Sweet Lolita
Âge : 40 Messages : 791 Localisation : Mon coeur est à Disneyland tous les jours Inscription : 16/05/2010
| Sujet: "Cinderella", par Roald Dahl : poème parodiant le célèbre conte Mar 31 Mai - 15:44 | |
| En bons fans de l'univers Disney, nous connaissons tous les adaptations de Cendrillon par Disney, mais aussi -probablement- le film A tout jamais une histoire de Cendrillon, avec Drew Barrymore. Mais de grand auteurs se sont aussi frottés au conte de Perrault (ce conte littéraire étant lui-même une réécriture de siècles de tradition orale* pour en faire un récit seyant aux convenances esthétiques et morales de la Cour). Parmi ces réécritures, un poème me semble tout particulièrement savoureux. Il s'agit du poème Cinderella de Roald Dahl, célèbre pour ses romans tels que James et la grosse pêche, Mon Oncle Oswald, Le Bon gros géant, Sacrées Sorcières, Charlie et la Chocolaterie etc. Fidèle à son humour féroce, convoquant dans ce poème la même verve coquine et audacieuse que dans Mon Oncle Oswald, l'auteur de Fantastique Maître Renard propose son interprétation de la célèbre histoire... Ce poème est issu du recueil parodique de contes Un Conte peut en cacher un autre, de ce même auteur. Je vous le propose ici en anglais, avec sa traduction française en-dessous (c'est moi qui ai traduit le poème en français, donc si une expression vous semble mal traduite, n'hésitez pas à m'en proposer une meilleure traduction, je corrigerai la mienne avec plaisir, tant qu'elle garde l'esprit grivois, satirique et un peu gore du texte originel). Cinderella
I guess you think you know this story. You don't. The real one's much more gory. The phoney one, the one you know, Was cooked up years and years ago, And made to sound all soft and sappy just to keep the children happy. Mind you, they got the first bit right, The bit where, in the dead of night, The Ugly Sisters, jewels and all, Departed for the Palace Ball, While darling little Cinderella Was locked up in a slimy cellar, Where rats who wanted things to eat, Began to nibble at her feet.
She bellowed 'Help!' and 'Let me out! The Magic Fairy heard her shout. Appearing in a blaze of light, She said: 'My dear, are you all right?' 'All right?' cried Cindy .'Can't you see 'I feel as rotten as can be!' She beat her fist against the wall, And shouted, 'Get me to the Ball! 'There is a Disco at the Palace! 'The rest have gone and I am jealous! 'I want a dress! I want a coach! 'And earrings and a diamond brooch! 'And silver slippers, two of those! 'And lovely nylon panty hose! 'Done up like that I'll guarantee 'The handsome Prince will fall for me!' The Fairy said, 'Hang on a tick.' She gave her wand a mighty flick And quickly, in no time at all, Cindy was at the Palace Ball!
It made the Ugly Sisters wince To see her dancing with the Prince. She held him very tight and pressed herself against his manly chest. The Prince himself was turned to pulp, All he could do was gasp and gulp. Then midnight struck. She shouted,'Heck! I've got to run to save my neck!' The Prince cried, 'No! Alas! Alack!' He grabbed her dress to hold her back. As Cindy shouted, 'Let me go!' The dress was ripped from head to toe.
She ran out in her underwear, And lost one slipper on the stair. The Prince was on it like a dart, He pressed it to his pounding heart, 'The girl this slipper fits,' he cried, 'Tomorrow morn shall be my bride! I'll visit every house in town 'Until I've tracked the maiden down!' Then rather carelessly, I fear, He placed it on a crate of beer.
At once, one of the Ugly Sisters, (The one whose face was blotched with blisters) Sneaked up and grabbed the dainty shoe, And quickly flushed it down the loo. Then in its place she calmly put The slipper from her own left foot. Ah ha, you see, the plot grows thicker, And Cindy's luck starts looking sicker.
Next day, the Prince went charging down To knock on all the doors in town. In every house, the tension grew. Who was the owner of the shoe? The shoe was long and very wide. (A normal foot got lost inside.) Also it smelled a wee bit icky. (The owner's feet were hot and sticky.) Thousands of eager people came To try it on, but all in vain. Now came the Ugly Sisters' go. One tried it on. The Prince screamed, 'No!' But she screamed, 'Yes! It fits! Whoopee! 'So now you've got to marry me!' The Prince went white from ear to ear. He muttered, 'Let me out of here.' 'Oh no you don't! You made a vow! 'There's no way you can back out now!' 'Off with her head!'The Prince roared back. They chopped it off with one big whack. This pleased the Prince. He smiled and said, 'She's prettier without her head.' Then up came Sister Number Two, Who yelled, 'Now I will try the shoe!' 'Try this instead!' the Prince yelled back. He swung his trusty sword and smack Her head went crashing to the ground. It bounced a bit and rolled around. In the kitchen, peeling spuds, Cinderella heard the thuds Of bouncing heads upon the floor, And poked her own head round the door. 'What's all the racket? 'Cindy cried. 'Mind your own bizz,' the Prince replied. Poor Cindy's heart was torn to shreds. My Prince! she thought. He chops off heads! How could I marry anyone Who does that sort of thing for fun?
The Prince cried, 'Who's this dirty slut? 'Off with her nut! Off with her nut!' Just then, all in a blaze of light, The Magic Fairy hove in sight, Her Magic Wand went swoosh and swish! 'Cindy! 'she cried, 'come make a wish! 'Wish anything and have no doubt 'That I will make it come about!' Cindy answered, 'Oh kind Fairy, 'This time I shall be more wary. 'No more Princes, no more money. 'I have had my taste of honey. I'm wishing for a decent man. 'They're hard to find. D'you think you can?' Within a minute, Cinderella Was married to a lovely feller, A simple jam maker by trade, Who sold good home-made marmalade. Their house was filled with smiles and laughter And they were happy ever after. Traduction française : - Spoiler:
Cendrillon
Je parie que vous croyez connaître cette histoire. Et non. La véritable est bien plus sanglante. Celle colportée, que vous connaissez, A été mijotée des années et des années de ça, Et fabriquée pour sembler douce et mièvre Simplement pour que les enfants restent heureux Si ça ne vous gêne pas, ils en ont eu un apercu, Le moment où, à la tombée de la nuit, Les Horribles Soeurs, bijoutées et la totale, Partaient vers le Palais pour le Bal, Tandis que cette petite chérie de Cendrillon Etait enfermée à clef dans une cave minuscule Où des rats, en quête d’un repas, Commencèrent à grignoter son pied
Elle rugit “Au secours !” et “Laissez-moi sortir !” La Bonne Fée l’entendit crier Et apparut dans un halo de lumière En disant “Ma chérie, vas-tu bien ?” « Bien ? chouina Cindy Ne vois-tu pas Que je pourris sur pied !” Elle balança un coup de poing dans le mur, Et lança “Laisse-moi aller au Bal !” Il y a du disco au Palais ! Tous les autres sont parties et je suis jalouse ! Je veux une robe ! Je veux un carrosse ! Et des boucles et une broche avec des diamants ! Et des souliers d’argent, pour ces deux-là ! Et un adorable collant en nylon ! Parée comme ça je te garantis Que le Prince succombera ! La Fée répondit “Une seconde” Elle donna à sa baguette une impulsion malicieuse Et rapidement, sans attendre, Cindy était au Bal du Palais !
Les deux Affreuses Soeurs grimacèrent En la voyant danser avec le Prince Elle le tenait très étroitement et se collait Contre son torse viril. Le Prince lui-même était tout ramolli, Il ne pouvait plus laisser échapper des woups et des wips. Alors minuit sonna. Elle cria “Oups ! Faut que je courre pour sauver mon cou !” Le Prince s’exclama ! Non ! Hélas ! Dommage !” Il attrapa sa robe pour laretenir de dos Tandis que Cindy hurlait « Laisse-moi partir ! » La robe était déchirée de la tête aux pieds.
Elle s’enfuit en lingerie, Et perdit une pantoufle dans les escaliers. Le Prince était planté là comme un piquet, Il le gardait pressé contre son Coeur palpitant, “La fille qui passera ce soulier, chouina-t-il, Demain matin, je l’épouse ! Je visiterai chaque maison de la ville Jusqu’à ce que je trouve cette jeune fille !” Puis sans soin, je le crains, Il le plaça dans un tonneau de bière.
Alors, une des Affreuses Soeurs, (Celle dont le visage était ravagé de bubons) Se faufila et s’empara de la delicate pantoufle Et la rinça rapidement dans une cuvette de toilettes. Ensuite en ce même lieu, elle enfila calmement Le soulier sur son proper pied gauche. Ah ah, comme vous le voyez, l’intrigue se noue, Et la bonne étoile de Cindy semble pâlir.
Le jour suivant, le Prince allait en toute hâte Frapper à toutes les portes de la ville. Dans chaque maison, la tension croissait. A qui appartenait la chaussure ? Le soulier était long et très large. (Un pied normal s’y serait perdu) Il dégageait en plus une odeur répugnante. (Les pieds de la propriétaire devaient être chauds et suants). Des milliers de volontaires se présentèrent Pour l’essayer, mais en vain. Puis arriva le tour des Affreuses Soeurs. L’une l’enfila. Le Prince hurla “Non !” Mais elle hurla “Oui ! Ca me va ! Youpi ! Alors maintenant tu dois m’épouser !” Le Prince blêmit d’une oreille à l’autre. Il marmonna “Laissez-moi sortir de là” -Oh que non ! Vous avez fait un serment ! Hors de question que vous fassiez machine arrière ! – Coupez-lui la tête !” rugit le Prince en retour. Dans un gros « woufff ! » ils lui ôtèrent la tête. Voilà qui plaisait au Prince. Il sourit et remarqua : “Elle est plus jolie sans sa tête” Alors arriva la Soeur Numéro Deux, Qui cria “Maintenant j’essaie la chaussure !” “Essaie plutôt ça !” cria le Prince en retour. Il fit tournoyer sa fidèle épée qui toucha sa tête Qui vint s’écraser sur le sol. Elle rebondit un peu et roula dans la pièce. Dans la cuisine, épluchant des patates, Cendrillon entendit le boucan De tête rebondissant sur le sol, Et pointa la sienne dans l’encadrement de la porte. “Qu’est-ce que c’est que ce grabuge ?” pleurnicha Cindy. “Mêle-toi de tes affaires” répliqua le Prince. Le coeur de la pauvre Cindy était en pièces. “Mon Prince ! pensa-t-elle. Il coupe des têtes ! Comment pourrais-je épouser quelqu’un Qui s’amuse ainsi ?”
Le Prince cria “Qui est cette sale garce ? Coupez-lui la caboche ! Coupez-lui la caboche !” Sur-le-champ, dans un halo de lumière, La Bonne Fée réagit en un coup d’oeil, Sa baguette fit des zip et des zap ! “Cindy ! s’exclama-t-elle, fais un voeu !” Fais un voeu et ne doute pas Que je l’exaucerai !” Cindy repondit “Oh Bonne Fée, Cette fois je dois être plus prudente, Plus de Prince, plus d’argent. J’ai eu ma dose. Je souhaite un honnête homme. Ils sont durs à trouver. Tu crois y arriver ? » En moins d’une minute, Cendrillon Etait mariée à un gars adorable, Confiturier de profession, Qui vendait de la bonne marmelade faite maison. Leur maison était pleine de sourires et de rires Et ils furent heureux à tout jamais.
*La plus ancienne version de Cendrillon, du moins, d’un récit ayant la même trame narrative, serait une histoire chinoise consignée par écrit au 9e siècle avant Jésus-Christ… Dèjà en 1893, Marian R. Cox réunissait 345 récits « traditionnels » avec la même trame narrative ! Le livre Les histoires de Cendrillon racontées dans le monde reprend des récits (adaptés) de « Cendrillon » venus de Corse, de Russie, du Nouveau Mexique, du Tibet, du Nigéria, en plus du texte des frères Grimm. |
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