8h00. Comme la veille, le portable de Matthieu nous réveille. Le soleil luit dans un beau ciel bleu. Un temps magnifique donc pour effectuer la visite romantique du Chemin de la Philosophie. Ce chemin, au Nord-Est de la ville, qui suit un petit canal est bordé de cerisiers qui donnent un cachet tout particulier au lieu lorsqu'ils sont en fleurs [note de ptit lion : Cachet dont nous ne bénéficierons pas, puisque nous sommes en automne ]. Ca et là, des temples (et oui, encore des temples ! ) n'attentent plus que notre méditation, d'où son nom.
9h00. Nous quittons le ryokan et nous nous acheminons vers la gare. En passant, nous nous arrêtons au Lawson. Lawson est une chaîne de superettes, la deuxième au Japon, juste derrière Seven Eleven. On y trouve des produits de première nécessité : nourriture, boissons et journaux. Anthony achète une bouteille d'eau pour la journée, une bouteille de jus d'orange pour Matthieu ainsi que pour moi et ma constipation passagère [note de ptit lion : passagère, passagère... faut le dire vite ! ] et un coca pour la journée. Et ô miracle ! Je trouve enfin un magazine Disney : il s'appelle Disney Fantasy Shop (500 ¥ soit 4.50 €) et il ne s'agit pas de BD, mais d'une sorte de catalogue vendant par correspondance des tas de gadgets et goodies.
Il n'est pas 9h00 et voilà déjà la première prise de la journée pour Wolfi : un numéro du magazine Disney Fantasy Shop…
... qui n'est rien d'autre qu'un catalogue pour décorer sa maison de fond en comble (même les toilettes ) à la sauce Disney !
On arrive à la gare, qui sert de desserte à plusieurs mode de transports : train, métro et autobus (on n'a cependant pas trouvé de Vélib' ). D'après les guides, pour nous rendre à notre destination, il faut prendre le bus n° 5. Hum, pas facile de s'y retrouver dans toutes ces enseignes et horaires en japonais. Heureusement, les chiffres nous sont communs et nous nous arrêtons donc à la ligne 5. De l'autre côté de la rue, on voit un bus 5 qui dépose ses passagers... Ah, sans doute celui qu'on doit prendre. Mais un autre bus arrive à l'arrêt, mais Matthieu s'y engouffre car il a vu le chiffre 5 dessus. Euh, mais c'était pas marqué 5 à l'avant, c'est bizarre, non ? Bah, on suit Matthieu et nous montons par l'arrière du bus. Les banquettes sont minuscules et je n'ai pas de place pour mes longues jambes. Le bus démarre rapidement. Déjà, nous arrivons au premier arrêt, mais que se passe-t-il ? Matthieu est en état de panique ! Mes cinq plus tard, il arrive à sortir : « On est dans le mauvais sens ! » Vite, vite, sortons du bus. On descend donc, mais en ayant quand même payé chacun 220 ¥ (2 €), hum c'est cher quand même pour 200 mètres !
9h45. Dépités, nous retournons à pied à la gare. En fait, nous avions pris une autre ligne 5, avec un kanji juste avant le 5. Hum, oui, ça voulait peut-être dire le 5bis ou quelque chose comme ça. Le 5bis ne passe que toutes les heures et le 5 toutes les cinq minutes, c'est bien notre veine, il a fallu qu'on entre dans le seul bis qui passe sur l'heure ! Ah, voici le bon bus qui arrive, on vérifie bien cette fois. Ici, on ne paye pas au forfait comme dans l'autre bus, mais en fonction de la distance parcourue. Nous montons par l'arrière (comme d'habitude) et prenons un billet dans la machine qui nous parle avec insistance. Aucune idée de ce qu'elle dit, « Prenez un ticket » je suppose. Puis une autre phrase après la fermeture des portes : « Avancez le plus possible loin de la sortie ! » Qui a dit que le japonais était difficile à comprendre ?
La gare de Tokyo est le point de départ de nombreuses lignes de bus. Difficile de s'y retrouver quand on n'a pas l'habitude (d'ailleurs on s'est trompés ).
Benoît nous explique comment fonctionnent les tickets de bus « à la carte ».
Au moment de monter dans le bus, on prend un ticket dans la machine de gauche qui indique à quelle station début notre trajet (par contre, aucune idée de l'utilité de la machine de droite).
Sur le ticket de bus, se trouve un numéro qui correspond au lieu, ou plutôt la zone où nous avons embarqué. Au-dessus du chauffeur, un panneau lumineux donne le prix à payer pour chaque zone. Etant montés au premier arrêt, nous avons tous les trois une place assise. Heureusement, les banquettes sont plus confortables et plus profondes pour nos longues jambes occidentales que dans le 5bis.
J'en profite pour sommeiller un peu tout en regardant le paysage, et ayant un œil sur le trajet, de peur que nous nous perdions à nouveau. Ptit Lion écoute de la musique sur son lecteur MP3 [note de ptit lion : L'été de Kikujiro si tu veux tout savoir ] tout en filmant et en photographiant de temps à autre. Notre bus traverse une grande rue commerçante bordée de buildings. Petit à petit, les buildings se font plus rares. Nous traversons des quartiers résidentiels avant de passer sur un large cours d'eau : la rivière Kamo-Gawa. Au bout de 40 minutes, nous voilà au pied des collines de Kyoto. Pour sortir, nous nous approchons du chauffeur et mettons la monnaie dans la fente, après avoir remis le ticket au conducteur. Le prix est de 220 ¥ (2 €) par personne. J'ignore comment mes compagnons ont su que c'était le bon arrêt. Heureusement qu'ils avaient un tant soit peu préparé le trajet : tout seul, je serais toujours en train de faire le tour de Kyoto, tournant et tournant sans fin dans la ville avec le bus n° 5.
Chemin de la Philosophie
En descendant du bus, nous apercevons déjà le charmant petit canal qui borde le chemin de la Philosophie et les cerisiers qui, évidemment, ne sont pas en fleurs à cette époque. Le premier temple (et le plus célèbre) est déjà indiqué : Ginkaku-ji, plus touristiquement appelé le Pavillon d'argent.
Bordant un canal au nord-est de Kyoto, le chemin de la Philosophie tire son appellation du philosophe Kintaro Nishida, qui se plaisait à marcher sous ses cerisiers.
La balade est notamment connue pour les nombreux temples qui parsèment ses alentours.
Pour les plus flemmards, une balade en pousse-pousse permet de se balader sans se fatiguer. En revanche, le Chemin de la Philosophie n'est accessible qu'aux plus courageux, à savoir… les piétons !
Pour y arriver, nous escaladons un chemin escarpé entouré de boutiques pour touristes, un peu comme les marchands du temple à Lourdes. Sabres (ou copie de sabres plutôt) de samouraï, estampes, éventails, chaussures traditionnelles, nourriture et boissons, sont proposés aux pèlerins et aux touristes. J'en profite d'ailleurs pour acheter des tongs en bois pour ma collègue, qui m'en avait fait la demande [note de ptit lion : « Wolfi Express j'écouuuute ? Des tongs japonaises ? Pas de problème ! »].
La rue qui mène au Ginkaku-ji est pour le moins touristique, mais pas désagréable pour autant. Et puis Wolfi y a même trouvé des tongs !
Pavillon d'argent (Ginkaku-ji)
Nous voici donc devant le guichet du temple : 600 ¥ (5.40 €) quand même ! Avant d'arriver au pavillon proprement dit, nous traversons une allée longeant un jardin sec qui est en train d'être ratissée par un jardinier. Un peu de culture : Le Ginkaku-ji, plus connu sous le nom de Pavillon d'argent dans nos contrées, fut bâti en 1474 pour abriter la retraite argentée du shogun Yoshimasa Ashikaga, petit fils du shogun qui bâtit le Pavillon d'or (cf TR de la veille). A l'origine, la bâtisse devait être plaquée de feuilles d'argent, comme le pavillon d'or le fut de feuilles d'or, mais la guerre de l'époque et la mort prématurée du shogun ne permit pas la concrétisation de ce projet onéreux. Il fut ensuite transformé en temple bouddhiste.
Le pavillon est donc en bois, de même forme que son grand frère, le Pavillon d'or. A proximité du temple, on note la présence d'un petit sanctuaire Shinto qui montre bien le syncrétisme entre les deux religions au Japon. En bon japonais shintoïste, je m'approche de l'autel pour faire mes dévotions au Kami. Un gros new-yorkais me regarde faire et explique à Anthony que je dois taper dans mes mains après avoir agité le gland de la clochette ! Mais pour qui il se prend, je le sais bien, peuchère !
Comme on peut le voir sur ce plan, le Pavillon d'argent n'est qu'un des nombreux bâtiments qu'abrite le site.
Derrière ces grandes palissades, se dresse le Pavillon d'argent.
L'accès au Pavillon d'argent se fait en longeant un jardin sec-humide (et oui, les deux à la fois c'est possible ! )
Les graviers sont râtissés chaque matin avec minutie.
Une des portes coulissante ouverte laisse entrevoir l'autel où se trouve la statue de Bouddha. Cette partie du temple est uniquement accessible aux fidèles.
Le temple situé à côté du Pavillon recèle de délicates estampes.
A l'instar du Pavillon d'or, le Pavillon d'argent est surmonté d'un Phénix (qui est d'ailleurs le seul élément argenté de l'édifice).
Et oui ! Le Pavillon d'argent n'a d'argent que le nom , le projet initial de le couvrir de feuilles d'argent ayant été sans cesse reporté.
Ca y est, Wolfi a pris goût à la prière shinto ! S'il a prié pour une météo clémente, ses souhaits ont été exaucés : sur nos 15 jours de visite, on a compté moins de 2 jours de pluie.
Après avoir mitraillé de photos le pavillon, nous traversons un jardin sec : une mer de sable et de graviers blancs alterne bandes lisses et lignes striées. Au milieu, un cône de pierres de deux mètres de haut qui brille, paraît-il, à la lumière de la lune [note de ptit lion : Malgré ma demande insistante, nous ne serons pas en mesure de vérifier cette information, mes comparses ayant refusé d'attendre la tombée de la nuit...].
Le jardin serait l'œuvre du célèbre peintre et poète japonais Soami.
Derrière Wolfi, s'étend le Ginsanden, qui représente la mer d'argent.
Ces cailloux brilleraient à la lumière de la lune. Oui bon, comme le temple ferme vers 16h00, on n'est pas prêts de le vérifier !
Le Kogetsudai est censé représente un volcan mais, selon la légende, ce tas de graviers aurait été laissé en l'état par les ouvriers quand les travaux ont été interrompus il y a plusieurs siècles…
A flanc de colline, la deuxième partie du domaine est un superbe jardin humide, fait de mousse, de petits arbres taillés, d'étangs et autres ruisseaux. Il est beaucoup plus vaste aussi. Des jardiniers enlèvent le moindre brin d'herbe et feuille morte au milieu du tapis de mousse. L'un d'eux me montre une petite rainette qui se trouve sous un buisson et Anthony, qui a l'âme d'un photographe animalier, ne se prive pas pour la prendre sous toutes ses coutures. Au sommet de la colline, on a une très jolie vue sur le pavillon et la ville de Kyoto.
La visite du jardin se poursuit en hauteur sur un chemin boisé. Une occasion de voir le pavillon sous un autre angle !
L'eau est très présente sur le site, que ce soit dans le jardin sous forme d'étang…
… ou de fontaine naturelle, qui se jette dans un bassin rempli de pièces laissées par les visiteurs superstitieux.
Un tapis de mousse recouvre les sous-bois.
Les feuilles mortes se ramassent à la balayette... (air connu)
Apparemment, la faune se plaît dans les jardins japonais… Pas étonnant, au vue du grand soin qui leur est apporté !
Du haut du jardin, une superbe vue de Kyoto s'offre à nous.
Une vue plongeante donnant sur la partie du temple réservée aux fidèles et aux moines.
Barrières et bouchent d'égout en bambou se fondent harmonieusement dans ce décor zen.
Nous redescendons par un petit chemin vers la sortie (à noter : les plaques d'égout en bambou pour ne pas dénaturer le site. ). Un oiseau chante et sautille sur la mousse. Anthony tente de le filmer tandis que Matthieu sort son appareil et son gros objectif pour le photographier. Plouf ! entendons-nous. Oh oh, Matthieu le poisseux ! Le capuchon de ton objectif vient de tomber dans le ruisseau à nos pieds et, tel un petit radeau, il est emporté par le courant ! Que faire ? Aucun jardinier en vue et personne n'ose franchir la petite barrière de bambou qui sépare le chemin du tapis de mousse et du ruisseau... Heureusement, notre photographe officiel a un deuxième objectif et donc peut utiliser ce deuxième capuchon.
A la boutique de souvenirs, j'achète un livre sur les magnifiques jardins de Kyoto (1800 ¥, 16 €) : dommage, au vu des photos, nous sommes arrivés trop tôt. L'automne est plus tardif que chez nous et donc les superbes érables japonais prennent leurs couleurs flamboyantes au mois de novembre seulement. La visite du Ginkaku-ji terminée, nous continuons sur le chemin de la Philosophie, mais celui-ci n'est malheureusement pas praticable : de jeunes plans de cerisiers été plantés et sont protégés des piétons, nous poursuivons donc sur la route.
Une promenade qui n'est pas uniquement prisée par les humains !
Oh comme c'est beau, une histoire d'amour naissante entre Matthieu et son sac ! Il est vrai que le Chemin de la Philosophie est une balade des plus romantiques .
A gauche du Chemin, des routes montent sur le flanc des collines et débouchent sur des rues parallèles bordées par de nombreux temples perdus dans les bois…
… tandis qu'à droite, en contrebas, se dressent des habitations plus ou moins cossues.
Restaurant Omen
Il est midi lorsque nous décidons de déjeuner. Nous repérons dans le Routard un resto qui a l'air d'avoir une très bonne réputation : Omen. Nous nous écartons du chemin, en contrebas duquel se trouve une rue avec le restaurant en question. La façade traditionnelle est très typique. La porte de bois est garnie de bannières que soulève une douce brise de fin d'été. A l'intérieur, au rez-de-chaussée, les hôtes mangent sur des tatamis, assis en tailleurs. Malheureusement, la salle est complète et nous sommes conduits à l'étage où se trouve une vaste salle meublée de tables occidentales et de chaises type « bistro ». [note de ptit lion : Mais pour un repas traditionnel sur tatamis, ce n'est que partie remise, comme vous le verrez dans les prochains TR... ]
Le devanture traditionnelle de Omen : oui je sais, ça veut dire « malédiction » en anglais, mais sans doute pas en japonais, puisqu'on en est sortis vivants !
Plutôt sombre, la salle à l'étage est « classique », contrairement au rez-de-chaussée où l'on mange assis sur des tatamis…
Dès que nous sommes installés, une serveuse nous offre un godet de thé vert chaud. Hum, chaud ou froid, c'est chou vert et vert chou : cela ne change pas le goût, aussi nous toucherons y à peine. Ptit Lion et moi prendrons un plat pour nous deux (2500 ¥, 22.50 €) : un plateau de dégustation avec du riz parfumé froid, des morceaux de tofu, une espèce de beignet sucré au contenu indéfini, des sashimis au thon, des boulettes saupoudrées de sésame, du porc fondant et bien gras et une foule de légumes et crudités. Le tout présenté de façon délicate et raffinée. Matthieu prendra (plus prudemment) du poulet grillé accompagné de fleurs de lotus (650 ¥, 6 €). Quant à moi, pour commander au moins un plat et faire bonne mesure, je prends une soupe miso (300 ¥, 2.70 €).
Le Japon (culinaire) sur un plateau !
Matthieu tente l'exotisme en commandant du poulet à la fleur de lotus.
Une soupe miso pour Wolfi dans laquelle surnagent quelques légumes...
Nous commençons à manger, la serveuse revient bientôt avec un plat composé de petits légumes crus et coupés en allumettes (chou vert, chou chinois, radis, épinards, oignons verts, champignons, gingembre...), ainsi que des graines de sésame, des pétales de fleurs jaunes et des pousses de soja. Elle nous remet aussi un mode d'emploi. Voyons donc… Saupoudrer la soupe de sésame, mettre les légumes dans le bouillon petit à petit, puis les pousses de soja et enfin ajouter les nouilles (les Udon, des pâtes japonaises, spécialité du restaurant Omen). Euh, les nouilles ? Quelles nouilles ? Et un bouillon, où ça ? Bon ben, j'ai déjà le bouillon (ma soupe miso) et je commence à faire ce qui est indiqué : mettre le sésame, etc. Moui, la soupe avait assez de goût comme ça, enfin bon... Mais bientôt, la serveuse revient avec un bol de nouilles et un bol de liquide orangé. Ah ben voilà, c'était ça la soupe, pas le miso !
Matthieu, qui a fini son poulet depuis longtemps (les portions sont petites car la viande coûte incroyablement cher au Japon, je vous rappelle), nous regarde avec curiosité. Anthony et moi recommençons notre mélange dans le bol d'Udon cette fois. Chacun notre tour, vu que nous n'avons qu'un bol pour deux, nous nous exerçons à manger les nouilles à la japonaise, en les aspirant et en faisant un long sluuurps bien bruyant, en en foutant partout involontairement. Nous ne sommes pas les seuls : nos voisins de table « slurpent » également gaiement. Au Japon en effet, on mange les nouilles comme cela, en faisant du bruit, ce qui signifie tout simplement qu'on se régale. D'ailleurs, c'est le cas : les saveurs sont originales et les mets très raffinés.
Voici le mode d'emploi pour déguster des nouilles japonaises : tout un art...
Le bouillon ne fait pas tout, encore faut-il correctement doser les petits légumes... (on croirait une expérience de chimie )
Temple Honen-In
13h00. Nous reprenons notre route l'estomac plein. Le prochain temple est le Honen-In. Nous nous écartons légèrement du chemin en passant au-dessus du cours d'eau et en empruntant une ruelle qui monte dans les sous-bois. Le Honen In est un petit temple bouddhiste construit en 1680 en l'honneur du moine Honen (1133-1212) fondateur de l'école bouddhiste du « Jodo-shu » ou de la « Terre Pure ». Selon cette « secte » (le terme secte s'emploi plutôt dans le sens d'école de pensée au Japon), le salut devient accessible à tous par la seule récitation de la formule du « Nenbutsu » : « au nom du Bouddha Amida ». Bouddha Amida ou en français Bouddha de la lumière infinie. Hum c'est bien compliqué tout ça. Moi, définitivement, je préfère le shitoïsme.
Nous entrons dans l'enceinte du temple en passant sous une grande porte dont le haut est recouvert de chaume que la mousse a recouverte. Nous essayons de faire des photos des lieux, ce qui n'est pas facile vu le nombre de personnes entrant et sortant à tout moment. Le site est très paisible mais malheureusement, l'intérieur du bâtiment ne se visite pas quand on n'est pas bouddhiste [note de ptit lion : Et pas moyen de faire une conversion express ? ]. Nous apercevons juste les chaussures des fidèles rangées en ligne devant la porte du sanctuaire. Par contre, le jardin est libre d'accès et assez joli. Si le jardin sec est tout petit et de peu d'intérêt (deux terrasses de sable ratissé) , le jardin humide est en revanche charmant. Fontaine, cascade, petit étang et insectes en pagaille : Ptit Lion notre photographe animalier est aux anges tant les fourmis, cloportes et toiles d'araignées sont nombreuses. C'est son côté Zen. En sortant, dans la direction opposée au temple, se trouve à flanc de colline un petit cimetière bouddhiste.
La mousse qui recouvre les bâtiments donne l'impression que la nature a pris le dessus sur la civilisation…
Ces lanternes de pierre ne sont plus guère utilisées, à part lors de cérémonies officielles (et encore, c'est pas sûr pour ce temple…).
Le jardin sec du Honen-in est des plus dépouillés (mais notez la finesse des motifs sur le tas de graviers de gauche).
Le Honen-in se dresse sur le site où Honen avait fondé la secte bouddhiste Jodo, en 1175.
La taille réduite du site contraste fortement avec notre visite précédente au Pavillon d'argent…
Notez la méthode écolo pour diriger le jet de la fontaine : une pierre, une feuille, et allez hop, c'est parti !
C'est mon zoom qui a fait le boulot, n'allez pas croire que je me suis approché de cette charmante bestiole (dont j'ignore la venimosité, mais fort jolie au demeurant). Courageux mais pas téméraire…
Un cimetière bouddhiste se trouve à côté du temple. Tanizaki Junichiro, un des plus célèbres écrivains japonais, y est enterré.
La stèle d'une tombe bouddhiste où l'on peut apercevoir, mais oui ! la Triforce de Zelda !
Mamie elle essaye de trouver la station de métro la plus proche sur son plan de la ville de 1910. Pas dit qu'elle trouvera.
14h00. Nous cheminons toujours sur cette promenade (on se sent déjà un peu plus sage, non ? ... Ah bon…) et tombons alors sur une petite boutique de kimonos. Ca tombe bien, j'aimerais bien en ramener un. Pas un de ceux que l'on enfile pour aller au bain, non, un beau en soie. Il faut savoir que les kimonos au Japon sont un peu l'équivalent des costumes en occident : ils sont donc très chers... lorsqu'ils sont neufs ! Par contre, on peut trouver des boutiques comme celle-ci qui en vendent d'occasion. La clientèle est principalement étrangère, le Japonais de par sa culture n'aimant pas porter un objet qui a été fait pour une autre personne. Le kimono étant, si l'on peut dire, « imprégné » du karma de son ancien propriétaire [note de ptit lion : ... et également de sa transpiration... ], le Japonais n'achètera donc pas un vêtement d'occasion. C'est aussi pourquoi il y a si peu de vols au Japon : toujours pour raison « d'imprégnation » de l'objet par son propriétaire légitime.
Etant de nature réservée et timide, je scie les côtes d'Anthony pour qu'il vienne avec moi. Matthieu , lui, préfère attendre dehors. Nous entrons donc dans cette petite échoppe remplie de tissus de toutes sortes, tous plus beaux les uns que les autres. Anthony, jouant mon secrétaire, mon aide de camp, mon traducteur, bref l'intermédiaire, demande à la vieille commerçante un kimono d'homme pour moi. Elle nous fait asseoir à une petite table (la maison faisant également maison de thé [note de ptit lion : Euh, non merci...]), disparaît au milieu des tissus et revient bientôt avec une pile de kimonos, des noirs, des bleus, des gris... c'est vrai que par rapport aux kimonos féminins les couleurs sont plus ternes. Hum, celui-ci n'est pas mal du tout : il est couleur tabac, cela change de toutes ces couleurs foncées... Allez, ce sera celui-ci ! L'intérieur est en coton et l'extérieur en soie, nous dit-elle (pas évident à nettoyer ça:/. Maintenant, il nous faut une ceinture (ou obi) pour aller avec. Elle sort un premier obi vermillon comme un torii. Je trouve l'ensemble très joli et harmonieux. Aussi, malgré les nombreuses pochettes de ceintures qu'elle me sort, je reste sur mon idée de obi orange. Si le kimono est d'occasion, la ceinture, elle, est neuve et nous donne une vague idée de ce que peut coûter un kimono neuf. (en effet, si un obi en soie de 15 cm coûte autant, on peut plus ou moins savoir combien coûte un kimono en soie de 150 cm) Notre commerçante parle dans un mélange d'anglais et de japonais qui commence à nous être familier : « Whe'e a'e you f'om ? Ah la F'ance ! I went to Pa'is once ! » Nous dit-elle tout sourire en nous montrant une photo en noir et blanc des années 60. Oui, c'est bien elle, comme le temps peut être traître avec la beauté d'une femme ! Anthony insiste pour faire une photo de moi en kimono devant la boutique. Excellente idée, dit-elle, et me voici bientôt à poser à coté de deux mannequins en kimonos féminins (des mannequins en plastique, pas des top modèles hein ! ). Un groupe d'écolières me regarde et commence à m'applaudir en trouvant que je porte bien le kimono – enfin c'est comme ça que je l'ai compris. Si ça tombe, elles trouvaient que je faisais un très beau clown ! La madame au kimono en profite pour poser à coté de moi pour sa collection personnelle [note de ptit lion : Euh de toute façon, on lui a pas donné la photo, si ? note de Wolfi : Ben non, elle t'a passé son appareil photo] . Nous rentrons dans la boutique pour finaliser la vente : 7800 ¥ (70 €) pour le kimono et 3500 ¥ (31 €) pour la ceinture en soie (neuve je rappelle). En cadeau bonus, je reçois un éventail, la carte de visite de la vendeuse et pour Anthony et moi un cure-dent délicatement emballé dans du beau papier.
Voici donc la boutique de kimonos qui fera le bonheur de Wolfi ! On croirait presque rentrer dans un arbre tant celle-ci est cachée sous la végétation...
Un torii (mais pas rouge cette fois) se dresse à côté de la boutique.
Il est pas beau notre Wolfi, avec son kimono d'occase tout neuf ? Oui bon, les chaussures jurent un peu avec le reste, mais sinon ça le fait hein ?
Normalement le rythme devrait s'accélérer (un tout petit peu ). Nous repartons pour de nouvelles aventures dans 4 mois et demi. Et la tradition veut que le TR soit fini avant un nouveau départ...
Donc wait and see
Djidane
Âge : 34 Messages : 2380 Localisation : La Ville du Nouveau York Inscription : 15/07/2007
Génial, j'ai passé toute ma pause déjeuner à lire cette suite : c'est super instructif, on ne connait pas bien la culture et les mœurs de ce pays. Mention spéciale (bravo, bravo) pour les descriptions des restaurants dont je suis très friande !!!
Les toutes dernières chroniques sur mon blog Cartes resto et fast food 2017 / Salon Mickey / Les cartes et menus du parc Disneyland / Les cartes des hôtels / Walt’s / Blue Lagoon
fouloucou
Messages : 147 Localisation : Paris Inscription : 18/01/2010
Ah ben il faut du temps entre deux posts .. mais il faut du temps aussi pour tout lire didju (en belge dans le texte)
Ah bah oui, le temps de rédaction est fonction de la longueur du TR ! Je suis déjà sur les photos du prochain jour, on essaiera de faire plus vite cette fois (je sais, on dit ça à chaque fois, mais on peut mettre plusieurs dizaines d'heures à deux pour un seul jour de TR).
Franchement, je viens rarement dans cette section parce que je trouve que c'est toujours un peu la même chose. j'ai été ravie de voir un trip report changeait! Je l'ai dévoré hier soir pendant que ma moitié ronflait et viens de le finir après manger (très bon digestif)
Vos TR donnent envie, j'espère qu'ils seront aussi complet pour la Californie. (en même temps, je m'en fou un peu puisque je vivrais le voyage avec vous ;p)
j'ai hâte de lire la suite... il y a tous les ingrédients dans ce TR pour 1* vous envier (rahh veut faire pareil) 2* prendre votre TR comme référence pour un prochain voyage (arg mon portefeuille) 3* pleurer devant un si chouette séjour (comment je fais pour faire pareil mwa???) 4*l'empêcher de passer en p2 (et hop un tit post)
Djidane
Âge : 34 Messages : 2380 Localisation : La Ville du Nouveau York Inscription : 15/07/2007
15h00. Notre cheminement philosophique se poursuit et touche bientôt à sa fin. Nous arrivons en effet au temple Eikan-dō Zenrin-ji (600 ¥, 5.40 €). Ce complexe monastique bouddhiste fut construit en 854 mais fut remanié, rebâti et reconstruit au cours des siècles et des guerres (sans compter les incendies !). Ainsi, malgré l'âge ancien de ce temple, la pagode ne date que de 1928. Notons également que ce grand temple en bois bénéficie de tout le confort moderne qui ne colle pas forcément avec l'architecture traditionnelle du temple : toilettes électroniques, portes automatiques, ascenseur... Sur plusieurs niveaux, les salles de prière (que nous pouvons voir pour une fois) abritent de superbes plafonds peints, des parois recouvertes d'or, des fleurs et des lustres dorés.
A noter, dans une des salles, une statue du Bouddha en bronze doré qui regarde derrière son épaule, pose atypique et extrêmement rare. Ce monastère est également d'obédience Jodo comme le temple précédant. Il doit son nom au moine Eikan (1033-1111) qui décida de consacrer sa vie aux pauvres et aux malades. D'après la légende, sa bonté lui permit de voir l'apparition du Bouddha Amida. Eikan était en train de prier, puis il ne vit plus la statue du Bouddha Amida devant lui mais à côté de lui. Troublé, Eikan arrêta sa prière. Bouddha Amida tourna sa tête vers le moine et lui dit : « Eikan, pourquoi arrêtes-tu de prier ? - Je vérifiais que je ne rêvais pas » répondit le moine. Et c'est ainsi que l'on fit une telle statue du Bouddha tel qu'il regarda le moine par-dessus son épaule.
Autre originalité : une fontaine musicale, le Sui-kin-kutsu. En versant de l'eau sur des tubes en bambou à l'aide d'une louche, le bruit des gouttes d'eau qui tombent évoque la sonorité du Koto, une harpe traditionnelle japonaise. Ne connaissant pas cet instrument, nous sommes obligés de croire cela sur parole. ;)Il est un peu dommage que le temple soit en plein travaux de restauration (enfin, c'est bien pour les futurs visiteurs), mais des échafaudages permettent de nous dissimuler pour prendre des photos. En effet, d'après Matthieu il est interdit de photographier ou de filmer (sans que l'on comprenne bien pourquoi d'ailleurs). Hum, cela donne lieu à quelques scène cocasses : Ptit Lion jouant au paparazzi ou à la caméra invisible et moi faisant le guet (et non pas le gay ) pour éviter d'être surpris. [note de ptit lion : Et tout ça pour toi, lecteur, te rends-tu compte ! ] Tout compte fait, c'est en voulant sortir que nous nous rendons compte que les photos ne sont pas si interdites que ça, sauf à l'intérieur des salles. :roll:Mon cher cinéaste amateur décide donc de retourner une partie des scènes prises en caméra cachée.
La porte principale est nommée Korai-mon, tirant son origine d'un ancien royaume coréen, Goguryeo.
A l'instar du Honen-in, le Zenrin-ji est un temple de la secte bouddhiste Jodo (branche Seizan).
Le nom du temple signifie littéralement « Temple de la forêt Zen ». C'est beau, non ?
Il est toujours étonnant de voir à quel point les bâtiments et la végétation semblent naturellement s'imbriquer entre eux…
Le jardin, plutôt grand, est l'occasion rêvée de se poser et de méditer un peu.
Le Goedō est le bâtiment du temple dédié à Honen, c'est aussi le plus spacieux.
Un des particularités du temple est non seulement d'être « sur pilotis »…
… mais aussi de s'étaler verticalement…
… son point cuminant étant une pagode vers laquelle cet escalier en bois conduit, ce dernier ayant la particularité d'être en forme de dragon.
Nous redescendons dans les jardins du monastère : on y admire de superbes statues de Bouddha venant d'Indochine ou de Thaïlande, et un jardin humide où des jardiniers sont en train de nettoyer la mousse. Un bel étang de nénuphars et de lotus se trouve à coté. Nous terminons notre visite par le petit cimetière bouddhiste avec une jolie cascade.
Qui dit temple dit fontaine à prière, bien sûr !
La statue du moine Honen, perdue au milieu de la végétation.
Les alentours du temple comportent aussi des statues de Bouddha de style thaïlandais, plus richement vêtus.
Au fond du parc, un minuscule cimetière bouddhiste orné de statues de Bouddha.
Les couleurs automnales donnent un aspect superbes au jardin extérieur. Et encore, ce n'est que le début de l'automne, les couleurs se font plus vives quand la saison est plus avancée.
L'eau est abondamment présente sur le site, le reflet des arbres magnifiant encore l'ensemble.
Pour entretenir la mousse, il y va carrément à la pince à épiler, celui-là !
Temple Nanzen-ji
16h00. Nous voici arrivés au bout du chemin de la Philosophie. Je sens la sagesse qui m'inonde, à moins que ce ne soit ma sueur. [note de ptit lion : Ah bah oui, c'est ça, je me disais aussi que ces auréoles n'avaient rien de divin. ] La route redescend en pente douce, et patatras ! Je laisse tomber la caméra , qui heureusement n'a pas trop souffert de la chute (juste une petite marque sur le chrome de l'objectif). Nous arrivons dans un quartier résidentiel, un peu paumés il faut l'avouer, et sortons la boussole : on trouvera bien une petite vieille pour nous prendre en pitié. :oops:Bingo ! Un vieux à vélo s'arrête et sort de son baluchon des galets décorés pour nous les vendre. Nous refusons poliment (le pauvre, mais c'était trop moche ! ) et en profitons pour lui demander le chemin pour le dernier temple qu'il nous reste à visiter : le Nanzen-ji. Heureusement que ce brave homme était là, il faut parcourir un dédale de ruelles pour y accéder.
Vers la fin, le Chemin se fait plus étroit et les rues touristiques deviennent de simples ruelles piétonnes.
Aiguillés par un local, nous empruntons de minuscules ruelles pour nous rendre au Nanzen-ji.
Oui, c'est kitsch, mais c'est pour le moins original !
Nous débouchons sur une plus grande artère, bordée d'un sous-bois de sapins au fond duquel se dresse le temple monumental. En effet, il s'agit de l'un des temples bouddhistes les plus imposants et importants de l'école Zen. A l'origine, il s'agissait de la villa de l'Empereur Kameyama [note de ptit lion : Et non pas Kamehameha, ça n'a rien à voir ! ]. Le Tennō (titre japonais de l'Empereur) devenant très pieux à la fin de sa vie transforma sa villa en Temple Zen en 1291. Détruit par les guerres du XVème siècle, il fut reconstruit au XVIIème siècle. La porte d'entrée du monastère est très grande et impressionnante. Plusieurs bâtiments sont visitables : le bâtiment principal, les appartements abbatiaux, mais il faut payer pour entrer dans chacun d'entre eux.
La San-mon (« porte sacrée du temple »), n'est pas un passage obligé pour accéder au temple. Mais passer dessous est un moyen de se purifier avant de pénétrer sur le site.
La San-mon du Nanzen-ji fait partie des trois plus larges portes de ce type au Japon.
Soutenue par de larges colonnes, la porte peut se fermer (notamment la nuit) à l'aide des trois battants répartis sur sa largeur.
Il faut payer pour entrer dans certains bâtiments, mais bon, on voit aussi bien de l'extérieur !
Le porte-monnaie un peu fatigué par toutes ses visites, nous choisissons uniquement la visite du jardin (300 ¥, 2.70 €), configuré de façon semblable à celui du Pavillon d'argent (un étang surmonté d'une pente boisée), est joli mais pas exceptionnel. Pour sa défense, il doit être beaucoup plus beau en novembre, lorsque tous les érables rougeoient.
A la sortie, nous arrivons sous un aqueduc datant de la fin XIXe siècle. Bon, cette construction en brique rouge de style néo-classico-occidentalisant n'a rien d'exceptionnel [note de ptit lion : Si ce n'est qu'elle semble sortie tout droit du Voyage de Chihiro, perdue en pleine forêt et recouverte de végétation ] et semble importé d'Europe. Nous escaladons la colline pour admirer le point de vue depuis l'aqueduc. Au milieu de celui-ci, un héron se balade tranquillement. Il n'en faut pas plus pour que notre cinéaste animalier sorte caméra et appareil photo pour immortaliser l'échassier. :roll:Après quelques minutes, celui-ci s'envole, on va enfin pouvoir avancer [note de ptit lion : Non mais oh, si je vous gêne, vous le dites hein ] [note de wolfi : euh oui, ami lecteur, je t'épargnerai les cinq minutes de vidéo du cafard du temple Honen In ]. Non loin de là, se trouve une pagode, que l'on va observer de plus près.
Oui, je sais, je suis au Japon et je m'évertue à filmer des insectes… :roll:Mais bon, c'est beau la nature aussi, non ?
Le jardin du temple est agréable mais on en a rapidement fait le tour.
Un brin surprenant : un aqueduc à l'occidentale traverse le site !
Un héron a d'ailleurs décidé d'en faire son point d'observation.
Tiens, un chemin monte dans les bois recouvrant la colline. On décide de l'emprunter. Nous progressons sur ce sentier escarpé, des bornes jaunes plantées dans le sol nous indiquant la voie à suivre. Ptit Lion ne trouve pas l'ascension assez rapide à son goût et décide, malgré ma désapprobation (on ne sait jamais, qu'est ce qu'on fait s'il se perd ou pire se blesse ? ) de couper au court à travers la forêt et la pente la plus ardue. Matthieu et moi poursuivons en suivant le chemin balisé. En cas de danger, je pourrai toujours sortir mon sifflet et souffler dedans. Nous montons et croisons peu de monde, juste un Japonais redescendant en sens inverse. Au bout de dix minutes, nous retrouvons mon cher Anthony sain et sauf. :cheers:Il nous dit que la forêt est un véritable dépotoir (qui l'aurait cru, dans ce havre de paix qui semble si loin de toute civilisation ?) et qu'en contrebas, il y a un cimetière bouddhiste. Nous continuons donc à trois sur la voie balisée tout en hésitant à faire demi-tour. Aurons-nous le temps de regagner la route avant la tombée de la nuit ?
Les randonneurs au Japon
N'écoutant que mon instinct, j'entraîne mes compagnons sur un sentier qui s'enfonce dans les sous-bois. Certains ont déjà l'air épuisés (je ne vise personne ), mais on n'est qu'au début de la montée !
Tout à coup, le chemin se sépare en deux, l'un continue l'ascension et l'autre redescend. Un panneau en japonais nous indique une direction. Nous décidons de la suivre et donc de redescendre par le versant de la colline opposé à celui que nous venons de gravir. Nous arrivons bientôt dans un petit hameau qui semble si abandonné que l'on dirait un village fantôme. C'est comme si les habitants avaient fui suite à l'apparition d'un monstre [note de ptit lion : Tu en as de l'imagination, dis donc ]. Il y a quand même un temple Shinto à proximité. Tiens, mais il y a aussi quelqu'un : une vieille femme est en train de nettoyer les mousses. Pff, je sais c'est la troisième fois qu'on parle de mousse et de corvée de désherbage, mais ce n'est pas notre faute si les Japonais pratiquent tellement cette activité ! Entre parenthèses, ça ne doit pas être évident, c'est bien plus compliqué que de désherber le parterre de rosiers de Maman chez nous... En contrebas, témoin d'une modernité qui s'est laissée happée par le temps, une voiture couverte de feuilles, de branchages et de poussière [note de ptit lion : Puisque je vous dit qu'on se croirait dans le Voyage de Chihiro ! ].
Au milieu de la forêt, alors qu'on se croyait perdus, nous arrivons dans un hameau qui semble être abandonné…
… Personne de ce côté-là…
… Personne non plus au temple shintoïste…
… Euh, je crois qu'on a vraiment atterri dans un village-fantôme…
Allez, on retente un petit sentier ? :geek:Bizarrement, Wolfi et Matthieu préfèreront choisir la route de droite…
Un nouvel embranchement se présente à nous : quelle voie choisir ? Que disent le Routard et le Guide évasion ? Ah, ils disent qu'on se trouve hors-plan, nous sommes donc bel et bien perdus ! Matthieu n'a d'autre solution que d'utiliser le GPS de son i-Phone afin de nous remettre dans le droit chemin, si l'on peut dire. Après quelques minutes de marche, nous retrouvons petit à petit la civilisation : une station d'épuration au fumet délicat nous indique que nous sommes sur la bonne voie. :silent:Vite Matthieu, dans quel sens ? Nous descendons encore et enfin, voici une station de métro : nous sommes arrivés à bon port !
Aux portes de la grande cité de Kyoto, un paysage quasi-rural s'offre à nous. Bon, c'est vrai, on s'est un peu perdu aussi…
Aaah non, une route goudronnée et quelques maisons modernes… On va prendre par là alors !
Pontocho
17h30. Nous arrivons au centre-ville près de la rivière Kamo-Gawa en vue d'atteindre le quartier typique et populaire de Pontocho. Nous traversons un pont et arrivons dans une rue au milieu de laquelle coule un canal. De chaque côté de la rue, des commerces et des restaurants, rien d'extraordinaire. C'est ça, le quartier typique ? Hum.
Longeant la rivière Kamo, Pontocho est un quartier très prisé des étudiants et des amoureux en quête de romantisme.
Aux abords du quartier…
… l'agitation laisse bientôt la place à des rues plus calmes…
… pour terminer en une rue traversée par un canal.
Pontocho a su garder, malgré son positionnement au milieu de la ville, un caractère assez traditionnel avec ses constructions basses et ses rues dédiées aux piétons (et aux vélos !).
Pontocho, avec ses rues bordées de canaux (ou est-ce le contraire ?) est un peu le « petit Amsterdam japonais ».
Nous avons une petite fringale. Un salon de thé nous fait envie, non pas pour le thé (ça va pas, oh !), mais pour le goûter. On entre, ça sent la cigarette, mais l'accueil est convivial. Tiens, un autre paradoxe japonais ça, la cigarette : s'il est pratiquement interdit de fumer partout y compris dans les rues et à l'extérieur en général, il est laissé au bon soin du restaurateur ou de l'exploitant d'autoriser ou non l'usage du tabac dans son établissement. Je prendrai une glace à la vanille, avec des morceaux de bananes et de la chantilly (700 ¥, 6.30 €). La glace et la chantilly sont délicieuses car faites maison. Anthony prendra un jus de pêche-banane maison (600 ¥, 5.40 €) et Matthieu un jus d'orange frais (600 ¥, 5.40 €). Originalité dans les WC (on n'est plus surpris à force ) : le lavabo, directement incrusté sur les toilettes, dont le robinet coule dès que l'on tire la chasse d'eau !
Le Lunch Green n'est pas un salon de thé bio, mais il nous contentera parfaitement !
Une bonne glace vanille avec des vrais morceaux de bananes…
… et un jus de fruits maison, rien de tel pour se requinquer !
18h00. Le soleil s'est couché. Nous prenons une petite ruelle parallèle à notre rue commerçante . Ah mais la voilà, la fameuse rue Pontocho ! De petites maisons de bois traditionnelles, qui abritaient autrefois des geishas, ont été transformées en restaurants japonais ou chinois. Des bandes de tissus dissimulent la porte d'entrée et l'intérieur. Des Néons et des lanternes de papier éclairent la rue. Des Japonaises qui n'ont plus rien des geishas essayent d'appâter le client comme on le fait rue Saint-Michel à Paris ou rue des Bouchers à Bruxelles. :suspect:Les menus sont surfaits et très chers. Un peu dépités , nous quittons ce piège à touristes pour descendre sur le quai le long de la rivière Kamo-Gawa. Apparemment, c'est l'endroit préféré des amoureux qui discutent et flirtent dans la pénombre, juste éclairés par les terrasses sur pilotis des restaurants et ryokans de la rue voisine.
Voici probablement la rue japonaise qui compte plus d'enseignes au mètre carré !
Dans ces petites rues, on passe difficilement à deux…
Les étals sont particulièrement bien mis en valeur pour attirer le chaland !
Les restaurants sont légion dans le quartier, les prix élevés aussi !
Les cafés fleurissent sur les balcons longeant la rivière Kamo. Une ambiance envoûtante, tout particulièrement la nuit…
Galerie Teramachi
Nous reprenons la route vers le quartier moderne et commercial que nous avons traversé en bus le matin : le quartier Kawaramachi. De larges avenues s'étirent en longueur avec boutiques et grands magasins vendant les marques de luxe occidentales ou des objets plus traditionnels. Le tout au milieu des néons et enseignes lumineuses géants. Un petit avant goût de ce que nous verrons à Tokyo en somme .
Kyoto, ce ne sont pas que des temples anciens, ce sont aussi des quartiers commerciaux animés…
... et embouteillés.
A droite, une longue galerie se présente à nous : la galerie Teramachi-Shinkyogoku. Il s'agit d'une galerie commerciale, ou plus exactement d'une véritable rue couverte, car même des vélos y circulent ! :shock:Les boutiques sont innombrables, proposant surtout des vêtements occidentaux et de rares boutiques de kimonos neufs. Parmi ces boutiques, la librairie Daishodo vendant des livres anciens et précieux, très précieux : en vitrine, un superbe livre ancien est en vente pour la modique somme de 485 000 ¥ (44 000 €) ! :affraid:Nous entrons dans le négoce. Les murs sont recouverts d'estampes. Ca tombe, bien je voudrais bien en ramener une aussi. Hum, le prix n'est pas très abordable, et j'ai déjà acheté un kimono aujourd'hui, donc je pense que je vais un peu attendre. A l'étage, se trouvent en vitrine des estampes nettement moins sages :oops:et nettement plus chères. Désolé, petits vicieux, on n'a pas prix de photos des estampes car c'était interdit (il faudra vous contenter des photos du bain ) [note de ptit lion : Oh non, les pauvres, ne leur impose pas ça ]
La boutique suivante est très, très grande : le paradis du manga sur deux étages ! Des milliers de livres pour tous les goûts, les âges et les sexes : des mangas à l'eau de rose, érotiques, futuristes, enfantins, et même, au deuxième étage, un rayon énorme de mangas gays ! On y trouve également des DVDs et CDs d'animes japonais et bien sûr des jeux vidéos. Tiens comme le monde est petit ! Nous tombons sur le new-yorkais qui avait voulu me faire la leçon concernant la pratique de la prière au pavillon d'argent... Pff quel pot de colle celui là ! Oui bon ça va, on est blanc aussi mais on n'a pas gardé les cochons ensemble ! Nous passons également devant des cinémas japonais où est projeté entre autres Toy Story 3 et Arrietty. Bon, nous arrivons au bout de la galerie. Une rue piétonne perpendiculaire la coupe et l'autre branche de la double galerie Teramachi-Shinkyogoku part en diagonale.
La galerie Teramachi se révèle plutôt être un ensemble de rues couvertes bordées de boutiques en tous genres.
Une autre boutique de kimonos, un peu moins… traditionnelle que celle visitée dans l'après-midi.
Temple ou boutique ?
Et oui ! Même en pleine galerie commerciale, on peut trouver des églises !
Look organique pour cette bijouterie branchée.
Une geisha dans un magasin de mangas, c'est pas un peu clichés comme vision du Japon ? (bon OK, c'est pas une geisha, mais elle a un joli kimono, non ? )
Serait-ce Crabzilla qui part à l'assaut de Kyoto ? Non non, juste la devanture d'un restaurant.
Voici ce que proposaient les cinémas nippons lors de notre séjour : en haut, les productions étrangères, au milieu, les films locaux (dont le tristement prémonitoire « Tsunami »), et en bas, les films d'animation (notamment Toy Story 3, bien en retard par rapport à chez nous).
Les Manga Stores au Japon, c'est un peu l'équivalent de la FNAC… mais centré sur l'univers manga !
Il est presque 20h00, vous n'avez pas faim vous ? Ca tombe bien, mes deux compagnons ont repéré dans le Routard un petit restaurant qui a l'air bien sympa et qui ne doit pas être loin d'ici : le Yack & Yeti. Hum, c'est bizarre, ce nom me semble vaguement familier ! Un restaurant népalo-indien ? Bon, c'est où ? Sortons nos plans, boussole, GPS et autres gri-gri, nous aurons bien un p'tit vieux ou une petite vieille qui s'arrêtera. Bingo ! :cheers:Un groupe d'ados s'arrête et nous demande si nous avons besoin d'aide. Nous leur montrons le plan du Routard, le nom du resto, hum, ils n'ont pas trop l'air de savoir où c'est et discutent entre eux en japonais. Pour finir, ils nous indiquent la direction de la galerie qui est en diagonale. Merci, les gars !
On remonte la galerie, puis on retombe sur la grande avenue commerciale de Kawaramachi, mais un peu plus loin que tout à l'heure. D'après le plan du Routard, on devrait y être pratiquement, c'est tout proche… Le problème c'est que si ce guide contient d'excellent renseignements, point de vue carte, c'est nettement moins précis (surtout au Japon !) : échelle non respectée, absence de nom pour certaines rues, voire ruelles non dessinées ! :evil:Ah, voici un panneau avec le plan du quartier. Tiens, une autre particularité du Japon : les plans dans la rue. Contrairement à chez nous, le Nord n'est pas systématiquement en haut de la carte. Si lorsque nous regardons le panneau, nous sommes tournés vers le Sud, le Sud sera alors en haut de la carte. C'est un peu perturbant quand on n'est pas habitué, mais ça se révèle plutôt pratique pour se repérer immédiatement. :)Bon de toute façon, le plan dans ce cas ne nous aide pas beaucoup. Quant au Google Map sur l'i-Phone de Matthieu, avec toutes ses rues parallèles et perpendiculaires qui se ressemblent toutes, on n'est pas aidés ! :|Nous traversons quand même le boulevard. Ca doit être tout près, nous dit Matthieu, ça doit être dans le coin ! Hum, j'ai la curieuse impression d'être déjà passé par là. Ca doit être cette rue-ci. Euh oui, Matthieu on vient de la faire sur toute la longueur et on n'a pas trouvé la moindre trace d'un restaurant népalais.
Ptit lion vient mettre son grain de sel : ah ben, sur son guide, c'est la rue d'après apparemment. Euh, montre-voir ton bouquin : mais il est où ton restaurant, c'est cette grosse tâche positionné à la va-vite entre deux rues sans nom ? :suspect:Après trois-quarts d'heure de recherche, la fatigue me gagne, la faim me tenaille et la mauvaise humeur pointe le bout de son nez. Anthony qui me connaît bien et lit en moi comme dans un livre ouvert, sent bien que je suis à bout et à deux doigts de craquer. [note de ptit lion : Et c'est dangereux, un loup de mauvais humeur...] Il a raison, le bougre : je suis sur le point de m'asseoir par terre et de leur dire « Je reste ici et vous viendrez me rechercher quand vous aurez trouvé ! » :xIl fait tout pour me réconforter, mais il sent qu'il est temps de déclarer forfait. Enfin une bonne idée ! :PNous décidons de rentrer, bah, on trouvera bien un petit resto vers la gare ou notre ryokan. Nous descendons dans la station de métro la plus proche où nous devons racheter de nouveaux billets pour la gare.
Retour au rykoan
21h00. Nous arrivons à l'esplanade devant la gare. Nous y repérons un restaurant gastronomique qui a l'air exceptionnel, mais nous nous tâtons : est-ce que nos estomacs de pauvres occidentaux sauront apprécier le summum de la cuisine japonaise, son raffinement, sa délicatesse, dans ce qu'elle peut proposer de meilleur. Allez, nous tentons l'aventure et entrons dans… le McDonalds de la gare ! . Bah, de la viande à l'occidentale ne nous fera pas de tort ! Le restaurant est minuscule, mais pas rempli pour autant, ce qui nous étonne pour un samedi soir. Apparemment, ce n'est pas trop la mode des hamburgers ici. Il faut dire que les prix sont assez excessifs, mais justifiés vu le prix de la viande de bœuf en général au Japon. Matthieu prendra un bon vieux double cheese, Anthony et moi essayons un burger local avec steak haché plus œuf sur le plat (650 ¥, 5.80 €). Etonnamment, les boissons ne sont pas comprises : je prendrai un coca (200 ¥, 1.80 €) et Anthony un Fanta Grape (200 ¥, 1.80 €). Ca a le même goût que le breuvage que OK-Ok San nous a donné hier. Tout en nous servant, la caissière nous indique que le McDo ferme à 21h30 (un samedi soir dans un quartier animé d'une des plus grandes ville du pays !), une façon polie pour nous prévenir que nous devrons nous dépêcher de manger. Nous descendons à la cave vers une salle sans fenêtre. A peine avons-nous fini notre repas que le McDo ferme ses portes. Une serveuse descend dans la salle pour rappeler l'heure aux clients qui sortent docilement. L'heure, c'est l'heure ! Matthieu se lève avec son plateau, mais la serveuse se précipite sur lui pour le lui prendre et l'apporter à la poubelle (le plateau, pas Matthieu). Elle dit au revoir à chaque client en le remerciant de son ton chantant mais artificiel, comme les Japonaises savent si bien le faire, tout en s'inclinant : on est loin d'avoir cela en France, même dans un grand restaurant trois étoiles. Pour résumer, le McDonalds au Japon, ce n'est pas un très bon plan : on s'en tire pour 7.60 € avec un menu de base (même pas maxi), et encore, si le resto est encore ouvert...
La viande de bœuf est tellement chère au Japon que les steak sont également composés de volaille...
21h45. Nous rentrons enfin au ryokan. Nous demandons comme chaque soir un bain chaud. Celui-ci est déjà prêt et nous n'avons qu'à monter dans la chambre pour enfiler notre kimono (non, pas celui en soie que je viens d'acheter mais le kimono en coton du ryokan). Nous nous retrouvons dans la salle de bain du premier jour. Alors Aujourd'hui, à quoi ressemble la salade de fruits ? Ah, ben ce sont des citrons ! Mmh, c'est acide ça je demanderais bien un peu de sucre pour mettre dans l'eau ! Cette fois, nous avons pris la caméra pour faire un mode d'emploi des bains japonais spécialement pour vous, chose qui n'est pas évidente : et oui, pas facile de filmer lorsque l'acteur et le caméraman sont nus et que la salle est pleine de miroirs. :affraid:Après une demi-heure de relaxation, nous sortons de l'eau pour retrouver Matthieu à moitié endormis sur son futon, comme d'hab', les pieds sur son oreiller. Cinq minutes après, ce brave Ok-Ok San frappe à notre porte avec notre punition du soir : trois verres de thé glacé qui aboutissent dans le siphon de l'évier... Nous faisons un rapide planning pour le lendemain. Notre dernier jour à Kyoto déjà , avec notamment la visite du Palais Impérial et du château Nijō-jō (le château des Shoguns). Avant de nous coucher vers minuit et demi, Anthony et moi mettons par écrit les quelques notes qui me servirons à écrire ce TR.
Notez le poteau électrique placé à la va-comme-je-te-pousse !
C'est beau un ryokan, la nuit...
Et puis c'est chaleureux, aussi.
Les Tanukis veillent sur notre sommeil.
Tout ce que vous avez voulu savoir sur le Sento sans avoir jamais osé le demander (comment ça, c'est quoi un Sento ? )[/center]
Dernière édition par wolfi le Mer 12 Mar 2014 - 21:42, édité 3 fois
8h00. Je me réveille en sursaut. Nom d'une pipe ! Matthieu ! Tu as oublié de mettre le réveil sur 7h30 ! Il faut dire que cette dernière journée à Kyoto nous promet d'être très chargée : en gros il faudra qu'on fasse tout ce qu'on n'a pas eu le temps de faire les autres jours. De plus, notre visite du Palais Impérial est programmée à 10h00 précise, il s'agit de ne pas d'arriver en retard, d'autant plus qu'il faudra sans doute remplir l'un ou l'autre formulaire et montrer son passeport avant d'entrer dans l'enceinte du palais. [note de ptit lion : Et n'oublions pas notre propension à nous perdre non plus ! ]
Aujourd'hui, le soleil brille mais sur le panneau de la réception Ok-Ok san a indiqué « Sunny, rainy later ». Hum, nous devrons donc prendre les k-ways. Et non Anthony, désolé mais s'il pleut, pas question de louer un vélo pour la journée ! Nous nous arrêtons au Lawson faire provision de boissons : les mêmes que d'habitude, eau pour Anthony, jus d'orange pour mes problèmes d'intestins et Coca-Cola pour Matthieu. Nous prenons le métro pour nous rendre dans le centre ville où se trouve le Palais.
Qui c'est qu'a pas fait son futon ?
Allez, on affûte ses appareils photo et... c'est parti !
Il est pas beau notre ryokan au petit matin ?
Le ryokan Shimizu est situé dans une petite rue très tranquille. Avis aux amateurs, nous vous le conseillons très fortement si vous séjournez à Kyoto !
Les maisons un peu foutraques apportent beaucoup au charme du quartier (enfin ça c'est mon avis, Wolfi ne le partage pas forcément ).
Les boîtes aux lettres sont rouges, ça c'est facile à repérer. Beaucoup moins aisé : dans quelle fente glisser son courrier pour l'international ?
Notez l'originalité des pompes des stations-service... suspendues dans les airs !
Parmi nos boissons préférées, le Fanta Grape (à gauche), qu'on ne trouve pas en France (faut dire que c'est un peu chimique ). Attention au piège des bouteilles qui se parent de leurs plus beaux atours mais qui se révèlent parfois être de l'infâme thé vert ! Traîtres !
Palais Impérial
La visite guidée se limite à la partie sud du palais. En 1 heure, de toute façon, on ne peut pas espérer tout voir...
9h35. Nous sortons du métro. Pas de palais en vue, mais un grand parc entouré de murs. Entre parenthèses, vous vous étonnerez peut-être de la présence d'un Palais Impérial à Kyoto, alors qu'il en existe également un à Tokyo... En fait, depuis que Tokyo est devenu la capitale du Japon à la fin du XIXème siècle, la famille impériale ne réside plus officiellement au Palais de Kyoto. Malgré cela, le palais n'en reste pas moins sacré et sa gestion dépend de la Maison Impériale, ministère indépendant qui s'occupe de la vie à la cour, du protocole très rigide de celle-ci et des bâtiments impériaux. On ne visite pas les palais ni les villas impériales comme on visite les châteaux de Versailles ou de Fontainebleau : on doit demander à l'avance l'autorisation auprès de l'agence de la Maison Impériale (http://sankan.kunaicho.go.jp/english). On n'accède, en groupe surveillé et guidé, qu'à certaines parties extérieures des bâtiments. Nous nous sommes donc inscrits, un mois avant de partir, pour la visite en anglais du Palais. Nous devons encore nous rendre au bureau de l'Agence de la Maison Impériale présenter nos réservations et nos passeports.
Les indications pour arriver au bureau de l'agence sont contradictoires entre le Routard, le plan imprimé lors de la réservation et le plan de la ville ! Pour certains, elle se trouve au Nord-est, d'après d'autres, elle est située Nord-Ouest. Bon, sortons la boussole et entrons par le Nord (au moins, on est tous d'accord sur ce point ) ! Nous passons devant des bâtiments en travaux, ce n'est pas possible, ça ne peut pas être là. Un peu plus loin, un autre bâtiment qui fait cafétéria et magasin de souvenirs. Ce n'est donc pas ça non plus. Nous apercevons des occidentaux qui vont tous dans le même sens, tiens c'est bizarre, ils entrent dans le bâtiment en travaux : et bien oui, le bureau de l'agence de la Maison Impériale est bien celui-là. L'entrée a été modifiée, ce qui explique le mal qu'on a eu à le trouver. Nous présentons notre e-mail de confirmation de la visite au guichet. « Haï ! Rendez-vous devant la porte principale. » C'est l'avantage d'avoir réservé par internet : nous sommes sûr d'avoir une place et pas de formulaire à remplir ni de passeport à présenter !
Après ces formalités vite expédiées, nous retrouvons une foule importante d'étrangers devant la porte principale du mur d'enceinte du Palais. Nous présentons notre formulaire aux soldats qui gardent l'entrée du palais. Ils nous font entrer et nous décomptent à l'aide d'un compteur manuel. Arrivés à un guichet, nous déposons notre formulaire puis nous sommes invités à patienter dans la salle d'attente (waiting room). Nous retrouvons des dizaines de touristes occidentaux (90 pour être précis) qui sont assis sur des banquettes et regardent un film de présentation du palais en anglais. Anthony et Matthieu commencent déjà à avoir des boutons rien qu'à voir le nombre de personnes et le nombre de bâtiments , tandis que moi, je me réjouis de visiter ces lieux historiques.
10h00 pile. Notre guide japonaise arrive, se présente et nous explique comment se déroulera la visite. Les photos et les films sont autorisés mais on ne pénètre pas à l'intérieur des bâtiments du palais. Il faut rester groupés, officiellement pour bien entendre les explications de la guide, officieusement pour des raisons de sécurité. Nous serons d'ailleurs suivis et précédés d'un vieux en uniforme qui nous compte à l'entrée et à la sortie de chaque cour...
L'accès à l'enceinte nord du Palais se fait via cette porte (là, on est entré), et en se retournant...
... nous nous retrouvons face à la deuxième enceinte (intérieure), qui abrite les bâtiments du Palais proprement dit.
Y en a de la place pour tourner autour du Palais !
Notre transhumance commence. Certains, comme moi se concentrent sur les explications de la guide, d'autre comme Anthony et Matthieu ont l'air de s'ennuyer royalement [note de ptit lion : C'est le cas de le dire ] et préfèrent prendre un peu d'avance pour les photos.
Notre visite du « Kyoto Gosho » (en français, palais impérial de Kyoto) débute par la« Okuruma-yose » : une immense porte cochère que les hauts dignitaires de la cours, les ministres, les régents et les shoguns pouvaient franchir en char à bœufs. Même si l'étiquette impériale est toujours aujourd'hui une des plus strictes du monde, elle l'était encore plus à l'époque où les empereurs y habitaient. Ainsi comme nous le verrons, chacun avait sa porte (pas de jaloux ! ).
Deuxième étape de la visite : le bâtiment du « Shodaibu-no-ma ». Ce bâtiment comprend trois salles d'attente où les courtisans attendaient suivant leur rang l'audience impériale. Les portes coulissantes de ces salles sont ouvertes et permettent donc de voir la décoration intérieure. Les fresques murales donnent leurs noms aux salles. La salle des Tigres avec tatamis bordés de bleu servait de salle d'attente aux hauts dignitaires de la Cour, la salle des grues aux tatamis bordés de blanc était réservée aux fonctionnaires et nobles de provinces [note de ptit lion : Et non pas aux courtisanes, comme son nom pourraient laisser le supposer ], et la salle des cerisiers aux tatamis bordés de rouge au reste des visiteurs.
L'Okuruma-yose, porte réservée aux hauts dignitaires venant rendre visite à l'empereur, se devait d'être large : à l'époque, on circulait en char à bœufs, pas en Twingo !
Cette salle, appelée Shodaibu-no-ma et gravée de délicates estampes, était la « salle d'attente » des visiteurs de haut rang (ceux empruntant l'Okuruma-yose si vous avez bien suivi ).
La troisième étape est le bâtiment principal : le « Shishin-den », bâtiment imposant et central d'un quadrilatère entourant une cour carrée. Les autres côtés sont constitués d'une colonnade de Torii. Lieu sacré du palais, nous ne pourrons nous en approcher. Il contient en effet le « Takamikura » : le Trône de l'Empereur et le « Micho-daï » un plus petit Trône pour l'Impératrice. Jusqu'à l'actuel empereur, tous les empereurs étaient intronisés dans le Shishin-den. Pour des raisons de sécurité et de confort, l'actuel empereur Akihito fut couronné au palais impérial de Tokyo, mais les deux trônes y furent transportés en hélicoptère pour la cérémonie.
Le Shishin-den fait face au « Kenrei-mon » : la porte sacrée réservée à l'Empereur qui ne peut être ouverte et passée que par l'Empereur. Exceptionnellement, elle fut franchie par George W. Bush lorsqu'il rendit visite à l'empereur au Palais de Kyoto.
Le Shishin-den, bâtiment principal du Palais, est entouré de torii rouge vif (oui, je sais, comme pratiquement tous les torii ).
La cour du Shishin-den était le lieu privilégié des cérémonies officielles. Bien qu'inutilisée aujourd'hui, elle conserve un caractère sacré, ce qui explique qu'elle n'est pas accessible au public.
On entre-aperçoit ici les trônes ayant servi aux couronnements des empereurs successifs (notamment l'actuel, Akihito).
Les mêmes trônes de plus près (tirés d'un livre, puisqu'on ne peut pas s'en approcher).
Face au Shishin-den, la Kenrei-mon, une porte réservée à l'Empereur (c'est pratique, il n'avait pas à faire tout le tour du bâtiment pour aller jusqu'à son trône) .
On trouve sur cette porte une gravure de Tortue géniale et de son animal de compagnie, la tortue Umigame.
La quatrième étape est « Kenshun-mon » la porte réservée à l'Impératrice et aux concubines de l'Empereur. La « Sakuhei-mon » est quant à elle réservée au prince impérial. A côté de ces deux portes, se trouve un petit pavillon de bois et de bronze : le « Sunkō-den ». Il contenait les trois objets sacrés qui servent aux couronnements des empereurs : le glaive « Kusanagi no tsurugi », le « Yasakani no magatama » (une sorte d'amulette sacrée) et le miroir sacré « Yata no kagami ». Seuls les quelques prêtres shintos intronisant l'Empereur et l'Empereur lui-même savent à quoi il ressemble : en regardant le reflet de ce miroir, l'empereur peut voir apparaître l'image de son ancêtre, la Kami Amaterasu, qui en fit dont à son petit-fils, le premier empereur du Japon. Ce caractère sacré explique pourquoi aucun dessin et aucune photo de ce miroir, du glaive ou du magatama n'existent. Aujourd'hui, les trois objets se trouvent au Palais Impérial de Tokyo et dans deux temples shinto du Japon.
La guide nous présente également un morceau de toiture. En fait, la couverture des principaux bâtiments du palais est constituée de fines couches d'écorce de cyprès qui tiennent ensemble par des clous en bambou sur une épaisseur de 30 cm à peu près. La couverture en écorce de cyprès est un moyen naturel et traditionnel qui résiste aux intempéries pour une trentaine d'années. Malheureusement, le cyprès devenant rare et coûteux, seuls les palais ou les sanctuaires utilisent encore cette manière traditionnelle de faire des toits.
La cinquième étape nous fait pénétrer dans une large cour entourée de bâtiment en torchis et toiture de cyprès justement. On est en train de restaurer celle-ci. Six mois ont été nécessaires pour réaliser la couverture de la moitié des bâtiments de cette cour ! On se rapproche d'un pavillon plus imposant, c'est le « Seiryo-den ». Les portes coulissantes sont ouvertes et nous laissent voir le « Hinogoza » : un tatami bien épais et surélevé et un coussin sous un dais où se tenait l'empereur pour recevoir les dignitaires en audience.
Non, il ne s'agit pas d'une maison hantée, mais du Sunkō-den, le pavillon sacré contenant trois objets utilisé pour le couronnement des empereurs. Quoi que, ces objets auraient des propriétés magiques...
La porte Kenshun-mon est réservée à l'Impératrice et aux concubines de l'Empereur.
Contrairement aux occidentaux, les Japonais préfèrent l'horizontalité à la verticalité. Ainsi, tous les bâtiments sont de plain-pied.
Mieux que les cours de bricolage chez Leroy-Merlin, la guide nous explique comment changer une toiture en cyprès ! (ça va pas me servir tous les jours )
Les toitures en cyprès ont une durée de vie de 30 ans, au-delà, elles subissent des dégradations dues aux intempéries. Celle-ci aurait besoin d'un bon rafraîchissement !
Le Seiryo-den fut le pavillon de résidence de l'Empereur. C'est également sur ce tatami, le Hinogoza, qu'il recevait les dignitaires venus lui rendre visite
L'étape suivante, la septième, nous mène au jardin « Oike-niwa », ce qui signifie « jardin du pont ». Il s'agit d'un charmant jardin humide avec un très bel étang, de petites îles couvertes d'arbres taillés et donc des ponts romantiques. De nombreux jardiniers, cela va de soi , nettoient la mousse.
Face au jardin, la guide nous présente deux bâtiments : le « Ko-gosho »qui abritait les appartements du prince héritier et l'« Ogakumon-jō », salle d'audience où l'empereur recevait le shogun. A noter que ces deux bâtiments ont de lourdes portes qui ne coulissent pas comme les autres portes japonaises, mais disposent de battants richement ornées de gonds de bronze doré.
La huitième et dernière étape nous conduit dans une vaste cour plantée de conifères taillés au milieu d'un jardin humide. Des barrières de bambou nous empêchent de les approcher de trop près.
« Ainsi se termine notre visite du Palais Impérial de Kyoto, j'espère que vous avez apprécié la visite et vous souhaite un agréable séjour à Kyoto l'ancienne capitale du Japon. » finit par nous dire notre guide (en anglais, pour la fluidité du récit, j'ai traduit ). Nous nous retournons vers la cour, ses arbres et ses bâtiments afin de faire quelques dernières photos. Nous sommes rapidement remis au pas par notre chien de berger qui nous pousse fermement mais toujours poliment vers la sortie.
Le garde vient d'ouvrir la porte : voici qu'apparait le Ko-gosho et le jardin Oike-niwa. Profitez-en, le troupeau n'est pas encore passé par là !
Avec vos parapluies en plein soleil, vous allez nous attirer la pluie !
Le Ko-gosho abrite les appartements du prince héritier.
Le jardin se nomme Oike-niwa, ou jardin du pont. On se demande bien pourquoi !
Aaah, un peu d'eau ça fait du bien après toutes ces cours de graviers blancs à n'en plus finir !
Au programme ce matin : balayage de feuilles et nettoyage de mousse (comme tous les matins ).
Un des visiteurs a perdu ses lentilles de contact. Heureusement que les aînés des supporters du Kyoto Baseball Club étaient là !
Je crois qu'on tient notre record : 10 employés pour entretenir 30 m² de jardin !
En nous rendant dans la dernière partie visitable du palais, nous assistons au travail d'une ouvrière restaurant le torchis d'un mur du palais.
Matthieu continue à prendre quelques photos, Ptit Lion se dirige vers les toilettes, non pas impériales mais touristiques et moi vers la boutique officielle de souvenirs. J'y achète un livre détaillant l'itinéraire et les noms japonais des lieux que nous avons parcourus (bien utile pour vous en mettre plein la vue : je n'ai pas cité de tête tous ces noms compliqués ), ainsi qu'un lot de cartes-postales montrant l'intérieur des salles qui ne sont pas visitables.
Une petite faim ? Les Japonais sont friands des biscuits à la fraise. Certes, c'est un peu chimique, mais ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de manger des Mikados à la fraise !
Non, ce ne sont pas les Allemands les champions du monde du recyclage, mais les Japonais !
Le reste de l'enceinte comprend un vaste jardin public qui sert de terrain de jeu à une bande d'écoliers. Sous la surveillance de leur institutrice, ils jouent le long du petit ruisseau à la recherche de larve d'insectes ou de grenouilles. Poissons ? Insectes ? Grenouilles ? Laissez passer le petit-fils de Cousteau ! Et voilà notre lion qui ne peut s'empêcher de nous ralentir quelque peu. [note de ptit lion : Je te défie de trouver UNE SEULE photo de grenouille parmi celles que j'ai prises, c'est de la calomnie !] Je vous avais parlé du caractère sacré du Palais Impérial, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il est sanctuarisé : son parc est en effet très prisé par les familles, les personnes âgées, les amoureux ou encore les enfants, le temps d'un pique-nique, d'une promenade, d'une sieste ou d'une partie de baseball (et oui, le parc Impérial abrite aussi un terrain de baseball ! ).
« Je marche seul... »
Le parc du Palais impérial est libre d'accès, contrairement au Palais lui-même où il faut montrer patte blanche.
Un groupe d'écoliers en train de « pêcher » dans le ruisseau du parc.
Héritage de l'occupation américaine des années 50, le baseball est devenu le sport le plus populaire de l'archipel nippon (si l'on excepte le traditionnel et incontournable sumo bien sûr !).
Euh oui, des arbres avec de l'herbe qui pousse dessus, c'est original...
Le parc est aussi un lieu d'inspiration pour les artistes en herbe !
Nous sortons enfin de l'enceinte et nous voilà en pleine rue. Notre prochain objectif est le château Nijo. Il n'est pas loin du palais paraît-il, aussi décidons-nous d'y aller à pied. Heureusement, avec ma boussole et notre plan, nous n'avons pas trop de difficulté à trouver la bonne direction. Nous suivons une longue rue, avec des maisons d'habitation avec leur mini bonzaïs et leurs pots de plantes vertes sur le seuil, des commerces typiques avec leurs étals, des restaurants qui nous donnent faim mais ne sont pas encore ouverts. Tiens, une librairie... Une vraie librairie, pas un rayon de journaux et revues d'une superette cette fois ! Et si on entrait ? [note de ptit lion : Tu nous as pas laissé le choix à vrai dire... ] J'ai tôt fait de repérer le rayon jeunesse et plus spécialement la revue Disney Dream File ! Une de plus pour ma collection. Plusieurs exemplaires de cette encyclopédie des héros Disney existe, mais euh à 580 ¥ (5.20 €) pièce, un exemplaire me suffira vu la barrière linguistique.
L'exemplaire du Disney Dream File acheté par Wolfi : ce magazine détaille en long, en large, et en travers les personnages Disney (déjà le 70e numéro !).
Dernière édition par wolfi le Dim 19 Fév 2012 - 23:33, édité 5 fois
Non, ce n'est pas un chat qui a la queue coincée dans une porte, c'est un chant traditionnel japonais de la cour du shogun justement. Ecoutons religieusement.
Le château Nijo s'étend sur 275 000 mètres carrés. C'est deux fois moins que le Palais impérial, mais ses doubles fortifications et ses deux palais donnent l'impression d'un site beaucoup plus étendu.
11h00. Nous arrivons en vue d'un bâtiment fortifié, entouré de douves : le château Nijo. Ce château-fort fut construit au XVIIème siècle pour Tokugawa Ieyasu, le premier Shogun de la famille Tokugawa qui régna sur le Japon jusqu'en 1868.
Le moment est venu pour nous de faire un rapide court de l'histoire politique du Japon [note de ptit lion : Pour ceux qui veulent faire une pause ou aller aux toilettes, c'est maintenant ]. Très peu d'empereurs ont véritablement exercé les pleins pouvoirs au Japon, seule une poignée d'entre eux ont eu ce privilège, durant la période où Nara était capitale du Japon (en gros, l'époque de Charlemagne chez nous). Ensuite, de par sa nature divine, l'empereur ne se compromet plus dans la levée des impôts, la conduite des affaires courantes de l'Etat ou la guerre. Les princes régents se succèdent. Habilement, la famille Watanabe force l'empereur, mineur à l'époque, à épouser une des filles de cette même famille, le père ou le grand-père de l'épouse impériale exerçant alors la régence du pays. Une fois l'empereur adulte et père d'un prince héritier, il est obligé d'abdiquer et le nouvel empereur enfant est marié à une nouvelle fille Watanabe. [note de ptit lion : Euh ça fait pas des mariages consanguins au bout du compte ?! ] Quelquefois, la famille impériale réussit néanmoins à court-circuiter le pouvoir des « Maires du Palais » Watanabe : en épousant une princesse d'une branche cadette de la famille impériale en cas de non disponibilité de fille Watanabe. Dans ce cas, une fois la succession assurée, l'empereur en titre abdique en faveur de son fils, devient « empereur retraité » et peut donc exercer l'entièreté du pouvoir. Ce procédé est risqué, car il désacralise la fonction impériale. En effet, une fois abdiqué, l'empereur retraité ayant perdu son aura sacrée n'est pas à l'abri d'une révolution de palais et d'une destitution.
Durant la période médiévale du Japon, le pouvoir exercé jusque là par les hauts dignitaires de la cour impériale (princes cadets de la famille impériale, régents, ou empereurs « retirés », ainsi que les grands propriétaires terriens comme les Watanabe), passe petit-à-petit aux seigneurs de la guerre. Il s'agit d'une nouvelle classe sociale entre les anciens nobles et les paysans : les samouraïs. Ceux-ci armés et à cheval, sont dépendants les uns des autres par des serments d'allégeance à de grandes familles puissantes qui naissent et rivalisent. Après plusieurs guerres civiles, la famille Minamoto crée le poste de Shogun (commandant de l'armée ou généralissime) et exerce son pouvoir au sein du « bafuku » (littéralement « gouvernement sous la tente » par opposition au gouvernement impérial au palais). Le bafuku règne sur une partie du pays : l'Est, l'Ouest restant sous les lois et l'administration des fonctionnaires impériaux. Après la tentative d'un empereur retiré de supprimer le bafuku et le shogunat, les shoguns méfiants s'installent à Kyoto. Au XIVème et XVème siècle, le pouvoir gangréné et corrompu du shogun faiblit, incapable de récompenser ses lieutenants et vassaux. Par contre, le pouvoir des villes et la richesse de la bourgeoisie s'accroît par le commerce avec le monde : les Chinois et les Coréens d'abord, puis les Espagnols et les Portugais, et enfin les Hollandais, qui arrivent avec leur caravelles et leurs armes à feu. Les missionnaires, jésuites et franciscains, débarquent également et font de nombreuses conversions. Très vite, 10 % de la population est baptisée dans toutes les classes de la société japonaise. Très vite également, les forgerons japonais arrivent à reproduire (et oui déjà !) les armes à feu portugaises et de nouveaux troubles et guerres de clans éclates : les vainqueurs seront les daïmyos (gouverneurs militaires) qui sont les mieux armés en fusils, et non plus en flèches et sabres comme par le passé. Durant les 30 dernières années du XVIème siècle, plusieurs tentatives musclées de centralisation et d'unification du territoire ont lieu. C'est finalement le clan de la famille des Tokugawa qui l'emporte après une bataille décisive. Tokugawa Ieyasu restaure en sa faveur le bafuku et le shogunat. Le Shogun règne en dictateur militaire absolu, laissant à l'empereur juste un titre de symbole divin et religieux n'ayant aucune influence sur la politique du bafuku. La période de « l'ancien régime » nippon commence et le pays se ferme. Les catholiques sont persécutés et massacrés, les Espagnols, Portugais et Chinois sont expulsés du pays. Les ports sont fermés et les non-Japonais sont interdits de séjours. Seuls trois ports d'entrées sont laissés ouverts pour les Hollandais, les Chinois et les Coréens. Le pays, refermé sur lui-même, ne connaît pas une période de décadence comme on pourrait le penser. Au contraire, la paix avec l'extérieur et le nombrilisme permet le développement de la culture et des mœurs raffinées tels qu'on les connaît encore aujourd'hui.
Tandis que l'empereur vit toujours dans son palais de Kyoto, les shoguns installent leur capitale militaire à Edo plus au nord. On parle donc de l'ère Edo pour la période qui va de l'arrivée au pouvoir en 1603 de la dynastie des shoguns Tokugawa à sa chute en 1868. En effet, avec la révolution industrielle qui apparaît en Europe et en Amérique, le Japon ne pourra plus rester isolé du monde comme par le passé. Suite aux pressions parfois violentes des occidentaux, le Japon doit s'ouvrir peu à peu au monde et au progrès. La montée des mouvements nationalistes vénérant l'empereur et critiquant le bafuku ayant cédé à l'homme « roux » (je parle ici de l'homme blanc en général et pas seulement de Concombre ) entraîne une lutte entre partisans de l'empereur et les partisans du bafuku. Finalement, la cour de Kyoto sort vainqueur, le bafuku est dissous, le dernier shogun devient un daïmio (noble) comme les autres et l'empereur Meiji quitte symboliquement Kyoto pour l'ancien palais du shogun à Edo. Tokyo devient le nouveau nom de l'ancienne Edo et la nouvelle capitale de l'empire du Japon.
Comme je l'ai dit, le Shogun résidait à Edo (Tokyo) mais possédait une résidence à Kyoto afin de surveiller la cour impériale : le château Nijo. Edifié au XVIIème siècle, il fut reconstruit plusieurs fois comme souvent au Japon, au fil des guerres et incendies. Le château fortifié, est entouré de murailles formant un carré et de larges douves remplies d'eau. Il est composé de plusieurs enceintes, également entourées de murailles et de douves, comportant deux bâtiments castraux et trois jardins. Plusieurs portes richement ornées y donnent accès. En effet, ce qui frappe par rapport au palais impérial, c'est le sentiment de richesse et de puissance qui s'en dégage. C'est ici que se trouve le pouvoir et l'or du Japon, et non au palais impérial. Là où l'empereur se contente de simples panneaux blancs, ce sont des panneaux dorés à la feuille qui garnissent le château du shogun.
Nous passons la première enceinte et la première porte magnifiquement sculptée se dresse devant nous. Soudain, un groupe d'écoliers s'approche de moi. Sans doute, ont-ils distingué le leadership et la noble attitude qui me distingue de mes compagnons. Ils me demandent en anglais s'ils peuvent me poser quelques questions. L'un d'eux sort son cahier et commence à déchiffrer quelques phrases en anglais. Il me décline sa nationalité (japonaise, bien sûr ), et me demande d'où je viens. Je lui dis de France (c'est pas tout à fait vrai mais si c'est pour passer 3 heures à lui expliquer où se trouve la Belgique... ). Il me dit qu'il aime la nourriture. Hum, c'est vrai qu'il est un peu plus rembourré que les autres. « What do you like ? » me demande-t-il ? Euh, certes j'aurais pu dire beaucoup de choses (Walt Disney, les ptits zoiseaux, ...), mais bon j'allais pas raconter ma vie non plus : je lui réponds, « I like the japanese food ». Non, je ne mens pas ! En cherchant bien, on trouve toujours quelque chose de mangeable et de bon ! Et plus on y goûte, plus on s'y fait ! Puis il prend une photo de moi et me demande un autographe. Inutile de dire que mes compagnons en sont verts de jalousie : et oui, je suis le prototype même de l'homme caucasien. [note de ptit lion : On a surtout cru que tu avais une vie de star au Japon dont tu nous avais jamais parlée ! ]
Nombre d'écoliers en goguette sont présents au château Nijo (bien plus qu'au Palais impérial). LA sortie scolaire par excellence ? (nous c'est Versailles )
Derrière les murailles, la plage ! Euh, non le château Nijo, pardon...
Et oui, Wolfi est une star au Japon, il faut le savoir ! (ou alors ils confondent avec Tortue Géniale )
Euh ce serait pas à NOUS plutôt de demander à être pris en photo avec des Japonais et non l'inverse ?
Le billet d'entrée (600 ¥, 5.40 €) donne accès au château principal, le palais Ninomaru, et aux jardins. Le deuxième bâtiment est fermé pour restauration. Les photographies et les vidéos sont interdites dans le bâtiment, aussi j'achète un livre souvenir en anglais d'où sont tirées les quelques illustrations ci-dessous. Le palais est une succession de larges et vaste salles garnies de tatamis. Toutes ces salles sont entourées de parois amovibles avec de magnifiques peintures réalisées par les plus grands peintres japonais de l'époque. Scènes de paysages ou animalières se détachent sur un fond doré à la feuille d'or. Ces pièces n'ont pas d'accès direct à l'extérieur : pas de porte ni de fenêtres. Il faut dire qu'il n'y avait pas de poêle et qu'il devait y faire très froid l'hiver. Entre le mur extérieur et les salles intérieures, nous marchons (pieds nus évidemment) sur un vieux plancher dit « plancher rossignol » : pour prévenir tout intrus ou terroriste, les lattes du plancher sont disposées de telle façon que chaque pas fasse grincer le plancher en imitant le chant du rossignol. Ca devait être très pratique pour déjouer les complots et les tentatives d'assassinat, mais ça devait réveiller tout le monde quand quelqu'un allait pisser la nuit !
Des mannequins de cire sont disposés dans certaines salles (comme la salle des grandes audiences et les appartements privés du shogun, où seules les femmes pouvaient entrer), afin de rompre la monotonie des longues pièces vides en enfilade et d'imaginer la vie au château telle qu'elle pouvait être à l'époque. Outre la richesse des parois, ce qui frappe, c'est le dépouillement total des salles : aucun meuble n'y figure. Pas besoin d'armoire ni de coffre, des panneaux dissimulent d'immenses placards où sont rangés vêtements, tables basses et futons. Et oui mesdames, des dressings immenses comme vous en rêvez ! Les figures en cire sont assises en tailleur sur des coussins, donc pas de siège non plus. Pas de commode pour le grand commodore de l'empire non plus ! [Note de ptit lion : Ce qui explique que Ikea n'ait pas réussi à s'imposer au Japon] Notre visite se poursuit par les jardins et les murailles, l'autre partie du château, le Palais Honmaru, étant fermée pour restauration comme je l'ai dit précédemment.
La porte qui mène au palais Ninomaru. Toujours aussi sobre, les entrées de palais...
Un luxueux chapiteau en bronze doré finement travaillé : ici, le moindre détail devait témoigner de la richesse et la puissance du shogun.
Contrairement au palais impériale, les toits du palais Ninomaru sont recouverts de tuiles et non pas de cyprès.
La salle des audiences (Ohirama Ni no Ma) permettait au shogun de tenir conférence avec ses vassaux : vu la distance qui les sépare, l'avait pas intérêt à être sourd !
Euuuh, désolé, j'ai tiré un peu trop fort sur la sonnette...
Le jardin du Ninomaru comporte un vaste bassin et des pierres disposées avec soin, comme toujours dans ce genre de jardin.
Remarquez l'absence totale d'ouverture : pas de porte ni de fenêtre dans ces bâtiments anciens. Il faut dire qu’il y faisait si froid l’hiver que tout était bon pour conserver un peu de chaleur.
Entourant le palais, se trouve un ravissant jardin qui mène à de grosses murailles. Nous montons en haut d'une tour côté sud-ouest, ce qui nous donne un très beau point de vue sur les jardins et les douves entourant le château.
Le troisième jardin est une sorte de vaste prairie, remplie d'herbes folles non taillée en apparence et d'arbres plantés comme dans un verger ce qui donne à l'ensemble un air bucolique à souhait.
L'accès à la deuxième enceinte du château se fait via deux accès uniquement (ici l'accès est).
Cette enceinte est, à l'image de la première, entourée de larges douves.
En plus des murailles de pierre épaisses de plusieurs mètres, les éventuels assaillants devaient se coltiner cette lourde porte de bronze (et finissaient probablement le corps criblé de flèches une fois celle-ci franchie ).
Ces portes sont le seul moyen d’accéder à la seconde enceinte. Une protection simple mais efficace.
A droite, on aperçoit un bout du palais Honmaru, fermé au public la plupart du temps (et pas de bol, il l'était lors de notre visite ).
Au sud-ouest, une tour nous offre une très belle vue (et un peu d'air !) sur les collines de Kyoto.
Oui, le nabot au pied du mur, c'est bien Wolfi ! Ca vous donne une idée de l'épaisseur de l'enceinte... (il s'agit ici du passage nord de la deuxième enceinte)
La visite se termine, du côté est, par un autre jardin plein d'herbes folles, qui contraste avec les jardins intérieurs, à l'aspect beaucoup plus soigné.
Non mais Wolfi, je t'y prends à pisser sur la pelouse !
Et voilà, nous sortons du château par la porte Nord, la visite est finie. Hum, il est pas un peu noir le ciel ?
On aurait bien ramené un katana du Japon, mais avec nos deux poisseux, on aurait été fichus de rester coincés à la douane...
Déjeuner
12h45. Nous reprenons le métro pour le sanctuaire Heian-jingū. A 13h30, nous sortons du métro. Euh, il est peut-être temps de manger non ? De l'autre côté du carrefour, se trouve justement une petite gargote qui ne donne pas de mine, mais on a pas trop le choix. Et puis ça nous a plutôt bien réussi samedi.
Nous sommes accueillis par un « Moshe moshe ! » dit en chœur par les deux tenancières. Nous répondons par un salut (inclination de la tête ) et un « Konishiwa ». Nous devons être dans un restaurant coréen : en effet, au mur se trouve un miroir décoré de billets de ce pays. Ou alors ça veut dire « Nous acceptons les billets coréens » ou « Si vous nous payez en billets coréens, vous finirez par passer à travers ce miroir », ou « Les coréens ne sont pas les bienvenus ». Hum non, je pense à voir le menu que c'est définitivement un restaurant coréen. Se rendant compte que nous ne sommes pas japonais (je me demande comment elles l'ont deviné, mon konishiwa n'était pas assez bien prononcé sans doute ), nous avons droit à un menu en anglais. Il faut dire qu'il n'y a pas de représentation en plastique des plats ici, mais le menu est un scrapbook illustré de photos des plats commentés. Ce côté amateur et artisanal est charmant [note de ptit lion : kawai est le terme approprié ], aussi Anthony le prend en photo, ce qui amuse beaucoup nos deux serveuses. La commande passée, petit tour par les toilettes : je retrouve le sympathique WC découvert la veille chez le glacier qui permet de se laver les mains tout en remplissant la chasse d'eau. Cette fois, j'envoie Ptit Lion le photographier. [note de ptit lion : en tant que grand reporter, je couvre vraiment de sujets passionnants... ] Comme pour chaque repas, avant de commencer nos plats, nous recevons une serviette humide et chaude pour se rincer les mains. En effet, contrairement aux restaurants asiatiques en Europe, c'est au début du repas et non à la fin que l'on reçoit la serviette humide. Je ne sais pas si c'est lié, mais une chose est sûre : si vous visitez le Japon un jour, n'oubliez pas de prendre un petit torchon. Les toilettes sont nombreuses mais il est rare d'y trouver du papier ou une soufflerie automatique pour se sécher les mains (vous pouvez toujours vous rabattre sur le PQ sinon ).
Voici déjà nos plats qui arrivent : un curry pour Anthony, avec très peu de viande et beaucoup de sauce très épicée, du riz blanc et une crevette frite. Et en entrée, je vous le donne en mille, une soupe miso. Matthieu, ne craignant pas la crise de foie, ne change pas une équipe qui gagne : une omelette ketchup au riz frit. C'est que ça creuse la vie de château ! Moi, je me décide pour une assiette bien grasse de friture : deux beignets de poulet, trois calamars et un poisson (qui ne ressemble pas du tout au fishstick du Captain Igloo ), le tout entouré de friture : c'est ce qu'on appelle des tempura. Un coup de baguette me suffira pour y voir l'intérieur plein d'arêtes , aussi finira-t-il dans la gueule du lion qui n'est pas difficile pour la nourriture. Heureusement pour moi, il y a assez bien de riz blanc que je mange avec plaisir.
Le ventre plein (enfin, ça dépend pour qui), nous quittons notre halte coréenne pour prendre la direction du sanctuaire. La rue est légèrement en pente et nous arrivons bientôt à un carrefour ou nous apercevons un immense Torii vermillon. Ben pour un torii c'est un torii, il est immense ! Il prend toute la rue et les voitures passent même en dessous...
Non, ce n'est pas le cahier de dessin d'un élève de maternelle, c'est le menu du restaurant (si si, regardez, c'est marqué dessus ) !
Au moins, si c'est dégueulasse, on pourra toujours dire qu'on a eu un joli scrapbook en guise de menu pour se consoler !
Les tempura sont des légumes ou des crustacés entourés de friture. Ce plat étant assez consistant, il n'est PAS nécessaire de rajouter de la mayonnaise ! (ah, trop tard )
Le lundi, c'est curry (et tempura mais ça rime pas) ! Comme son nom l'indique, ce plat est composé de riz et de... euh... ... Bon en fait, c'est du riz avec une sauce très relevée et un peu (mais vraiment peu) de viande.
Le classique omelette-ketchup pour Matthieu : m'enfin, un peu d'originalité que diable ! C'est pas tous les jours que tu peux manger des tempuras (« Si si, quartier de l'opéra à Paris, y a plein de Japonais ! » Oui bon, ça va hein ! )
Oui je sais, désolé de vous montrer ça à l'heure du repas, mais le système est tellement original : quand on tire la chasse d'eau, le robinet du lavabo coule automatiquement. Attention toutefois à ne pas se tromper de cuvette !
Heian-jingū
15h00. Nous arrivons donc au sanctuaire Heian-jingū. Il s'agit du plus grand sanctuaire shintoïste de Kyoto. Il a été construit en 1895 pour fêter les 1100 ans de la ville. Il est dédié aux kamis Kanmu et Komei, respectivement premier et dernier empereurs ayant régné à Kyoto. Il s'agit d'une reproduction au 5/8ème de l'ancien palais impérial du VIIIème siècle : un immense quadrilatère de murs blancs et vermillons entoure une cour où peuvent se rassembler les fidèles. Les toitures sont faites de tuiles vertes-bleutées qui donne à l'ensemble un certain cachet. Dans la cour, de grandes fontaines avec Mushu incorporés crachent de l'eau pour la purification des pèlerins. Le bâtiment central est réservé au culte. Par contre, les jardins du sanctuaire se visitent. En haut à gauche de la cour, se trouve le guichet : 600 ¥ (5.40 €). Ben oui c'est pas pour rien .
Vous avez devant vous un des plus grands torii du Japon (et non un des plus grands tarés du jupon ! )
Le sanctuaire Heian-jingū est une reproduction aux 5/8 du Palais Impérial. Vous ne reconnaissez pas celui qu'on a visité le matin ? C'est normal, il s'agit de l'ancien palais qui a été détruit depuis.
La fête annuelle de Jidai a lieu tous les ans le 22 octobre. Zut, on l'a loupé de peu ! C'est pas bien grave, elle revient tous les ans (ben oui, c'est le retour du Jidai ...)
Aaah, enfin une grande cour dans laquelle on a le droit de marcher !
Ces papiers (dont nous avons déjà parlé il y a quelques jours) sont les mauvais présages accrochés ici pour être purifiés par l'eau de pluie. Euh, c'est bon, je crois qu'ils vont bientôt être purifiés...
La représentation des dragons (ou Ryu) sous forme de fontaines n'est pas anodine au Japon. Généralement associés à l'eau (rivière, mer...), ils symbolisent également les obstacles que rencontrent les humains avant d'atteindre l'illumination.
Saurez-vous trouver le hidden Wolfi ?
Le jardin est plutôt vaste et sa première partie, plutôt moche : de grands arbres aux branches nues sont soutenus par des béquilles en bambous. Il s'agit notamment de cerisiers qui donnent toute leur beauté au jardin au printemps, mais en automne ne sont que des grands corps squelettiques. La partie suivante est plus charmante, des étangs, pleins de nénuphars, de koïs et de carpes qui invitent à la méditation. note de ptit lion : Ah bon, elles t'ont invité les carpes ? pas moi... ] C'est d'ailleurs ce que nous faisons Anthony et moi. Plus loin, de grandes dalles rondes posée dans l'eau permettent de prendre un « raccourci » (en fait juste de couper un virage). Enfin grandes, pas tant que ça, un faux pas et on se retrouve dans l'eau (bon 40 centièmes, mais quand même). Cette atmosphère zen stimule l'imagination de notre cinéaste qui ne ménage pas son modèle comme à chaque fois. ). [note de ptit lion : J'avoue, je n'attendais qu'une chose : que Wolfi tombe à l'eau, ce qui aurait été excellent pour le bêtisier ] Il faut dire qu'il n'est pas le premier cinéaste à l'avoir fait : en effet, plusieurs scènes du très beau film « Mémoire d'une geisha » ont été tournées dans ce parc. Tiens, en parlant de notre caméraman attitré, voilà justement un héron, ça y est, on est parti pour de longue minutes de film animalier. En exclusivité, je peux vous annoncer le nom du prochain Disney Nature : « Héron héron, petit patapon », ou trois heures de plan fixe sur un héron dans un étang (ah non, je suis mauvaise langue, y a des zooms parfois ). Nous rejoignons le pont de bois couvert qui enjambe le lac. Cela tombe bien, je viens de sentir une petite goutte sur mon crâne. Oh oh, le présage de Ok-Ok San a l'air de se confirmer... Au fait, à propos de « Mémoire d'une geisha », si nous voulons en voir, c'est à Gion que nous devons aller. Espérons que ces quelques gouttes ne les effrayeront pas !
Le jardin en lui-même est charmant, mais ces espèces de tonnelles en bambou viennent un peu gâcher l'ensemble.
Il y a sûrement une bonne raison pour que ce wagon se soit retrouvé ici ! D'ailleurs, ça doit être expliqué sur la pancarte à gauche, mais euh, ça ne nous a pas beaucoup aidé...
Des panneaux expliquent les différentes espèces plantées dans le jardin. Donc là c'est euh... un arbre... avec des feuilles... et un tronc euh... vertical, voilà.
Un instant de plénitude et de bonheur pour notre ami Wolfi. Mais sur quoi peut-il bien méditer pour paraître si serein ? (« Disney dans moins d'une semaine... Disney dans moins d'une semaine... » )
Matthieu profite de notre séance photo-méditation à Wolfi et à moi pour se reposer un peu.
Le bassin sur lequel méditait Wolfi est accompagné d'un étang beaucoup plus vaste, chose assez rare dans un sanctuaire shinto.
Attention ! Ce début de cascade a été réalisé par un professionnel, n'essaie pas de le refaire chez toi ou tu risques de péter la caméra de Wolfi et de te prendre ses cinq !
La même cascade réalisée par un héron (copieur ! ).
Si les lieux vous paraissent familiers, c'est peut-être que vous avez vu le film Mémoires d'une Geisha, dont le tournage a eu lieu en partie dans ces jardins.
Le temps se couvre et le jardin s'assombrit... Eh ! Mais c'est que ça deviendrait presque lugubre !
A la sortie du sanctuaire, près de l'immense Torii, se trouve l'arrêt de bus. Vers 16h45, après une longue attente, le bus arrive enfin. Ne me demandez pas comment mes compagnons ont pu reconnaître que l'on montait dans le bon bus et en plus dans le bon sens, je suis incapable de vous répondre. La foule est nombreuse, aussi le bus se remplit de plus en plus au fur et à mesure que la pluie devient drue.
Prochaine étape : le temple Kiyomizu-dera. Alors, voyons, quel bus faut-il prendre ?
Kiyomizu-dera
Nous descendons au pied d'une rue qui grimpe vers les collines. Au sommet se trouve le temple Kiyomizu-dera (en fait un ensemble de temples) et sa pagode. Le temple actuel date de 1633 et est dédié à la déesse Kannon aux onze têtes, dont la statue n'est exposée qu'une fois tous les 33 ans. La prochaine sortie de la statue est prévue pour le lendemain : pas de chance. Non je rigole ! Outre sa belle pagode, on remarquera la belle vue de la terrasse sur pilotis qui surplombe la ville. L'accès à la terrasse est d'ailleurs payant et vu le temps de canard que nous avions nous avons préféré garder nos yens. Si le temple est bouddhiste, un petit autel shinto se trouve à côté, montrant toujours le syncrétisme entre les deux religions dans ce pays. Anthony se prend au jeu et fait une offrande et une prière pour que la pluie cesse. Sans succès. Mais, bon, si ça tombe il s'agissait justement de l'autel du Kami de la pluie. Celui-ci ne comprenant pas le français remercia mon cher lion pour son offrande en redoublant l'intensité de ses averses ! Tiens, il paraît que si on se jette du haut de la terrasse dans le vide et qu'on y échappe, son vœu se réalise. Au dernier pointage, 85 % réussirent à rester vivants. Il faut dire qu'il n'y a que 15 mètres et les fourrés sont assez nombreux. Si on avait su, j'aurais essayé avec Matthieu…
Comme pour le Pavillon d'argent, le temple se trouve en haut d'une rue « piège à touristes ».
Allez Matthieu, fais pas cette tête-là, c'est pas un chemin de croix quand même !
Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le Kiyomizu-dera a la particularité de reposer sur une énorme plate-forme soutenue par d'innombrables piliers.
Nous passons sous la porte principale (Nio-mon) pour atteindre la célèbre pagode à trois étages du temple. Bien que celle-ci donne son nom au site, le Kiyomizu-dera est en réalité un ensemble de temples dispersés sur le flanc de la colline.
Une euh, jolie vue de Kyoto... Mais si, on aperçoit la Kyoto Tower dans le fond ! (d'ailleurs, c'est bien la seule chose qu'on aperçoit )
Un peu défraîchie la peinture. Il faut dire que vu son emplacement en hauteur, la pagode est soumise aux aléas climatiques telles que le vent et la pluie (le Japon est particulièrement humide en été).
Kiyomizu signifie « eau pure » en japonais. Euh, celle tombée du ciel ? (ça a l'air d'être le cas aujourd'hui)
Wolfi s'y était initié hier, à mon tour de m'essayer à la prière shinto. Je commence par mettre une pièce dans le tronc (numéro non surtaxé, prix d'un appel local)...
... Je fais sonner le gong pour prévenir les dieux que je suis là (zut, ça répond pas, tant pis je vais laisser un message)...
... Et je fais ma prière après le clap sonore, « on vous rappellera »...
... Et comme vous pouvez le constater, ma prière n'a pas fonctionné ! (je vous laisse deviner quel était mon vœu ). Tant pis, c'est la dernière fois que je passe par Bouddha Online !
La visite se poursuit sur la colline, mais l'accès en est payant. La fatigue et le mauvais temps auront finalement raison de nous, qui pensons alors surtout à nous mettre au chaud dans notre ryokan.
Le temps de redescendre la petite colline, il fait nuit, nos k-ways sont imbibés et nos chaussures trempées. Je pense qu'il est inutile de partir en expédition à Gion. Avec ce temps de chien, les beaux kimonos et les maquillages blancs des geishas ne doivent pas être de sortie… Nous décidons de rentrer. Arrivés à l'arrêt de bus, la foule est importante, on en a au moins pour remplir deux ou trois bus ! Nous remontons donc à pied l'avenue à la recherche de l'arrêt précédant espérant y trouver moins de monde, ou tout au moins une station de métro. Nous nous arrêtons juste un instant pour nous reposer un peu les pieds devant un charmant petit sanctuaire shintoïste éclairé par des lanternes de pierre. Enfin, après une longue errance, le métro est là devant nous ! Nous prenons la direction de la gare et décidons d'aller manger au « cube », un complexe de restaurants et de boutiques. Malheureusement, les prix ne sont pas vraiment dans nos cordes : 7500 ¥ (68 € !) pour un steak, c'est un peu cher ! ) Très bien, on se rabat vers les restaurants du sous-sol, au niveau du métro.
Les lumières de la ville commencent à s’allumer, et pour nous, il est temps de rentrer !
Quoique touristique, cette rue a quand même un certain charme quand vient le soir.
« Vous voulez pas qu'on passe par là ? Ca a l'air sympa... » « Nan on rentre, tu vas pas nous perdre comme hier, non ?! » Mais euh, OK...
Voici le peu d'aperçu que nous avons eu de Gion. Une rue de nuit, sous la pluie, sur le chemin du retour.
Le bus étant bondé, nous faisons le trajet retour à pied et tombons par hasard sur un petit sanctuaire. Le subtil éclairage confère aux lieux une ambiance teintée d'étrangeté...
La pluie redouble d'intensité, nos chaussures sont trempées... Protégés par cette grande porte (et par les dieux indirectement ), nous attendons une accalmie... qui ne viendra pas !
Retour au point de départ ! Nous arpentons la gare à la recherche d'un restaurant, nombreux dans « le cube », un bâtiment entièrement dédié à nos papilles.
Cette galerie commerciale, longeant les escaliers de la gare, s'étend sur plusieurs niveaux, offrant ainsi une impressionnante contre-plongée d'escalators.
Après avoir passé en revue toute une série de vitrines pleines de plats en plastique, nous entrons dans un restaurant. Personnellement, je n'ai pas très faim mais j'ai envie de goûter aux énormes et étranges glaces qui se trouvent en vitrine. Je prendrai un plat gratiné de grosse crevettes et du riz, bien sûr. Matthieu lui, n'est pas décidé et commandera un plat au hasard ! Pour une fois ce poisseux aura de la chance et tombe sur un gratin de noix de Saint-Jacques. Anthony, a du mal à retrouvé le plat qu'il décide dans la carte. Aussi, il n'hésite pas à emmener la serveuse à l'extérieur pour lui montrer le bon plat dans la vitrine. Des tranches de bœuf avec du riz qui a l'air… délicieux.
Arrive enfin le moment que j'attendais depuis que je passe et repasse devant ces vitrines, ces coupes de glace énormes qui ont l'air délicieuses ! :geek : Anthony et moi nous prendrons une coupe pour deux pleine de glaces, de fruits et de chantilly et de glace. Surprise ! Outre la glace vanille et fraise, la coupe contient de la salade de fruit en boîte et au milieu des curly. Le mélange est, comment dire... détonnant mais pas mauvais.
Des tripes ?!! Non non, il s'agit juste de tranches de bœuf très fines (prix élevé de la viande oblige) !
Bien inspiré, Matthieu choisira (par hasard !) un délicieux gratin de Saint-Jacques, faisant baver d'envie le pauvre Wolfi.
Bon, il ne s'en sort pas si mal avec son gratin de crevettes !
Les desserts sont rares au Japon, mais quand on en commande un, on n'est pas déçus ! En revanche, on peut être étonné...
... Et oui, ce sont bien... des curly ! Bon allez, c'est pas si dégueu, et ça fait gagner du temps de prendre l'apéro en même temps que le dessert.
Petite présentation de « l'emballe-parapluie », bien utile pour ne pas se trimballer un parapluie mouillé en intérieur. Non, ce n'est pas sale !
Nous rentrons à l'hôtel vers 21h30, nos pieds sont humides et c'est avec joie que nous laissons nos chaussures dans l'entrée avant de rentrer dans notre chambre et de prendre dernier bain bien chaud qui fait un bien fou ! Petit regret : les fruits du jour ne sont pas des poires mais de nouveaux des oranges.
Après un rapide détour sur internet auquel je n'arrive pas à me connecter vu le clavier japonais , nous retournons dans notre chambre finir nos bagages : demain nous prenons le train pour Nara, la première capitale historique du japon.
Vidéo hommage à notre compagne la plus fidèle de la journée, j'ai nommé la pluie !
Que c'est bon de rentrer dans son ryokan douillet ! (surtout les jours de pluie)
Prêts pour le bain ? Nous voilà en tenue de combat, prêts à affronter l'eau bouillante !
Ce soir euh, atelier jonglage au sento !
Avec tout ça, on se demande comment on n'a pas fait sauter les plombs du ryokan !
Après le réconfort, l'effort... Et oui, un TR ne s'improvise pas ! Vous noterez au passage le teint euh, hâlé de Wolfi !
Génial encore une fois ! Merci vraiment à vous de mettre autant d'énergie dans ce TR, dans les détails, l'humour, les photos, les vidéos... Ca donne envie en tout cas ! Vivement la suite !!
Merci à vous pour vos commentaires , et encore une fois désolé de mettre si longtemps avant de poster... Mais comme l'a dit Lavinia, on essaie de faire au mieux pour vous faire profiter un maximum de l'expérience qu'on a vécue là-bas !
Lost in Japan : Les Aventures de Wolfi (et Ptit Lion et Mattthieu) au Pays du Soleil Levant (mise à jour 27/05/18 : Tokyo Disneyland !)