Film d'animation que je m'interdisais depuis plusieurs années, car il me faisait pleurer à 3 reprises, j'ai enfin pris mon courage à deux mains pour le revoir hier.
Le Roi Lion est, sans conteste, un des plus grands chefs-d'oeuvre jamais réalisés par Disney, voire même par tous les professionnels de l'animation et du cinéma.
Le fait qu'il n'y ait aucune présence physique humaine permet peut-être au spectateur de se détacher des normes et valeurs morales, et de se laisser bercer et entraîner dans la savane, de laisser parler ses sentiments et ses émotions.
Bien qu'on puisse y trouver des personnifications, des allusions et des paroles/gestes que seuls les humains ont, quelques anachronismes (enfin, tout dépend dans quelle époque on se place), je trouve que ça créé instantanément une sorte de lien et de relation entre le spectateur et les personnages.
Tout le film est un bel éloge de l'Afrique, de sa faune et flore, et du règne animal : les couleurs sont soignées, beaucoup de choses paraîssent réalistes etc.
Je trouve aussi que l'équilibre entre les émotions, l'action et le rire est quasi parfait : je n'ai, pour ma part, jamais autant pleuré et souri dans un même Disney !
Puisqu'on parle de sentiments, comment faire l'impasse sur la mort du grand roi Mufassa ! A ce moment là, je pleure toutes les larmes de mon corps, et, bien que cette scène soit absolument magnifique, c'est tout de même, pour moi, une des scènes les plus difficiles de tous les films d'animations Disney : le fait de voir un "mort", étendu sur le sol, et l'incompréhension de son propre fils qui voit tout cela...
Personnellement, Le Roi Lion est un véritable pressoir à émotions
, je suis déjà en pleurs bien avant la mort de Mufasa ! Quand celui-ci après avoir raisonné son dernier qui s'est aventuré sur les terres interdites, se dévoile comme un père attentionné, bienveillant, complice et très proche de son fils. Et que Simba ne s'imagine pas une seule seconde être privé de son père pendant son enfance : toute cette insouciance et cette tendresse me submerge.
Lors de la scène des gnous, rien que le fait de voir ces bêtes se ruer vers Simba, et la peur du père, suffit déjà pour accélérer ma fréquence cardiaque. Sans parler de tout le courage et de la bravoure de Mufasa, qui, finalement, ne servira "à rien".
Enfin, la dernière scène qui me fait pleurer, c'est lorsque Simba, adulte, perdu, parvient à échanger quelques mots avec son père, "monté au ciel". L'animation dans cette scène y est pour beaucoup : elle ne fait qu'amplifier le côté majestueux et la grandeur du monarque animal.
Pour rester dans les personnages, Mufasa n'inspire pas pour moi le père idéal : il force le respect, l'attachement, il fait office de roi parfait, et il est d'une prestance que peu d'animaux Disney ont su égaler.
Simba représente la candeur et le dynamisme des jeunes, mais ne saisissant pas toutes les ficelles du monde qui l'entoure. Adulte, l'héritier fait presque figure d'anti-héros, tant il est tourmenté intérieurement, rongé d'une culpabilité, à tort et fuyant, cette fois-ci, ces ficelles de ce monde qui l'attend.
Scar, est évidemment un méchant plus que charismatique : froid, machiavélique, cruel, mais aussi lâche. Un peu comme Jafar, il est doté de manières, de savoir-vivre, d'une aisance orale, et d'une certaine prestance. On peut d'ailleurs se demander si cela ne résulte pas du complexe qui le ronge, à savoir de vivre dans l'ombre de son grand frère. Le physique de Scar témoigne aussi de cette "infériorité" : moins imposant, aux couleurs plus sombres, et à la cicatrice qui le caractérise et le nomme. Scar est bien sûr l'une des figures emblématiques des méchants Disney parce que méphistolique et sans scrupule (prêt à supprimer son frère et son neuveu).
Dans Le Roi Lion, Scar représente pour moi un chef totalitaire (cf ce qu'il fait du royaume de son frère, et sa logistique), comme a pu connaître l'Europe dans la première moitié du XXè siècle.
Pour ces trois personnages (Mufasa, Simba, Scar), je trouve que les voix françaises ont fait un travail formidable : J. Reno a très bien su retranscrire la majesté et la gloire de Mufasa, E. Curtil rend le Simba adulte à la fois fort et fragile ; quand à J. Piat, il donne toute l'aisance charismatique et la cruauté au lion brun.
Timon et Pumbaa, le tandem comique, est à la perfection : ne tombant pas dans l'humour lourd et gras, ils assurent la transition entre la tristesse et le rire. Ils sont également une seconde famille pour Simba, devenu fugitif. Les répliques de Timon sont tordantes, et Pumbaa, bien que parfois sot, présente une grande capacité de réflexion.
Je pense que Le Roi Lion présente beaucoup de symbolique : dans le titre, ou avec les quatre éléments, les couleurs, les mises en scène...
D'ailleurs, mis à part la mort "en direct" de Mufasa, j'ai trouvé qu'il y avait une sorte de règle de bienséance : pas d'amour "physique" montré (et pourtant, on peut presque le deviner), pas de scène de meurtre sanguinolent (cf mort de Scar)...
Pour les musiques et chansons, je ne préfère pas m'étaler trop dessus, je les trouve juste parfaites et parlantes.
Le Roi Lion se termine également par des traits majestueux, comme il a commencé, ce qui donne raison à la notion du "cycle de la vie" (bien qu'on pourrait y voir des idées fatalistes).
Disney a toujours su soigner et présenter des introductions mémorables et pleines de beauté, ou de poésie, et celle du Roi Lion n'aura pas enfreint à la règle : on sent vraiment une unité, avec tout de même une hierarchie, une collectivité, passant par tous les acteurs de la faune africaine.
Le Roi Lion est donc un somptueux film d'animation, offrant au spectateur un dosage et un mélange parfait d'une palette d'émotions, dans un cadre exotique et idyllique.