Icare est un film d'animation sorti en 2002 et réalisé par Carlo Vogele, qui réalise ici son premier long-métrage, après avoir notamment travaillé au sein de studios comme Aardman et même PIXAR. Au casting vocal on retrouve même Camille Cottin, une actrice française connue pour la série humoristique Connasse et la série Dix pour cent qui l'a pas mal révélée j'ai l'impression puisqu'on la voit à l'affiche de pas mal de trucs depuis, notamment dans le prochain film de Kenneth Brannagh, Mystère à Venise. Ce n'est d'ailleurs pas son premier doublage puisqu'elle faisait la voix de 22 dans Soul. On retrouve également Féodor Atkine, qu'on ne présente plus, sur la voix de Dédale.
Bref. Icare raconte donc la légende du Minotaure, mais du point de vue justement du fils de Dédale, et prend le parti de considérer le Minotaure comme une créature pacifique et non malveillante. Bien évidemment, le thème de l'adultère sera au cœur du film, de même que l'amitié, et c'est probablement sur cette dernière que le long-métrage pêche le plus. La relation entre Astérion (le nom du Minotaure pour ceux qui l'ignorent) et Icare a beau être poétique et belle, elle est surtout beaucoup trop peu développée pour être réellement tangible. Oui, le garçon a pitié des traitements de son ami. Oui, on voit des passages où les deux sont ensembles, et l'on comprend qu'ils développent une solide amitié. Mais elle n'est pas tangible, tout ça nous est bazardé à la vitesse grand V, sans qu'on sache sur quoi portent leurs longues discussions. On sait qu'ils passent tu temps ensemble, mais l'on ne passe pas de temps avec eux. On comprend que cette amitié grandit et évolue, mais on n'y assiste pas. Et c'est très dommage. Difficile après ça d'être véritablement ému lorsqu'Astérion qualifie Icare d'étoile. On a pas assisté à cette amitié, le film n'a fait que nous expliquer qu'elle existait, sans de véritable scène forte qui caractérise cette relation de manière concrète et belle.
Pour le reste, le film est beau, avec ses bruits de mer, de vagues, de paysages, ce calme reposant si caractéristique de l'animation européenne (le film a la triple nationalité française belge et luxembourgeoise) et le traitement de l'adultère, la grosse réussite du film selon moi. La légende est traitée presque au pied de la lettre, si ce n'est le Minotaure gentil. Et ça fait du bien, de voir un film d'animation traiter de la mythologie grecque comme il se doit, avec attirances sexuelles, adultères et tout ça. Cela change du puritanisme ridicule à l'américaine qui interdisait chez Disney la mention même d'un adultère, rendant absurde le traitement de certains personnages de la mythologie (Hercule, évidemment, avec son Zeus en père modèle et fidèle...).
Je ne suis pas certain d'avoir compris la fin, en revanche. Icare se suicide-t-il, afin de retrouver son ami tué par Thésée ? Quelle est la métaphore sur l'art que nous rappelle Dédale ? Est-ce là une manière pour le réalisateur de nous expliquer que c'est à nous de décider de la fin ? L'oeuvre de ne lui appartenant plus ?
Bref, un bon film, beau, paisible, poétique et malgré tout fidèle à la mythologie grecque en dépit de certains éléments d'adaptation, mais qui pêche malgré tout, et c'est bien dommage, quand il s'agit de nous imprégner de l'amitié entre Icare et Astérion, lequel demeure néanmoins touchant, en partie en raison du traitement de Minos qui passe pour un véritable salopard, ici.