Mystérieuse ascension du titre EuroDisney à la Bourse de ParisL'évolution du titre
Euro Disney,
dont le cours à la Bourse de Paris a plus que doublé (+ 105 %) en
seulement deux semaines, avec chaque jour des centaines de milliers
voire des millions de titres échangés, n'en finit plus d'intriguer les
analystes, aucune raison particulière n'expliquant cette hausse.
Quelques jours avant la publication de ses résultats le 8 février,
la valeur avait entamé une progression qui s'est s'amplifiée avec
l'annonce d'une activité en hausse au premier trimestre grâce à des
visiteurs plus nombreux et plus dépensiers dans ses parcs et surtout
ses hôtels. Depuis l'envolée n'a pas cessé avec des hausses toujours
plus spectaculaires : + 17 % le 8 février, de nouveau + 17 % le 15
février et + 24 % le 16 février. Le prix de l'action a renoué avec ses
niveaux de juin 2008 passant de 4,36 euros au 1er février à 9,15 euros
vendredi.
Conséquence de cette envolée : l'Autorité des marchés financiers
(AMF) a placé mercredi le titre sous surveillance. Une mesure prise
"à chaque fois que des mouvements inhabituels sont détectés, c'est très courant", précise un porte-parole de l'Autorité.
DES VOLUMES DE TITRES ÉCHANGÉS "FARAMINEUX"Le groupe affirme lui aussi n'avoir trouvé aucune explication concrète à une telle hausse.
"Euro Disney n'a pas connaissance d'éléments nouveaux susceptibles d'expliquer la récente évolution de son cours de Bourse", indique un porte-parole du groupe.
De leurs côtés, les analystes sont formels: ce bond de géant n'a pas d'explications réalistes.
"Cette hausse ne peut pas être expliquée par les résultats du groupe, certes bons mais pas si spectaculaires", juge un spécialiste parisien du secteur sous couvert d'anonymat.
"Je
ne me souviens pas d'avoir déjà vu une telle hausse à la Bourse de
Paris et c'est d'autant plus exceptionnel qu'en terme de ratios
financiers cette valeur est chère et ne gagne pas d'argent", s'étonne
Arnaud de Champvallier, directeur général de
Turgot Asset Management.
Cette affaire intrigue la place boursière de Paris d'autant plus que les volumes de titres échangés sont
"faramineux" :
jeudi 5,1 millions de titres ont changé de main, ce qui représente plus
de 13% du capital de la société. Avant l'envolée, la moyenne se situait
autour de 30.000 actions par séance.
ET AUSSI, tant qu'on est dans la rubrique financière:
Plus de 500 000 euros auraient été détournés au CE d'Eurodisney Le montant des détournements de fonds présumés au comité d'entreprise (CE) d'Eurodisney,
"entre le 1er octobre 2006 et le 30 septembre 2009",
est désormais estimé à 558 000 euros contre 300 000 jusqu'à présent,
selon une expertise judiciaire citée par l'AFP. Ce rapport a été remis
fin janvier au juge d'instruction de Meaux (Seine-et-Marne) chargé de
l'enquête, selon une source syndicale, confirmant
une information du Parisien. En novembre, le secrétaire et un ancien salarié du CE ont été mis en examen à Meaux.
Le total des "anomalies" pourrait être encore plus élevé. En effet, dans les comptes du 30 septembre 2009,
"275 000 euros" de
"stocks de billetterie" sont
"non justifiés". Les pertes sur les ventes de tickets de cinéma, de théâtre et d'activités culturelles diverses s'élèvent sur trois ans à
"413 000 euros". S'y ajoutent
"99 000 euros d'espèces non déposées en banque" et 46 000 euros de
"charges non justifiées sur les achats".
"ESCROQUERIE"L'auteur du rapport dénonce une situation
"anormale" et
déplore que des documents de contrôle des comptes ne lui ont pas été
remis par le cabinet comptable du CE. Le syndicat Force ouvrière (FO) a
demandé, dans un courrier daté du 10 février au président d'Eurodisney,
Philippe Gas,
"qu'une réunion extraordinaire soit convoquée sur le sujet". Il regrette que la présidente du CE les
"renvoie à la fin du mois d'avril".
Contactée par l'AFP, la direction d'Eurodisney n'a pas souhaité faire de commentaires
"à ce stade". L'affaire a éclaté fin octobre 2009 par une plainte contre X… pour
"malversations" et
"escroquerie"déposée par FO. Une expertise judiciaire avait alors été lancée à la
demande du géant des loisirs, qui emploie quelque 14 000 salariés dans
ses parcs et hôtels de
Disneyland Paris.