se renouveler. Il en va de même pour les jeux téléphoniques de Ghostface qui semble peu inspiré et peine à occuper ses victimes avec des phases ou des devinettes complètement épuisées par la trilogie et qui ne demandaient pourtant qu’à être renouvelées. Les meurtres perdent un de leurs principaux attraits, si je puis m’exprimer ainsi, par leur manque d’inventivité totale aussi bien dans les dialogues préliminaires que dans l’enchaînement des actions menant inexorablement à une mort trop pressée. Il n’y a pas assez de suspens. Ghostface a l’air pressé de passer à l’acte, il ne cuisine pas assez les victimes, il ne joue plus avec elles (sauf ponctuellement). On passe à côté du véritable « intérêt » des meurtres pour ne laisser place qu’à un type masqué qui court après une blonde, se prend une ou deux chaises dans la gueule et finit par l’embrocher.
Un petit regret pour ma part : j’ai trouvé Dewey très en retrait. Comme c’est mon personnage préféré, je ne peux que le regretter. Il reste en périphérie du scénario, assez passif, arrive toujours deux ou trois minutes trop tard, comme un bon flic, comme excommunié de son statut de « héros » à cause de son nouveau statut de shérif. C’est fort dommage ! C’est Sidney qui, pour le coup, ramasse les lauriers. Elle partage nettement l’affiche avec les jeunes et son personnage a pris du poil de la bête ; sans sacrifier la sensibilité qui la caractérise, elle a vaincu sa peur, elle est combative et j’ai beaucoup apprécié son sang froid, sa protection presque maternelle vis-à-vis de ces jeunes gens qui l’entourent.
Pour le mobile, je ne m’étendrai pas pour éviter tout spoiler irrémédiable. En tout cas, contrairement à ce que j’avais espéré, de mon avis très personnel (je sais que certains pensent le contraire, et je respecte cela), j’ai trouvé le mobile du tueur aussi nul que celui des épisodes 2 et 3. Ca a pour effet de vraiment esquinter la crédibilité de toute cette histoire qui ne brillait déjà pas pour l’inventivité de sa mise en scène ou la pertinence de sa trame.
Les dernières minutes ont un effet paradoxal ; elles relancent une histoire qu’on croyait conclue et qui pouvait se finir judicieusement sur la révélation du mobile et un certain plan… Mais finalement, on rempile pour une dizaine de minutes qui relancent le scénario et remettent certains faits en questions. Le résultat est intéressant à certains égards, il permet de vivres quelques derniers rebondissements et même de valoriser ce mobile un peu faiblard, mais cela ne justifie tout ce chamboule-tout final qui a une fâcheuse tendance à revenir lâchement sur quelques audaces scénaristiques.
- Trop de commentaire tue le commentaireOn en vient à ce qui fait l’essence de la saga et ce qui lui a permis d’être bien plus qu’un simple Slash Movie comme les autres. Cet aspect qui a insufflé dans ces films en apparence idiots conçus pour un public adolescent peu regardant sur la qualité ou l’intelligence, un recul, une lucidité vraiment saisissants et qui donnaient toutes ses lettres de noblesse au scénario de chaque épisode.
Cette lecture auto-critique du film était facilement perceptible pour tout spectateur un peu attentif, mais cependant, il était tout aussi possible de l’ignorer, de ne pas y prêter attention, et soyons lucide, le succès énorme de
Scream ne tient pas à ce discours ironique sur les codes du cinéma d’horreur. La saga a plu au « grand public » car elle a redonné un coup de jeune aux Slash Movies, elle proposait des personnages attachants et offrait un profile de criminel original, basé sur le harcèlement téléphonique et un masque très inspiré qui a marqué toute une génération.
Ainsi donc, quand j’ai appris qu’il y aurait une suite, j’ai tout de suite craint une chose par-dessus tout : que tout ce qui faisait l’intelligence de la saga, ce « méta-commentaire » jadis assuré par le personnage de Randy soit complètement éliminé de l’équation scénaristique pour ne laisser que des blondes hurlantes massacrées avec un luxe de détails sanglants avec un accompagnement musical rock/punk.
Enorme surprise de ce 4ème épisode : l’aspect réflexif n’est pas du tout absent.
Voilà pour la bonne nouvelle ! Le film est en bonne partie basé sur le commentaire du cinéma d’horreur, les nouveaux codes du genre, le principe du remake… Kevin Williamson a vraiment soigné cet aspect-là de l’histoire et en a un fait un véritable ressort à part entière.
Seulement, voilà… pour le coup, aussi dingue que cela puisse paraître, le problème (car il y a un problème selon moi) n’est pas que le méta-commentaire est absent, mais bien qu’il est trop présent !
C’est vrai que cette donnée pesait largement dans la balance qualité, mais justement parce qu’elle restait relativement discrète, subtile, savamment dosée. Au fond, seul Randy incarnait vraiment cet aspect réflexif. Billy et Stew, dans le 1, rentrent dans son jeu, et on sait à quel point… Dans les épisodes suivants, c’est toujours Randy qui assure le commentaire du film en même temps qu’il se déroule sous nos yeux. Le trio principal a conscience des « codes » qu’il a établi, ils y font référence, mais ponctuellement, avec parcimonie.
Dans ce quatrième épisode, les codes et les commentaires vont bon train, ils sont omniprésents. Ils sont certes véhiculés par les « remplaçants » de Randy, dont Charlie le « Geek », mais pas seulement ; soudain, le commentaire méta-filmique nous colle à la pellicule et ne cesse de briser l’ « illusion théâtrale » du spectateur, empêchant de rentrer totalement dans l’histoire, nous maintenant en permanence en périphérie, en observateur lointain, amusé, incrédule, blasé par des codes qu’il connaît mais qu’en plus on s’emploie à lui rabâcher sans la moindre subtilité à chaque plan.
Randy était un marginal, un type complètement obsédé, un geek que personne ne prenait au sérieux jusqu’à ce que… C’était là tout le génie du personnage et l’efficacité de son enseignement : il avait raison depuis le départ. Au lieu de maintenir cette marginalité, au lieu d’entretenir cette discrétion dans la distillation des codes, on a cette-fois le droit à un véritable matraquage. Comme si 10 ans de critiques, de commentaire, de maturation, de fermentation autour de la saga avaient été directement intégrés à la trame elle-même et s’étaient confondus avec le regard du réalisateur et de sa caméra, jusqu’à en altérer totalement l’objectivité : en gros, on a l’impression que Craven et Williamson se regardent écrire et filmer, et surtout, se font complètement parasiter par 10 ans de parlotte autour de leur bébé. Trop conscients que la singularité des films reposaient sur leur regard ironique, Craven et Williamson ont fait du zèle et ce qui devait garantir la qualité de cette suite est devenu son poison, car utilisé avec excès et déraison.
C’est ainsi que soudain, chaque personnage, même le plus anodin, même le plus improbable se met à jouer les Randy, y va de son petit commentaire et joue au plus malin.
Cela revoie à la baisse l’efficacité du message de la saga en le banalisant. Il faut laisser le spectateur perspicace et bénévole faire une part du travail, tirer ses propres conclusions, constater par lui-même ce qui apparaît de façon flagrante sur l’écran et non pas surligner son propre propos de la sorte au point de le noyer. C’était ce que faisait en bonne partie les premiers épisodes, quand Randy avait parlé ; à chacun de rester attentif et d’observer les codes à l’œuvre. Dans ce 4ème épisode, la moindre blonde dont on oublie vite le nom, le moindre flic en patrouille, tout le monde s’amuse avec les codes du cinéma d’horreur, au point d’oublier même d’avoir peur pour sa vie…
- Trop d'humour... tue l'humourC’est assez naturellement que j’en viens à un aspect souvent lié au précédent dans la saga et qui constitue normalement une de ses qualités majeures. Seulement, là, même problème : trop d’humour ! Là, je suis moins surpris ; c’est tout à fait une manie des suites à retardement de ce début de XXIème siècle ou même de pas mal de blockbusters en général. L’excès d’humour, l’art de la vanne au mauvais moment, la blague de trop, cette application permanente à dédramatiser l’action, à en ôter tout sentiment trop pesant ou négatif par un humour souvent médiocre ou mal venu.
L’exemple le plus frappant, le paroxysme de cet humour envahissant restera bien sûr cette fameuse réplique du flic en train de mourir sur « J’emmerde Bruce Willis ».
Scary Movie n’aurait pas fait mieux/pire. Et c’est là le plus troublant ; cette suite, loin d’être tombée dans le travers, non moins répandue, de l’excès de grandiloquence, a au contraire basculé du côté humoristique de la force au point de marcher totalement sur les plates bandes de ses propres parodies.
Qu’on veuille faire rire le spectateur ou le laisser indifférent sur la mort d’un personnage, soit, même si ce n’est pas très judicieux pour la tension et l’identification. Mais qu’on prétende faire rire les personnages de leur propre mort, là, je dis non. Un film reproduit une illusion de réalité ! Et même si juste avant vous étiez en train de vous marrer avec votre collègue, votre mort ne vous laissera pas indifférent au point de faire une vanne juste avant de rendre votre dernier souffle ! J’ai crû rêver quand un personnage, déjà poignardé plusieurs fois et à l’agonie (moment gravissime, sérieux) supplie le meurtrier (jusque là, ça va) en lui demandant : « Attends, attends. Je suis gay, voilà. Ca change quelque chose, non ? ». On ne badine pas avec l’amour, disait Musset ; mais surtout, on ne badine pas avec la mort dans un film où elle tient une place si importante. Que les codes du genre soient tournés à la dérision, bien sûr, mais que cela aille au point que le scénariste ne juge même plus utile de rendre ses personnages attachants ou crédibles, humains, là ça me dépasse.
L’humour est omniprésent et se nourrit beaucoup du méta-commentaire, ce qui rend le film ouvertement parodique. Problème : ce n’est pas assez drôle, à mon goût, pour faire rire, et du coup, le film ne parvient pas à installer une vraie tension. Du coup, à vouloir faire à la fois une bonne parodie et une bon film d’horreur,
Scream 4 ne fait aucun des deux et s’empêtre dans une série de gags grotesques qui crament à la source toute l’intensité et l’émotion auxquelles pouvaient prétendre les précédents.
On avait déjà subi cela avec
Indiana Jones 4. Le film est comme victime de son statut « culte » et du coup passe plus de temps à enchaîner les clins d’œil, à faire des vannes qu’à raconter une histoire efficace.
Indiana Jones 4, en prétendant renouer avec un personnage légendaire n’a fait qu’enchaîner les fautes de goûts, les sacrilèges et les incohérences, laminant complètement la personnalité d’Indiana Jones, comme si Spielberg et Lucas avaient eux-mêmes avaient oublié tout ce qui faisait l’essence de leur personnage. Le film, en plus d’un scénario complètement bancal, ne pouvait même pas compter sur un suspens, une tension dramatique ou un souffle épiques efficace car se concentrait trop sur un humour hyper envahissant qui ne cessait de dédramatiser l’intrigue jusqu’à la rendre totalement parodique.
Ici, j’ai eu l’impression de voir la même chose, mais pour
Scream 4. Cependant, cela s’arrête à l’humour ; au moins, Craven et Williamson ont bien respecté la personnalité de leurs protagonistes et n’ont pas fait de faux pas là-dessus. Mais cet humour a complètement bousillé le film.
Scream était le fruit d’une recette très subtile où chaque ingrédient était parfaitement dosé. Il y a eu bien sûr des fluctuations selon les épisodes ; le 3 avait largement baissé le niveau. Mais la recette était là et chaque chose était à sa place : la tension, l’humour, le méta-commentaire et l’émotion. Ici, l’humour a fait un coup d’Etat surprenant et règne en despote sur toute l’intrigue, empêchant la tension de s’installer dans les moments où elle devrait prendre le dessus, pactisant avec le méta-commentaire en le rendant trop envahissant et complètement dénaturé, annihilant tout potentiel d’émotion et ôtant ainsi cette discrète petite touche tragique qui colorait chaque épisode autour du personnage de Sidney ou cette grandiloquence qui pouvait arracher un frisson non pas de peur mais de beauté morbide devant cette femme agonisant devant un écran de cinéma et un public en transe, tout cela dans un déchirant chœur musicale conduit par Marco Beltrami !
Ces coups d’éclats qui contribuaient autant que l’humour ou les références à la qualité de ces films ont été complètement évincés. L’équilibre sacré est rompu.
Scream 4 n’a pas le côté mou du gland, à bout de souffle et complètement désorienté de l’épisode 3, mais il se montre tout aussi médiocre, laborieux et ennuyeux par un excès de zèle, une volonté trop ferme et mal mesurée de vouloir faire aussi bien, non, mieux que son premier volet ; mais en faisant cela, et en pariant massivement sur l’humour et les références, le reste a été négligé. Over-dose de commentaire, over-dose de vanne, mais gros manque de suspens et de cette grâce qui émanait de certaines scènes, jadis.
En cela, je ne partage pas du tout l’enthousiasme pour la scène d’ouverture que j’ai trouvé d’une terrible lourdeur, pas drôle et déjà trop insistante, trop tonitruante sur les critiques normalement implicites faites par le film. Hélas, le film tout entier est l’image de cette intro qui ne ment donc pas du tout sur les intentions du scénariste : y aller à fond dans la parodie, dans le second degré, dans la critique, quitte à complètement oublier de raconter une histoire, quitte à oublier de créer des scènes de meurtres inventives, originales et des images fortes, quitte à renoncer à tout suspens, à toute tension, quitte à dépouiller la saga de sa discrète mais néanmoins sublime (pour cela même, justement) aura tragique.
- ConclusionOn se fait prendre par les sentiments, on est vaincu par la nostalgie, on se surprend à sourire à la simple idée d’avoir vu un nouvel épisode de
Scream, au cinéma ! Ca oui, le souffle du passé est bien là.
Mais il devient compliqué de justifier l’apparition de nouveaux meurtres. Tout cela a un air incongru, réchauffé. Je prie pour qu’il n’y ait pas de nouvel épisode. J’adore le trio de personnages principaux, mais s’il devait y avoir encore des suites, je pense qu’il serait mieux de repartir sur de toutes nouvelles bases car ça commence à devenir un peu absurde et ridicule de voir ces personnes vivre sans arrêt la même histoire, et à chaque fois pour des raisons totalement foireuses.
Les trucs que j’ai aimés dans cet épisode sont uniquement des résidus de bons ingrédients que j’ai appréciés dans les précédents. Le reste tient de la surenchère la plus déplacée. C’est un film de mauvais goût, un auto-sabotage ; même pas parce que le film a voulu se « simplifier » et renoncer à tout ce qui avait fait son succès et sa singularité, mais justement parce qu’il a voulu trop en faire, parce qu’il a trop insisté sur certains ingrédients en négligeant totalement les autres.
Cependant, je n’ai pas la prétention de dire (et personne ne peut l’avoir) : « C’est un mauvais film ». En observant les diverses critiques, et constatant ma divergence d’opinion avec
Serleena, je constate un phénomène qui explique la diversité des avis : votre enthousiasme pour ce 4ème épisode dépendra totalement de votre vision des précédents :
- Si pour vous
Scream n’est rien de plus qu’une saga jubilatoire pour la violence et le sang, à l’heure des
Saw, un tel film n’a plus de quoi impressionner les gens ! L’humanité a mis la barre de l’atrocité encore plus haut et fait passer les
Scream pour des Disney (ce qu’ils étaient, indirectement !)
- Si pour vous
Scream est une saga qui ne s’est jamais prise au sérieux et a toujours tenu davantage de la comédie sanglante que de la tragédie sanglante, si un épisode ne vous a jamais vraiment stressé ou touché, bref, s’il s’agit selon vous avant tout d’une parodie intelligente agrémentée de quelques meurtres cathartiques, alors vous allez adorer et même apprécier que l’accent ait été encore plus mis sur cet humour et ce sens de la référence.
- Si
Scream tenait, selon vous, d’un équilibre subtile entre tragédie (des meurtres réels qui n’ont rien d’une blague, du stress, une vraie détresse psychologique chez des persos comme Sidney, des envolées d’émotion ponctuelles), comédie (autodérision, art de la référence, dialogues savoureux) et réflexion (tout l’aspect commentaire) alors vous serez sans doute choqué et déçu de la façon dont l’humour, la comédie ont complètement pris le dessus, créant l’effondrement total des bases établies par le premier épisode et cimentées par le deuxième. Vous ne stresserez pas ; vous ne serez pas émus ; et vous pourriez au moins rire, mais la déception sera tellement pesante que vous n’y arriverez même pas, rendant définitivement ce film vain et raté.
Je finirai là-dessus : on me reprochera peut-être d’avoir une trop haute estime pour cette saga, d’y voir un potentiel tragique et émotionnel alors qu’il ne faudrait y voir qu’une grosse blague, un délire pur, une farce de cinéphile qui ne se prend pas un instant au sérieux. Bref, on peut penser que j’ai tout faux et que je n’ai pas aimé ce dernier épisode parce que je n’ai rien compris à cette saga depuis le départ.
Ne disposant d’aucune preuve pour cette théorie ou pour la mienne, le bénéfice du doute est permis. Et donc pour ma part, j’affirme que cette saga avait certes une bonne part d’humour et d’autodérision, ce qui faisait son intelligence, mais elle savait justement et heureusement se prendre au sérieux comme tout autre film quand il le fallait et cela permettait de vraiment rentrer dans l’action et de ressentir de vraies émotions allant du stress à la tristesse en passant par la compassion ou la colère.
Scream a perdu son âme. Sidney nous avait avertis pourtant : « Faut pas déconner avec l’original ». Tout à fait d’accord avec toi, Sid… tout à fait d’accord.