Vous pouvez imaginer, créer et construire l'endroit le plus merveilleux de la terre, il faudra toujours des hommes pour que le rêve devienne réalité.
Ainsi parlait Walter Elias Disney, l'homme qui fonda la Walt Disney Company en 1923. Difficile d'imaginer à la lecture de ces mots que ce monde merveilleux puisse résulter de l'exploitation de milliers d'ouvriers dont les droits sont systématiquement bafoués… Et pourtant, cela fait maintenant trois ans que la SACOM, une ONG de défense des droits des travailleurs de Hong Kong, dénonce sans relâche les violations graves dont sont victimes les ouvriers chinois qui fabriquent des jouets pour Disney.
Dans un nouveau rapport d'enquête publié en septembre 2007, la SACOM révèle ainsi les conditions de travail indécentes auxquelles sont soumis les 800 travailleurs de l'usine de Haowei Toys, un fournisseur de Disney implanté dans le sud du pays, à Shenzhen, et fait une nouvelle fois appel au géant américain pour qu'il accepte enfin d’assumer ses responsabilités.
Outre ces cadences infernales auxquelles il est soumis, le personnel de Haowei perçoit des salaires de misère, bien inférieurs à ce que prévoit la loi locale. Les ouvriers sont payés 2,5 yuans de l'heure (23 centimes d'euros), soit seulement 62,5% du salaire minimum légal. Les heures supplémentaires, dont la législation impose qu'elles soient rémunérées entre 150% et 300% du salaire horaire de base (selon qu'elles sont effectuées en semaine, le week-end ou les jours fériés), ne sont rémunérées que 3 yuans par heure (28 centimes d'euros), soit seulement 120% du taux normal. De plus, la direction inflige, en toute illégalité, des amendes totalement arbitraires aux ouvriers qui s'absentent plus de cinq minutes pour aller aux toilettes ou qui refusent d'effectuer des heures supplémentaires. Et les salariés ne peuvent avoir recours à leurs contrats de travail pour faire valoir leurs droits puisque les contrats que leur direction les oblige à signer ne mentionnent ni le salaire, ni le temps de travail des employés… Même la démission est sanctionnée d'une retenue d'un mois de salaire si elle n'est pas autorisée par la direction.
Dans les ateliers de peinture et d'impression, les conditions de sécurité ne sont pas respectées: les produits chimiques sont manipulés sans protection adéquate et la ventilation est inadaptée. Faute de soins médicaux et de couverture sociale, la santé des ouvriers est sacrifiée.