Huit contes mis en scène par des stars, signés Marlène JobertLa cendrillon bling-bling 2010Joues en feu, frissons partout, mal fou à respirer… Non je ne suis pas malade, mais pire, c’est la panique, l’horreur ! Minuit, l’heure du retour au réel a sonné ! Dans ma course effrénée, j’ai perdu un de mes escarpins en peau de lézard des Canaries ! Vite, vite, mon carrosse… Je veux dire mon 4x4. Je suis la Cendrillon 2010, la fille toujours en retard, incapable de tenir les délais. Et pourtant, je ne sors pas d’un speed-dating, le bal a duré trois bonnes heures ! Zut, voilà que dans mon sac, mon iPhone me bipe comme un malade ! Est-ce déjà le prince ? Non, c’est le chauffeur qui me rappelle à l’ordre.
Oui, mon brave Edgar j’arrive. Je crois bien que je suis tombée grave amoureuse quand le prince m’a susurré son numéro de téléphone à l’oreille… Et qu’il m’a transpercée de ses yeux bleu lagon à la Jude Law pour me demander : “Et le vôtre ?” Alors là, c’est simple, j’ai bien cru que j’allais me liquéfier sur place ! Une vraie flaque ! Allez vite, vite, mon brushing s’écroule… mon diadème et ma robe de mousseline ont déjà disparus. Si une de ces pimbêches aristos m’aperçoit en Minijupe et leggings, ça va faire désordre. Reste zen ma belle… A fuir ainsi, on va te prendre pour une voleuse… Et d’ailleurs, je le suis. Je viens de voler ce qu’il y avait de plus précieux ici, le cœur du prince !
Stéphane Metzger, La Bête et le géantLa main du géant Schmuff pénètre dans le château et en ressort avec un drôle de petit animal, bipède, velu de la tête aux pieds. En le découvrant, le géant part dans un immense éclat de rire :
– « Ah, Ah, Ah… Alors c’est toi la Bête! La redoutable Bête qui effraye tellement la Belle? J’ai du mal à le croire! Tu ressembles tellement à une petite marionnette ridicule et fragile. Mais bon, tu es exactement ce que je cherchais: Allez zou, je t’emmène. En plus, je fais une bonne action: la Belle sera libérée. – «Non, non, je t’en prie, n’en fais rien. Ce serait une grave méprise: je ne suis pas n’importe qui. Je suis un prince!» – « Ben voyons! Un prince toi! Je vois que monsieur a de l’imagination! Tu t’es regardé, espèce de bestiole poilue de partout. Dans la main du géant, le petit animal se redresse… – « Parfaitement, je suis prince et la première jolie jeune fille qui me donnera un baiser d’amour me désensorcellera. » – «Tais toi, tu me fatigues ! Ecoute, je te propose un marché. Je te redépose dans ton château ridicule, et je te donne exactement un quart d’heure pour te faire désensorceler. Si tu y parviens, je te laisse tranquille, sinon je te ramène par la peau des fesses chez moi : tu feras le bonheur de mon plus jeune fils pour Noël.» Et moins de quinze minutes plus tard, le géant voit apparaître devant le portail Belle, au bras du plus charmant des princes.
– «Encore raté, soupire le géant Schmuff! Il va falloir que je trouve un autre jouet à mettre au pied du sapin! Décidément, les courses de Noël, c’est toujours plus galère qu’on ne pense!
Hafsia Herzi, Alice au pays des merveilles«Ma chère maman, Comme je vous le disais dans ma dernière lettre, non seulement ici dans le pays du Tout est possible, les animaux et les objets parlent, mais ils sont capables de choses extraordinaires… Aujourd’hui encore au goûter, où un lapin rose m’avait invitée, un bonhomme en pain d’épice a insisté pour que je le mange. Seulement, cet étrange gâteau a eu un effet magique sur moi. Après la deuxième bouchée, je suis devenue petite, petite… petite au point de pouvoir m’installer dans une tasse vide. Celle-ci s’est mise aussitôt à tourner comme un manège. Les cartes à jouer, qui étaient bien sagement posées sur la table, ont commencé alors à s’envoler dans de grands éclats de rire à n’en plus finir, comme si on les chatouillait. Puis les Reines, cigare au bec, se sont toutes mises à chanter des airs d’opéra… Les rois à jouer de l’harmonica... Les as de pique à se déshabiller en grognant qu’ils en avaient par-dessus leur couronne qu’on les trouve toujours mal vêtus. Les as de carreau en Arlequin et les as de cœur jonglaient ensemble avec des milliers de minuscules trèfles à quatre feuilles, en chantant à tue-tête des tables de multiplication… Quelle cacophonie, quelle gaieté! Tout cela était si grisant, chère maman, que moi, princesse de l’imaginaire, j’en ai ce soir la tête encore toute à l’envers ! Je ne me suis jamais autant amusée qu’ici. Venez me voir, je vous en prie, ce pays n’est pas fait que pour les enfants. Il vous suffira de marcher dans le jardin, les papillons roses et bleus vous conduiront jusqu’au passage magique. Et lorsque vous tomberez en tourbillonnant dans le puits, laissez-vous tout simplement enivrer, délicieusement poétiser... et vous verrez, vous ne regretterez pas d’être venue.
Bons baisers de Wonderland.»
Nikos: le grand mage noir amoureux de la princesse aux dragonsMinuit dans la Forêt qui gèle. L’heure est grave, c’est celle des démons et des chauves-souris. Les corbeaux croassent, la chouette hulule, les arbres semblent tendre vers le ciel bleu marine leurs bras squelettiques et calcinés. Le grand mage noir a revêtu sa cape irisée des grands moments.
– «Ce soir je vais jeter un sort à la princesse des dragons, celle qui a chaviré mon cœur, celle qui doit devenir mon épouse. La belle l’ignore, mais demain, quand elle passera me voir, son cœur sera aimanté par le mien… Princesse, tu ne te doutes pas, toi, la triomphante, la dresseuse de monstres, de tout le bonheur qui nous attend. Tu quitteras tes dragons pour t’installer avec moi, dans la Forêt qui gèle. Et à nous deux, nous enchanterons le monde…» Le grand mage noir lève alors la main droite, et son index croise un éclair d’argent. Le vent s’est levé, il fait très froid soudain et sa voix ténébreuse semble sortir des entrailles de la Terre.
«O toi, mortelle si belle /Toi la chasseuse, la dresseuse, l’ensorceleuse / Que te parvienne cet éclair / Au plus profond de ton cœur.»
Source Gala.fr
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