J’arrive un peu en retard sur ce topic pour donner mon avis au sujet du dernier né des WDAS, et pourtant j’ai vu le film 4 fois
Il faut dire que la fin d’année a été tellement chargée pour moi que j’ai sans cesse repoussé le moment d’écrire, mais cette fois j’y suis, donc c’est parti !
À l’heure où j’écris, j’ai donc vu le film 4 fois (3 fois en VO, 1 fois en VF), je chantonne les chansons à longueur de journée, et j’ai Moana en fond d’écran. Autant dire que ça vous donne d’ores et déjà un petit aperçu de mon avis sur le film
J’attendais avec impatience, comme chaque fois, la sortie du nouveau Disney, mais j’étais restée un peu sur la réserve pendant toute la promo, surtout axée sur l'humour, qui m'empêchait de vraiment bien cerner le film.
Première séance en VO le 5 décembre. Je tiens à dire que depuis le début, je suis du côté de la VO car je n’ai vraiment pas digéré le changement de prénom de Moana. Donc pour moi c’est Moana, et ça restera Moana. Il était donc obligatoire pour moi de voir le film la première fois en anglais, même s'il faut bien se coltiner le « Vaiana » du redoublage.
Ma seconde séance, en VF, m’a confirmé dans mon choix, et depuis je ne l’ai plus vu qu’en VO x)
Je suis bien contente que les Blu-ray Disney soient dézonés, comme ça je me procurerai le Blu-ray américain, et adieu le redoublage !
Même après avoir vu le film plusieurs fois et l’avoir bien intégré, je reste encore agréablement surprise devant la magie inattendue qui a opéré sur moi avec
Moana...
L'une des réponses au pourquoi du comment j'ai adoré ce film, c’est sans doute le pouvoir de l’aventure. La grande, la vraie, celle qui se passe dans les territoires inconnus, sur les mers, dans les airs, dans l’espace… Cette aventure, elle appelle, tout comme Moana est appelée par l’horizon de l’océan, et elle rappelle aussi, les jeux auxquels on s’est un peu tous prêtés lorsque nous étions hauts comme trois pommes. Personnellement, je n’ai toujours rêvé que d’aventure, depuis mon plus jeune âge. Entre rêve et réalité, on dit qu’il n’y a qu’un pas, mais on ne le franchit pas tous. C’est sans doute pour cela aussi que ces films d’animations sont tellement importants pour moi. L’aventure est par définition évasion. Et l’évasion nourrit la vie, et la mienne se nourrit principalement de ça.
Et avec
Moana, on la vit, l’aventure ! Je dois dire que lors de ma première séance, j’avais été un peu perturbée par la trame scénaristique, certains moments m’avaient fait l’effet de longueurs, mais je pense que c’est parce que le déroulement du film n’est tout simplement pas habituel (et pour cause, il n'est pas aussi effréné que celui de
Zootopie !) De fait, les réalisateurs ont choisi de vraiment bien planter le décor et la situation qui permet l'entrée dans l’aventure et la quête, et le départ de Moana ne survient pas tout de suite.
Puisque je parle de départ pour l’aventure, je ne peux omettre de parler du lien incroyable qui unit Moana à sa grand-mère, Tala. Je n’ai jamais connu de telle relation avec mes grands-mères, mais seulement avec ma mère. Et c’est sans doute parce que Tala a ce côté maternel, protecteur, confident, que leur relation me touche énormément et me tire des larmes à chaque fois.
On remarque sans difficulté le travail et l’attention apportés à ce personnage, elle possède une aura et une force assez incroyables. Et pour cause, elle est le soutien constant de sa petite-fille, j'ai presque envie de dire le "guide spirituel", et c'est elle qui croit en Moana et l’engage vers sa quête.
Il y a un passage de
I Am Moana, lorsque Tala chante "Moana, you've come so far..." qui me donne des frissons tant l'émotion de sa voix est perceptible. Je salue donc bien bas la performance de Rachel House qui a su jouer de sa voix de façon exceptionnelle.
Parce que sont réunis les bons ingrédients de l'aventure mais aussi de l'émotion, le film est à mon sens une vraie réussite.
Un second point que j’aimerais aborder, et qui est toujours appréciable chez Disney (et de plus en plus à l’œuvre depuis quelques temps j’ai l’impression), c’est le jeu effectué sur l’intertextualité.
Même nous, grands fans inconditionnels des studios, nous aimons les voir dépoussiérer leurs propres codes et s’en jouer avec connivence. Je parle bien évidemment de la scène en duo avec Maui où Moana argue « I’m not a princess », des références présentes dans la chanson de Tamatoa (sans oublier la scène de fin de générique), et j’en passe… Tout ceci a quelque chose de rafraîchissant, et c’est tout à fait prétexte à humour, ce qui est parfait
Et puisqu’on parle d’intertextualité, j’oserais bien risquer un pas vers le monde des studios Ghibli… L’océan personnifié par cette vague rondelette aux allures bonhomme et amicale m’a tout de suite fait penser à ces entités un peu étranges que l’on trouve dans les films de Hayao Miyazaki : je pense à Sans Visage, aux sylvains, à Navet… On pourrait en dire de même du monstre aux multiples bras croisé dans les confins de Lalotai (il avait vraiment quelque chose de dérangeant celui-là, d’ailleurs
). Et comment ne pas penser à Mononoke Hime, lorsque Te Fiti refleurit les îles ?
J’ignore si cette supposée inspiration est avérée, je ne possède pas encore l’artbook (si jamais une éventuelle mention y est faite), mais quand on connaît bien l’univers de Ghibli, il est certain que plusieurs éléments de Moana y ramènent et y font penser.
J'aimerais parler aussi de Te Kâ, dont l'animation est stupéfiante, et qui est digne selon moi des meilleures affreuses choses que l'on peut voir dans les films d'horreur (je pense par exemple à
Mama, ou plus récemment à
Lights out). Ce personnage m'a vraiment impressionnée !
Un troisième point qui m’a énormément plu, c’est la relation amicale et tutélaire entre Moana et Maui.
Moana n’est certes pas le premier film Disney dans lequel l’histoire d’amour est absente, mais ce lien si particulier (qui ne peut que me faire penser à celui qu’entretiennent Jim et Long John dans
Treasure Planet) a ce petit quelque chose en plus qui me parle davantage que la relation de Judy et Nick par exemple, aussi touchante soit-elle.
Par ailleurs, cette relation sert efficacement l’histoire, puisque l’aventure vécue par le héros requiert le plus souvent un personnage tutélaire qui permet la véritable entrée dans l’aventure ou bien se charge d’initier le novice. Ce qui est surtout intéressant avec
Moana, c’est la façon dont la jeune fille tient tête à Maui (une autre façon de transgresser quelque peu les codes bien connus du film de princesse).
Ce qui me plaît beaucoup aussi, et qui s’observe chez les derniers films Disney, c’est l’atténuation de la tendance manichéiste des scénarios. Ici, celui sur qui repose entièrement la faute est Maui, mais son acte est légitimé par ses bonnes intentions de départ, et par le rachat de son erreur. Te Fiti elle-même achève de le racheter en lui pardonnant et en lui fabriquant un nouvel hameçon.
La révélation de la transformation de Te Fiti en Te Kâ est l’événement final qui vient confirmer cette identité du film, cette volonté de montrer des personnages plus réalistes en tant qu’ils ont une personnalité davantage controversée et diffèrent donc des personnages mettant en scène les schémas manichéens dont on a l'habitude. Tout ceci participant au décor d’un discret et beau message sous-jacent soulevant des interrogations très actuelles au sujet de la nature pervertie par le désir de pouvoir des hommes.
Enfin, une dernière chose dont j’aimerais parler, et surtout que j’aimerais saluer, c’est le dépaysement offert par ce film. L’aventure est par définition liée au dépaysement, bien entendu, mais ici il est total car, pour moi en tout cas, il s’agissait de la rencontre avec une culture dont j’ignorais presque tout, avec une langue, des légendes… et c’est peut-être en fin de compte ce qui a résonné le plus en moi avec
Moana. Je fais partie de ces personnes qui possèdent des origines liées à une culture ancestrale et dont les traditions sont particulièrement fortes et étendues, mais qui, comme beaucoup d’autres, ont eu tendance à se perdre avec le temps et demeurent fragiles. Il y a sans cesse cette envie qui palpite dans mon cœur de nouer avec ces traditions que je ne connais que trop peu, et de faire vivre une culture différente de celle, moderniste et individualiste, qu’on nous impose un peu partout dans le monde, pour parler généralement. La transgression de Moana, et son unique objectif, c’est redonner à son peuple la dignité de leurs origines, leur véritable identité, et c’est en cela qu’ils se reconnaissent en tant que peuple. La scène de fin m’émeut toujours énormément, car elle représente la réalisation du rêve de Moana, la preuve que ce qui l’animait était vrai, sincère, et nécessaire aussi, et parce que cette scène est la victoire de la tradition sur l’oubli.
C’est parce que ce message culturel et traditionnel est si fort que j’aime autant la bande originale du film et surtout ses chants folkloriques. Ils me parlent autant que parlent les chants et la musique celtique à mes origines, et à chaque fois ces chants d’une langue inconnue que j’ai beau ne pas comprendre résonnent si fort dans mon cœur et me portent plus loin que n’importe quel navire le pourrait. C’est indescriptible, c’est exactement ce que je ressens lorsque je me laisse porter par la musique celtique.
Et puis, il faut dire qu’ils sont mis en valeur par une superbe orchestration. C’est la première fois depuis bien longtemps qu’une BO Disney me fait un tel effet (depuis celle de
Rebelle, je pense). Certains passages instrumentaux sont vraiment très beaux, mais ce que j'aime le plus, ce sont les chansons. Je vais peut-être aller à l’encontre des avis généraux, mais mon ultime chanson préférée de cette BO, est
Where you are. Et pourtant ce n’est pas un chant folklorique !
Mais elle a cette intensité des chansons à chœurs qui vous prend aux tripes (vous imaginez au cinéma, avec le son incomparable à celui de l’ordinateur ou du téléphone portable !), et elle est servie par une très belle mise en scène où l’on découvre un peu de la culture et des pratiques quotidiennes polynésiennes, où l’on fait face en même temps que notre héroïne à un dilemme entre passion et devoir de chef. C’est une scène terriblement efficace comme seuls les studios Disney sont capables d’en créer. Et je ne me lasserai jamais de la voir et de l’écouter. Pendant chacune de mes séances, j’ai profité de chaque seconde de cette scène et de cette chanson, d’autant plus qu’elle est la seule (avec la scène
I Am Moana) a n’avoir pas été mise en ligne sur la chaîne YT de Disney…
J’en suis réduite à me contenter des enregistrements illégaux disponibles sur YT pour visionner cette scène si chère à mon cœur.
You’re Welcome est également une super chanson dont le refrain reste facilement en tête et qui donne juste envie de chanter et danser en même temps que Maui ! Petite mention spéciale pour l’idée des décors cartoonesques et colorés dans lesquels évoluent les personnages à la fin de la chanson, c’est beau !!
La chanson de Tamatoa est fort drôle et sympathique également, et j'aime beaucoup la voix de Jemaine Clement et le style qu'il donne au personnage.
Je regrette juste cette immonde version pop anglaise qui vient gâcher la fin du film pendant le générique… Du coup à chaque fois je chante par-dessus pour ne plus trop l’entendre
Autant que la musique, l’animation est magnifique, les cheveux, l'océan, les tatouages de Maui, rien ne sert de s’étendre trop là-dessus car personnellement je n’ai rien à redire. L’émotion visuelle est présente à chaque plan, et j’ai franchement l’impression que les studios se sont davantage améliorés quant au réalisme du lip sync ! Cela m’a particulièrement frappée durant la chanson
How Far I’ll Go.
Ce film est pour moi un très beau coup de cœur. J'aurais bien du mal à lui trouver des défauts à vrai dire... ^^' Il s'ajoute à la longue liste des films qui ont su me faire rêver et continueront de le faire. Une fois de plus, merci aux studios Disney