Pour ma première apparition, je vous propose de passer de l’autre côté du miroir et de regarder Alice au travers des yeux du cheshire cat (chat du Chester, chat foin, cela n’a aucune importance).
Cette idée m’est venue en discutant avec la véritable Alice autour d’une demi-tasse de thé. Je lui explique mon projet de rédiger un post concernant le Cheshire cat pour DCP et je lui demande ce qu’elle pense réellement de lui. De toute évidence, il lui inspire « parfois de la crainte, de l’agacement et souvent un sentiment d’incompréhension ». C’est elle qui a un grain, n’est ce pas ?
Personnellement, il m’inspire une fascination presque mystique sans que je puisse pour autant en comprendre les raisons. Afin d’éclairer nos lanternes, descendons aux pays des merveilles pour le rencontrer (J’ai décidé de plonger dans la version Disney qui m’a semblé plus accessible).
Un point de situation s’impose concernant Alice. Elle est plongée dans un environnement labyrinthique, sinueux et plutôt sombre qui peut évoquer une forme d’enfermement (ce qui n’est pas anodin). Psychologiquement, son obstination pour retrouver le lapin blanc la pousse à subir passivement les personnages qui interagissent avec elle.
Concernant le chat, on remarque que c’est principalement aux moments où Alice est en position de faiblesse qu’il apparaît (dans la forêt, pendant la partie de croquet etc). On peut ajouter qu’aucune de ses actions ne vise véritablement à l’aider mais plutôt au contraire à la perdre d’avantage. Le fait qu’il puisse disparaître vient renforcer l’idée qu’Alice n’a aucun contrôle sur lui.
Ce qui fascine ou dérange chez lui, c’est donc cette capacité qu’il a d’abuser de sa crédulité, de vouloir lui nuire de manière permanente et presque obsessionnelle. Chez Disney, il est pourtant rare qu’un personnage néfaste puisse attirer à ce point la sympathie.
Pour ma part, les yeux du cheshire Cat sur Alice sont ceux de Lewis Carroll sur Alice Liddell. Leur obsession commune pour la jeune fille est étrangement comparable et pourrait même s’avérer dérangeante.
Dans la version de Tim Burton, le chat du Chester est très réussi esthétiquement mais perd, selon moi, totalement sa place centrale et son profil de chat manipulateur psychotique (le chapelier fou a tellement moins de classe). Cela peut faire l'objet d'un débat.
Mais au fait:
Savez-vous, vous tenir sur la tête ?
Cheshire Cat: [reappears] There you are! Third chorus...
Alice: Oh, no, no. I was just wondering if you could help me find my way.
Cheshire Cat: Well that depends on where you want to get to.
Alice: Oh, it really doesn't matter, as long as...
Cheshire Cat: Then it really doesn't matter which way you go.