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| Peut-on écrire une suite aux «Misérables» de Hugo ? | |
| Auteur | Message |
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Timon Timauvais Propriétaire
Âge : 53 Messages : 12603 Localisation : sur Chronique Disney Inscription : 04/07/2007
| Sujet: Peut-on écrire une suite aux «Misérables» de Hugo ? 19/12/2008, 10:54 | |
| L'épilogue d'une longue procédure opposant les héritiers du grand poète à l'écrivain François Cérésa doit être connu aujourd'hui. D'abord un petit rappel des faits : (voir la source)
Ce siècle n'avait pas encore deux ans ; déjà Victor Hugo entrait au tribunal. Plus exactement, deux livres inspirés des Misérables constituaient le prétexte à une procédure judiciaire inédite, dont l'épilogue est attendu vendredi. Nous sommes en 2001, c'est-à-dire un an avant 2002, année qui marque le bicentenaire de la naissance du célèbre écrivain, lequel vit le jour, comme chacun sait, le 26 février 1802 à Besançon (Doubs). Olivier Orban, patron de la maison d'édition Plon, flaire l'aubaine et cherche un écrivain assez culotté pour inventer une suite aux Misérables, monument de la littérature française. Il met en compétition plusieurs plumes et retient le scénario de François Cérésa, ravi de se prêter à ce qu'il considère comme un simple jeu littéraire, sans prétendre rivaliser avec le géant des lettres à la «barbe d'argent comme un ruisseau d'avril». François Cérésa, plein d'imagination et d'audace, ressuscite l'inspecteur Javert que Victor Hugo avait noyé dans la Seine. Mieux - ou pire, selon les goûts -, ce miraculé, connu pour poursuivre de son injuste vindicte l'honnête Jean Valjean, ce policier obtus qui, de nos jours, placerait sans doute le premier journaliste venu en garde à vue, devient, sous la plume de Cérésa, un personnage gentil, un super-Valjean. Une fois Javert sauvé des eaux, l'auteur trousse deux ouvrages : Cosette ou le temps des illusions, puis Marius ou le fugitif, publiés, avec un succès relatif, au printemps et à l'automne 2001. Fureur de Pierre Hugo, descendant de Victor et orfèvre à Aix-en-Provence, qui se présente comme «le représentant de l'ensemble de la famille» , explique son conseil, Me Stéphane Loisy : «Non seulement Plon n'a pas consulté M. Hugo, mais l'éditeur l'a ensuite traité avec désinvolture, refusant toute discussion. Surtout, les livres de M. Cérésa dénaturent complètement l'œuvre originelle.» Le plus lourd reproche porte sur la transfiguration de Javert : pour les Hugo, celui-ci est mort méchant, et le reste à jamais (mort et méchant).
Atteinte au droit moral
Ce n'est pas la première fois que Les Misérables donnent lieu à interprétation : il y a eu plusieurs films - dont un, de Lelouch, transposait l'action pendant la Seconde Guerre mondiale avec un Valjean déménageur et un Javert milicien -, une comédie musicale, etc. qui n'ont motivé aucune plainte. Or, Pierre Hugo, qui avait aussi accepté un dessin animé, Le Bossu de Notre-Dame, tiré par les studios Disney de Notre-Dame de Paris, trouve que le bouchon est ici poussé trop loin. Il convainc plusieurs proches d'épouser la cause et, accessoirement, de réclamer 4,5 millions de francs (690 000 euros) de dommages et intérêts. La Société des gens de lettres (SGDL), dont l'auteur des Contemplations fut cofondateur avec Balzac et d'autres, leur emboîte le pas. Mais le tribunal de Paris ne les suit pas. Il rend, le 12 septembre 2001, un jugement favorable à Plon. Essentiellement fondé, il est vrai, sur un motif juridique habilement soulevé par Mes Paul Lombard et Jean-Claude Zylberstein : l'irrecevabilité à agir des plaignants. Ceux-ci interjettent appel. La cour, cette fois, examine davantage le fond. Et, le 31 mars 2004, rend un arrêt qui contredit la sentence de première instance, estimant que les livres de François Cérésa portent atteinte au droit moral du grand Victor. Estimant cet arrêt contraire à la liberté d'expression et de création, Plon forme un pourvoi en cassation. La juridiction suprême se prononce le 30 janvier 2007 et renvoie l'affaire devant la cour d'appel «autrement composée», aux motifs que «la suite d'une œuvre littéraire se rattache au droit d'adaptation» et que, «sous réserve du respect du droit au nom et à l'intégrité de l'œuvre adaptée, la liberté de création s'oppose à ce que l'auteur de l'œuvre ou ses héritiers interdisent qu'une suite soit donnée (…)». La troisième audience a eu lieu le 6 novembre. Sans doute quelque peu impressionnés par l'enjeu, les avocats de Pierre Hugo produisent des conclusions dans lesquelles Cosette est rebaptisée, avec insistance, «Colette», ce dont se gaussent, fripons, Mes Lombard et Zylberstein. Le plus piquant, en l'espèce, c'est que les parties cherchent moins leur salut dans la jurisprudence que dans les écrits de Victor Hugo lui-même. Ainsi Me Loisy met-il en avant une note de 1832, rédigée dans la foulée de Notre-Dame de Paris (et donc plusieurs décennies avant Les Misérables, publiés en 1862). L'écrivain, blanc-bec de 30 ans, y donne des conseils à ses pairs, fort de la certitude de son propre génie qui le caractérise : «Une fois la chose faite [le livre terminé], ne vous ravisez pas, n'y touchez pas. Votre livre est-il manqué ? Tant pis. Votre drame est né boiteux ? Croyez-moi, ne lui mettez pas de jambe de bois». Moralité : François Cérésa a bel et bien outragé le plus grand de nos écrivains et, par ses élucubrations à but lucratif, souillé une pépite de notre patrimoine national.
«Je donne mes œuvres à la France»
Balivernes, rétorque-t-on en face. Et de faire remonter à la surface, comme Cérésa de Javert, un texte moins connu : un discours prononcé par Victor Hugo le 21 juin 1878, sept ans avant sa mort, au Congrès littéraire international. «Avant la publication, l'auteur a un droit incontestable et illimité» sur son œuvre, estime le poète. Mais il ajoute aussitôt : «Dès que l'œuvre est publiée, l'auteur n'en est plus le maître. C'est alors l'autre personnage qui s'en empare, appelez-le du nom que vous voudrez : esprithumain,domaine public, société.» Plus loin : «L'héritier du sang est l'héritier du sang. L'écrivain, en tant qu'écrivain, n'a qu'un héritier, c'est l'héritier de l'esprit, c'est l'esprit humain, c'est le domaine public. Voilà la vérité absolue.» Et Me Lombard, l'œil pétillant, d'enfoncer le clou avec les Choses vues de 1860 : «Quand je serai mort, la propriété de mes œuvres appartiendra à mes enfants. Qu'ils en usent librement (…) Je donne mes œuvres à la France. Que le domaine public les donne au peuple (…) Mes œuvres, c'est mon âme, et mon âme appartient à mon pays.» Conclusion : que Pierre Hugo obéisse à grand-papa ! Au passage, l'avocat relève que le plaignant n'avait pas réagi «lorsque Didier Decoin, dans sa version télévisée des Misérables, a développé la thèse d'un Jean Valjean/Depardieu entretenant des relations incestueuses avec Cosette.» Selon lui, l'héritier se comporte de la manière qu'il reproche à Plon, surfant sur la vague du bicentenaire hugolien à des fins lucratives. «Il s'est montré beaucoup moins scrupuleux et désintéressé, persifle Me Lombard, lorsqu'en 1989, il a annoncé le lancement d'un parfum “Hugo''. Et «lorsqu'il a créé en 1982, dans sa collection “Bois d'épave'', un stylo dénommé “la plume de Hugo”.» «Le plus choquant, c'est que les ouvrages de M. Cérésa soient présentés comme une suite», résume Me Yves Gaubiac, avocat de la SGDL. «L'arrêt du 19 décembre est capital, admet Me Loisy. Des auteurs m'ont averti qu'ils l'attendaient avant de se lancer dans la rédaction de suites littéraires. Il y a notamment un projet dans l'air pour Madame Bovary.» Était-il légal d'inventer une suite aux Misérables ? L'affreux Javert a-t-il le droit de devenir gentil ? Le domaine public est-il réellement public ou semi-privé ? Quelle que soit la réponse de la cour d'appel, Victor Hugo, bien sûr, en propose une. Ce chantre de la rédemption écrivit dans un poème fameux, à l'intention de tous les Javert du monde : «On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent/Fondre et vivre ; et, d'extase et d'azur s'emplissant,Tout notre être frémit de la défaite étrangeDu monstre qui devient dans la lumière un ange». Ensuite et vous qu'en pensez-vous : peut-on écrire une suite aux «Misérables» de Hugo ?
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| | | BIX! Mister DCP 2012
Âge : 46 Messages : 5414 Localisation : St Omer (62) Inscription : 25/07/2007
| | | | Caraibes
Messages : 175 Localisation : Quelque part au bord d'un lac, en Suisse Inscription : 17/03/2008
| Sujet: Re: Peut-on écrire une suite aux «Misérables» de Hugo ? 19/12/2008, 13:18 | |
| Houlà, longtemps qu'un post ne n'avait pas fait réagir ...
Je ne vois pas l'utilité de faire une suite aux oeuvres littéraire, surtout si c'est pour dénaturer l'oeuvre originale en faisant devenir gentil un méchant. Même la version Disney (certes d'un autre Victor Hugo), pourtant destinée aux enfants, n'avait pas sa raison d'être avec son happy end. Pour moi, quand une histoire est finie, bin elle est finie. Point !!! C'est ridicule de faire "ressusciter" des personnages car on n'a pas trouvé le bon filon pour se faire du fric !
Je trouve triste qu'écrivains et éditeurs n'aient plus assez d'imagination ou d'envie pour pondre de nouvelles belles histoires, sans se référer à des "valeurs sures". (Attention, je ne dis pas cela pour tous; il reste encore de futurs classiques qui sortent). Je pense, au contraire, que tous les modes de communications que nous avons à notre disposition devrait permettre d'ouvrir plus de perspectives et nous donnes un catalogue de thèmes à traiter que Victor Hugo n'avait pas à son époque.
D'un autre côté, cette bataille juridique est discutable : quand on voit se que Disney à fait à Notre dame de Paris (qui a touché un public beaucoup plus large), on est en droit de se demander pourquoi les héritiers attaquent. Mais bon, ça n'est pas le sujet de ce post.
Enfin, c'est détestable cette mode de vouloir à tout prix surfer sur le succès d'Oeuvres que se soit des livres, des séries TV ou de film.
Il y en a marre des suites !!! |
| | | Matheus
Âge : 45 Messages : 1200 Localisation : Asnières-sur-Seine Inscription : 03/04/2008
| Sujet: Re: Peut-on écrire une suite aux «Misérables» de Hugo ? 19/12/2008, 13:46 | |
| Je ne savais pas qu'une suite à ce chef d'oeuvre existait. Personnellement, l'idée de savoir qu'une suite n'étant pas sortie de la plume d' Hugo existe ne me dérange pas. La lirai-je ? La trouverai-je intéressante ou bonne à raviver le feu de la cheminée, je n'en sais rien et je m'en moque. Laissons juste au public l'esprit critique. Au peuple de juger et non à des héritiers qui souvent n'y connaissent rien dans la création d'une oeuvre. Hugo a deux siècles. Son oeuvre a été décortiquée, analysée. Il n'a plus besoin d'être protégé puisqu'il est passé dans l'inconscient collectif. Si cette suite est bonne, tant mieux pour Plon. Tant mieux pour Cérésa ? Pas sûr. Combien de personnes le connaissent ? Savez-vous ce qu'il a écrit d'autre ?
Pour répondre à Caraibes, vive les suites ! Libre à nous de ne pas suivre. Si les suites existent, c'est qu'il y a un public pour ça. Laissons faire la création. Si la suite est pourrie, laissons-là tomber dans l'oubli. |
| | | Krakousucre
Messages : 726 Localisation : krakouland Inscription : 02/09/2007
| Sujet: Re: Peut-on écrire une suite aux «Misérables» de Hugo ? 19/12/2008, 23:49 | |
| Tant qu'ils ne retouchent pas l'oeuvre originale, ce qui serait contraire au droit moral, qu'ils essayent : soit ils se plantent et sont humiliés, soit ils font émerger un nouveau Hugo (en qualité), ce qui n'est pas impossible. Mais un nouveau Hugo (en qualité) ne préfererait-il pas créer une oeuvre totalement originale, plutôt que de jouer les simples continuateurs ?... |
| | | Peter Banning
Âge : 42 Messages : 2721 Localisation : moulins Inscription : 14/07/2010
| Sujet: Re: Peut-on écrire une suite aux «Misérables» de Hugo ? 12/3/2013, 13:52 | |
| - Krakousucre a écrit:
- Tant qu'ils ne retouchent pas l'oeuvre originale, ce qui serait contraire au droit moral, qu'ils essayent : soit ils se plantent et sont humiliés, soit ils font émerger un nouveau Hugo (en qualité), ce qui n'est pas impossible. Mais un nouveau Hugo (en qualité) ne préfererait-il pas créer une oeuvre totalement originale, plutôt que de jouer les simples continuateurs ?...
C'est vrai que la plupart des nouveaux talents préfèrent se faire connaitre grace à des oeuvres originales. "Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil, ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ? C'est là que je t'aimerai toujours, c'est là que je t'attendrai" https://www.legeekmoderne.fr https://www.facebook.com/groups/418393175028778/?fref=ts |
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