Pauvres Mickey et Minnie sur scène!...

Petite question :







Cette photo a été prise :

A/ dans les backstages de Disneyland Paris ?

B/ à l’Opéra de Paris ?



Contrairement à ce que vous pourriez croire, cette photo a bel et bien été prise à l’Opéra de Paris-Bastille !


En effet, pour les besoins (il faudrait encore m’expliquer lesquels !) de la production lyrique du « Roi Roger », présentée sur la scène de l’Opéra Bastille à compter du 18 juin 2009, ces têtes de Mickey et Minnie ont été réalisées par les ateliers de costumes de l’Opéra de Paris !…

Effectivement, même si on s'y tromperait, ces dernières n’ont nullement été fournies par le Costuming de Disneyland, elles ont été reproduites à l’identique d’après photos, et SANS AUTORISATION!!!…



Lorsque je les ai vu la première fois, j’ai été tout d’abord saisi par le remarquable travail réalisé, et ensuite estomaqué lorsqu’on m’a dit qu’aucune demande d’autorisation n’avait été faite !


Je leur ai tout de même signalé que les personnages Disney faisaient tous l’objet de copyrights et de droits réservés, et que même Disneyland Paris devait payer une licence pour pouvoir utiliser les Characters Disney dans leurs propres parcs !...

Je n’ai eu droit, pour seule réponse, qu’à un haussement d’épaules et un laconique : « on verra bien… Ils se débrouilleront ! »



Il faut savoir que, dans la volonté de la mise en scène, tout va à l’encontre des critères de Disney : les characters sont interprétés par des enfants, et il y a simultanément sur scène 3 Minnie et 2 Mickey… Concernant le contexte, je développerai un peu plus loin !...

Le hic, c’est que 48h avant leur utilisation pour la 1^ère répétition en costumes sur scène, il fut décidé de ne pas les utiliser en l’état, l’autorisation n’ayant pas été accordée par Disney (mais a-t-elle vraiment été demandée ?! Impossible d’en avoir la certitude du côté de l’Opéra !)…

Pour ne pas faire trop « copies conformes » et pour les « besoins » de la mise en scène, elles ont été repeintes et patinée une 1^ère fois (comme vous le voyez sur les photos suivantes).












Il vous faut savoir que le spectacle sera capté pour la télévision, et il semblerait que la direction de l’Opéra, craignant de justes représailles de la part de Disney, ait demandé à ce que les têtes soient annulées…

Et qu’a trouvé à répondre le metteur en scène ?

« On n’a qu’à pas les mettre sur scène pour la captation, et les utiliser seulement pour les autres représentations !!! »

Ça c’est de la conscience professionnelle ! Espérer faire passer la chose en douce!



Bilan, les têtes ont littéralement été massacrées, mais restent identifiables malgré tout, rendez vous compte :


Voici Minnie:


Et voici Mickey:


Inutile de vous dire combien les ateliers qui ont réalisés les têtes et qui ont dû ensuite les massacrer ont été écoeurés


Au vu de l’œuvre qu’elles doivent servir (vous en trouverez le synopsis ici), et surtout des ambitions de la mise en scène, on peut comprendre que (si la demande d’autorisation leur en a bien été faite) Disney refuse !
Tout ce qui n’est que suggéré dans l’œuvre d’origine, qui date de 1924, se retrouve violemment jeté au visage du spectateur et de la manière la plus crue et la plus laide possible : on y montre drogue, nudité, hétéro et homosexualité, perversité (ou comment assimiler homosexualité et pédophilie !) non seulement sur scène, mais surtout par le biais d’images vidéos projetées…

Durant le 1^er acte, des images montrent en gros plans longs et dérangeants, un homme nu qui se shoote en s’administrant sa dose au moyen d’une seringue, puis un autre homme, nu également, jouant avec un très jeune enfant en couche culotte, etc… Bref, que du beau !

Mais c’est de l’art ma bonne dame ! Vous n’y comprenez rien !



Les Chœurs de l’Opéra de Paris qui chantent derrière l'écran sur lequel sont projetées ces images sont très mal à l’aise durant la séquence…


Mais si il n’y avait que les Chœurs ! Non !! Il y a également les enfants de la maîtrise qui chantent avec eux ! Et les enfants de la figuration !!!

Mais comme en France, le travail des enfants est très contrôlé par la DDAS, cette dernière est intervenue (au bout d’un mois de répétition ! Mieux vaut tard que jamais !), demandant que les extraits de ce film (qui est interdit au moins de 16 ans !) soient modifiés et édulcorés…

N’ayant vu qu’une des premières répétitions en scène et sans les costumes, je ne saurais vous dire ce qu’il en est vraiment maintenant, mais en tant qu’homosexuel, et aimant malgré tout l’Opéra, je n’ai qu’une envie : c’est que cette mise en scène soit huée et que le Directeur soit conspué comme il le mérite !
Y’en a marre de son goût trop prononcé pour le laid qu’il a décidé d’imposer au public durant tout son mandat, tout en ayant la fatuité de se permettre de dire à Eve Ruggieri, dans son émission, qu’il est là pour « éduquer le public français » !!!



Si vous ne pouvez vous déplacer, et si l’envie vous en dit, cet opéra sera retransmis le 20 juin à 20h sur Arte…

Le seul avantage, c’est qu’il est court (90mn environ), et même si certaines parties chantées sont belles (notamment celles des chœurs), et certains solistes ont des voix superbes, ça ne relèvera guère le niveau de cette boucherie orchestrée par la même équipe qui avait déjà mis en scène « Parsifal » et qui se faisait huer et siffler tous les soirs !

Vive l'intellectualisme et longue vie à la masturbation cérébrale!

c'est horrible
comment un spectacle pareil est il accepté !!!!

c'est quoi ce truc de fou !!!

Je suis choquée !! Une honte !

Certain devrait allez plus souvent a disney !!!

Je suis entièrement d'accord avec toi DisneyManiac! C'est une horreur et assimiler des personnages aussi connus et magiques a des massacres pareils....
De l'art??? Je me demande bien où???

ba didon pas cool tous ca.

C'est honteux.
Horrible !

Tout simplement lamentable !

Arrgh ils vont diffusé une tel horreur le jour de mon anniversaire !

Ce soir avait lieu la générale publique du "Roi Roger" à Bastille...

Vous pouvez être (un peu) rassuré: la DDASS leur a mis une telle pression (menace d'interdire la participation des enfants au spectacle) que le film a été grandement édulcoré: il n'y a plus de gros plan du shoot, images recadrées et remontées afin de supprimer les sexes qui étaient visibles, même si on voit que les comédiens sont nus...
Il y a toujours sur scène le soliste qui se fait administrer sa piquouse, mais c'est du "théâtre", donc factice par essence...

Comme le public de ce soir était invité, comme une grande partie de celui de la Première du 18/06, il faudra attendre la seconde représentation pour avoir les réactions du public, le vrai, celui qui paie sa place...

minnie1373 a écrit:

c'est horrible
comment un spectacle pareil est il accepté !!!!

L'Opéra National de Paris, contrairement à toute autre entreprise de spectacle privée (comme Disney, le Moulin Rouge, etc...) n'a pas pour vocation de gagner de l'argent!...
C'est une institution qui est financée par l'Etat, via une trés grosse subvention du Ministère de la Culture...
Si elle peut se permettre des échecs dont ne se relèverait aucun théâtre privé, au nom de la sacro-sainte liberté d'expression artistique, elle doit aussi apporter un minimum de satisfaction auprés du public, et nous n'avons jamais été autant hué que depuis la présence de ce directeur, c'est donc bien que ses choix délibérés de mises en scène ne sont pas en adéquation avec les envies du public...

Ce dernier vient voir, et surtout écouter ou découvrir, des oeuvres à 90% issues du répertoire classique... Si il est souvent heureux de ce qu'il entend, il n'a pas forcément envie de voir ces mêmes oeuvres maltraitées dans des mises en scènes sordides, sous le falacieux prétexte de les dépoussiérer!

Certaines fois ce dépoussièrage est une réussite car il respecte l'oeuvre tout en la faisant découvrir sous un jour nouveau, mais d'autres fois, c'est un vrai carnage, inutile, et totalement hermétique au plus grand nombre...

Et puis, si on veut absolument voir du moche et du sordide, autant rester chez soi et regarder les actualités!
Déjà que la plupart des oeuvres lyriques ont des dénouements tragiques, un peu de "beau" ne peut pas faire mal!

Mais heureusement, le Directeur actuel quitte son poste le 31 juillet!
Le prochain qui lui succède est beaucoup plus classique et raisonnable... Trop disent ses détracteurs...
Nous verrons bien!

Pourquoi ne pas avoir fait une caricature des personnages dès le départ plutôt que de vouloir faire passer en force un copier coller des personnages?

Hé ben, c'est bien moche de voir ces têtes comme ça, on dirait qu'a eu lieu une décapitation!! Et puis ce spectacle a vraiment l'air très très glauque, quelle horreur!

Petite information, pour compléter le sujet:
Ce soir a eu lieu la Première de ce "magnifique et impérissable spectacle", en présence de Mr Jack Lang...
Conclusion: la mise en scène a été copieusement huée!
Ça soulage de voir que le public a tout de même conservé son bon sens, et sait exprimer son mécontentement!

Il n'y a bien que 7 représentations?

Sans compter la Génèrale publique du 16/06/09, oui il y a bien 7 représentations (18, 20, 23, 25, 30 juin et 2 juillet)...
Et la diffusion en direct sur Arte ce samedi 20...

Etes vous sur que c'est bien aujourd'hui qu'Arte diffuse cet opéra? Parce que, regardant sur le programme tv sur le net, il n'y a pas trace de cet opéra, mais à la place un programme s'appelant "360°, GEO" ?
Je jeterai quand même un coup d'oeil sur Arte à 20 heures ce soir, mais c'est plus de la curiosité de ma part.

Edit: Aucune trace de cet opéra. DisneyManiac, tu es sur de ta source quant à la diffusion en direct? Ou alors, la chaine à simplement décidé de déprogrammer ce qui est très probable aussi. Dommage, quoi qu'il en soit, j'aurai bien aimé voir ce que ça donnait.

C'est sur arte mais sur internet:
http://liveweb.arte.tv/fr/video/Le_Roi_Roger_de_Karol_Szymanowski_a_l_Opera_Bastille/

Merci Beaucoup pour le lien Mouetto

Oups! Pardon! C'est vrai que j'ai oublié de préciser que la diffusion se faisait sur le site de Arte et non sur la chaîne de TV!...
Ce soir (c'est la 2ème représentation) le public (le vrai, celui qui paye sa place) a fortement applaudi les solistes, les choeurs, le chef et son orchestre... et tout aussi fortement conspué la mise en scène!...



Je ne sais si certains d'entre vous ont regardé la diffusion, pour ma part j'étais dans les coulisses, et les silhouettes de Mickey et Minnie, même grossièrement "maquillées" comme elles l'ont été, sont malgré tout trés reconnaissables, avec la distance (immense) dans la salle, je ne sais si elles le sont autant...

Quoi qu'il en soit c'est un spectacle à manquer absolument!... (l'écouter suffit amplement: il y a de beaux moments)...

Voici, pour terminer sur ce sujet, la critique parue dans Le Monde:

Citation :

A l'Opéra Bastille, "Le Roi Roger" gâché par une mise en scène sous acide


"Chef-d'oeuvre ou pas chef-d'oeuvre ?" On reprend ici à dessein la formule de Sylvie Joly dans son sketch sur le Festival d'Avignon, car ce qu'on a vu jeudi 18 juin, à l'Opéra-Bastille - la mise en scène du Polonais Krzysztof Warlikowski du Roi Roger (1926) du compositeur polonais Karol Szymanowski (1882-1937) - ressemble furieusement à ce que décrit la snobinarde avant-gardiste qu'incarne la comique : une sorte de vision sous acide qui prend le contrepied systématique de ce que dit le livret (coécrit par le compositeur), tout médiocre et fleuri qu'il est. Mais l'acide n'étant pas consommable dans l'enceinte de l'Opéra de Paris, le spectateur est donc contraint de constater, les yeux dessillés, le cerveau lucide, les élucubrations psychédéliques du metteur en scène. On y reviendra plus tard.

Cette partition du méconnu, trop méconnu, Karol Szymanowski, est-elle vraiment un chef-d'oeuvre scandaleusement méprisé ? On ne peut qu'admirer le cran qu'a eu Gerard Mortier de programmer à la toute fin de son mandat la création scénique hexagonale d'une oeuvre que les mélomanes français ne pouvaient connaître que par le disque (cinq versions) ou le DVD (deux versions), par les exécutions en concert données en France (Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 1996, Palais des Congrès de Strasbourg, 2001, Théâtre du Châtelet, Paris, 2003) ou en ayant voyagé en Pologne, où l'opéra a été régulièrement monté depuis sa création au Grand Théâtre de Varsovie, en 1926, et ailleurs, en Europe et aux Etats-Unis. Tous ces détails sont fournis dans l'excellent numéro de la revue L'Avant-Scène Opéra, consacré au Roi Roger (n° 250, 115 p., 25 euros).

Mais il est possible de se sentir quelque peu asphyxié par la rutilence permanente de l'oeuvre, qui croule sous les ors, les stucs et même les stupres d'une orchestration dionysiaque, qui trouve sa singularité tout en empruntant à Wagner, Strauss, Ravel et Schreker. C'est beau comme un tapis persan, un tableau de Klimt, entêtant comme un parfum capiteux, goûteux comme un plat aux saveurs sucré-salées. Mais le compositeur Arthur Honegger aurait très bien pu reprocher à Szymanowski, comme il l'a fait à Olivier Messiaen au sujet de sa Turangalilâ-Symphonie, de mettre trop d'épices dans son orchestre...
Car le Polonais, amoureux d'un Orient sensuel et érotique, de la chaude lumière du Sud, se laisse aller à une opulence qui confond tension et densité et gave un peu trop les oreilles comme gaveraient le palais une absorption massive de gâteaux au miel et à la cannelle. Après quelque 1 heure 20 de musique (Le Roi Roger, donné sans entracte à l'Opéra de Paris, est plus court que Salomé, de Strauss, modèle d'opulence contrôlée), on a envie de faire une diète auriculaire en écoutant Œdipus Rex d'Igor Stravinski, Jonny Spielt Auf de Ernst Krenek ou même Wozzeck d'Alban Berg, toutes contemporaines du Roi Roger et à lui sûrement supérieures...

TENUE DE FRANCK DUBOSC

Chanté et dirigé magnifiquement, l'ouvrage mériterait cependant une lecture moins absconse et obstruse de cette histoire homo-érotique à la Théorème, le film de Pasolini, qui voit une figure de beauté (le Berger) bouleverser tout ce qu'il touche et pousser le Roi à emprunter un chemin de croix vers la lumière.
Traduite par Warlikowski, la scène du ballet orgiaque entre jeunes gens est une séance d'aquagym pour seniors ventripotents proches de l'arrêt cardiaque, et, au moment qu'il apparaît sous les traits de Dionysos, le Berger porte la tenue de Franck Dubosc dans Camping, le film de Fabien Onteniente, agrémentée d'un masque à la Mickey. Le Roi est musclé et superbe, mais le berger est un Hérode grassouillet et efféminé sorti de Jesus Christ Superstar - tout sauf l'image d'une beauté fatale.

La huée puissamment unanime du public a voulu dénoncer la relecture de Krzysztof Warlikowski mais aussi, on le craint, une fin de directorat placé sous le signe récurrent de la provocation. Mais on aurait tort de voir en ce ratage le raccourci récapitulatif du mandat de M. Mortier, où les succès, les vraies découvertes et les utiles réhabilitations n'ont pas manqué.


Renaud Machart

Article paru dans "Le Monde", édition du 20/06/09.