Résumé des discussions de ce vendredi après-midi au Comité des Finances du Conseil législatif de la région administrative spéciale de Hong Kong, les débats ont duré plus de quatre heures pour n'aboutir à aucune décision positive :
La demande de financement de la nouvelle expansion de Hong Kong Disneyland Park a été le premier dossier étudier par le Comité des Finances du Conseil législatif de la région administrative spéciale de Hong Kong aujourd'hui après-midi.
Certains membres ont déclaré ne rien avoir à ajouter depuis la dernière réunion car il s'opposent toujours à l'utilisation d'argent public dans cette entreprise privée déficitaire, d'autres remettent toujours en cause l'accord qui existe entre les deux actionnaires de Hong Kong International Theme Parks Company, le sujet de discorde étant toujours les frais de gestion et de redevance, certains remettent sur le tapis l'idée de voir le gouvernement de Hong Kong se retirer de l'entreprise gérant le resort et ainsi laisser The Walt Disney Company racheter les parts détenues par le gouvernement pour en faire le propriétaire unique en comparant la situation avec celle du resort parisien qui suit la même voie.
Samuel Lau, Directeur général de Hong Kong Disneyland Resort (capture d'écran : Vinc).
Samuel Lau, Directeur général de Hong Kong Disneyland Resort, a été une nouvelle fois malmené, ne pouvant (ou voulant) répondre aux questions précises et directes des membres du Comité des Finances.
Samuel Lau se contente d'insister sur la nécessité d'investir afin de développer l'attractivité du resort et sur les bénéfices en terme d'emploi etc... qu'apportera ces développements prévus entre 2018 et 2023.
Il répète une nouvelle fois que lors de chaque nouveauté apportée au Parc (attraction, spectacle, parade, Meet & Greet, saison Star Wars etc...), cela a eu un impact positif significatif sur les résultats du resort.
Compte-tenu de la compétition avec les resort de Tokyo et de Shanghai, un membre se demande si l'on refuse cet important investissement supplémentaire et que le resort continue à perdre continuellement de l'argent, le resort a-t-il un avenir et est-il envisageable de fermer le resort (déclaration de faillite) ?
Elle continue, en s'adressant au directeur du resort et au Secrétaire au Tourisme, si vous ne pouvez garantir que la stabilité financière du resort à long terme (= de nouveaux problèmes financiers surviendront dans les années futures et demanderont de nouvelles injections financières de la part du gouvernement), peut-être est-il temps de faire face à la réalité et accepter l'idée d'arrêter les frais (=fermeture du resort) et de récupérer les terrains pour un autre usage comme le logement qui manque cruellement.
Faisant face à une nouvelle demande de voir le gouvernement se retirer de cette entreprise en déficit permanant, le secrétaire au Tourisme évoque la possibilité dans le futur d'accepter un troisième investisseur privé solide (= le gouvernement pourrait céder une partie ses parts à un investisseur privé et pas uniquement à The Walt Disney Company) mais à long terme, pas dans un futur proche. Ce qui importe aujourd'hui est d'investir pour étendre l'attractivité du resort et améliorer les résultats en terme de fréquentation et de résultats d'exploitation.
Plusieurs membres conviennent que la présence du resort à Hong Kong apporte aussi bien au secteur touristique qu'en terme d'emploi dans la construction etc... Samuel Lau confirme que 90% du budget serait dépensé localement directement ou indirectement (= Tiers sous-traitants).
Questionné sur la vision à long terme, le développement de la Phase I (Hong Kong Disneyland Park) toujours en cours a pour but d'amener a réaliser suffisamment de bénéfices pour supporter le plus possible le développement de la Phase II (= second parc à thème).
C'est au tour du Secrétaire au Tourisme d'être bousculé, certains membres du comité souhaiteraient de sa part qu'il présente d'autres options à Hong Kong Disneyland Resort et The Walt Disney Company pour les terrains réservés depuis la fin des années '90 et toujours inutilisés à ce jour et qui ne le seront, de manière évidente, pas avant des années (2025 voir 2030). Ce point a déjà été abordé lors de la dernière réunion, pourquoi ne pas les transférer à un autre acteur du secteur touristique qui serait enclin de les développer à court terme ?
De nombreux membres sont mécontents car on leur demande de fournir de gros montants d'argent public mais on ne répond pas à leurs questions légitimes en se retranchant sur le fait que les contrats passés avec The Walt Disney Company sont confidentiels et ne peuvent être remis en question unilatéralement. Pour certains membres, cela revient à signer un chèque en blanc.
A ce jour, le Parc a déjà accueilli plus de 64 millions de visiteurs mais certains élus reçoivent de plus en plus de plaintes concernant les feux d'artifice nocturnes quotidiens ! Outre le problème de bruit, ceux-ci affectent la qualité de l'air et cette pollution engendre un nombre croissant de maladies respiratoires auprès de la population établie à proximité du resort. Quelle sont les mesures prises pour faire face à cette pollution depuis l'introduction de ces feux d'artifice ?
Samuel Lau répond que les matériaux utilisés sont les plus "eco-friendly" disponibles et que leurs tirs respectent les règles environnementales en vigueur. Les tirs sont ajustés quotidiennement en fonction des vents.
Un membre remet sur la table la question de limites en hauteur des constructions dans le voisinage immédiat du resort (=pour éviter les intrusions visuelles depuis le resort). Ces restrictions devraient être levées estiment les membres du comité.
On revient une fois de plus sur les frais de gestion et de redevance, sans plus de réponses, les accords passés avec The Walt Disney Company étant confidentiels. Dans ces conditions, et sans réponses, comment approuver un investissement conséquent se demandent les membres du comité ? On tourne en rond. Pour les membres, il y a une volonté évidente de ne pas coopérer de la part de Mr Lau et du Secrétaire au Tourisme (et de leur collaborateurs), voir de protéger les intérêts de The Walt Disney Company au détriment des contribuables hongkongais !
Un membre du comité fait remarquer que les resorts de Floride et de Tokyo ont déjà communiqué sur les saisons d'Halloween et de Noël alors que Hong Kong Disneyland ne communique toujours que sur Iron Man qui a ouvert en début d'année. Celui-ci s'interroge sur ce décalage.
Samuel Lau défend cette différence par un marché différent, les vacanciers se rendant en Floride planifient leur séjour jusqu'à deux ans à l'avance, ce qui n'est pas le cas pour Hong Kong Disneyland qui se planifie à court terme et de manière plus impulsive.
Après une heure et demi de débats, une motion est proposée car il faut avancer et d'autres dossiers doivent être examinés.
Les opposants souhaitent exercer leur droit de veto et s'opposent donc au financement du plan de développement présenté.
La motion vise à ajourner les travaux du Comité des Finances qui souhaite que le financement ne puisse être approuvé qu'à la condition de renégocier les accords actuels avec The Walt Disney Company, le financement ne serait libéré qu'après avoir obtenu et signé un meilleur accord global.
(bien que le comité n'obtienne aucune réponse de la part de Mr Lau et du Secrétaire au Tourisme, un élu a calculé que le gouvernement, premier actionnaire, a perdu 600 millions de dollars HK entre 2010 et 2016 tandis que le second actionnaire a gagné au cours de la même période environ 3,7 milliards de dollars HK grâce aux différents frais de gestion et de redevance/royalties. La question des terrains en option doit aussi être discutée).
On apprend que Hong Kong était dans les années '90 en compétition avec Singapour pour accueillir le second resort Disney en Asie.
Après plus d'une heure supplémentaire de discussions, le Comité des Finances vote contre la motion d'ajournement à 30 voix contre 20 (plus une abstention, un membre du Comité des Finances qui a déclaré être actionnaire de... The Walt Disney Company).
Ooops, il y en a un ou une qui n'a pas pressé le bouton à temps ! Capture d'écran : Vinc. Le Comité, en nombre restreint, poursuit donc les débats pour essayer d'évaluer les conséquences en cas de refus de financer le plan de développement 2018-2023.
Pour Samuel Lau, l'absence de nouveautés aura un impact certain sur la fréquentation et donc des résultats car il est plus difficile d'attirer les visiteurs sans nouveauté.
Ce retard dans le programme de développement est évidemment dommageable pour la destination mais il promet (avec un ton dramatique) de faire de son mieux, lui et son équipe, pour... survivre !
D'après le Secrétaire au Tourisme, The Walt Disney Company aurait investi depuis le début du projet près de dix fois le montant investi par le gouvernement de Hong Kong et la balance, malgré les frais de gestion et de redevance perçus serait toujours largement en défaveur de l'entreprise américaine.
Certains membres du Comité affirment supporter Hong Kong Disneyland Resort et son expansion mais ne sont toujours pas convaincu que cet investissement ne serait pas réalisé à fonds perdus, ce qui est évidemment discutable lorsqu'il s'agit d'argent public et non privé.
Ils ne sont donc pas (encore) prêt à voter en faveur du financement même si ils sont, de principe, d'accord sur le besoin d'ajouter du contenu nouveau et inédit au Parc et qu'il reconnaissent les bénéfices qu'apporte le resort à Hong Kong.
L'accord passé en 1999 a été obtenu par The Walt Disney Company alors que la situation économique de Hong Kong était difficile, le gouvernement a accepté un peu trop rapidement des conditions inacceptables pour une coentreprise et celles-ci doivent être revues aujourd'hui estime le comité des Finances dans sa majorité.
Pour Samuel Lau, un certain volume de visiteurs est nécessaire et doit être atteint, combiné avec une dépense par visiteur élevée afin de stabiliser les résultats de l'entreprise et réaliser des profits. Cela ne sera possible, d'après lui, qu'avec la réalisation de l'expansion proposée.
On lui répond que six mois après l'annonce du plan de développement 2018-2023, rien n'a évolué ! Le comité ne reçoit (toujours) pas de réponses à ses questions et le Secrétaire au Tourisme n'a toujours rien négocié avec The Walt Disney Company pour rééquilibrer l'accord injuste de 1999 ! Dans ces conditions il n'est pas question d'approuver le financement !
Un membre souligne aussi que les entreprises privées financent en principe leurs projets à l'aide de prêts bancaires, pourquoi Hong Kong International Theme Parks Company ne procède-t-elle pas ainsi ? Les banques après analyses auraient-elles rejeté les demandes de prêt ? Pourquoi les contribuables devraient-ils dès lors payer ?
Après plus de quatre heure de débats, la session est levée et reprendra demain.